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Requiem pour nos Abeilles

Dominique Guillet

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Cachez vos abeilles: le Fipronil revient

Le fipronil est la substance active à base du Régent commercialisé par BASF. Il fut inventé par Rhone-Poulenc entre 1985 et 1987, vendu ensuite à Bayer qui le revendit à BASF, une des entreprises leaders de la chimie internationale. BASF vend chaque année pour 2 milliards d’euros de fongicides, d’herbicides et d’insecticides.

Le dossier du fipronil est tout aussi scandaleux que celui de l’imidaclopride. Nous convions les lecteurs intéressés par le feuilleton du fipronil à consulter le chapitre sus-cité de l’ouvrage sur les pesticides de Nicolino et de Veillerette.

Ils peuvent aussi consulter un article très révélateur publié par le site “lepoint.fr”.

Le fipronil a été interdit en France en avril 2005, lorsque tous les stocks ont été écoulés. Cependant, sa rémanence est considérable: plusieurs années. La fiche technique de ce produit, établie par l’Agence de Protection de l’Environnement US45, stipule que sa demi-vie peut être de 7 mois dans le sol: ce qui veut dire que la substance se retrouve dans le sol à moitié au bout de 7 mois, au quart au bout de 14 mois, etc. Cela signifie que le fipronil intégré au sol au printemps 2005 demeure actif dans les champs jusqu’au printemps 2007, au minimum.

Cela signifie que ceux qui claironnent que les abeilles continuent de mourir alors que le fipronil n’est plus en vente depuis 2005, feraient beaucoup mieux de se taire.

La Commission Européenne devrait renouveler en mai 2007 l’autorisation de commercialisation du fipronil dans l’Union Européenne. Le 16 mars 2007, le Comité permanent pour la chaîne alimentaire et la santé animale de Bruxelles, après examen des avis des experts de l’Efsa, a donné son aval.

Si le fipronil est de nouveau autorisé ce mois-ci, il fera partie de la liste des substances autorisées qui doit être publiée le 1er octobre 2007.

Selon le site du figaro.fr, “L’autorisation est assortie de plusieurs restrictions et exigences. D’abord, le Fipronil sera autorisé uniquement pour le traitement des semences, un conditionnement que les apiculteurs accusent justement de tous les maux. Les techniques d’enrobage devront être améliorées afin d’éviter toute diffusion par les poussières (il y avait eu un incident lors d’un conditionnement réalisé par Syngenta dans le Sud-Ouest). Les pulvérisations seront interdites et l’enfouissement des semences enrobées au moment du semis devra être parfait afin d’éviter que les oiseaux puissent les picorer. Les semences enrobées ne devront pas non plus pouvoir se retrouver dans les rivières et toutes autres eaux de surface, sa toxicité ayant été démontrée chez certains organismes aquatiques.”

Bien , pour les oiseaux, ce n’est pas un souci, car il n’en reste plus beaucoup dans certaines régions agricoles, ce grâce aux pesticides en tout genre qui ne présentent aucune innocuité, bien sûr.

Par contre, on comprend difficilement comment on peut éviter que l’enrobage des semences ne se retrouve dans les eaux de surface ou dans les nappes, lorsque l’agriculteur irrigue ou lorsqu’il pleut. Le fipronil, même s’il est vrai qu’il a tendance à se lier fortement aux particules de sol, est-il génétiquement programmé pour ne pas céder à la tentation de l’eau ruisselante? A moins que les semences modernes ne soient génétiquement modifiées pour pouvoir germer sans eau?

Evoquons le communiqué de BASF, qui se réjouit, on s’en doute, de cette fructification bien méritée de son capital! En effet, le fipronil ramène chaque année des centaines de millions de dollars.

« Fondée sur un examen scientifique et au terme d’une procédure rigoureuse, [la décision d’autorisation] apporte une nouvelle preuve de l’innocuité du produit pour l’environnement, pour le consommateur et pour l’agriculteur. Elle confirme les conclusions de l’Afssa en 2005 sur l’absence de risques pour la santé humaine et les nombreuses études multifactorielles sur les causes du dépérissement des abeilles, menées en France comme dans d’autres pays européens. (...) Le Fipronil et le Régent TS ne peuvent être tenus pour responsables des mortalités d’abeilles. BASF entend poursuivre ses efforts pour un dialogue authentique avec tous les acteurs. »

Donc le fipronil serait complètement inofensif? En fait, pas vraiment. Comme le rappelait le député Jacques Remillet: “Le mécanisme d’induction des tumeurs thyroïdiennes a été discuté par les experts et considéré comme étant une réaction spécifique aux rats et non significative pour les humains .... Le Fipronil étant néanmoins toxique en cas d’inhalation, d’ingestion ou d’exposition cutanée intensive, le rapport propose la classification T (toxique), rejoignant en cela de nombreux produits de la pharmacopée actuelle.”

En fait, il est dangereux pour les rats mais pas pour les humains. Est-ce parce que les rats sont si différents de l’homme? Mais alors, comment peut-on autoriser des milliers de produits chimiques grâce à des études scientifiques qui prouvent qu’au bout de quelques semaines, les rats n’ont pas été victimes de troubles ou de lésions à la suite de l’ingestion des dits-produits chimiques?

Nous nageons au coeur d’une chimie “quantique”: les produits sont inofensifs mais ils sont aussi dangereux. Comprenne qui pourra.

Pour couronner le tout, le “Comité permanent pour la chaîne alimentaire et la santé animale” a ajouté une annexe à son autorisation de remise en vente du fipronil. Cette annexe précise que si des études apportaient de nouvelles informations, l’autorisation pourrait être remise en cause.

Justement, l’Efsa précise que l’impact du Fipronil sur le couvain n’a pas été encore suffisamment étudié. Donc, pour résumer, le fipronil est un produit innofensif et dangereux et dont tous les impacts n’ont pas encore été évalués.

Et quand le seront-ils? Car, le 3 mars 2006, lorsque l’Efsa a communiqué les résultats de ses recherches, cet organisme a précisé le point suivant:

“The risk to bees can only be concluded once recently submitted data on the risk on bee brood are evaluated”.

Ce qui veut dire qu’en clair, au 3 mars 2006, l’Efsa n’avait pas eu le temps d’analyser les résultats récemment obtenus quant à l’impact du fipronil sur le couvain. Cela fait maintenant 15 mois que l’Efsa possède des données non publiées sur cet aspect de leurs recherches.

Messieurs les Députés, pourriez-vous requérir de l’Efsa la publication de ces données importantes? Ou bien faut-il attendre encore 10 ans, le temps que la catastrophe soit irrémédiable et que BASF ait augmenté ses dividendes?

Il faut également préciser que l’Efsa évoque de hauts niveaux de toxicité du fipronil pour les abeilles dans les études de laboratoires. En fait, leur décision est fondée sur des expositions à basse concentration (enrobage des semences) et en situation de tunnel.

Ce qui veut dire que, comme d’habitude, l’impact du fipronil en situation réelle (dans les champs) en synergie avec d’autres pesticides n’a pas été évaluée. Evidemment.

Et pourtant, cette problématique des synergies de pesticides est sûrement une des plus essentielles à étudier. Rappelons, par exemple, les études de l’Université de Caroline du nord qui mettent en valeur que la synergie des néonicotinoïdes avec des fongicides très répandus (tels que Terraguard et Procure) accroît la toxicité de ces néonicotinoïdes de l’ordre de 1000 fois.

Quant à la nature de la toxicité du fipronil aux USA, elle est clairement démontrée.

- L’Université de l’Oregon considère que cette substance est hautement toxique pour les amphibiens et pour les rats (lésions du fois, des reins et de la thyroïde). De plus, elle est considérée comme complètement toxique pour les abeilles. .

- L’Institut National de la Santé aux USA, ainsi que la Bibliothèque Nationale de Médecine, précisent que le fipronil est hautement toxique pour les abeilles. Ils mettent, en plus, en garde contre les dangers de bioaccumulation du fipronil et de ses métabolites.

- la fiche technique du site “beyondpesticides.org” classe le fipronil comme hautement toxique pour les abeilles. Cette substance détruit le système nerveux central de l’insecte via les canaux de l’acide gamma amino butyrique ou GABA.

- Bayer, qui possédait encore le fipronil en 2003, a versé 45 millions de dollars de dommages et intérêts à 1600 plaignants de la Louisiane qui l’avaient attaqué au tribunal pour destruction de leur élevage d’écrevisses suite à l’usage, dans les plantations de riz, de l’icon, à base de fipronil.

Lorsque Rhone Poulenc a inventé cette molécule, ses chercheurs ont attiré l’attention sur le fait que cette substance avait tendance à se fixer dans les graisses. Le fipronil devient donc de plus en plus toxique au fur et à mesure qu’il se concentre dans les graisses. L’efficacité du Fipronil (anti puces pour chien commercialisé sous le nom Front Line) est d’une année grâce au fait qu’il se fixe dans les graisses de l’animal.

Le Fipronil présent dans les plantes nourrissant les animaux va donc se fixer dans les graisses des vaches, puis dans le lait. On en a d’ailleurs trouvé des résidus dans le lait et les services vétérinaires Allemands en ont trouvé des résidus dans des poivrons en provenance d’Espagne en 2003.

Selon le Professeur Belpomme, professeur de cancérologie et fondateur de l’ARTAC 57: “C’est l’un des pesticides qui contamine le plus l’eau, et sa molécule n’est pas sélective. Elle ne touche pas seulement les abeilles mais aussi les oiseaux, les poissons et les mammifères. Et, parmi les mammifères, il y a l’homme. La molécule est stockée dans les tissus graisseux, se métabolise et est relâchée dans le lait lors de l’allaitement des enfants. Mais ce qui est inadmissible, c’est la négligence du ministère de l’Agriculture et les mensonges des industriels concernés. Cette politique du laisser-faire risque de conduire à une affaire analogue à celle du sang contaminé.”

En décembre 2003, le Professeur Jean-François Narbonne, toxicologue, remit les résultats de son étude de toxicologie du fipronil. Il jugeait cette substance neurotoxique, hépatotoxique et néphrotoxique. Selon le professeur Narbonne les mammifères exposés “se comportent alors comme des hyperthyroïdiens avec augmentation des métabolismes des T3 et T4 (les hormone thyroïdiennes), diminution plasmatique et augmentation de la TSH (thyréostimuline Hormone).”

C’est sans doute ce qui explique les troubles troublants mentionnés par le site du Point : “Fin avril 2002, La Dépêche du Midi annonce une énorme mortalité d’abeilles, en vingt-quatre heures, en Midi-Pyrénées: 3 000 ruches détruites d’un coup. Les populations des campagnes suffoquent. Les gens sont effarés. Oedèmes, troubles hépatiques, troubles oculaires.”

Parle-t-on toujours du même produit que la Commission Européenne veut de nouveau autoriser? Et ce, avec la bénédiction de l’Efsa dont la toute nouvelle directrice, Mme Geslain-Lanéelle, avait déclaré en février 2006: “Je m’engage à faire de l’Efsa une référence Européenne en matière d’évaluation des risques concernant la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux au niveau tant européen qu’international.” (page 76 de l’ouvrage “Pesticides. Révélations sur un scandale Français”)

En décembre 2006, PAN (Pesticide Action International) Europe et d’autres grandes organisations ont demandé à l’Europe de ne pas autoriser le fipronil tant que toutes les études d’évaluation n’auraient pas été effectuées.

Cela ne va pas être facile car à Bruxelles siègent des dizaines de lobbyistes professionnels de l’industrie des pesticides qui assiègent en permanence la Commission Européenne.

Menaces, Corruption et Lobbying

Les multinationales de l’agro-chimie ont eu recours à trois outils majeurs de persuasion depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Ce sont le lobbying, les menaces et la corruption. Et le système fonctionne bien, très bien.

Pour la corruption dans toutes les strates de l’administration française, dans le dossier pesticides, nous vous réinvitons à lire l’ouvrage passionnant et très bien documenté: “Pesticides. Révélations sur un scandale Français”.

Les menaces dont ont été sujets les auteurs de l’ouvrage, publié chez Fayard, sont révélatrices de l’état de panique des états-majors de l’industrie pesticide, dont l’UIPP, l’Union des Industriels Promoteurs de Poisons. Cette union a inondé une certaine presse de ses publicités délirantes. Des sites internet ont été créés pour démolir le travail de Nicolino et de Veillerette.

Nous avons précédemment évoqué les menaces de la firme Bayer contre des chercheurs. Nous n’avons pas évoqué les menaces de la même firme en 2001 contre les apiculteurs porte-paroles de certaines unions d’apiculteurs.

Ce furent les mêmes stratégies qui furent employées contre Rachel Carson lorsqu’elle publia son ouvrage “Le Printemps Silencieux” en 1962. Elle fut violemment attaquée par Monsanto et toute la mafia de l’agro-chimie. Monsanto menaça de représailles une partie de la presse qui se faisait l’écho de cet ouvrage. Depuis lors, les méthodes de Monsanto sont beaucoup plus insidieuses et empreintes de mensonges, de désinformation et de façades. Monsanto soutient, par exemple, un tout nouveau site internet très récemment créé aux USA pour inspirer la confiance aux consommateurs: le Center for Food Integrity. Cette manoeuvre cherche à semer la confusion car il existe un Center for Food Safety qui est une véritable organisation de lutte contre les aliments-poisons et les chimères.

L’ouvrage de Rachel Carson fut encensé par William O. Douglas qui siégea pendant 37 années comme juge de la Cour Suprême aux USA. William O. Douglas demanda la création de lois pour faire obstacle “ à tous les empoisonneurs de la race humaine du 20 ème siècle”! Cet ouvrage attira aussi fortement l’attention du Président Kennedy qui ne vécut pas assez longtemps pour pouvoir prendre des dispositions efficaces mais qui cependant eut le temps de faire voter le Pesticide Act.

La traduction française de l’ouvrage de Rachel Carson fut préfacée par le président de l’Académie Nationale des Sciences, Roger Heim, qui déclara en 1963: « On arrête les “gangsters”, on tire sur les auteurs de “hold-up”, on guillotine les assassins, on fusille les despotes - ou prétendus tels - mais qui mettra en prison les empoisonneurs publics instillant chaque jour les produits que la chimie de synthèse livre à leurs profits et à leurs imprudences?»

Qui mettra en prison les empoisonneurs publics?

Mais peut-être le tout nouveau président élu de la France qui s’est engagé à faire émerger plus de moralité et plus de sécurité.

Plus de moralité veut sans doute dire moins de corruption dans toutes les sphères de l’état.

Plus de sécurité veut sans doute dire plus de sécurité alimentaire: une agriculture biologique sur 100 % du territoire, l’interdiction de commercialiser et d’utiliser les fertilisants de synthèse et tous les pesticides, l’interdiction des boues d’épandage, l’interdiction des chimères génétiques et bien sûr l’interdiction de toutes les semences brevetées.

Demain, tout est possible: même une France qui ne soit plus une poubelle agricole génératrice de cancers!

Il faut, quand même, peut-être se dépêcher un peu! Car comme le disait récemment le président de la France, élu et sortant: «aujourd’hui, le temps est venu de la lucidité» et il faut «reconnaître que nous sommes parvenus au seuil de l’irréversible, de l’irréparable».

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