Conclusions des études de 1958
relatives aux champignons sacrés du Mexique
Roger Heim
Cette étude fut publiée en 1958 dans les Archives du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris.
Des étapes successivement atteintes dans l'étude des Agarics à pouvoir psychotrope, telle que le Mexique nous en transmis la richesse, se dégagent un faisceau d'acquisitions, mais aussi quelques déductions générales, qui méritent sans doute d'être résumées ou traduites à l'issue de ce Mémoire.
L'abondante matière ethnomycologique, en très grande partie inédite, réunie et interprétée lumineusement par Mr et Mme Wasson leur ont permis de poser bien des problèmes, d'en résoudre plusieurs, et d'ouvrir à de nouvelles considérations et à d'autres investigations un domaine jusqu'ici pauvre en documents, que les découvertes propres au Mexique ont brusquement et considérablement étendu. En vérité, une science est née, dont les racines plongent dans l'histoire même des religions et dans celle de la philosophie des populations primitives; mais, d'autre part, vers l'avenir, les données ainsi amassées livrent déjà une source inédite aux préoccupations les plus avancées de la psychopathologie expérimentale et peut-être de la thérapeutique humaine. On mesure à la lecture d'un certain nombre des chapitres précédents ce que l'étude des Psilocybes hallucinogènes mexicains et du Strophaire américano-asiatique peut apporter de nouveau à ces divers secteurs de la science et de la médecine, puisque les premiers essais réalisés à ce sujet n'éliminent pas, bien au contraire, l'espoir d'introduire en psychiatrie la psilocybine extraite de ces champignons mexicains. La découverte de la structure moléculaire de ce corps, avec son atome inattendu de phosphore, correspond à une constitution d'un type nouveau parmi les substances indoliques; elle est, à ce propos, une acquisition d'un très haut intérêt scientifique dont le mérite revient à Mr Albert Hofmann qui, ayant réalisé la synthèse de cette substance, ouvre à celle-ci des possibilités de modifications moléculaires ultérieures dont puisse profiter la thérapeutique des affections nerveuses. Déjà, nous savons aujourd'hui que la psilocine résulte d'une déphosphorylisation de la psilocybine (Albert Hofmann et F. Troxler, décembre 1958).
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