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Nature et Développement

Maurice Chaudière

Les mots comme les idées finissent toujours par s’user. Ils ont beau répondre au climat d’une attention privilégiée, après leur gloire , comme les pétales puis les feuilles, ils se fanent. C’est tout juste, faute de pouvoir les remplacer sur le champ, si on ose encore solliciter leur sens, leur usage, leur parfum... obéissant à quelque désir plus ou moins conscient, on les condamne. Ils deviennent encombrants: on voudrait les recycler, en faire  à la fin un terreau fertile où viendrait croître spontanément l'opportunité d'un nouveau projet...

J'en suis là ! Qu'ai-je encore à dire qui ne soit battu, rebattu par le besoin des autres de s'exprimer... désir d'accéder peut-être à quelque lumière qui leur aurait permis de croître et de s'épanouir dans l'harmonie d'un “développement durable”.  Mais ne voila-t-il pas l'embuche que je redoutais : quel sens nouveau, quel programme confier à ces mots ?

Alors, convaincu d'impuissance, me vient le goût de tout détruire de cette mascarade culturelle qui laisse à croire que j'aurais encore quelque chose à dire ! Le silence est-il en soi une solution ? Ne sanctionne-t-il pas l'égoïsme d'une solitude qui se complairait dans sa propre défaite?

Faire table-rase du passé, et dire comme le poète « O vous que rafraichit l'orage! »... n'en attendre rien qui ne soit issu du pourrissement de ses couches!

Voilà donc, jardinier impénitent, où me conduit aujourd'hui le désir d'écrire: accepter l'accumulation stratifiée de la Culture qui nous invitait jusqu'ici à formuler sa remise en cause.

De quel hiver aurons-nous besoin pour lever la dormance des semences à venir... ou de quel cataclysme ? Faudra-t-il crever de l' abondance “productiviste” pour reconnaître à la précarité d'une évolution primitive des gênes une vertu souveraine ? Comment détruire, tout ce qui nous encombre, fût-ce, notre langage ?

Décidément, seul revient en surface le goût du silence, alors que je bavarde ! Il me semble pourtant que l'ordre perpétuellement proposé par la Nature, d'un retour à son propos initial : “être” et “disparaître” pour se régénérer, reste notre seul enjeu.

Alors est-ce une façon de sortir de l'impasse que de cesser d'être, sans même imaginer quelque future prolifération des espèces ? Est-il encore temps de greffer sur une Nature sauvage une autre Culture qui saurait ménager sa ressource...puissante, barbare et révocable ?

Envie de me perdre dans cette perspective sauvage, sans préjuger de ce qu'il en sortira... persuadé finalement que le silence n'est qu'un leurre parmi les leurres... faire de “Rien” non pas une abstraction mais une porte d'accès à un imprévisible “Futur”.

La Sarrazine, le  2 Août 2009