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Métahistoire

La Passion de la Terre

Seconde Partie

•> 07. La cache Egyptienne

•> 08. Au Sein des Mystères

•> 09. Ecoles de Co-Evolution

•> 10. La Déesse Déchue

•> 11. Physique du temps de Rêve

•> 12. Le Dieu Dément

•> 13. La Passion de Sophia

•> 14. L'Intercession Christique

•> 15. Le Chemin des Révélateurs

•> 16. Une Gerbe de Blé Coupé

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Chapitre 14

L'Intercession Christique

John Lash

Traduction de Dominique Guillet.

Les sept premiers épisodes du Mythos de Sophia relatent ce qui arrive à la Déesse jusqu'au moment où elle se métamorphose en la Terre et où elle perd sa forme Eonique. Dans le huitième épisode, il se passe un autre événement décisif, relativement différent de ce qui a précédé, parce qu'il se manifeste après que la vie ait commencé à bourgeonner au sein de la biosphère de la planète émergente.

Malheureusement, la matière décrivant cet événement-clé, à savoir l'intercession Christique, est extrêmement ténue dans les textes Gnostiques qui ont survécu. Des parties cruciales du Mythos manquent, tels les morceaux perdus d'une mosaïque brisée. La vision de Sophia se métamorphosant en la Terre revêtait certainement une importance fondamentale dans la narration sacrée des Mystères; cependant, afin de retracer et de recouvrer le coeur de cette histoire, nous sommes de nouveau obligés de nous en remettre aux écrits des Pères de l'Eglise à l'encontre des Gnostiques (qui sont également appelés la littérature patristique, ou plus simplement les polémiques). Ils constituent une source douteuse d'information, c'est le moins que l'on puisse dire. A la lecture de ces polémiques, il nous faut distinguer entre les éléments authentiques de connaissance Gnostique et ce qui a été mal interprété, involontairement, ou, le plus souvent, qui a été délibérément falsifié et déformé. La désinformation prévaut largement dans ce type de littérature. Lorsqu'il s'agit de théologie et d'argumentation philosophique Gnostiques, nous pouvons être sûrs que, la moitié du temps, les Pères ne comprenaient pas ce qu'ils réfutaient. Ils devaient néanmoins s'efforcer de représenter certaines choses clairement et précisément, si ce n'est déjà pour que leurs réfutations soient efficaces. De par le contenu mythographique ou visionnaire, tel qu'il prévaut dans ces épisodes, les adversaires patristiques auraient eu tout intérêt à présenter cette matière relativement précisément, afin que sa nature absurde et grotesque (à leurs yeux) soit patente.

On peut donc s'attendre à ce que les écrits patristiques soient plus fidèles dans leur narration du mythos que dans la représentation de notions intellectuelles soutenues par les Gnostiques.

Un Problème de Formatage

Sophia atteignit, éventuellement, la phase durant laquelle son corps planétaire commença à exploser de vie. Selon l'échelle de temps géologique communément acceptée, ce moment correspondrait à l'aube de l'Age Cambrien, il y a environ 550 millions d'années, lorsque la planète produisit une profusion de crustacés et une pléthore d'organismes dotés de squelettes. C'est un peu plus tard, durant la Période Ordovicienne, qu'émergèrent les premiers poissons et les plantes terrestres. Selon l'histoire sacrée, les formes émergentes de la faune et de la flore étaient d'une profusion tellement prodigieuse que Sophia fut subjuguée par l'immense diversité de vie qu'elle était en train de générer. Ce qui était encore plus ptoblématique, elle ne pouvait pas garder les nombreuses espèces de sa progéniture au sein de leurs propres limites symbiotiques. Son autopoésie courrait le risque de s'emballer. Son épreuve suscita une réaction de la part des Eons Pléromiques qui avaient été les témoins de la trajectoire de son plongeon depuis le tout début.

Les dieux prirent alors une décision capitale.

L'Eon Christos qui, avec Sophia, avait constitué la syzygie permettant de configurer l'Anthropos, reçut une mission spéciale de l'assemblée Pléromique: quitter le coeur Pléromique et descendre dans le monde émergent dans lequel Sophia était subjuguée par la vie jaillissant de son corps. C'est l'intercession Christique.

Il est exceptionnellement rare pour un Eon de s'éloigner du coeur galactique et de “s'extérioriser” dans un monde en évolution. Dans le mythe Hindou, les divinités qui intercèdent de cette manière sont appelées avataras, et ce processus est nommé descente avatarique. Sophia plongea du Plérome en toute impétuosité, impulsée par l'enthymesis, le désir divin alors que l'Eon Christos le fit au travers de l'ennoia, l'intention divine. Soutenu par l'attention de tout le Plérome, Christos réalisa une intercession spéciale. Selon la paraphrase d'Irénée:

“Le Christ demeurant en-haut prit pitié de sa soeur Eon et s'étant étendu au travers et au-delà du stauros (limites du Plérome), il conféra une forme à Sophia mais selon la substance seulement et non pas pour transmettre l'intelligence... Le Christos conféra à Sophia une forme d'intelligence respectée et guérit ses passions en les séparant d'elle mais pas au point des les extraire de son mental”. (Contre les Hérésies, I, 4.1, mise en gras ajoutée).

Cette brève description est étonnamment détaillée, suggérant des nuances typiques du génie visionnaire Gnostique et qui n'auraient pas pu être inventées par Irénée qui était d'ailleurs fortement opposé au processus de création mythique Païenne (ce qui, de plus, aurait été bien au-delà de ses capacités). Si l'on peut faire confiance à ce passage, il suggère que les Gnostiques possédaient des idées assez précises quant à ce qui se passa lors de cette mission fantastique de sauvetage réalisée par les dieux Pléromiques. L'intervention de l'Eon qui descendit pourrait être paraphrasée de cette manière: “Le Christos, agissant dans le respect total des facultés de Sophia, l'assista pour formaliser les processus vitaux se développant dans son monde et guérit la douleur de ses passions en les détachant d'elle mais pas au point où elle ne pût pas se les rappeler à l'esprit si elle le souhaitait”.

L'affirmation selon laquelle le Christos “conféra une forme à Sophia” rappelle l'accouplement de Christos et de Sophia par lequel les deux Eons configurèrent la singularité libérée par l'Originateur. Ce qui arrive dans l'intercession est cohérent avec l'action commune antérieure de Christos et de Sophia. Formaliser et configurer veulent dire la même chose. En langage informatique, on dirait formater plutôt que formaliser. Durant les premières phases de sa métamorphose terrestre, Sophia eut “un problème de formatage” avec les forces de vie qui jaillissaient de son corps. L'intercession fut destinée à solutionner ce problème.

De nombreuses formes de vie foisonnant dans la biosphère “s’étaient déjà enracinées et avaient acquis leur propre pouvoir de sorte à s’auto-réguler”. Nous avons ici une confirmation remarquable de l'autopoésie dans les physiques terrestres mille six cent ans avant que la théorie Gaïa ne fût conçue. (Le mot Grec pour autopoésie dans les Codex de Nag Hammadi est autogenes, “auto-génération”).

“Tout ce que le Christos put faire fut de séparer ces formes de vie et de les distinguer, et ensuite de les condenser et de les assembler afin de les transmuter intégralement en organismes indépendants à partir de ses passions. Par ce processus, il leur conféra alors des propriétés d'adaptation et de spéciation afin qu'elles puisent devenir des organismes physiques déterminés”. (Contre les Hérésies, I, 4. 2)

En d'autres mots, Christos rétablit les territoires essentiels à la symbiose Gaïenne en aidant Sophia par des dynamiques qu'elles auraient mises en place elle-même, si elle en avait eu la capacité. Ce fut la première étape de l'intercession. La seconde étape fut d'établir pour la progéniture de Sophia, “des propriétés d'adaptation et de spéciation afin qu'elles puisent devenir des organismes physiques déterminés”, c'est à dire la capacité de fonctionner de façon autonome, en harmonie avec la structure évolutive propre à chaque espèce.

De nos jours, nous appelons le plan, ou le programme, qui dirige une espèce sur son chemin autonome et “spécifique”, l'instinct. L'intercession Christique pourvut une voie fonctionnelle pour les programmes biologiques des créatures de la biosphère, la pléthore de formes animales. L'Eon Christos apporta son soutien à la programmation biologique de la progéniture de Sophia “selon la substance seulement et non pas pour transmettre l'intelligence - ce qui signifie qu'il ne réalisa que ce que Sophia aurait elle-même réalisé si elle n'avait pas été autant subjuguée. Les sphères de vie animale et végétale de la biosphère sont fidèles à leurs instincts guidant chaque espèce mais elle sont, néanmoins, capables de co-évolution. Les espèces terrestres coopèrent beaucoup plus qu'elles ne sont en compétition. L'autonomie et la co-évolution interspécifique étant garanties, Sophia était de nouveau en bonne voie quant à sa vie évolutive. Elle était maintenant capable de procéder sur la voie de la symbiose et de “donner forme à la substance animée qui avait émané de sa propre conversion”, assistée par “les instructions du Christos”.

Quel tableau formidable. L'intercession Christique est une autre de ces scènes cinématographiques prodigieuses dans l'imagination Gnostique du cosmos. Le génie visionnaire des initiés, qui enseignèrent dans les Mystères, survit dans cet épisode du Mythos quand bien même il ne nous parvient pas de manière directe. La mythopoésie de cet épisode est si saisissante et si puissante qu'elle peut altérer notre perception en nous donnant accès à une vision totalement nouvelle de qui est “le Christ”. Selon la vision Gnostique de la préhistoire lointaine, l'Eon Christos était un esprit supranaturel dont la puissance affecta toute la vie animale sur Terre.

La notion selon laquelle l'action du Christos Pléromique affecte toute vie consciente, et soutient les relations interspécifiques, contraste avec l'acte strictement anthropocentrique de rédemption attribué au Christ Sauveur; elle est, de plus, hautement hérétique.

Sophia imprègne d'intelligence tout ce qui vit dans la biosphère car la Déesse elle-même est l'intelligence demeurant en la planète. Le dieu Pléromique Christos agit “non pas pour transmettre l'intelligence” mais pour l'amplifier, pour harmoniser les impulsions autogéniques de Sophia, les programmes instinctifs de sa progéniture. L'élément Christique dans l'instinct animal n'est pas intrinsèquement la fondation de cet instinct car ce dernier procède de Sophia. C'est plutôt ce qui garantit que chaque espèce soit capable de communication interspécifique et de co-évolution selon des voies qui ne seraient pas aussi fonctionnelles si l'intercession n'avait pas eu lieu.

En bref, l'intercession Christique mit en place une voie sécuritaire pour le spectre intégral des plans instinctuels Gaïens, incluant le programme instinctuel de l'humanité, l'Anthropos. Car nous aussi, nous sommes des animaux dans la ménagerie merveilleuse de l'habitat Gaïen.