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La Goutte de Coeur Régénératrice

Le Nexus des Shakti

Comme Vortex de Correction Gaïenne

John Lash

Traduction de Dominique Guillet

Cet essai est dédié à ma Shakti, JLK, dakini du désir, source de libération.

Bien que j’aie dit que je ne présenterais pas le Tantra Planétaire par le biais d’exposés et de dissertations, il m’est cependant nécessaire de recadrer cette nouvelle dimension du site.  Même dans le cas d’une expérience mystique complexe, il est toujours possible de faire appel à l’herméneutique. Je me sens obligé de pourvoir certains vecteurs d’approche - car le Kala Tantra est tellement radical, novateur, sans précédents et complètement surprenant (même pour moi) que ce serait une négligence de ma part de ne pas le faire.

En effet, une grande partie des meilleurs exposés du Dzogchen, et des enseignements proches émanant du Tantra Hindou, est de l’herméneutique, “l’accompagnement vers la compréhension mentale”. Les exposés intellectuels ne sont pas incompatibles avec les expériences vécues, même s’ils peuvent, souvent d’ailleurs, en constituer un obstacle. Depuis un certain temps maintenant, le Nexus des Shakti et les Dakinis du Ciel de Diamant constituent pour moi une expérience vivante et en évolution interactive. Vous pourriez me comparer à un météorologue qui ne prédit pas seulement un front turbulent mais qui y navigue. Je m’adresse à vous du coeur de l’oeil d’un ouragan mystique. Vous avez tous une idée générale de ce que veut dire la “météo”. Il se peut que vous ne vous soyez pas totalement préparés au genre de système météorologique qui constitue l’objet de ma quête, un “parfait ouragan” d’impact cyclonique impulsé par des flux animés d’énergie de déesse. 

Et je suppose qu’un grand nombre d’entre vous non seulement sentez l’approche de cette météo mais que vous vous en réjouissez par avance.

Je me sens donc obligé de pratiquer quelque sodomie intellectuelle en offrant une brève orientation préliminaire pour le phénomène mystérieux que j’appelle le Nexus des Shakti, le supra-ouragan du Divin Féminin. Je vous invite à considérer ce qui va suivre comme une version alternative de la “Revanche de Gaïa” telle qu’elle est appréhendée par un mystique naturel de naissance qui a vécu sous l’égide des dakinis depuis l’âge de quatre ans.

“La sensation constitue le plus grand mystère des sciences naturelles” écrit Wilhelm Reich dans son ouvrage Ether, Dieu et le Diable (1949).

Une grande partie de ce mystère réside dans la manière dont la puissance de l’imagination religieuse, donnant naissance à des visions des dieux et des déesses, coopère avec les organes sensoriels afin d’induire une influence vitale sur le corps, en imprimant dans la chair ce que la psyché imagine.

Mon exposé va démontrer que le Nexus des Shaktis est une épiphanie dévoilée au travers de trois événements simultanés: une flambée d’imagination religieuse, un déploiement mystique émergeant de la zone infra-sensorielle de perception et une éruption turbulente dans l’atmosphère terrestre.

Pas en Son Image a été l’assaut délibéré d’un guerrier mystique portant le coup de grâce au patriarcat. Une grande partie de cet ouvrage concerne le problème essentiel, c’est à dire la question de savoir comment nous avons plongé dans ce terrible fatras. La révélation du Nexus des Shakti, dans le Tantra Planétaire, se rapporte, dans son intégralité, à la solution. Et si la solution n’est pas du tout le matriarcat, elle requiert cependant une très forte impulsion d’énergie exclusivement féminine -  telle une manipulation chiropratique brutale d’une déformation chronique de l’épine dorsale. Quant à savoir pourquoi le coup décisif, qui ramène un groupe auto-sélectionné d’êtres humains vers la beauté et l’harmonie de l’éveil du coeur, doive émaner d’une source exclusivement féminine, cela deviendra, peut-être, un peu plus clair vers la fin du présent essai.

Clair de Lune Ansalousien

A la mi-janvier, toute la région de l’Andalousie au-dessus du Détroit de Gibraltar a été baignée par la froide lumière de nacre d’une pleine lune d’hiver. Je suis les cycles de la lune - “observation des shaktis lunaires”, une technique que j’expliciterai au cours de leçons après le 26 janvier - afin que je puisse peaufiner ma clairaudience du Nexus des Shakti. Le 14e jour du cycle lunaire marque l’apparence du disque lunaire plein, la phase de “réflexion et de sélection”. C’est précisément à ce moment-là, lorsque je commençai à construire le grand mandala du Nexus des Shaktis, que l’intuition-clé requise pour un exposé correct et clair du Nexus me parvint. A mon étonnement, cette indication émana d’un maître du Dzogchen - le seul maître Tibétain avec lequel j’ai toujours ressenti une connexion intime et vivante, pour ne pas dire un sentiment de complicité: Long Chen Pa (Long Chen Rab Jam. 1308-environ 1364).

J’ai découvert dans le commentaire de Long Chen Pa intitulé Klong-’grel un exposé détaillé d’un processus d’auto-correction du Trikaya qui peut être appliqué à l’émergence du Nexus des Shaktis. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le jargon Bouddhiste, Trikaya (trois corps) est un concept ternaire similaire à ceux que l’on trouve dans de nombreuses religions, mythes et systèmes philosophiques. Le Trikaya est constitué du Dharmakaya, du Sambhogakaya et du Nirmanakaya. Pour mon propos relatif au Kala Tantra, cette trinité peut être considérée comme un homologue du système ternaire au travers duquel la vie humaine apparaît sur Terre. Les trois sphères essentielles de ce système sont:

1. Nirmana: le monde social humain, peuplé par des personnes individuelles.

2. Sambhoga: le monde planétaire ou biosphère, le système de vie propre à Gaïa qui constitue notre habitat.

3. Dharma: l’environnement galactique ou système d’origine, le Plérome.

C’est ainsi que je métamorphose le Trikaya Bouddhiste en un Trikaya Gaïen (voir ci-dessous).

J’ai toujours privilégié Long Chen Pa parmi les maîtres Dzogchen en raison de ses conceptions quant à la manière dont les phénomènes ordinaires émergent de la source cosmique. Il met en lumière la manière dont tout ce que nous percevons dans notre état de conscience normal émerge d’un champ non-manifesté. Il décrit la manifestation de phénomènes et de processus naturels, incluant le comportement humain, à partir de la source non-manifestée. Dans le  “Jeweled Ship”, par exemple, il explique comment “la créativité de l’univers” émerge de l’état primordial incréé. En d’autres termes, comment la conscience divine, ou l’attention parfaite qui se situe au-delà de toute conceptualisation mentale, orchestre à la fois les manifestations mentales et phénoménales, le jeu de la matière et du mental. Il présente ce processus comme une grande orchestration: “Tout ce qui existe émane de ce principe suprême d’orchestration”.

Long Chen Pa affirme: “La dimension de l’être qui se manifeste est une présence pure et totale”. A ma connaissance, il possédait le génie unique d’expliquer comment l’état non-créé du contempler primordial, la conscience fondatrice suprême, engendre l’objet de la contemplation. L’érudit Bouddhiste H. V. Guenther (cité ci-dessous) admire “l’herméneutique profonde” de Long Chen Pa. Ma présentation du Nexus des Shaktis se situe dans l’esprit de cet exposé.

Les enseignements de Long Chen Pa sont parallèles au Tantra Hindou dans la mesure où l’univers émerge de l’activité auto-voilante de la Parasamvita, la conscience fondatrice suprême. Mais ce qui se voile afin de générer le déploiement des phénomènes, comportements et apparences invalide également son propre voilage afin qu’il puisse être réalisé simultanément avec et au travers de ce qu’il révèle. L’illumination ou la conscience cosmique, le samadhi, ou quelque que soit le nom que vous lui donnez, pourvoie une réalisation directe et expérientielle de la source commune à l’auto-voilage et au dévoilement. L’attention parfaite perçoit que le jeu des phénomènes, ceux de la pensée subjective et ceux du monde extérieur, émerge de la conscience pure et non-créée. La “vacuité” des phénomènes, matériels et mentaux, peut être appréhendée directement au travers de la compréhension de son fondement dans la conscience lumineuse, extatique et sans source qui ne possède ni sujet, ni objet. Tel est le témoignage de sages réalisés tels que Long Chen Pa.

Cela fait longtemps que ses enseignements me sont familiers et j’ai vécu un certain nombre d’expériences mystiques qui les confirment mais, dans le cycle actuel des “shaktis lunaires”, j’ai découvert un élément dans Long Chen Pa que je n’ai jamais découvert auparavant: un exposé de la manière dont l’attention parfaite corrige ce qui en dévie. Selon cette vision, la conscience fondatrice non créée se permet de sembler dévier de l’attention parfaite et de s’égarer dans un cycle d’événements illusoires (samsara) mais elle corrige ensuite cette déviance et ramène tous les phénomènes vers l’attention parfaite. Le principe de l’auto-correction de la conscience fondatrice est bien sur au coeur du Dzogchen, qui signifie la “grande perfection”. C’est à dire que la dynamique de l’attention parfaite constitue l’activité instantanée et perpétuelle de l’auto-correction.  Cela ne devient pas plus parfait par le biais de l’auto-correction. Cela démontre que tout est déjà absolument parfait et que cela l’a toujours été, par la magie immanente de l’auto-correction.

A ma connaissance, la description explicite des dynamiques de l’auto-correction du Trikaya dans le Klong-’grel est unique et exceptionnelle. Je ne l’ai jamais retrouvée dans un quelconque autre enseignement du Bouddhisme Tibétain ou même ailleurs. Au fil de mon implication dans l’herméneutique de Long Chen Pa, j’ai pris conscience, avec étonnement, de la manière dont ses conceptions s’appliquent au Nexus des Shaktis.


Le Trikaya Gaïen

Le concept de Trikaya est familier de tous les étudiants du Bouddhisme, quel que soit leur niveau de pratique ou de réalisation. Guenther spécifie que le terme Tibétain sku (en sanskrit kaya) signifie “champ” ou “gestalt”, tandis que le terme lus fait référence à un “corps” limité, statique. Considérés dans cette perspective, les trois aspects du Trikaya sont: Dharmakaya, le champ de la vérité absolue, Sambhogakaya, le champ de l’union extatique, et Nirmanakaya, le champ de la métamorphose ou de l’apparence. Guenther (The Royal Song of Saraha) appelle également les kayas des “normes existentielles” relatives, respectivement, à l’existence noétique, à l’existence communicative et à l’existence authentique. Il existe des douzaines de manières de paraphraser et de traduire le Trikaya.

Maintenant, que découvrons-nous si nous recadrons le Trikaya traditionnel dans une perspective Gaïenne ? J’entends par là, si nous définissons ces concepts en termes du système planétaire, en prenant en considération ce que le système adombre et ce par quoi il est lui-même adombré. Nous obtenons alors cela:

Dharmakaya: l’origine Eonique, le Plérome, le centre galactique, la source de l’activité suprême d’orchestration; également, la source de toutes les inclinations à l’auto-voilage de l’attention parfaite (La Lumière de Diamant).

Shambogakaya: le corps de Gaïa, le système planétaire ou la biosphère considérée comme le corps d’une divinité consciente d’elle-même, animée et animante.

Nirmanakaya: l’ordre social humain constitué de personnes individuelles tout autant que le règne de toutes les créatures vivantes et conscientes; la sphère de l’illusion samsarique et des apparences.

Un éclaircissement important: de par son accentuation anthropocentrique, le Bouddhisme exclut largement la considération du potentiel d’illumination des êtres sensibles autres que les humains. Lorsque je désigne l’ordre social humain comme l’aspect Nirmana du Trikaya Gaïen,   je n’exclus ni les autres animaux, ni même les gouttes de pluie ou les roches. Comme je l’ai précisé dans l’interview récent avec Jan Irvin, l’humanité occupe une position exceptionnelle parmi les êtres sensibles mais non pas une position supérieure. Cette distinction est en phase avec la vision Gnostique de l’Anthropos dans le scénario de l’Eon Sophia, la déesse du Plérome qui s’est métamorphosée en la Terre. En effet, qu’avons-nous réellement d’exceptionnel? De tous les êtres sensibles, c’est nous qui pouvons dévier le plus libéralement de l’ordre cosmique - en raison, paradoxalement, de notre faculté à générer de l’ordre, à cartographier, à programmer, à élaborer, à projeter. Cela étant, nous avons une responsabilité spéciale de faire en sorte que nos capacités d’organisation s’accordent avec l’ordre pré-donné et divinement orchestré de la Terre et du cosmos qui l’englobe, à savoir la galaxie qui accueille la Terre.

En raison de cette situation unique, il est justifié et raisonnable, je pense, d’attribuer à l’humanité un rôle unique dans la correction de la déviance vis à vis de la symbiose planétaire et de l’ordre cosmique sur un plan plus large.

La société humaine, l’aspect Nirmana du Triyaka Gaïen, est le catalyseur des métamorphoses de la déviance et de l’ignorance en harmonie symbiotique et en résolution supérieure grâce à la découverte, au jeu et à l’innovation.

La société individuelle est constituée de personnes individualisées de manière beaucoup plus distincte que, par exemple, les individus de la société des papillons Monarques. Il s’ensuit que le potentiel Nirmana de la société humaine réside, de façon privilégiée, dans de tels individus.  La transformation, au sein de la société, émerge au travers de l’individu, d’abord et avant tout; elle se répand, ensuite, par osmose dans le reste de la population de par son rôle de déclenchement, d’enseignement, d’inspiration, etc. Au cours de cet essai, je vais m’aventurer à proposer la notion selon laquelle il existe un événement unique au travers duquel une telle métamorphose globale et effective en vient à être initiée par un être humain solitaire.

Intégration Holistique

Dans le Klong-’grel, Long Chen Pa enseigna cette proposition: en raison de sa faculté intrinsèque à se laisser emporter par le flux d’improvisations nouvelles, et libres de formes, de ses inclinations ludiques et créatrices illimitées, le Trikaya a tendance à basculer, à se décentrer par rapport à lui-même. Le mental primordial, non-créé, engendre le mental ordinaire qui ensuite se méprend, ou qui semble se méprendre. En vérité, l’attention parfaite jamais ne se méprend, mais elle semble le faire, cette erreur étant un effet réel et véritable de sa liberté, de sa latitude infinie à jouer et à découvrir. C’est ainsi que le mental s’égare dans la déviance, qui se manifeste par des comportements perturbés et pathologiques (névrose, exigences, revendications, nécessités, etc.). Selon Long Chen Pa, à certains moments cette distortion se corrige d’elle-même spontanément. Ce faisant, l’intégralité du Trikaya s’aligne en harmonie et résonance. Les trois aspects du Dharma, du Shamboga et du Nirmana vibrent à l’unisson et l’état originel d’attention parfaite irradie la trinité. C’est l’auto-rectification du Trikaya.

Dans son ouvrage Matrix of Mystery, l’érudit Bouddhiste Herbert Guenther détaille les dynamiques de la rectification du Trikaya, ou correction Gaïenne comme je préfère l’appeler en traduisant le concept métaphysique en termes concrets. Il désigne trois phases d’auto-rectification de la conscience primordiale, extatique, non-créée. A moins qu’il en soit précisé autrement, toutes les citations dans cet essai sont extraites de son ouvrage, Matrix of Mystery (Shambala 1984), surtout le chapitre 7, “Fury of Being”. (Note: le jargon baroque de Guenther ne va pas être du goût de tout le monde. Je vais donc réduire les citations et les paraphraser, lorsque cela s’avère nécessaire).

Je découvre avec stupéfaction que la correction du Trikaya, telle qu’elle est exposée dans le Klong-’grel de Long Chen Pa, peut être appliquée au Nexus des Shaktis, comme si elle avait été conçue spécialement pour ce propos.

Dans l’herméneutique profonde de Long Chen Pa, nous découvrons non seulement les dynamiques générales du Nexus des Shaktis, mais aussi l’équivalence exacte de sa structure, son organisation en 10, 5 et 3 composantes: 10 Mahavidyas, 5 Dakinis de sagesse et les 3 restantes, deux gardiennes divines et la dakini unique et solitaire qui focalise l’identité de Gaïa dans son rêve lucide.

Si mon application des enseignements du Dzogchen au Tantra Gaïen est correct, cela montre que :

Le Nexus des Shaktis est l’expression focale de l’auto-correction du Trikaya Gaïen dans son entièreté.

C’est à dire que le Nexus présente la correction unifiée et simultanée des trois composants: l’ordre social humain, le système planétaire-biosphérique, et la matrice Pléromique du système planétaire enracinée dans la Lumière Adamantine au-delà de toutes les galaxies. Guenther affirme que la correction simultanée de ces composants est automatique ou “auto-catalytique”, mais non pas passive. Elle ne peut se manifester que par implication directe interactive sur les trois plans. En d’autres mots, les membres de l’ordre social humain (champ du Nirmana) interagissent avec le système planétaire du corps de Gaïa (champ du Shamboga) qui, à son tour, interagit avec le coeur Pléromique (champ du Dharma), chacun agissant de sorte à s’harmoniser en conscience avec la trinité entière. L’auto-correction débute au moment où les trois systèmes commencent à interagir empiriquement et concrètement.

Guenther qualifie cet événement d’auto-correction ternaire “d’intégration holistique”. Il mentionne qu’elle représente “le triomphe de forces d’harmonisation agissant globalement sur des situations dont les turbulences  sont ancrées localement”. Ce langage me semble évoquer une préfiguration de la “transformation planétaire” qui est maintenant communément associée avec 2012, date à laquelle le flux d’événements change de cap et date à laquelle la dynamique d’harmonisation globale commence soudainement à supplanter les systèmes turbulents. Nous reviendrons sous peu à cette allusion.

Le Lotus de Gaïa

Maintenant, il nous faut nous demander de quelle façon un individu humain peut faire l’expérience d’une intégration holistique de la trinité cosmique-planétaire-sociale. Tout d’abord, je suis convaincu que cette expérience pourrait se manifester de diverses manières grâce à une expérience mystique ou à un éveil spirituel de quelque sorte. J’ai à l’esprit un genre particulier d’expérience mystique qui est peut-être spécifique à la rencontre du Nexus des Shaktis: la signature de l’implication des Dakinis, pour ainsi dire. Il existe également un précédent dans une pratique spécifique de méditation du Vajrayana, appelée le yoga de la divinité.

Guenther appelle la force cosmique mystérieuse qui impulse la correction interactive du Trikaya “l’énergie ultime de communion spatio-temporelle” (thig-le chen po). Je l’appelle “la goutte  du coeur, génératrice et sublime” (en sanskrit bindu). Je propose que chacun d’entre nous, considéré comme une cellule individuelle dans l’organisme Nirmana de la société humaine, puisse s’impliquer dans la correction Gaïenne lorsque cette semence rayonnante de sagesse extatique se love dans le chakra du coeur. “La goutte du coeur” est un jeu de mots, car cette goutte, ou semence-essence, littéralement tombe ou goutte du ciel. On ne peut se méprendre sur cette sensation car c’est comme s’il y avait un changement soudain de pression atmosphérique et que vous sentiez le ciel s’affaisser.

C’est une sensation palpable et tout un chacun peut en faire l’expérience. Je l’ai vécu au moment de la Ronda, le lundi 21 juillet 2008, à 14H42. Une fois que vous l’avez vécue, cette expérience  est récurrente, et elle génère la sensation que l’intérieur de votre corps flotte parce que la goutte de bindu, ou semence du coeur, possède une qualité d’expansion illimitée. Le coeur du flottement se situe au centre de la poitrine au siège de la glande du thymus. La sensation de flottement n’est pas simplement figurée mais c’est l’effet d’un processus physique, une éruption nodale, un épanouissement. A la suite d’une étude longue et attentive de ce processus, je vais m’aventurer à proposer ce qui suit:

L’interactivité avec le Nexus des Shakti élabore dans la région du thymus un lotus à dix-huit pétales de vrilles rayonnantes, un nouveau chakra.

J’appelle ce chakra le Lotus de Gaïa. J’ai eu un aperçu de son émergence, pour la première fois,  il y a trente ans à Santa Fé et je l’évoquai à cette époque dans mon cercle d’amis et étudiants. Aujourd’hui, je puis suggérer avec plus d’assurance que c’est une réalité bioénergétique, un nexus émergent du corps vital humain qui est constitué de nadis, de canaux subtils (incluant les méridiens de l’acupuncture) disposés autour d’un vortex de force de vie concentrée (prana) rayonnant en un spectre de cinq couleurs (“corps arc-en-ciel”). Ces cinq couleurs jouent au travers des 18 vrilles du Lotus de Gaïa en un déploiement kaléidoscopique, fluide et vibrant. On peut les percevoir dans un état de conscience altérée et non-ordinaire et les ressentir dans un état de conscience ordinaire.

Les étudiants du Bouddhisme vont reconnaître, dans le paragraphe ci-dessus, une manière alternative de décrire le phénomène occulte très connu de Corps Arc-en-ciel qui est réputé être manifesté par ceux qui atteignent l’état de Nirmanakaya ou un état supérieur. J’affirmerais que nous sommes tous potentiellement des Nirmanakayas et que le Corps Arc-en-ciel n’est pas l’apanage privilégié des maîtres Bouddhistes mais une mutation planétaire à laquelle de plus en plus d’êtres humains vont participer dans le proche futur.

La Correction de Sophia

L’écoulement du centre générateur du coeur, thig’le bindu, a été décrit un nombre incalculable de fois dans l’enseignement du Dzogchen pour la pratique de ce l’on appelle la phase de complétude du yoga de la divinité. Voici un extrait typique extrait de notes lors d’une instruction orale:

Dans les pratiques préliminaires, l’importance est donnée à la dissolution. Dans la pratique du Vajrasattava, chaque être sensible devient lumière, la lumière se dissout, le son Hung est le “son de la dissolution” et tout ce qui reste, c’est le dharmakaya. La phase de complétude est caractérisée par le Hung qui dissout (à la suite d’une longue visualisation qui amène au “hung” visualisé au sommet du Vajrasattava)... Les composantes du glyphe concret de Hung se dissolvent, le fond du Hung: la terre se dissout dans l’eau, ensuite: l’eau dans le feu, le feu dans le vent, le vent en mental, le datsun se dissout en thi'gle (le thig'le rouge émerge du chakra du plexus au chakra du coeur), le thig'le se dissout en nada (visualisez les ténèbres) et le nada se dissout complètement (visualisez le ciel bleu, la lumière intense).

Dans la Phase de Perfection (phase de complétude) de la pratique du Vajrasattava, la lumière de Rigpa est “claire comme un bébé”. La lumière du Rigpa vient à nous durant le sommeil mais tellement vite que nous ne la reconnaissons pas. Lorsque vous décédez, vous en faites l’expérience ou si vous êtes en état d’ivresse profonde ou bien en état de choc et que vous perdiez votre respiration ou bien si vous êtes dans un état d’hilarité intense... La finalité du mantra est d’atteindre Rigpa: l’énergie des canaux droit et gauche concentrée en un point facilite la circulation de l’énergie dans le canal central... Les quatre éléments sont en fait les quatre chakras. Terre, Eau, Air et Feu. A la mort, la terre en l’eau, rigor mortis se dissolvant dans le canal central; l’eau en feu, tout s’assèche, le feu dans le vent, le corps perd sa température, le vent dans le mental: une grande respiration et puis plus de respiration lorsque les canaux droit et gauche pénètrent dans le canal central. Le chakra coronal commence à perdre de l’énergie. Plus de soutien pour le thig’le blanc (mâle) et il descend vers votre coeur. Le chakra coronal est dissout. On fait l’expérience de la vision de la lumière lunaire blanche, pas de la lune. Et puis, le chakra du plexus s’en va. Le thig’le rouge (femelle) s’élève. Le thig’le blanc est tel l’eau, il s’écoule. Le thig’le rouge est tel le feu, il s’élève vers le chakra du coeur. Ils s’unissent dans le coeur. La lumière est comme celle du coucher de soleil, rouge. Toute votre conscience se retrouve dans le coeur.

Il existe de nombreuses variantes de ce processus mais la goutte de bindu est une expérience récurrente dont témoignent de nombreux lamas Tibétains et certains praticiens Occidentaux du Dzogchen. Cette expérience sublime est mystique mais aussi empirique: elle peut être répétée et prescrite. Ma propre expérience de l’illumination (si je puis me permettre) au Moment de la Ronda m’a amplement convaincu que cette illumination ne m’appartenait pas en propre. Je suis convaincu que pour certaines personnes sur cette planète, la goutte du thig’le-bindu dans le coeur se manifestera spontanément à un moment de libération par une expérience traumatique et vitale comme cela m’est arrivé dans une ville Espagnole touristique. Je ne souhaite pas apparaître comme arrogant ou grandiose, comme si j’affirmais que mon expérience est paradigmatique, un exemple à suivre pour tous les autres. Je ne pense pas qu’il en soit ainsi. Je suis convaincu que mon expérience est archétypique quant à sa propre nature et non pas juste parce qu’un mystique invétéré du nom de John Lash l’a vécue.

L’ensemencement de la goutte de coeur sublime génératrice, accomplie auparavant et formellement au cours de la phase de complétude de la pratique du Vajrayana, est maintenant une réalité émergente, une opportunité innée à tous les êtres humains. Cela peut se manifester et cela va se manifester de manière identique pour de nombreuses personnes. Cela constituera la signature consistante de l’initiation du Kala Tantra, un rite d’éveil spontané.

Lorsque j’ai pris connaissance du commentaire de Guenther sur la correction du Trikaya dans le Klong-’glen, j’ai immédiatement pensé à la notion occulte de diorthosis que l’on trouve dans les écrits Gnostiques. Les érudits traduisent  diorthosis comme “correction”. Dans “Gaïa et la Gnose: le désenchantement de la Terre”, j’ai écrit:

Le biomysticisme conduit à la resacralisation de notre participation au monde naturel. J’ai créé le terme écognostique pour qualifier la fertilisation, par la Gnose, de la conscience écologique future ou écologie sacrée. Dans mon nouvel ouvrage “Not in His Image”, je définis l’écognose comme “une perception intime de la force vitale de la terre qui puisse amener l’humanité en alignement avec la correction de Sophia.” Cette définition relie la capacité humaine pour une relation profonde avec la nature au thème central de la cosmologie Gnostique, la “correction” de Sophia. En établissant cette relation, je n’avance pas de postulat ou de proposition quant à la nature de cette “correction”. Je précise que pas même les Gnostiques n’ont explicité cette notion (du moins, dans les écrits que nous avons pu retrouver) si ce n’est de suggérer qu’elle implique, en quelque sorte, la relation entre la terre et le centre galactique, le Plérome.

Et la lumineuse epinoïa (le pouvoir de l’imagination) fut caché en Adam (le génome humain) afin que les Archons (les parasites du mental) ne puissent pas avoir accès à ce pouvoir et afin que l’épinoïa puisse être une correction à la privation de Sophia” (à savoir sa séparation du Plérome). Apocryphe de Jean, 20-25.

Avec l’expérience de la goutte de coeur, je peux maintenant témoigner que cette orientation “biomystique” est une expérience récurrente et spontanée. Le sentiment d’implication dans la correction de Sophia se manifeste de cette manière unique et sans équivoque, dirais-je. J’insisterai, tout comme Guenther, sur le fait que cette implication est intentionnelle, ainsi que Long Chen Pa l’a également enseigné:

Le déploiement prismatique du corps d’arc-en-ciel se manifeste en présence d’un engagement spirituel qui est profond et puissant en raison de l’intention du potentiel humain optimal, nonobstant les personnes.

Les Huit Ma-Mo

Par quoi est impulsé le moment exquis de la goutte-semence? C’est quelque chose qui se rapproche de la pression ambiante qui s’accumule dans la vie émotionnelle d’un individu, produisant un état de susceptibilité élevée en lequel le Nexus des Shaktis peut pénétrer avec une secousse soudaine de pression occulte. Réfléchissez à cela mes amis. Avec une main sur la poitrine.

Long Chen Pa avait des notions assez intrépides quant à la diorthosis Gnostique, à l’auto-correction du Trikaya Gaïen, ainsi que je la transpose. Il dit que la correction dans le champ du Nirmana, ou l’ordre social constitué de personnes individuelles empêtrées dans des comportements samsariques illusoires, se manifeste en raison de l’action de “huit génitrices (ma-mo) qui forcent l’homme à prendre conscience de son humanité” (dans le langage de Guenther rédigé en 1983). Je présume que ces “huit génitrices” sont l’équivalent des huit Dakinis du Ciel Adamantin du Nexus des Shaktis, incluant l’entité unique Gaïenne, la 18e Dakini qui porte le nom auquel Elle répondra. Guenther, qui est enclin parfois à des qualifications occultes, appelle ces modalités du Divin Féminin des “porteurs de soutien”. Dans un sens positif, leurs influences spirituelles uniquement féminines soutiennent ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité mais elles  provoquent également un éveil du coeur par le biais d’un choc extrême, en accord avec l’ambiance psychologique des Mahavidyas sous Kali, la déesse du choc par excellence.

Au fil de mes investigations, je fus éberlué de découvrir dans l’inventaire détaillé par Long Chen Pa des huit ma-mo une corrélation, point par point, avec les huit Dakinis de Ciel Adamantin ou dorje namk-hai khadromas du Nexus des Shaktis! Voici, à toutes fins utiles, les corrélations Gaïennes (en bleu gras) avec les ma-mo ou entités féminines démoniques (en rouge gras) décrites dans le Klong-’grel:

11. Nairatmya. Pukkasi (sud-est): elle inspire et configure la perception visuelle de la voûte animée-animante du ciel ouvert; elle développe la conscience et dissout l’obtusion en attirant l’attention vers l’atmosphère.

12. Vajravarahi. Ghasmari (sud-ouest): elle oeuvre au travers du sens de l’odorat, produit des hormones transductives et impulse le désir pour une immersion dans les courants de la vitalité divine, les nadis de Gaïa.

13. Kurukulla. Pramoha (ouest): c’est une enchanteresse qui oeuvre au travers de la compulsion des émotions et des tonalités émotionnelles (nyon-yid), amplifie le sens du toucher, intensifie la sensualité, détrône l’ego séparatiste.

14. Parnashavari. Candali (nord-ouest): elle transmute les fonctions alimentaires en actions sacramentales, protège et introduit les plantes sacrées instructrices.

15. Vishvamata.Gauri (est): c’est une matrice richement colorée et variée, qui porte le point central de la turbulence des Shakti; elle est la parèdre de Kalachakra dans la Roue du Temps. Elle représente l’équilibre entre le mondain et le spirituel.

16. Prajnaparamita. Smashana (nord-est): elle induit l’amplification de la perception auditive, ce qui ramène l’humanité vers la révélation directe par sruti, instruction intérieure. C’est le réflexe auditif de Sophia, la voix de l’intelligence planétaire.

17. Durtro Lhamo. Cauri (sud): elle investigue les programmes spécifiques de la rectification en restaurant les connaissances perdues: elle soutient et protège les découvreurs de trésors (les tertons) et offre une diversité de solutions inspirées et novatrices à l’ignorance humaine et à la confusion sociale.

18. Dakini sans nom. Vetali (nord): elle concentre la totalité de la puissance du Nexus dans le corps individuel, élaborant le lotus à dix-huit pétales; elle soutient la santé du complexe corps-mental et turbo-charge l’inspiration des sens comme un “acte dans une dynamique permanente qui pourvoit la possibilité d’être en contact avec un environnement, cette prise de contact pouvant avoir une influence dévastatrice sur tout ce qui s’oppose à sa présence”.

Ces huit entités constituent les Dakinis de Ciel Adamantin du Nexus, distinctes des dix Mahavidyas qui les entourent dans le grand mandala que je développe. Notez comment ces sorcières célestes sont corrélées aux sens: 11 vision, 12 odorat, 13 toucher, 14 goût, 15 le sens de la couleur et 16 l’audition. De telles corrélations ne sont pas simplement le résultat d’un jeu de correspondances destinées au mental en quête de conceptualisation. Elles émanent de rencontres directes avec les Dakinis de Diamant  et elles sont le reflet d’une conviction acquise quant à leur impact et influence. Le Kalika qui fait l’expérience de cet impact peut y répondre par cette exclamation MAMO MIA!

Voici donc une envolée herméneutique: je considère que la configuration, élaborée par Long Chen Pa, de huit sorcières divines “qui agissent en vengeance” pour nous rediriger vers le plein potentiel de notre humanité pointe vers le Nexus des Shaktis du Tantra Planétaire. Cette configuration rédigée vers 1350 ne décrit pas le Nexus comme tel, mais elle en présente ce que je pense être une préfiguration inspirée, une prédiction visionnaire. En termes historiques ou diachroniques, le Nexus n’a pas émergé avant environ 1775 lorsque Gaïa se réveilla dans son rêve, quelque quatre siècles après que Long Chen Pa ait vécu. Mais sa gestalt visionnaire est parfaitement adaptée au Nexus, ainsi que le montrent ces corrélations.

A suivre avec l’essai: un Temps de Dakini

John Lash. 14 janvier 2009. Andalousie

Traduction de Dominique Guillet