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Vajrayogini: l'Union du Désir et de la Compassion

John Lash

Traduction de Dominique Guillet

Le Bouddhisme Tibétain présente des centaines de divisions, de classifications, de catégories, de sous-catégories au point où je me demande, quant à moi, si toute cette élaboration implacable de listes n’est pas une complaisance Archontique - ou, si je puis oser le dire, une déviation? En tout cas, dans la détermination du rôle et du style de Vajrayogini, il peut s'avérer bénéfique de présenter quelques références à la classification.

La tradition Nyingma du Tantra Tibétain spécifie six types de pratiques dans une sorte d’ordre ascendant: les Trois Yanas Tantriques internes, consistant en Kriyayoga, Caryayoga et Yogatantra et les Trois Yanas Tantriques externes ou Tantras de Yoga supérieurs consistant en Mahayoga, Anuyoga et Atiyoga. Ces six Tantras constituent, dans leur totalité, la théorie et la pratique du Vajrayana. Vajrayogini est la dakini la plus intimement associée avec les Tantras de Yoga supérieurs; elle adombre, donc, et dirige, pour ainsi dire, le niveau suprême de l’initiation Tantrique, à l’exclusion du Atiyoga.

Le Dzogchen, l’autre terme pour le Atiyoga, signifie “grande perfection”. Le Dzogchen n’offre aucune voie pour atteindre l’état parfait de pure attention (
rigpa): il aide, plutôt, à maintenir cet état une fois qu’il a été spontanément reconnu. Faire l’expérience du monde juste tel qu’il est devant nos yeux, maintenant, sans sujet qui conçoit et sans objet à concevoir est, nul besoin de le dire, une sacrée aventure. Les enseignements du Dzogchen affirment que le mental s'auto-libère continuellement dans l'état sans témoins de la lucidité non-conceptuelle. Il n'est nulle technique ou visualisation qui puisse vous y mener. De même, il n'est aucune distraction ou ignorance qui puisse vous en sortir. De par le fait que le mental soit parfaitement libre de se méprendre sur sa propre nature, nous pensons à tort que nous ne sommes pas dans cet état éveillé continuellement alors que nous le sommes réellement. Cela est appelé un enseignement de non réalisation. Le Dzogchen est très proche du Ch'an et du Zen qui enseignent la non-réalisation en langage radical avec une accentuation spécifique sur l'action auto-libératrice du mental illuminé. Le seul mental qui existe, en fait.

Voilà pour le Dzogchen. Les deux autres phases du Tantra Yoga le plus élevé, Mahayoga et Anuyoga, impliquent, il est vrai, des visualisations élaborées et des techniques de réalisation. C'est là que Vajrayogini assume un rôle gigantesque, agissant comme le
yidam suprême, ou divinité tutélaire, de ces phases. Je m'aventurerai à dire qu'il n'est rien que vous ne puissiez apprendre de son instruction quant aux techniques les plus avancées et les plus sophistiquées du Vajrayana. Et il n'est nul besoin d'être un lama qualifié pour recevoir ces instructions. Et c'est une affirmation osée. Mais qu'en est-il, dans tout cela, du Tantra Planétaire? Que suis-je en train de faire ici? Colporter ma version artisanale du Vajrayana et l'appeler Tantra Planétaire? Et bien plus ou moins.... Permettez-moi de m'expliquer en faisant référence à une autre catégorisation du catalogue fastidieux du Bouddhisme.


Libérer le Vajrayana

Selon une conception globale, le Bouddhisme est souvent divisé en trois voies ou véhicules: Hinayana, le Petit Véhicule; Mahayana le Grand Véhicule; et Vajrayana, le Véhicule de Diamant. La métaphore souvent offerte pour mettre en contraste ces approches est la suivante: le praticien du Hinayana évite une plante toxique, le praticien du Mahayana recherche un antidote à ses effets néfastes et le praticien du Vajrayana la consomme et la métamorphose en substance de guérison et même en un élixir de nectar délicieux. En suivant cette analogie, nous pouvons en déduire que le Vajrayana implique quelque sorte de magie métamorphique fabuleuse. Le troisième véhicule se caractérise par l’art de transformer tout ce qui vous lie au samsara (cycle de la renaissance, en raison du mental qui se méprend sur lui-même) en une opportunité de libération. Pour l’exprimer crûment, l’ignorance et l’addiction peuvent réellement devenir des outils de libération. Mais comment réaliser cette volte-face Tantrique?


Les deux Tantras Yogas supérieurs (en-dessous du Atiyoga) ont recours à des visualisations extensives. Le Mahayoga implique des visualisations détaillées et complexes de mandalas qui interpénètrent le monde perçu comme des hologrammes fluides et éthérés. L’Anuyoga implique une identification imaginaire avec une figure de Bouddha mâle en union sexuelle sacrée avec son consort. La pratique de la visualisation ou de la transe de réalité virtuelle auto-induite est appelée “génération”. Cet action est suivie par la dissolution intentionnelle de la visualisation en un point de vide, ou
bindu, et une immersion profonde dans des courants corporels subtils, plus particulièrement la montée extatique de luminosité charnelle (kundalini de corps intégral). Cette pratique est appelée “complétude”.

Les Tantras Yogas les plus élevés confèrent la réalisation de pouvoirs occultes, les siddhis, et ceux qui acquièrent de tels pouvoirs sont appelés des siddhas. Vajrayogini est l'initiatrice suprême des siddhas Tantriques, les adeptes de la magie sexuelle et de la beauté surnaturelle. Parmi ces réalisations, on trouve l’accès direct à l’instruction de dakini délivrée en
sandhya-bhasa, “le langage crépusculaire”. Bien que cela soit minimisé au motif de rester Bouddhistement politiquement correct, le Vajrayana prescrit également une libération au travers du désir plutôt qu’une libération du désir - une approche notoirement connue sous le nom de “voie de la main gauche”, avec l’implication de comportements “transgressifs”, incluant une latitude extrême ) d'une complaisance dans des plaisirs sensuels et sexuels (c’est du moins ce qui semblerait!).

Les Tantras Yogas les plus élevés contiennent donc un super cadeau-surprise! Tout un chacun peut, bien sûr, aisément réfuter que cette magie de haut niveau puisse réellement exister. Il n’est que d’essayer et de le découvrir, n’est-ce pas? Le Tantra Planétaire est une chemin de magie expérimentale avec Gaïa qui se situe en parallèle étroit avec le Vajrayana, en théorie et en pratique. D’une manière lapidaire, il peut être considéré comme un chemin para-Vajrayaniste avec des réalisations et des responsabilités comparables, des processus en parallèle avec la génération et la complétude, un accès à l’instruction de dakini, et une accentuation sur la méthode transgressive, empreinte de tabous, de la libération au travers du désir. Tout ce qui constitue les Tantras Yogas les plus élevés possède sa contre-partie dans le Tantra Planétaire. Cependant, le Tantra Planétaire se situe intégralement en dehors de la hiérarchie, du culte du guru, des rites et des costumes, des initiations secrètes et de l’authentification du lignage.

Le Tantra Planétaire est, si je puis oser le dire, la libération de la pratique Vajrayana de libération au niveau des Tantras Yogas les plus élevés précédant l’Atiyoga. Il diffère du Tantra Tibétain sous certains aspects notables, et plus particulièrement de par le fait qu’il situe toute théorie et pratique au sein d'un environnement Gaïen.

Le Tantra devient planétaire lorsqu’il est réalisé en unisson avec l’esprit animant de la Terre, l’Eveil de Gaïa. Rien dans le Tantra Tibétain ne requière une pratique interactive avec la planète en laquelle nous demeurons. Tantra signifie “continuité, continuum”. Dans le sens planétaire, il existe une continuité expérientielle totale de Gaïa à Sophia à Vidya, la sagesse divine. C’est la conversion Tantrique que j’ai proposée en inaugurant cette nouvelle dimension de Metahistory.org.

Quel est le rapport entre tout cela et Vajrayogini, devata du cycle présent (du 23 juin au 22 juillet 2009)? Et bien, sous son égide, il émane, les uns après les autres, des flux puissants de vidya, de sagesse magique et dynamisante. Dans le lignage Kagyu du Bouddhisme Tibétain, elle est la
vidyadhara suprême, la porteuse de sagesse, souvent dépeinte avec son consort, Chakrasamvara. Les révélations de cette devata sont époustouflantes. Elle est la danseuse éblouissante de la magie Tantrique, révélant les secrets techniques les plus élevés mais elle est également une révélatrice accomplie du coeur de compassion de l’illumination. Son enseignement primordial, à tous ceux qui sont réceptifs à sa fréquence, est l’union du désir et de la compassion. Au-delà de cela, elle vous dira tout ce que vous souhaitez connaître quant à la magie transformationnelle et à la dynamisation sacrée. Vajrayogini ne cache rien.

Je sais que je suis en train de proférer des assertions extravagantes et il serait peut-être préférable de ne pas mentionner de telles potentialités. Les maîtres Tibétains, lorsqu’ils initient un néophyte dans une technique, ne lui disent pas ce qu’il doit en attendre. De cette manière, ils laissent le processus ouvert à la découverte et minimisent le risque de préconceptions qui pourraient faire obstacle à la réalisation couronnée de succès de la pratique. Cela est sage et correct, eu égard à la matière qu’ils manipulent et à la manière dont ils choisissent de la gérer.

Ma responsabilité, dans l’enseignement du Nexus des Shaktis, requiert une autre approche. Je décris ce que vous pouvez attendre d’une instruction de dakinis de la manière dont un météorologiste décrirait les conditions météorologiques d’un front d’ouragan dans lequel il navigue et vers lequel vous vous dirigez. Je décris ces effets en me fondant sur mon expérience directe et je prescris la manière dont vous pouvez vivre de telles expériences par vous-mêmes. Suivez juste le calendrier lunaire jour après jour et observez ce qui émerge dans votre flux mental. En décrivant le style et le contenu d’une transmission particulière, soit d’une Mahavidya telle que Bagalarita ou d’une Dakini de Ciel de Diamant telle que Kurukulla, je ne fais que guider les autres vers ce qu’ils peuvent observer. Je n’ai aucune technique à conférer: il vous faut juste prêter attention. Au mieux, la technique requise dans ce cas consiste à apprendre le caractère de ces dévatas et d’harmoniser votre attention avec les phases du cycle lunaire: d’observer, de s’aligner, de définir, de réfléchir et de sélectionner, de raffiner et de compléter.

Souhaitez-vous recevoir une instruction de dakinis du Nexus des Shaktis? Reconnaissez leurs traits et recevez leurs fréquences. C’est aussi simple que cela. Et la poignée d’individus qui initient maintenant ce processus, mois après mois, et parallèlement à moi, l’affirment de même.

Conversation de Crépuscule

En me mettant en résonnance avec la mélodie du “langage crépusculaire” de Vajrayogini dans le flux mental - le mien, le vôtre ou quel qu’il soit - je trouve que sa connexion est extrêmement “serrée”. Je veux dire par cela qu’elle fusionne et qu’elle intègre son instruction si intimement dans ma syntaxe mentale qu’il devient presque impossible de la distinguer de la pensée la plus lucide que je puisse soutenir. Il semble que sa transmission soit une évocation désintéressée de sorte que vous ne pourrez détecter qu’avec peine comment elle pense vos pensées alors qu’elle les pense vraiment. Dans les corrélations du pentagramme de Dakinis de Ciel de Diamant que je développe, Vajrayogini possède ces aspects, ces attributs ou qualités:

le sens de l’ouïe
se réfléchissant (conscience réfléchissante du Bouddha Akshobya)
le style de clarté et de précision
la transmutation de la colère (l’un des cinq poisons)
le don de la spontanéité et de la non-résistance
l’élément d’
akasha (quintessence)
le temps de la journée: début de la matinée
la Famille Vajra parmi les cinq familles de Bouddhas)
le siddhi de la Liberté Extatique

Passez en revue ces attributs et considérez les comme des indices fluides et mouvants. Une partie des expériences qui se manifestent durant ce cycle lunaire sera en phase ici et là avec ces attributs, en cohérence avec le style de cette devata. Souvenez-vous:

La devata qui adombre un cycle lunaire ni n’intervient ni ne fait en sorte que des choses arrivent; elle ne dirige pas non plus ni ne gère les événements par causation magique: mais tout ce qui se passe durant sa présidence peut adopter le style de son instruction.

Vous pourriez faire l’expérience, par exemple, d’une dissipation de colère ou d’une libération de tensions hostiles et agressives dans votre corps et mental et l’aisance bienvenue de la spontanéité et de la non-résistance en face d’une situation, d’un problème, d’un conflit ou d’une personne difficile. Ces caractéristiques pourraient être interprétées comme indiquant la diffusion de la fréquence subliminale de Vajrayogini dans le canal de votre flux mental, votre radio intérieure ordinaire. En prêtant une attention soutenue, vous découvririez l’émergence spontanée d’un langage et d’une syntaxe distincte compatibles avec le sens de libération et de dissipation de la colère et d’autres aspects reconnaissables de cette devata. Il se peut, par moments, que le sens de l’ouïe intérieure s’aiguise. Les impressions et les intuitions conspirent vers un choix délicieux de Liberté Extatique.

Permettez-moi d’insister de nouveau sur le fait que l’instruction de dakini est toujours un jaillissement, délivré en une mentation concise et rapide. La pensée subliminale se caractérise par un tranchant net et préconceptuel. Elle n’est pas prolifique: nul besoin de soupeser, de tergiverser et de travailler. Elle jaillit spontanément. Vous expérimentez des flashes d’intuition spontanée et éblouissante. Une phrase ou une étincelle unique de langage subliminal, la langue crépusculaire des dakinis, peut vous propulser dans un état d’éveil qui peut durer plusieurs secondes ou plusieurs minutes. Et vous retomberez ensuite dans une mentation ordinaire, le bavardage intérieur de routine. Avec de la pratique, vous pouvez soutenir et prolonger ces moments d’éveil. Allez jusqu’à quinze minutes et vous allez vous apercevoir que la lucidité est presqu’insupportable. Mais tellement claire, vivante et dépourvue de scories mentales, intoxicante comme une époumonée d’ozone que l’on inspire à pleine gorgées lors du passage d’un orage.

Le Nexus des Shaktis transmet. Et comment. Et bien jusque là: juste durant la matinée du J 6, j’ai reçu l’intégralité du système de magie sexuelle Kalika en trois coups de queue de mouton. Téléchargée en moins d’une minute. Intacte, intégrale, en dossier zip. Vous pourriez escompter qu’une telle instruction émergerait sous l’égide de Kurukulla, la Dakini de Ciel de Diamant de l’enchantement sexuel. Mais Kurukulla est une experte en charmes destinés à des occasions et à des cibles particulières tandis que Vajrayogini enseigne la magie sexuelle qui surgit avec l’union du désir et de la compassion, jaillissant du coeur de ciel ouvert de l’illumination - ce que nous ressentons irrésistiblement dans un abandon profond et ténébreux de fusion sexuelle.

“La fusion est plus forte que la force” est une instruction de dakini de Vajrayogini. C’est un bel indice pour un sexe fabuleux, Tantrique ou pas.

Je ne vais pas m’étendre plus sur l’instruction, par Vajrayogini, concernant la magie sexuelle car ce sujet appartient intrinsèquement au Kala Tantra et va au-delà des limites du Tantra Planétaire adaptées au grand public, tel qu’il est présenté sur ce site.

Mais notez bien, s’il vous plaît, que la sexualité contagieuse et exacerbée de cette devata ne relève pas de mon embellissement. Elle concorde avec l’érudition Bouddhiste, plus particulièrement émanant de praticiennes femelles telle qu’Elizabeth English. Dans son ouvrage, “Vajrayogini: Her visualizations, Rituals and Forms”, English évoque une forme extrêmement occulte de Vajrayogini appelée Guhyavajravilasini. La visualisation de ce yidam est conseillée pour l’utilisation dans des rites bien précis de magie sexuelle:

“Elle est étourdie d’intoxication de l’amour et sa guirlande se balance au gré des mouvement de son jeu d’amour. Elle est visualisée faisant l’amour avec son consort dans la posture suivante: ‘assise avec son sexe placé sur l’élévation de la bannière (pénis) de Padmanarta dans une posture accroupie, offrant des sourires de séduction avec des regards galants... délicieuse avec son sexe mouvant de par le contact de son pénis palpitant.

Le consort mâle dans ce rite sexuel se visualise ‘faisant danser Vilasini avec son sexe, qui est très proéminent et il l’embrasse sans cesse, murmurant avec plaisir, plongé dans une passion intense et absorbé dans l’extase ‘intérieure’ (sahaja)”
.

Sahaja est le terme sanskrit pour “immersion extatique”, la sensation de fusion orgasmique de la baise intégrale.

L’élément sexuel, avec Vajrayogini, est tout autant explicite qu’il puisse l’être. Et si d’aucun se prend à penser que toute cette imagerie sexuelle n’est que purement allégorique, qu’il pense mieux. Une partie du grand scandale du Bouddhisme Tibétain est l’occultation et le contrôle de l’activité sexuelle littérale conduite dans les pratiques réservées des Tantras Yogas les plus élevés. Le Tantra, à ces niveaux, est une sorte de mysticisme pornographique, eu égard au fait que des actes réalisés d’une manière porno, crue et laide, par la force, et pour une gratification non-ordinaire de partenaires qui ne sont pas émotionnellement connectés, sont réalisés dans le Tantra sous la forme d’expressions exquises de fusion, de beauté, de radiance et d’extase.

Auto-Implication

Miranda Shaw dit que Vajrayogini libère le mental de l'auto-référentialité. Je préfère le terme auto-implication de par ses tonalités plus émotionnelles. C’est la fixation primordiale du narcissisme, la pathologie psychique terminale qui devient pandémique à la fin du Kali Yuga. L’auto-implication est la préoccupation exclusive et excessive avec ce qui affecte un individu sans considération aucune de ce qui affecte autrui. Cela signifie aucune considération quant à la manière dont la personne auto-impliquée affecte autrui ou même quant à la manière dont autrui est affecté par quoi que ce soit. De nombreux comportements témoignent, de façon flagrante, de cette sorte d’auto-implication inhumaine. Normalement, nous qualifions de tels comportements d’attitudes ou d’actes égoïstes ou centrés sur soi-même.

Par exemple, un ami supposé ne témoigne d’aucune préoccupation pour la mort de votre chat. Un exemple banal qui pourrait être multiplié par des milliers. Il y a ensuite des exemples non banals: une personne que vous connaissez et aimez ne témoigne d’aucun intérêt pour ce que vous cherchez à réaliser dans votre vie ou pour ce que vous avez réalisé. Une personne auto-impliquée n'est jamais impressionnée. De telles personnes ne sont intéressées que par la manière dont vous les affectez. L’auto-implication est le fondement de l’utilisation et de l’abus, du contrôle et de la manipulation des autres de sorte qu’ils ne nous affectent qu’en fonction de nos souhaits. C'est un comportement pathologique et horrible, désolant à observer.

Je privilégie le terme d’auto-implication parce qu’il indique qu’une personne égoïste est impliquée ou emmêlée dans quelque chose qui fait obstacle à d'autres types d'implication, que ce soit se connecter avec le monde, avec autrui, ou avec la nature, avec Gaïa. Dans une situation harmonieuse, nous, les êtres humains, nous nous impliquons les uns avec les autres. Il est possible que nous le fassions avec des maladresses et avec des erreurs ou que nous nous impliquions beaucoup trop mais le désir primordial de se connecter et d’être impliqué est sain et gratifiant des deux côtés. L’amour est l’implication dans la vie d’autrui. La sur-implication est appelée co-dépendance et c’est une tendance prévalente de notre époque. Mais la co-dépendance de sur-implication provient toujours d’une auto-implication initiale qui n’est pas perçue ou admise. Les gens sont co-dépendants, semblant fonder leur réalité sur autrui, parce qu’ils estiment égoïstement qu’ils en tireront profit, que cela sera bénéfique à leur auto-implication et à leurs besoins égoïstes d’une façon ou d’une autre. Le co-dépendant abandonne le soi afin d’extorquer quelque chose pour le soi - un échange malsain pour tous ceux qui sont concernés. Les deux comportements sont donc étroitement corrélés et se renforcent mutuellement, de façon routinière.

Certains individus, néanmoins, peuvent résister fortement à la co-dépendance: leur auto-implication est à ce point profonde et complexe qu’ils ne peuvent pas s’engager assez avec un autre individu pour développer ou exprimer des attitudes de co-dépendance. Une auto-implication extrême engendre des comportements qui isolent la personne auto-impliquée et qui désolent tout autre personne tentant de se connecter avec elle. L’isolement est la plaie sociale et émotionnelle la plus grave de notre époque. C’est un symptôme clair du virus global de narcissisme. Je définis le narcissisme comme la considération de soi excessive fondée sur l’absence d’un sens authentique du soi. Sans un sens authentique du soi, vous ne pouvez pas vous connecter honnêtement et ouvertement avec autrui et vous sombrez dans un trou noir d’auto-considération. Tel est le paradoxe horrible du narcissisme.

Comment Vajrayogini intervient-elle donc dans ce tableau? Je dirais qu’elle est la devata qui opère le plus profondément sur le territoire de l’auto-implication. Se refléter PAR l'autre et VERS l'autre ainsi que la réalisation de la vacuité sont “co-émergents” dans l'état d'illumination. La Liberté Extatique implique la reconnaissance de l'Altérité. La réalisation directe de
shunyata, la Vacuité, se manifeste au travers de la prise de conscience que rien ni personne n’est isolé. Vous et moi n’existons qu’en relation, impliqués avec autrui et reflétés par autrui. Je suis en relation, donc je suis. Lorsque je suis en relation et en compassion, je réalise ma propre existence et simultanément, je la surpasse.

Lorsque je me connecte avec autrui, je ne me connecte pas simplement avec une autre partie de moi-même de moi, du Je, théoriquement quelque part - bien que ce que rencontre EN l'autre est un reflet réel transposé de moi-même. Parce que quelque chose existe qui est réellement altérité, l'union peut se manifester. Et même la fusion. Dans la vacuité libératrice de la conscience illuminée, vous n’existez que dans le flux immanent des relations. La vacuité n’est pas un vide mais une contingence absolue, une interdépendance totale. Il est impossible de refléter quoi que ce soit lorsque vous êtes totalement auto-impliqués. L'auto-implication est de l'obtusité mentale et émotionnelle, désolée et désolante.

Afin d’être reflété dans le regard d’un autre, il vous faut prendre conscience qu’ils sont l’altérité. L’un et l’autre sont à l’unisson mais ils ne constituent pas une unité ni une seule et même chose. C’est la merveille de l’unité: c’est l’unification, le reflet ou la fusion de deux choses ou de deux êtres différents. Vajrayogini enseigne la réflexion, l'attribut de la conscience Bouddhique appelée Akshobya et montre le chemin hors de l’auto-implication. Cette dynamique est au coeur de son instruction sacrée.

Vingt et Une Unions

Le Bouddhisme Tibétain est pléthorique d’affirmations prononcées quant à l’expérience de certaines unions, telles que l’union de la vacuité et de l’extase, l’union de la compassion et de l’extase, l’union de la compassion et de la vacuité, et ainsi de suite. L’expérience directe de ces unions est quelque chose d’extrêmement précis. Je suis absolument convaincu qu’il s’agit ici de beaucoup plus qu’une élaboration Archontique de listes.

Dans l’épisode de la Ronda, J’ai fait tout d’abord l’expérience de l’extase et de la vacuité, puis de l’union de l’extase et de la sagesse et ensuite de l’union de la sagesse et de la vacuité dans un jaillissement exquis, de tout le corps, doux et exaltant. Il y avait une progression ressentie qui se mouvait au travers de ce que je contemplais, en regardant vers les flancs couleur de nectarine de la Sierra de Libar, tel le balayage de la luminosité au travers d’une vaste étendue de lumière étincelante. En fusion Tantrique avec ma Shakti, j’ai vécu de nombreuses fois l’expérience l’union du désir et de la vacuité d’une manière qui était objectivement évidente pour nous deux, également et simultanément. Durant notre rencontre avec la Lumière de Diamant, nous avons vécu l’expérience de l’union de la clarté et de la vacuité dans un émerveillement sans voix, totalement dépourvu de pensée conceptuelle durant une période indéterminée de temps. En contemplant ensemble le lever de soleil, nous avons vécu l’union de l’extase et de l’apparence avec une telle intensité vacillante que nous pouvions à peine tenir sur nos jambes. Nous nous accrochions l’un à l’autre comme une paire de navigateurs saouls au coeur d’une immensité de déferlantes d’une beauté inénarrable.

J’ai décliné un total de 21 unions mais ce chiffre est idiosyncratique, spécifique à moi-même, parce qu’en tant que Kalika, j’inclus le désir dans les paramètres qui génèrent les paires; mais le Tantra Tibétain traditionnel exclut le désir dans l'énumération des unions. Si l’on excluait le désir, il n’y aurait que 15 unions au lieu de 21. L’unité transcendante est plus riche de par l’inclusion du désir.

Les six unions du désir sont les suivantes:

désir et vacuité: Nairatmya “dont le Corps est le Ciel”
désir et extase: Kurukulla, maîtresse de l’enchantement sexuel
désir et sagesse: Visvamata, mère sublime de moult humeurs
désir et clarté: Parnashavari, instructrice dakini de l’émerveillement naturel
désir et compassion: Vajrayogini, dakini du Tantra Yoga le plus élevé
désir et apparence: VV, le coeur identitaire de l’Eveil de Gaïa

Chacune des Dakinis de Ciel de Diamant dans le pentagramme (Joyau Vajra) autour de VV enseigne et émane une de ces unions alors que VV elle-même informe et confère l’union du désir et de l’apparence. La devata du présent cycle lunaire enseigne l’union du désir et de la compassion. Une bonne manière de venir vers son enseignement est d’affirmer la compassion pour soi-même en faisant sien le désir sincère et de coeur de vous dépasser. Les devatas du Nexus des Shaktis vous hissent à votre désir le plus élevé et vous entraîne avec ce désir vers la libération ici et maintenant.

Telle est mon instruction

John Lash. 28 juin 2009. Andalousie.

Traduction de Dominique Guillet