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Les Sentences de Sextus
John Lamb Lash
Traduction par Dominique Guillet
Cinq pages. Maximes numérotées. Partiellement intact. Des aphorismes et des adages, quelques uns possédant un parfum Gnostique distinct.
En contraste flagrant avec l'originalité étonnante du Traité de Seth, ce court traité est hautement dérivatif. C'est une collection d'aphorismes que l'on trouve également dans d'autres langues et chez des sources Païennes. La plupart des maximes sont non-Chrétiennes et certaines convient le parfum authentique de la sagesse Païenne indigène de l'antiquité. On trouve de nombreux versets simples et pieux tels que celui-ci “L'amour de l'humanité est le début de la dévotion” (371) et “un coeur dévot produit une vie bénie” (326b). Certaines maximes sont distinctement Chrétiennes dans le sens où elles s'opposent au corps et au plaisir “Ne recherches pas le bien dans la chair” (317) et “l'homme qui aime le plaisir est inutile en toutes choses” (172).
La nature hétéroclite et contradictoire des Sentences de Sextus soutient mon argumentation selon laquelle les Codex de Nag Hammadi sont une refonte de notes Grecques chaotiques (“les écrits originels”) prises par des scribes qui ne comprenaient que peu ce qu'ils étaient en train de consigner et traduites dans le langage concis et bizarre qu'est le Copte par des scribes dont la compréhension était encore moindre. Si les “écrits originels” en Grec étaient déjà confus, leur traduction maladroite en Copte ne fait qu'en amplifier la confusion.
“Ne confies pas la parole de Dieu à quiconque” (350) se fait l'écho de l'interdiction Gnostique à l'encontre de la révélation des enseignements des Mystères et, en fait, à l'encontre de l'évangélisation en règle généra le. “Celui qui pense que personne n'est en présence du Divin n'est pas humble envers le Divin” (380) est une réfutation magnifique de la croyance Judéo-Chrétienne selon laquelle Dieu est entièrement transcendant. Cela implique que l'humilité vis à vis du Divin procède de la prise de conscience de sa présence et non pas de son absence. Cette maxime est telle qu'elle pourrait avoir été proférée par quelqu'un étant passé par la mort de l'ego dans la tradition initiatique des Mystères. “Promets n'importe quoi plutôt que de dire 'je suis sage'” (389b) est une petite maxime narquoise qui brille d'une ironie Gnostique distincte.
On trouve, de temps en temps, dans les Sentences de Sextus, des joyaux authentiques qui évoquent le sens Gnostique de la vie mais dans l'ensemble, cette compilation désordonnée est relativement tendencieuse et ennuyeuse. Son caractère ascétique en fait un opuscule populaire dans les cercles Chrétiens, selon ce qu'en dit le traducteur Frederic Wise. Si nous lisons ces aphorismes en espérant y trouver des concepts Gnostiques, nous risquons d'être induits en erreur par cette attitude de rejet du monde. De façon générale, le contenu des Sentences de Sextus valide la supposition selon laquelle le corpus des Codex de Nag Hammadi aurait été compilé pour un usage didactique dans les monastères Coptes. Ce document pourrait sûrement avoir été destiné à un tel propos mais comment pouvons-nous réconcilier cette théorie de l'origine des codex avec la présence de matériau radicalement hérétique tel que le Second Traité du Grand Seth? Réponse, nous ne le pouvons pas.
Quel que soit celui qui rassembla et traduisit le corpus des Codex de Nag Hammadi, cela reste un mystère complet.
John Lash
Traduction de Dominique Guillet.
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