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Un Principe Gnostique
Rencontre avec des Extraterrestres dans un
Texte des Ecoles de Mystères
John Lash
Traduction par Dominique Guillet de l'essai "A Gnostic Catechism"
Ici et là, les textes Gnostiques Coptes contiennent des passages qui décrivent des rencontres avec des extra-terrestres et offrent parfois des conseils explicites quant à la façon d’agir avec ces entités. Quelles croyances sont impliquées dans de tels témoignages? Et que devons-nous croire au sujet de tels témoignages? Je vais tenter de répondre à ces deux questions au cours de ce bref essai.
Enseignement Esotérique
Pour un témoignage de première main, considérons un passage extrait de la Première Apocalypse de Jacques (CNH V,3), un dialogue de révélation dans lequel un instructeur non nommé (le “Maître” ou le “Seigneur”) confère des enseignements secrets à un disciple Gnostique appelé Jacques:
Le Maître dit: “Jacques, regardes, je vais te révéler le chemin de ta rédemption. Lorsque tu es saisi et que tu éprouves les affres de la mort (une peur mortelle), il se peut qu’une multitude d’Archontes se jettent sur toi, dans l’espoir de te capturer. Et, plus particulièrement, trois d’entre eux vont te saisir, ceux qui font office de collecteurs. Non seulement exigent-ils une taxe, mais ils dérobent les âmes.
Maintenant, quand tu seras en leur pouvoir, celui qui est le superviseur va te demander: ‘Qui es-tu et d’où viens-tu?’
Tu vas donc lui dire: ‘Je suis un enfant de l’humanité et je viens de la Source’.
Il va te demander ensuite: ‘Quelle sorte d’enfant es-tu et à quelle Source appartiens-tu?’
Tu vas lui répondre: ‘Je viens de la Source pré-existante et je suis la progéniture de la Source’
Il va alors te demander: ‘Pourquoi fus-tu envoyé de la Source?’
Tu vas alors lui répondre: ‘Je vins de l’Un Pré-existant afin de pouvoir contempler ceux de mon espèce et ceux qui sont étrangers’.
Il va te demander: ‘Qui sont ces êtres étrangers?’
Et tu vas lui dire: ‘Ils ne sont pas entièrement étrangers car ils sont issus de la Sophia Déchue (Achamoth), la déesse qui les a engendrés lorsqu’elle amena la race humaine de la Source, le royaume de l’Un Pré-existant. Ils ne sont donc pas complètement étrangers mais ce sont nos cousins. Il en est ainsi parce que celle qui est leur matrice, Sophia Achamoth, procède de la Source. Ils sont cependant étrangers parce que Sophia ne s’accoupla pas avec son partenaire dans la Source (sa contrepartie mâle divine) quand elle les généra.
Lorsqu’il te demande enfin: ‘Ou vas-tu aller maintenant?’
Tu dois lui répondre: ‘De l’endroit quand je vins, la Source, je vais retourner’.
Si tu réponds de cette manière, tu échapperas à leurs attaques.” CNH V, 3, 33-34:1-25).
Une quantité considérable d’informations est comprimée dans cet échange. La similarité avec des témoignages contemporains de rencontres rapprochées est indéniable: les Archontes provoquent un état de panique mortelle, ils apparaissent souvent par trois, ils réalisent des abductions (“ils dérobent les âmes”). Ces détails présentent une ressemblance frappante avec des récits contemporains concernant les ET/OVNIS. Mais à la différence, tout aussi frappante, d’avec la littérature courante, l’enseignant Gnostique donne des instructions explicites sur la façon de faire face à ces entités extra-terrestres. La quantité énorme de témoignages concernant les phénomènes ET/OVNIS qui est aujourd’hui disponible ne présente rien au sujet de la défense contre l’intrusion extra-terrestre. Les contactés et les abductés sont des témoins passifs, dépassés et subjugués par les ET. Les écrits Gnostiques non seulement décrivent-ils donc ces rencontres, mais ils prescrivent également une action défensive. Le Maître offre des conseils pertinents pour remettre les Archontes à leur place.
Le Gnosticisme est un rappel de nos origines. L’étudiant est instruit de se souvenir du privilège de la naissance cosmique de l’humanité et de proclamer sa connexion directe avec le Plérome, la Source. L’étudiant est instruit spécifiquement de se rappeler et de répéter l’épisode clé de la mythologie Gnostique, la chute de l’Eon Sophia, et ainsi de se créer une défense contre les Archontes. En rappelant le mythe de leurs origines, l’étudiant(e) fait preuve d’une connaissance initiée de l’origine et de l’identité des entités auxquelles il (elle) doit faire face.
Un rappel intentionnel des sujets cosmiques fait perdre aux Archontes leur pouvoir. C’est, du moins, une déduction logique que l'on puisse tirer du passage ci-dessus. La stratégie de rappel est parfaitement en phase avec la sagesse indigène - voyez, par exemple, le dicton des Na-Khi, un peuple Tibétain du sud-est de la Chine: “Il faut se connecter à la source des plantes sacrées, sinon elles ne peuvent exprimer leur magie”. Les shamans guérissent, non seulement par leur connaissance des propriétés des plantes, mais aussi en racontant l'histoire de la plante. De la même façon, les Gnostiques firent échec aux Archontes grâce à la “plante sacrée” (le pouvoir occulte) du rappel mythologique.
Les récits Coptes deviennent d'autant plus d'actualité que nous prenons conscience qu'ils ne présentent pas simplement des commentaires empruntés ou abscons sur une religion morte mais bien plutôt des intuitions profondes sur les dilemmes spirituels éternels de l'humanité, intuitions qui sont toujours aussi pertinentes qu'elles étaient il y a 2000 ans. Décrivant la découverte de Nag Hammadi, Tobias Churton écrit: “Si Mohammed Ali n'avait pas brisé la jarre, nous n'aurions jamais eu l'occasion d'entendre ces choses. Dans le sens le plus profond du terme, ces choses sont de la dynamite. On aurait pu imaginer de grands titres sur toute la planète...” (The Gnostics. Page 12).
Mais il n'y eu pas de grands titres, même dans la presse à sensation. Cela prit de nombreuses années avant que les codex ne fussent traduits et, même aujourd'hui encore, aucun érudit n'admettra que ces rares codex Coptes contiennent des récits fiables de rencontres avec des ET.
Un Virus Idéologique
Dans un autre passage de la Première Apocalypse de Jacques, le Maître fait référence à ces gens “qui existent de la nature des Archontes” (30:20). Les Gnostiques étaient non seulement vigilants quant à l’intrusion des Archontes, ils étaient aussi profondément conscients de la possibilité que des humains soient totalement “archontisés”. Cette menace paraît avoir émergé d’une manière particulièrement alarmante lors de l’époque à laquelle Philip K. Dick fait souvent référence: le premier siècle de l’ère commune, lorsque l’incarnation du Christ est dite avoir eu lieu, selon la croyance Chrétienne. L’époque et la région dans lesquelles le façonnage Archontique du caractère humain s’est implanté avec force sont toutes deux spécifiées dans les textes de Nag Hammadi. Dans sa vision Gnostique de la condition humaine, Philip K. Dick émit l’hypothèse que la vie spirituelle de l’humanité s’arrêta à ce moment. C’est comme si le comportement de ceux “qui existent de la nature des Archontes” se fixa dans cette région et à cette époque et en vint à dominer tous les siècles suivants - jusqu’en 1945, date à laquelle les Codex de Nag Hammadi furent découverts.
Dans un parallèle proche de la vision de “l’Empire”, de Philip K. Dick, Wilhelm Reich vit l’émergence d’un syndrome similaire qu’il caractérisa comme le “complexe mécanique-mystique”. (Voir “La psychologie de masse du fascisme”. Sa signature est “l’idéologie autoritaire”, la mentalité de domination fasciste et patriarcale. Il est significatif que le terme “Archontes” désignait communément les “gouverneurs” ou les “autorités” du temps des Romains. Dans certaines traductions des récits Coptes, les terme archon (au pluriel archontoi) est rendu comme “autorités”. L'analyse par Reich, de ce que je propose d'appeler le complexe mystico-fasciste, se focalise sur le mouvement Nazi, le National Socialisme, dont il fit l'expérience directe mais “La psychologie de masse du fascisme” contient d'amples références au Catholicisme et au Saint Empire Romain, l'ancêtre millénaire du programme mystico-fasciste.
Pour de plus amples commentaires sur ce sujet, voir mon essai “Armageddon Politics”.
Lors d'une allusion à l'idéologie fasciste des “autorités”, Philip K. Dick écrivit: “L'Empire est l'institution, la codification du dérèglement; il est dément et nous impose sa démence par la violence, puisque sa nature est violente” (Valis. Page 235).
C'est une conception purement Gnostique, compatible avec des passages des Codex de Nag Hammadi et qui résonnent profondément avec les visions de Reich sur la psychose de masse du Christianisme Romain. On pourrait argumenter que les Nazis n'étaient pas Chrétiens mais, en fait, Hitler se prenait pour un Chevalier du Graal, modelé sur le Parsifal de Wagner, et le complexe du sauveur propre à la croyance Judéo-Chrétienne est totalement transposé dans l'idéologie raciste nazi - d'où le Christ Aryen identifié et, dans une certaine mesure, embrassé par C. G. Jung. L'ouvrage The Holy Reich, publié en 2004 par Richard Steigman-Gall, professeur d'histoire à l'Université de Kent aux USA, affirme qu'Hitler était sincère en s'appelant lui-même un Chrétien et révèle dans quelle mesure l'idéologie Chrétienne fut embrassée par le parti Nazi et contribua à l'avancement de leur cause.
Wilheim Reich mit en garde contre le fait que depuis l'affaissement de l'ethos pré-Chrétien du Paganisme tourné vers la terre, “le coeur biologique de l'humanité a été privé de représentation sociale” (ibidem). C'est une observation stupéfiante, c'est le moins que l'on puisse dire.
Les “autorités” se comportent comme des zombies spirituels, des entités qui se caractérisent par un mélange étonnant de fixations mystiques et militaristes. (Ce que j'ai appelé le clonage comportemental est largement évident dans les comportements aussi bien militaires que mystiques, tels que nous pouvons les percevoir dans la realpolitik religieuse des néocons, bien que ce clonage soit également l’apanage de la consommation de masse et des rites de technophilie.) Selon Reich, ces fixations, focalisées sur la fixation maîtresse d’un Dieu transcendant au-delà de la Terre, émergent de la répression et du détournement des sensations somatiques, et plus particulièrement des sensations de la sphère génito-sexuelle.
Philip K. Dick était d’accord avec Reich lorsqu’il observait que l’idéologie mystico-fasciste croît comme une armure autour des personnes qui adoptent ces fixations, au travers soit de l’endoctrinement soit de l’intimidation (“conversion”). L’idéologie mystico-fasciste fonctionne comme un virus “imposant sa structure sur ses ennemis. Ainsi, elle devient ses ennemis” (Valis. Page 235). L’idéologie des autorités peut infecter même ceux qui lui résistent. C’est pour cela qu’elle retourne l’humanité contre elle-même.
Il semblerait, cependant, que certains Gnostiques étaient immunisés contre cette infection - pas par chance, mais en raison de leurs pratiques délibérées de techniques sexuelles orgiaques pour induire une immunité et, en raison, dans la même mesure, de leurs enseignements explicites concernant les Archontes et les stratégies pour leur résister, comme nous l’avons vu dans le passage ci-dessus de la Première Apocalypse de Jacques. Les observateurs Gnostiques, contemporains de l’émergence du Christianisme, perçurent l’idéologie de la salvation de la même façon que Philip K. Dick la perçut: comme un virus. Un virus idéologique, pour être plus précis. Les intellectuels Païens de l’époque utilisèrent même ce terme spécifique pour caractériser le fanatisme des convertis.
Les Gnostiques perçurent la tyrannie des croyances, des phantasmes métaphysiques qui sont le fondement des programmes militaristes, à l’aube du Christianisme. Nous pouvons juste imaginer ce qu’ils percevraient aujourd’hui dans la religiosité politique de la droite US.
En Défense de l’Humanité
Que faire donc des conceptions Gnostiques relatives aux Archontes? On pourrait dire que les Gnostiques croyaient que nous ne pourrons définir réellement ce qui est humain qu’en faisant face à ce qui est dément et inhumain en nous-mêmes. Définir l’humanité, c’est intrinsèquement la défendre contre la perversion. Les Gnostiques affirmaient que la capacité de perversion de l’humanité, ou déshumanisation, est au coeur de notre mental mais que cette capacité seule n’est pas potentiellement perverse. Puisque nous sommes dotés de Noos, une portion d’intelligence divine, nous sommes capables de détecter et de corriger une pensée pervertie. Nous pouvons maîtriser ce que les Bouddhistes Tibétains appellent krol’pa, “les pensées qui nous égarent”, les fixations mentales qui nous éloignent de notre humanitas, de notre identité réelle. Cependant, les Gnostiques mirent également en garde contre un “effet extra-terrestre” qui peut conférer un élément vraiment pervers à nos processus de pensée. L’influence des Archontes ne consiste pas à nous faire nous tromper mais à nous faire, au travers principalement de la distraction et de l’hébétude, négliger nos erreurs de sorte qu’elles prennent une proportion telle qu’on ne puisse plus y remédier.
“Les Archontes poussèrent Adam dans un état de transe... Ils le plongèrent dans un état d’endormissement mais ce fut sa perception qu’ils endormirent... Ils rendent nos coeurs lourds afin que nous perdions l’attention et la perception. Afin que nous perdions le reflet de la Lumière Divine en nous... (Les Archontes agirent ainsi sur l’humanité) avec comme finalité de la leurrer.
Lorsque l'esprit de vie croît et que le pouvoir d'illumination du corps renforce l'âme, personne ne peut vous détourner vers l'oubli de votre humanité. Mais ceux dont lesquels les esprits imposteurs se saisissent sont aliénés de leur humanité et pervertis... L'esprit malfaisant gagne en force en nous égarant. Les Archontes accablent l'âme, nous induisant à agir de façon non adéquate et nous plongent dans l'oubli, nous faisant oublier qui nous sommes” (L'Apocryphe de Jean. II. 22:14-10 jusqu'à 27-20).
Les instructions relatives aux rencontres avec les ET dans la Première Apocalypse de Jacques ne sont pas exceptionnelles. Une grande partie des enseignements Gnostiques fut consacrée à la théorie de l'erreur que je viens juste de résumer. Dans un sens pratique, les enseignants Gnostiques des Ecoles de Mystères apprenaient aux néophytes comment faire face aux Archontes, à la fois sous leur forme d'envahisseurs extra-terrestres, que l'on peut comparer avec les Gris et les Reptiliens des récits contemporains, et sous leur forme d'inclinations dans notre mental. La détection de l'intrusion Archontique dans ces deux modes d'expérience semble être spécifique à la science noétique délicatement nuancée des Mystères.
Selon la vision Gnostique, les êtres humains “qui existent de la nature des Archontes” sont ceux qui suivent aveuglément des idéologies religieuses de nature démente et inhumaine, car c'est principalement au travers des croyances religieuses que les Archontes nous envahissent. Un comportement induit par de telles croyances génère des fixations pathologiques de personnalité résultant en un zombie spirituel. Tous les érudits s'accordent sur le fait que certains Gnostiques condamnaient tout autant les origines Judaïques du programme de rédemption Chrétienne que le programme même de Paul et de Jean. Ce faisant, ils ne répandirent pas un message de haine contre quiconque. Bien plutôt, ils s'efforcèrent de mettre en valeur ce qu'ils percevaient comme le message trompeur et haineux déguisé en idéologie Judéo-Chrétienne de la salvation. A l'origine de ce message, ils détectèrent l'intrusion subliminale des Archontes dans le mental humain. D'où la pléthore de textes politiquement et théologiquement incorrects dans les récits Coptes (plus de la moitié des manuscrits qui ont survécu, selon mon estimation).
C'est à chacun de décider si les Gnostiques étaient dans l'illusion totale en ce qui concerne les Archontes. Mais une lecture raisonnable et sans préjugés des textes Coptes ne livrera pas beaucoup de signes de démence éventuelle de leur part. Les voyants qui dévoilèrent la démence ne souffraient pas de démence. Ils décrivaient ce qu'ils savaient avec clarté et méthodologie et ils prescrivaient très consciencieusement des actions pour faire face à la menace perçue. Ils étaient sûrs d'avoir réellement identifié la plus déconcertante des énigmes: la cause primordiale de la barbarie au sein de la nature humaine.
Que pouvons-nous croire au sujet de tout cela aujourd'hui? Nous sommes confrontés à un problème de crédibilité, bien sûr - c'est à dire que nous pouvons considérer la source des enseignements Gnostiques à part de leur contenu. Mais le Gnosticisme est, par définition, un sujet de connaissances et non pas de croyances. Le propos est l'illumination, pas la foi. De créditer les Gnostiques de connaître réellement ce qu'ils affirmaient connaître n'est que la première étape. Au-delà de cela, nous devons valider ce qu'ils connaissaient pas nos propres moyens, par nos propres capacités. C'est le défi permanent du Gnosticisme, la connaissance vivante et évolutive de l'esprit humain.
“Seule la connaissance de ce qui est vivant peut bannir la terreur.” Wilhelm Reich. La Fonction de l'Orgasme.
D'autres commentaires sur la Première Apocalypse de Jacques sont disponibles dans le Reading Plan.
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