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Arche de la Métahistoire:

La Nature Sacrée

John Lash

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Traduction de Dominique Guillet

Quelles que soient les origines de l'humanité en termes cosmiques, sa source immédiate est la Nature, l'habitat offert par Gaïa, la planète vivante. Toutes les traditions orales du monde entier témoignent de la croyance selon laquelle le monde naturel est empreint de puissance magique et spirituelle appelée diversement mana, wakonda, dema, deva et de bien d'autres noms. Tous ces mots soulignent la présence du sacré dans le règne des sens et non pas dans une sphère lointaine hors d'atteinte de l'humanité.

Sacré vient de la racine Sanskrite sak- “être puissant”. Ce qui soutient quelque chose doit être plus puissant que l'objet de son soutien. C'est ainsi que la Nature, qui substante toute vie, est plus puissante que l'humanité qui n'est qu'une espèce entrelacée dans le réseau de la Nature. Que Dieu crée la Nature ou que la Nature soit elle-même Dieu, la source mystérieuse de la vie est sacrée et toutes les formes de vie participent de cette essence sacrée.

La certitude selon laquelle la Nature est sacrée est le point de départ de toutes les formes de spiritualité humaine et elle représente donc la pierre de fondation de l'Arche de la Métahistoire. Si nous imaginons l'arche comme un pont, la Nature Sacrée est la substruction qui doit être érigée sur le bord de la rivière dont nous procédons. La Vie émane de la Nature et toute activité humaine est enracinée dans l'environnement Gaïen. Tous les scénarios et toutes les histoires, qui encodent les croyances portant sur notre relation à la Nature, sont une expression, un reflet de ce maître-thème.

Dans la vie religieuse de l'humanité, Dieu apparaît tout d'abord dans la Nature. Ce n'est que plus tard que Dieu quitte la scène pour planer à l'extérieur en tant que créateur désincarné du monde naturel. La religion trouve son origine dans la “vénération de la Nature”. Le Divin ainsi reconnu est invariablement féminin: c'est pourquoi Gaïa est une déesse et non pas un dieu. Longtemps avant que les religions institutionnalisées n'émergeassent, la Déesse de la Nature était l'Etre Suprême. Parmi les Gnostiques, elle était connue comme Sophia, la Divinité de la Nature. Sophia signifie “sagesse”, mettant l'accent sur la prise de conscience universelle selon laquelle la Nature est vivante et intelligente, sage selon ses voies. Gaïa-Sophia, la Mère Nature omnisciente, apparaît sous de nombreux traits dans divers mythes et légendes. La Nature Sacrée et la Déesse ne font donc qu'une. Les cultures Indigènes affirment universellement que tout ce qu'elles connaissent, quant aux chemins de la vie, procède d'une communication directe avec la Déesse. Ces récits nous disent: la Déesse engendre tout, la Déesse susbtante tout, la Déesse connaît tout.

La Théocratie et la Théogamie

Toutes les races furent engendrées à partir d'une matrice génétique unique dans la Nature Sacrée. L'Eve Biblique possède des milliers d'équivalents dans d'autres cultures, chacune étant une version légitime de la Grande Mère. Cette notion mythologique a récemment émergé dans la théorie scientifique qui évoque maintenant une “Eve Mitocondriale”, la mère génétique de toute l'espèce humaine. Elle est la matrice biologique du code de l'ADN de l'entièreté de l'espèce humaine. Les antiques scénarios de races tels que l'histoire dynastique des Egyptiens confère une identité aux peuples en fonction d'une descendance d'une Déesse-Mère primordiale connue sous divers noms: Nut, Mut, Neith, Hathor, Isis. Dans la religion Egyptienne, la continuité des lignées de sang de la famille royale était constamment renouvelée par la Déesse Hathor. Le script qui affirme que la Déesse confère autorité, à ceux qui seront les guides de la société, est une des formules les plus antiques de la civilisation. La théocratie est définie, de façon commune, par les historiens comme “la gouvernance de la société humaine par les dieux ou par leurs descendants”, mais cette définition est trompeuse parce qu'elle fait l'impasse sur le rôle essentiel de la Déesse dans le choix et la consécration du roi qui gouvernera la civilisation. Un sujet d'importance éminente pour la Métahistoire, la royauté sacrée relie la Nature Sacrée aux Origines, d'une façon cruciale.

De nombreux scripts font remonter les origines ancestrales d'une race à l'accouplement d'une déesse avec un géniteur mâle, un héros. Le héros Troyen Enée, par exemple, est le fils d'un autre héros, Anchise, qui s'accoupla avec la déesse Aphrodite. D'un point de vue pratique, l'union sexuelle entre une divinité et un humain est appelée “théogamie”: l'accouplement avec une divinité. Les histoires de théogamie sont antérieures aux histoires de théocratie sur lesquelles toutes les anciennes nations civilisées furent originellement fondées. Le mythème de la théogamie est prévalent dans de nombreuses cultures Indigènes et il était amplement répandu dans la religion Païenne mais la matière du sujet associé avec ce motif (incluant les pratiques controversées de prostitution du temple et de sexualité sacrée) en vint à être diabolisée et prohibée lorsque la morale Judéo-Chrétienne parvint à dominer.

La Guerre de Troie date de 1200 avant EC mais plus de 2000 années plus tard, les tableaux généalogiques dressés pour les familles royales d'Europe citent Enée comme leur ancêtre racial-national. A ce jour, de nombreuses familles de la noblesse Européenne font encore remonter leur lignée ancestrale à des personnages mythologiques. Au Japon, l'Empereur était considéré comme le “Fils des Cieux”, un être humain de lignage divin, jusqu'à ce que le dernier Empereur, Hirohito, fût forcé de renoncer à cet attribut à la fin de la seconde guerre mondiale. Parmi les peuples Indigènes, les diverses tribus et nations sont toutes des enfants de la Grande Mère. Les Celtes d'antan se considéraient comme les Tuatha de Danaan, les “Enfants de Dana”, la Déesse Mère primordiale qui donna son nom au fleuve Danube.

Selon le script: la Déesse Mère engendre les héros qui fondent les races et elle est donc la commune mère de toutes ces races.

L'Humanité Supérieure à la Nature

Lorsque les scripts nationaux-raciaux deviennent explicitement sexuels, les héros nationaux mâles, ou “pères fondateurs”, prennent le pas sur la Déesse qui les materne. Même si le rôle de la Déesse de la Nature Sacrée peut être minimisé, la Déesse est toujours présente à l'arrière-scène. Dans les sociétés Indigènes, l'identité tribale est fondée sur la descendance matrilinéaire, souvent sous la forme d'une identification avec des ancêtres totémiques magiques (des plantes, des animaux, c'est à dire des forces sacrées de la nature). Ces liens ancestraux sont rigoureusement préservés au fil des millénaires. Le vaste spectre des groupes tribaux, de par le monde, partagent tous une révérence universelle pour les autres espèces dans la nature et reconnaissent les pouvoirs spirituels dans les animaux, tels que le lion, le jaguar, l'aigle ou l'ours. La relation interspécifique fut profondément fracturée dans la religion Judéo-Chrétienne qui fait de l'humanité une espèce supérieure à toutes les autres créatures. L'histoire de la domination de l'espèce humaine est racontée dans la Genèse: le dieu créateur, Jéhovah, donne à sa progéniture, Adam, la maîtrise et possession de toutes les créatures de la terre.

Ce bouleversement produisit ce que les érudits appellent “la désacralisation de la nature”. Selon le script: l'humanité apparaît dans le monde naturel mais elle lui est supérieure. La relation vitale entre la nature et l'humanité est remplacée par une relation de dévotion entre l'humanité et le Dieu Créateur, au-dessus et en dehors de la nature. Au cours de l'histoire humaine, le maître-thème de la Nature Sacrée a été drastiquement altéré: on ne parle plus de participation à la nature mais de domination de la nature. Les conséquences de ce bouleversement monumental se manifestent sous l'égide du second maître-thème, le Conflit Eternel.

En raison d'un antagonisme, en apparence inné, entre les sexes (que pas un seul mythe n'explicite) les scripts mélangent souvent ces deux maîtres-thèmes. Dans la Bible, Eve est la fauteuse de troubles qui provoque son éviction, en compagnie d'Adam, de l'Eden, c'est à dire qui devient aliénée de la Nature Sacrée. Ce script est assez pervers parce qu'il fait de la Femme, l'incarnation de la Nature, la cause de la fracture, de l'aliénation du monde naturel. Dans la version Gnostique de la Chute, le serpent sournois qui tente Eve, pour qu'elle acquière la connaissance prohibée, est présenté comme un bienfaiteur plutôt que comme un intrus maléfique. La version Gnostique de la Chute est une inversion directe et intentionnelle d'un script.

La plupart des thèmes portant sur le script de la Nature Sacrée confèrent la supériorité au féminin mais certains textes religieux furent composés dans l'intention d'éliminer la composante féminine de la Divinité. La Déesse Hébraïque Hokmah, identique avec de nombreuses Déesses Païennes telles qu'Astarte, Astéroth et Elath, fut originellement la femme et l'égale de Jéhovah. A l'époque où la plupart des textes de la Torah (Ancien Testament) furent rédigés, à savoir quelques siècles avant EC, Son rôle dans la vie religieuse des anciens Hébreux fut virtuellement oblitéré. Le propos de ce changement de script fut de consacrer l'autorité patriarcale et de promouvoir le monothéisme. Les érudits ont recherché assidûment à comprendre le rôle réel joué par les déesse Païennes dans l'ancienne culture Hébraïque. (Cet effort a été qualifié de “recouvrement de la Déesse”).

Au sein de la religion centrée sur la Déesse, un vaste spectre de divinités, mâles et femelles, constitue la dimension sacrée du monde naturel. L'imposition de la croyance monothéiste alla de pair avec la répression de la Déesse. Au fil de quelques centaines d'années, le déclin progressif de la croyance en la Nature Sacrée et de sa reconnaissance (désacralisation) prépara le terrain pour la croyance monothéiste en une divinité distante et omnipotente.

Nature et Maternage

Les croyances religieuses s'identifient aux histoires familiales lorsque la Terre Mère est considérée comme la génitrice de toutes les créatures, de toutes les espèces. Cette vision de la terre implique une faculté humaine innée de ressentir de la révérence envers l'habitat naturel - un sentiment qui a été partiellement recouvré dans le mouvement de protection environnementale. A l'exception des cultures à l'intelligence native, la révérence pour la terre en tant que mère a été largement détournée vers la sphère humaine. (L'expression “à l'intelligence native” dénote la perspective des peuples Indigènes qui perçoivent leurs valeurs reflétées dans l'environnement dont ils sont natifs. Cette expression est l'équivalent d'Indigène). Dans de nombreuses familles, la mère est encore une matriarche et tenue pour la source mystérieuse de la vie qui substante toute la famille même si son rôle et son influence peuvent paralyser le développement psychologique de membres individuels de la famille. De même, la relation à la Nature Sacrée peut devenir pathologique et dégénérer en superstition aveugle et en jeux sinistres de pouvoir. Les tabous à l'encontre de l'inceste et des menstrues montrent comment l'humanité peut s'éloigner de l'harmonie avec la nature pour sombrer dans des obsessions épouvantables.

L'inceste appartient au mythème de la Nature Sacrée parce qu'il représente le risque de lier la famille humaine à la Déesse Mère selon un mode de régression et de pathologie. La problématique de l'inceste est présente dans la plupart des mythologies anciennes et tribales, la finalité du tabou étant de l'empêcher de devenir trop prédominante. Dans l'ancien culte de Cybèle, les prêtres se castraient eux-mêmes en honneur de la Déesse. Cette pratique rappelle un schéma sexuel-familial-religieux d'un grand intérêt dans la psychologie moderne qui abonde en cas d'hommes qui sont émotionnellement castrés. Le parallèle est étrange parce qu'il apparaît que le mâle moderne est castré en raison d'un manque de connexion vitale avec la Nature Sacrée alors que dans l'ancien culte, la castration était symbolique de la consécration à sa personnification féminine, la Déesse. Les mythèmes véhiculés par n'importe quel script ou n'importe quelle forme ritualisée de comportement peuvent muter et leur signification s'inverser.

Les prêtres Catholiques qui renoncent au sexe, imitent symboliquement les dévots de Cybèle mais ils le font en consécration à un dieu paternel, mâle, et non pas une déesse. Ce motif de castration est récurrent même si son application varie en fonction des variations de scripts.

Les histoires familiales-religieuses qui suivent le modèle patriarcal représentent le père comme la divinité suprême de la famille, un juge strict qui ne récompense ses enfants que lorsqu'ils respectent ses règles et qui les punit sévèrement lorsqu'ils ne les respectent pas. Le script religieux “Dieu donne ses commandements” se traduit aisément dans le script familial par “père sait mieux”. Puisque le père en tant que divinité mâle représente une autorité au-delà de la Nature, cette histoire s'oppose à celle qui dit “mère (nature) sustente tout”.

Dans les sociétés religieuses, la famille reste intimement connectée à la Nature comme la source de la survie. Cette dépendance génère un ensemble de scripts par lequel les structures familiales interactives ne consument pas les membres de la famille ou n'obscurcissent pas la relation primordiale de chaque membre avec le monde naturel. L'identité du groupe familial et l'identité des individus en son sein sont toutes deux reflétées dans un rapport actif avec la nature - dans une participation pour mentionner le terme-clé anthropologique définissant cette relation. Dans la vie moderne, une famille se consacrant à la conservation et à l'exploration de la nature est dans une dynamique de restauration de cette communion primordiale. Une telle famille opère à partir de scripts qui disent “la nature pourvoit l'inspiration” et “la nature réunit l'humanité”.

John Lash

Traduction de Dominique Guillet