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Requiem pour nos Abeilles

Dominique Guillet

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Pollinisateurs à l’agonie

Parlons encore un peu d’irréparable. Pas trop, cependant, pour ne pas déprimer totalement le lecteur.

En 1993 déjà, André Pouvreau (INRA-CNRS de Bures-sur-Yvette) évoquait la menace de disparition des bourdons pollinisateurs du genre Bombus.29 Aux USA, trois espèces majeures de Bombus sont en voie d’extinction.

André Pouvreau, Jean-Noël Tasei et André Vaissière (tous chercheurs à l’INRA) ont lancé la publication d’une revue “Osmia” 30 qui se veut un bulletin de liaison pour tous ceux qui étudient les abeilles sauvages.

“En outre, des études récentes et des recherches en cours confirment le rôle-clé des abeilles sauvages l’équilibre des écosystèmes, tant en milieu naturel qu’agricole. Malheureusement, il demeure qu’une proportion importante de l’apidofaune de nos régions est méconnue et menacée, notamment par la pression anthropique qui pèse sur l’intégrité de leurs sites de nidification et sur l’intégrité des populations des plantes à fleurs dont les abeilles sauvages dépendent exclusivement pour leur développement. Une étude récente portant sur l’évolution de la diversité floristique et entomologique au cours des 25 dernières années en Angleterre et aux Pays-Bas a mis en évidence un déclin significatif des populations d’abeilles sauvages, conséquence immédiate de la disparition des populations de plantes à fleurs auxquelles elles sont liées.” (Biesmeijer et al. 2006)

Selon cette étude de Biesmeijer, 6 la diversité des abeilles sauvages a chuté de 52 % en Angleterre et de 67% en Hollande et ce en l’espace de 20 années. L’Europe comptait auparavant 2500 espèces d’abeilles sauvages. Quant aux papillons, en Belgique, par exemple, leurs populations ont chuté de 75 à 100 %, en 25 années. A l’échelle de l’Europe, certaines études estiment que 45 % des espèces de papillons sont menacées d’extinction.

Aux USA, la catastrophe est totale: les pollinisateurs naturels sont décimés. En 1996, Gary Paul Nabhan et Stephen Buchmann avaient tiré une sonnette d’alarme dans leur magnifique ouvrage “The Forgottten Pollinators” (Les Pollinisateurs Oubliés).

Le problème de la pollinisation des grandes cultures agricoles ne va sûrement pas être solutionné en faisant appel aux bourdons, aux abeilles sauvages, etc. Ils ont été massacrés comme les Amérindiens, pour le Progrès, pour la Croissance, pour la suprématie de l’homme blanc.

Comble d’hypocrisie: nous avons maintenant le privilège d’écouter les sermons de quelques empoisonneurs, à la langue fourchue, qui invoquent la perte de biodiversité végétale, source de la disparition des pollinisateurs. Leurs poisons toxiques, par contre, dans la limite des quantités permises par la législation, seraient complètement inoffensifs. Il existe même en France un réseau fantoche qui se nomme “Réseau Biodiversité pour les Abeilles” et parfois appelé, en court, sur leur site internet, “Réseau Biodiversité”, et qui est financé par les “entreprises du secteur” et qui vise à développer des jachères fleuries pour sauver nos petites abeilles.

De la poudre aux yeux. Les mêmes empoisonneurs qui déplorent la perte de la biodiversité sont ceux qui ont grandement participé à sa mise en place: des monocultures, des intrants chimiques stérilisant le sol, des insecticides qui tuent les insectes et par conséquence les oiseaux., des herbicides, etc, etc. Où sont les coquelicots et les nielles, messieurs les empoisonneurs?

Parler de jachères, à notre époque, est d’autant plus une vaste hypocrisie qu’une grande partie d’entre elles sont éradiquées pour faire place aux nécro-carburants! Il n’est que de tourner son regard vers les mers de colza jaune à l’est de Paris. Mais il est vrai qu’on ne parle plus de jachères, mais de “jachères industrielles”, une perle de plus de la novlangue.

Chimères Génétiques

Selon la biologiste et généticienne Mae-Wan-Ho, les toxines produites par les cultures transgéniques Bt ne semblent pas très toxiques pour les abeilles. Elles sont cependant très toxiques pour les papillons, papillons de nuit et certains coléoptères.

Cette non-toxicité semble confirmée par les études récentes de David Tribe en Australie. Des études similaires effectuées en Nouvelle-Zélande, en Suisse et par l’Université du Maryland semblent confirmer ces résultats. Une de ces études, cependant, met en évidence une diminution des activités de butinage lorsque les abeilles sont alimentées avec du sirop contenant la toxine Cry1Ab.

Mae-Wan-Ho souligne qu’il faut se focaliser également sur les impacts sublétaux de la toxine Bt sur les capacités butinage et d’apprentissage de l’abeille et sur son système immunitaire.

Elle soulignait déjà en 2000 le danger des transferts horizontaux de transgènes aux intestins des abeilles. Elle se faisait l’écho des découvertes du Professeur Hans-Hinrich Kaatz de l’Université de Jena.

Le centre Blauen-institut résume ainsi un article paru dans le journal Der Speigel le 19 mars 2007: “Des chercheurs de l’Université de Jena ont étudié l’effet des pollens GM sur les abeilles. Sur les individus sains, aucun effet toxique du pollen n’a été mis à jour. En revanche, ils ont constaté que si elles étaient soudainement atteintes d’un parasite, la mortalité était bien plus élevée chez les abeilles expérimentales nourries au pollen GM. L’hypothèse la plus probable, selon les chercheurs, est une dépression immunitaire des abeilles causée par le pollen GM. Faute de moyens financiers, l’étude a dû être interrompue en 2004.

Dans cet article, le Professor Hans-Hinrich Kaatz déclare que: “La toxine bactérienne du maïs génétiquement modifié peut avoir altéré la paroi intestinale de l’abeille, affaiblissant assez l’abeille pour que les parasites puissent s’introduire - ou bien, c’est l’inverse qui se passe, nous ne savons pas”. Le professeur précise qu’il aurait souhaité continuer ses recherches mais “ Ceux qui ont de l’argent ne sont pas intéressés par ce type de recherches et ceux qui sont intéressés n’ont pas l’argent.”

Pour l’instant, il n’y a pas eu énormément de recherches effectuées sur l’impact des chimères génétiques sur les abeilles. On peut s’imaginer que tout cela demande beaucoup d’argent et des équipes de chercheurs.
Les chimères génétiques sont une catastrophe planétaire, pour les paysans, pour l’environnement, pour la sécurité alimentaire, pour la santé humaine.

Depuis 20 ans, ce sont des milliards de dollars qui ont dépensés pour créer des organismes génétiquement modifiés, pour étudier leur toxicité, pour créer des laboratoires d’analyses de présence de transgènes, pour lancer des centaines de recherches sur leur impact sur l’environnement, sur l’homme, etc.

Peut-on imaginer ce que l’on aurait pu faire avec ces milliards de dollars pour développer des techniques d’agro-écologie?

En fait, l’agriculture occidentale moderne et toxique se mord la queue: elle tente de remédier par des bricolages technologiques à tous les problèmes qu’elle a générés. C’est une quête vouée à l’échec et la planète a peu de chances de s’en relever, du moins à l’échelle de nos vies humaines.

Navigation de l’abeille et champs électromagnétiques

Que ce soit dans le cas du syndrome d’effondrement des ruches ou dans le cas d’intoxication des abeilles par les pesticides, de nombreuses études effectuées et de nombreux témoignages mettent en évidence un dénominateur commun: les abeilles perdent leur capacité d’orientation et ne peuvent plus retourner à la ruche.

Cette capacité d’orientation de l’abeille est pour le moins fantastique et a fait l’objet de quelques recherches scientifiques. Elizabeth A. Capaldi, de l’université d’Illinois, a pu mettre en valeur 68 qu’au bout de 5 semaines, l’abeille a intégré la topographie d’une zone entourant la ruche sur un radius de 10 km (et parfois plus) ce qui représente une superficie d’un minimum de 30 000 hectares! Elizabeth A. Capaldi avait installé un tout petit radar sur le dos des abeilles. C’était en 1999/2000 et depuis de nombreuses autres études ont été publiées sur la navigation des abeilles qui lèvent un peu le voile sur ce grand mystère.

D’autres études, principalement réalisées en Europe, ont tenté de percevoir l’influence des champs électro-magnétiques sur les abeilles.

La biologiste et généticienne Mae-Wan-Ho présente des informations détaillées sur son site internet quant à la possibilité de telles influences.

Elle y évoque les recherches effectuées par une équipe de l’Université de Landau en Allemagne avec des ruches et des téléphones sans fil. Les résultats de ces recherches étaient très probants: affaiblissement des ruches et incapacité pour certaines abeilles de retrouver la ruche.

Pourquoi les technologies de la téléphonie moderne auraient-elles plus d’impact maintenant alors qu’elles existent depuis une vingtaine d’années? Mae-Wan Ho avance l’hypothèse de la téléphonie dite de troisième génération dont les antennes sont de plus en plus omniprésentes dans les pays occidentaux.

On connaît très bien depuis le siècle passé l’extrême sensibilité des abeilles aux champs électro-magnétiques et aux perturbations du champ magnétique.

En 1974, les chercheurs Russe, Eskov et Sapozhnikov, mirent en évidence que les abeilles génèrent des signaux électromagnétiques d’une fréquence variant de 180 à 250 Hz quand elles effectuent leurs danses de communications. Des chercheurs aux USA obtinrent des résultats très similaires dans les dernières vingt années. La téléphonie GSM est modulée à 217 Hz. Les abeilles affamées réagissaient à ces fréquences en redressant leurs antennes.

En 1965, J O Husing, dans ‘Biene und Elektrizitat’ in Imkerfreund (Beekeeper Friend) avait déjà mis en évidence cet impact des basses fréquences.

En 2006, le Professeur Stever reprit le type d’expériences réalisées par le Professor Hans-Hinrich Kaatz avec les mêmes résultats probants. Durant la première étude pilote, les ruches avaient été éloignées de 1000 mètres mais aucune abeille ne put revenir à la ruche.

Les ruches furent éloignées ensuite de 800 mètres. Deux ruches furent exposées à un téléphone sans fil et deux ruches ne furent pas exposées. 25 abeilles furent choisies dans chaque ruche et déposées à 800 mètres de distance.

Pour les ruches non exposées, 16 et 17 abeilles revinrent après respectivement 28 et 32 minutes. Pour les ruches exposées, 6 abeilles revinrent à la première ruche après 38 minutes. Aucune abeille ne revint à la seconde ruche.

Le Professeur Ferdinand Ruzicka (qui est lui-même apiculteur et chroniqueur pour des revues d’apiculture) observa des problèmes dans son rucher à la suite de l’installation de trois antennes de téléphonie dans son voisinage. Il mena une enquête auprès de 20 apiculteurs qui avaient aussi des antennes auprès de leurs ruchers dans un rayon de 300 mètres. Sur les 20 apiculteurs, 8 mentionnèrent un comportement plus agressif de leurs abeilles, 5 mentionnèrent une tendance à essaimer plus rapidement et 14 mentionnèrent le syndrome d’effondrement des colonies.

Selon les observations du Professeur Ferdinand Ruzicka, les abeilles sont tellement affaiblies par la présence des antennes de téléphonie qu’elles deviennent moins résistantes aux maladies. Il considère également que 15 ans auparavant, elles étaient capables de résister à des infestations de varroa beaucoup plus importantes.

En Allemagne, deux chercheurs, le Professeur Hermann Stever, un mathématicien et le Dr Jochen Kuhn, professeur et conférencier, viennent de se voir attribuer deux prix pour leur travail sur la relation entre l’électrosmog et les abeilles.

En 2006, Balmori a étudié l’impact sur l’abeille des radiations électromagnétiques de la téléphonie mobile.

Bindokas VP, Gauger JR, Greenberg B. ont étudié l’impact des hauts voltages sur les abeilles en 1988 aux USA.

En 1997, Kirschvink J, Padmanabha S, Boyce C, Oglesby J. ont étudié l’impact des très basses fréquences sur les abeilles aux USA.

En 1996, Sandeman, Tautz et Lindauer ont étudié la transmission des vibrations au travers des rayons de la ruche et leur détection par les pattes des abeilles.

Dans les années 70, un biophysicien de l’Université de Sarrebruck, le Docteur Ulrich Warnke, avait mis en évidence les réactions de stress des abeilles sous l’influence de fréquence de 10 à 20 KHz.31

Le Docteur Ulrich Warnke a rapporté, également, que les impulsions de communication des antennes d’une abeille touchées par une autre abeille peuvent être mesurées par un oscillographe.33 Ulrich Warnke a, par ailleurs, démontré que les basses fréquences perturbent les processus métaboliques chez l’abeille. En 1976, il publia une étude sur les effets des charges électriques sur les abeilles.

Le Docteur Ulrich Warnke a publié, en avril 2007, une déclaration en 6 points quant à la perturbation des capacités de navigation et d’orientation de l’abeille par des radiations électriques, magnétiques et électromagnétiques. Ses deux premiers points sont les suivants:

- les téguments des abeilles possèdent des fonctions semi-conductrices et piézo-électriques. Cela signifie qu’ils transforment les micro-ondes de haute fréquence en signal audio. Plusieurs segments du tégument fonctionnent comme des récepteurs diélectriques de radiations électromagnétiques dans le spectre des micro-ondes.

- on trouve dans l’abdomen des abeilles des nano-particules de magnétite.

Toutes ces recherches confirment les travaux et les intuitions géniales du grand entomologiste US, Philip Callahan, qui a publié 14 ouvrages et 200 articles scientifiques et qui donna des conférences sur toute la planète. Philip Callahan a considérablement fait avancer le domaine des recherches sur les systèmes de navigation et de communication infra-rouge des insectes. Il a passé des dizaines d’années à étudier les téguments, la chitine et les antennes des insectes. Il a également beaucoup travaillé, en agro-écologie, sur les propriétés paramagnétiques des sols en relation avec la fertilité.

Ces recherches permettront peut-être aussi de jeter une autre lumière sur les travaux de l’entomologiste russe Viktor S. Grebennikov (décédé en 2001) qui découvrit le CSE (Cavity Structure Effect). Il a beaucoup travaillé sur les systèmes antigravitationnels chez les insectes. Ses travaux ont souvent été décriés parce que sans doute trop d’avant-garde pour tous les handicapés de la joie de vivre. Il écrivit un ouvrage qui fut préfacé par Yuri N. Cherednichenko, le directeur de recherche au Laboratoire de Biophysique, à l’Institut de Pathologie et Ecologie Humaine, Académie de Médecine Russe.

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