Kali Yuga et Fin de Cycle Maya: essai 03
Le Clan de Xolotl
Magie et Initiation dans les Tribus de Fin de Cycle
John Lash
Traduction de Dominique Guillet.
Se mêlant et se mélangeant avec les Tribus de fin de cycle, il est un groupe étrange de sorciers free-lance que l’on serait bien en peine de nommer. Ce sont des shamans. Mais des shamans d’un ordre tout autre dont le lignage remonte au futur tout autant qu’au passé. Ces sorciers ont l’imagination à fleur de peau et sont pétris de réalisme magique (voir plus avant dans l’essai). Ils peuvent se montrer élusifs mais ils sont étonnants et déconcertants de franchise lorsqu’il s’agit de partager les secrets initiatiques de leur guilde. Faisant preuve d’un mélange paradoxal d’arrogance et d’humilité, ce sont de très bons instructeurs qui n'appartiennent à aucune tradition, aucune école ou aucun programme éducatif. Ils sont généreux et implacables mais également capricieux. Il leur arrive même d’être brutaux, spirituellement et socialement parlant.
Soyons réalistes, le shamanisme est bien à la mode de nos jours. Dans certains cercles, c’est même le summum du branché. L’engouement monte en puissance depuis un certain temps déjà. L’ouvrage de Peter Furst, “Flesh of the Gods”, (publié en 1972, juste à l’ouverture de l’intervalle 1972-2012) ouvrit la voie aux études anthropologiques qui entérinèrent les hallucinogènes, réduisant finalement à néant l’opinion de Mircea Eliade (qu’il remit lui-même en question à la fin de sa vie) selon laquelle l’utilisation de plantes psychoactives est caractéristique de la phase décadente du shamanisme. Depuis Furst, le shamanisme est devenu le sujet central de l’anthropologie tout autant que le loisir sacré de la culture psychédélique. Et au-delà de la contre-culture, il a engendré des marottes populaires allant du tourisme à l’ayahuasca aux groupes de percussions, dans le parc municipal.
Serpents de Sagesse
Une conversation sur la place de Santa Fé en 1974:
“Hello John, es-tu au courant de tout ce qui se dit sur le shamanisme? Certaines personnes prétendent que ce serait la plus vieille religion de la planète”
“Et bien, si elle à ce point ancienne, combien de temps pensent-elles qu’elle puisse encore durer?”
Le shamanisme était la grande mode dans les années 1990 et il semble qu'il soit encore en vogue en ce début de 21 ème siècle, mais pourrait-ce n’être qu’un coucher de soleil? Est ce que je risque de passer pour extrêmement contrariant (une fois de plus) en posant une telle question? Laissez-moi préciser: se pourrait-il que l’omniprésence du phénomène - avec tout un chacun et son cousin se faisant passer pour des shamans - cède la place à quelque chose à la fois de plus discret et de plus exigeant, un ordre shamanique qui ne s’annonce pas en tant que tel? Ce serait alors le clan de Xolotl.
Dans l’esprit du réalisme magique, je vais donc rédiger un article sur ce clan, comme s’il existait déjà.
Le Clan de Xolotl est définitivement un ordre, et non pas une tribu de plus, mais cet ordre englobe et imprègne toutes les activités tribales. Imaginez les Tribus comme des arbres magnifiques aux multiples branches et racines, feuillés d’expressions innombrables de créativité personnelle et stabilisés par des troncs massifs de solidarité communautaire. Les cinq familles d’arbres tribaux - les Originels, les Orgiastes, les Fertiliseurs, les Evolueurs et les Visionnaires - représentent la communauté humaine émergente de cette fin de cycle. L’ordre shamanique occulte, le clan des crypto-shamans élusifs et malins, serait, à l'image d'un tissu blanc de cheveux d'anges, le réseau mycélien souterrain en relation symbiotique avec les arbres tribaux. Wasson écrivit dans “Soma: Divine Mushroom of Immortality”: “Depuis 1885, les mycologistes ont établi l'existence de relations mycorhiziennes entre certaines espèces de champignons et certaines espèces d'arbres”. Très opportun que quelqu'un l'ait remarqué.
“Soyez aussi avisés que des serpents et aussi doux que des colombes”. Cet adage, attribué à Jésus, est sans doute l'une des trois seules lignes du Nouveau Testament qui témoignent d'une vision Gnostique authentique. Les deux autres seraient “Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres” et “Si donc ton oeil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière”. Ces trois phrases évoquent le même thème: les facultés paranormales, les siddhis, de ceux qui maîtrisent le pouvoir du serpent, la Kundalini. J'ai, par ailleurs, argumenté, avec force explications, que les Gnostikoi des Mystères Païens étaient des adeptes de la Kundalini. Ils ne contrôlaient pas le pouvoir du serpent - personne ne le peut - mais ils acceptaient d'en être les vecteurs malléables. Ils maîtrisaient ses effets en atteignant des états de concentration focalisée exempts de toute hallucination. Ce type de concentration, auquel on accède en restant les yeux ouverts, est nécessaire si l'on veut contempler la Lumière Organique. Un des effets de cette rencontre sublime est un sentiment de tendresse exquise, de douceur infinie car la luminosité du corps de substance primordiale de Sophia est douce. La Lumière Organique possède une texture similaire à celle de la guimauve. (J'avais considéré, tout au début, l'appeler la Lumière de Guimauve et je l'appelle parfois ainsi dans certains de mes essais sur les biophysiques Gaïennes).
La contemplation de la Lumière nous rend “doux comme des colombes”. L'identité de soi unique se dissout dans une houle océanique de tendresse prégnante de cette force tranquille qui repose dans les tréfonds de l'océan. Un autre de ses effets est que vous voyez la vérité, ce qui n'est pas simplement la comprendre. Dans les anciens temps, lorsque les conventions culturelles et littéraires étaient encore inspirées par les Telestai, les enseignants des Ecoles de Mystères, le mot Grec aletheia signifiait à la fois “vérité” et “réalité”. Cela constituait la norme, dans certains écrits Gnostiques, et Platon l'utilisait dans le même sens. Ce qui est ultimement vrai est la Réalité même. Seule la Vérité est réelle. En contemplant la Lumière Organique, “Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres”, parce que, dans la luminosité douce et omniprésente, vous percevez la “talité”, le Vide primordial qui est Shunyata, non pas le manque mais la plénitude, une plénitude rayonnante en laquelle la vérité de toute potentialité de pensée, d'émotion et de perception atteint une maturité pure et suprême, et elle l'atteint, et elle l'atteint encore...
“La Maturité est tout” disait Goethe, lui qui était accoutumé à contempler la nature “intensément” afin d'observer ce qui se manifeste au dedans des sens, plutôt que ce que les sens présentent simplement comme un produit extérieur et apparemment achevé. La Lumière Organique est riche de contenu: un puits d'informations vivantes, une source vive d'intelligence infinie et auto-organisée. Les traditions Asiatiques appellent la réalisation qu'elle produit sambija samadhi, “une concentration parfaite avec la semence” qui contraste avec nirbija samadhi “une concentration sans semence”. Dans mon ouvrage “The Seeker's Handbook” (1991), j'ai expliqué que le premier état est la connaissance de rien au travers de la connaissance de tout tandis que le second état est la connaissance de tout au travers de la connaissance de rien. Il est plaisant de disposer d'alternatives.
De tels sujets seraient - seront - des activités de routine pour le Clan de Xolotl, pour les techniciens du sacré qui évoluent subrepticement parmi les Tribus de fin de cycle. Car ce sont des techniciens. Mais il se peut qu'ils se présentent, souvent, comme des poètes, des nouvellistes, des danseurs, des musiciens, des herboristes, des thérapeutes, des tailleurs de pierres, des éleveurs ou de simples artisans qui ne dévoilent pas ouvertement leur statut d'adepte. Il flotte un air d'arlequin autour des guides à la tête de chien, de fin de cycle, bien que certains soient sombres, enclins à s'habiller en noir et à porter des ornements en argent et en corail, comme Silvio Manuel. Certains d'entre eux se tiennent modestement à l'écart, arborant un grand sourire. Xolotl a une tête de chien parce que, dans le jargon occulte, cet animal représente la clairaudience, l'audition dans les fréquences canines. Le clan de Xolotl possède diverses facultés occultes mais l'une des plus notoires est la faculté d'entendre, et de transmettre, sous-vocalement.
Le dessin de Perceval, ci-dessus, fut réalisé par Jean Delville aux environs de 1885, à l'apogée du Renouveau Occulte en Europe. Delville fut associé avec les mouvements artistiques imprégnés d'ésotérisme, la Rose + Croix et le groupe des “20”. Dans cette image stylisée, il dépeint le secret de la clairaudience à tête de chien: les trompes d'Eustache, des colonnes d'air qui fonctionnent comme des antennes pour gérer les fréquences qui se situent au-delà du spectre d'audition normale. Il montre les colonnes qui s'élancent vers le bas à partir des oreilles de Perceval et il montre autour de la tête, les cornes de la clairaudience.
Delville souhaitait dépeindre Perceval comme le prototype de l'initié capable d'envoyer et de transmettre en clairvoyance et en clairaudience. Il pourrait tout aussi bien avoir représenté un membre du Clan de Xolotl. Le courant du serpent dans l'épine dorsale fléchit comme une crosse de fougère en un noeud de feu brûlant, à trois fourches, dans le soma chakra, un centre psychosomatique situé en-dessous du coeur, qui n'est connu que des siddhas et qui n'est pas mentionné dans la représentation commune des chakras. Delville le représente symboliquement par la lettre Hébraïque Shin “le feu divin”.
Le Clan de Xolotl peut apparaître froid, austère, distant et même menaçant. Mais connaître ces sorciers intimement, c'est se connecter avec la candeur (la chaleur) secrète qu'ils incarnent et qui se décline en panache sexuel et en délicatesse érotique. Les serpents de sagesse évoluent parmi les Tribus de fin de cycle comme - et bien, comme de doux serpents à plumes. Ils ondulent au milieu des catégories et des termes, échappant aux mèmes et aux codes culturels et les subvertissant, mais leur syntaxe est claire et explicite. Leur muse est le langage même, la prostituée accomplie et l'ultime changeuse de formes.
Thérapie par le Choc
Il existe un parallèle étroit entre Xolotl et Kali. Considérez la façon dont Kali est dépeinte dans son rôle de Tripurasundari, la destructrice des trois mondes à la fin du Kali Yuga lorsque la civilisation s'effondre dans le feu et les inondations: nue, parée d'un collier de têtes coupées, buvant du sang et consommant de la charogne, elle danse en extase sur le corps inerte de son consort Shiva (voir l'image ci-dessous). C'est une image mythique du choc anesthésique du type de celui qui plane sur l'humanité en processus d'extinction provoquée par des catastrophes naturelles mais aussi par des catastrophes psychologiques, la destruction de la vie ordinaire, l'explosion des paradigmes, la perte de toutes les espérances, l'immolation de la foi et la fin de l'espérance. Nous sommes aujourd'hui sur le point d'être les témoins d'une manifestation collective de ce que Stanislas Grof appelle “des urgences spirituelles”. Dans son livre récent “When the Impossible Happens”, il présente un inventaire saisissant de telles urgences.
Durant une carrière époustouflante s'étendant sur cinquante années, commençant avec les observations cliniques de milliers de sessions de LSD, dont les siennes, Grof a démontré que les expériences traumatiques, qui sont normalement rejetées comme étant due à des “maladies mentales” ou des “dépressions”, sont en fait des opportunités pour pénétrer dans une réalité non-ordinaire et acquérir une perception paranormale. La fin du cycle de 2012 marque une pandémie globale de telles opportunités. Elle est le signal d'un monde devenu dément, avec des millions de gens impuissants, rendus fous par le choc de la perte de leurs habitudes de vie et terrifiés, quotidiennement, par l’amplitude et la sévérité des bouleversements géophysiques.
Imaginez le regard d’horreur abasourdie sur le visage des gens impuissants piégés par des changements géophysiques catastrophiques tels que des tremblements de terre, la montée soudaine du niveau des océans, des ouragans: c’est l’expression de Xolotl, le regard interloqué et perdu dans le vide. La bouche en rouge rappelle le sourire sanguin de Kali. La tête est un crâne, tel le visage d’un shaman qui se transforme magiquement en squelette, et les oreilles élaborées suggèrent les pouvoirs canins hypersoniques. Xolotl a une sorte d’armure, un ventre insectoïde, ou de tatou, mais il se trouve deux trous ronds (pour brûler de l’encens) à la place du soma chakra et du plexus solaire: le coeur et les viscères transpercés traumatiquement par le spectacle horrible de la destruction globale. Cependant, ce traumatisme terrible possède un autre visage, comme Grof l’a enseigné depuis tant d’années: les traumatismes physiques et psychologiques présentent un cours de choc pour l’acquisition de facultés paranormales. Lorsque la réalité ordinaire s’effondre devant nos yeux, la réalité non-ordinaire émerge alors.
Quetzalcoatl a deux frères. L'un est son adversaire, le shaman Tezcatlipoca, le Souverain du Miroir Fumant. L'autre est son jumeau, Xolotl. La statuaire Aztèque dépeint les deux divinités, Quetzalcoatl et Xolotl, dos à dos, jointe en une seule entité, tel Janus aux deux visages.
L’urgence spirituelle dramatique à laquelle doit faire face l’humanité, de par la population sans cesse croissante, les désastres naturels, la violence sociale, la démence absolue en escalade jusqu'à 2012, et au-delà, va ouvrir les portes des facultés paranormales et faire éclater les vannes de la réalité non-ordinaire. Lorsque le monde, que les humains ont fabriqué, va s’effondrer dans des convulsions de feu et d'inondations, alors un monde nouveau émergera mais ce sera tout d’abord au sein de la perception humaine parce que la vision du Nouveau Monde apparaît avec une extrapolation traumatique de sens tournés vers la réalité non-ordinaire au moment même où nous contemplons la destruction du monde existant.
La fin de cycle de 2012 va amener une destruction physique d’une ampleur inconcevable - ce n’est pas une prophétie mais une déduction de bon sens fondée sur des informations et des événements observables. Tout cela va entraîner une Transmutation Planétaire totale concomitante d’un éveil visionnaire et d’un plongeon dans des états altérés de conscience et de perception paranormale, une orientation nouvelle vers la magie shamanique et l’anomalie évolutive. La mesure de la loi naturelle sera inversée: la survie, plutôt que de dépendre de la conformité de tout un chacun à une réalité consensuelle, dépendra de quelques individus pénétrant et naviguant dans les royaumes de la réalité non-ordinaire.
Des preuves de cette réorientation du normal vers le paranormal peuvent être décelées dans les vestiges de l'activité humaine au cours des extinctions précédentes. Les grottes peintes dans le sud de la France et sur la côte nord de l'Espagne, telles que Lascaux et Altamira, datent de la fin du Paléolithique supérieur et de la déglaciation de l'Europe aux alentours de 9 500 av. EC. Les archéologues estiment que ces peintures très nombreuses remontent à une période qu'ils situent de 22 000 à 9 000 av. EC, ce qui veut dire qu'une grande partie de cette activité artistique (que l'on pense être très étroitement reliée à des états visionnaires shamaniques) fut l'oeuvre de gens très résistants qui vivaient durant le dernier Age Glaciaire.
Mais en décembre 1994, une découverte remarquable fut faite en Ardèche en France. La grotte Chauvet contient des oeuvres d'art qui non seulement sont de 15 000 années plus vieilles que Lascaux et Altamira, mais qui, de plus, sont esthétiquement et artistiquement beaucoup plus élaborées et achevées. Cette découverte prouve que les peintures rupestres des époques très anciennes étaient, à la fois sur le plan de la technique et de la représentation, beaucoup plus évoluées que l'art qui survécut à partir de la fin de l'ère Paléolithique. Cette découverte indique également que l'accès à la perception non-ordinaire, dont la relation shamanique avec les animaux de pouvoir dépeints partout dans ces grottes, et l'équilibre des genres suggéré par les symboles érotiques et les effigies de la déesse, déclinèrent à partir d'un pic que l'on peut identifier, dans le temps, comme l'émergence de la crise d'extinction à l'aube de la dernière glaciation. En d'autres mots, les quelques survivants, du dernier événement mineur d'extinction, furent traumatisés au point d'accéder à des états altérés de perception et de pénétrer dans une réalité non-ordinaire de telle sorte à leur permettre de survivre par des pratiques magiques et shamaniques dont l'évidence est démontrée par cet art rupestre. Ils survécurent, bien sûr, en développant des facultés pratiques mais je suggérerais que ces facultés furent acquises, en grande partie, par des voies magiques. Apprendre des animaux comment vivre, choisir sa nourriture, trouver de l'eau, apprendre de la lune et des étoiles comment organiser formellement leurs activités et transmettre, sur le long terme, leur expérience générationnelle dans des traditions orales, et ainsi de suite - ne sont pas des facultés que l'on puisse acquérir seulement par l'expérimentation et l'erreur. Elles requièrent, et reflètent, un accompagnement magique.
Se peut-il qu'à long terme la capacité de survie de notre espèce dépende d'expériences supranaturelles? Ce peut être une question pertinente à méditer en cette fin de cycle de 2012.
La Clémence de Gaïa
Pour ceux qui vivaient durant l’âge glaciaire, les facultés pratiques et magiques étaient complémentaires. Mais ces facultés déclinèrent lentement au fil de nombreux millénaires, et se dissocièrent. C’est pour cela que les vestiges rupestres du Néolithique sont ostensiblement inférieurs à ceux qui les précédèrent durant le Paléolithique. Nous ne sommes pas descendus d’hommes des cavernes poilus et grognards et taillant des outils de pierre: nous sommes descendus d’hommes des cavernes handicapés qui eux-mêmes étaient des héritiers dégénérés d’hommes primitifs, de loin, plus sophistiqués et habiles. Et ces primitifs sophistiqués et habiles étaient eux-mêmes la diaspora de civilisations détruites par une conjonction de facteurs humains et naturels. La sophistication de l'ordre social et les prouesses technologiques caractérisaient de telles civilisations avec, pour corrolaire, la dissociation des facultés magiques et pratiques qui, oeuvrant ensemble, constituaient le double héritage psychosomatique de l’espèce humaine.
Nous perdons notre sens de la survie au fur et à mesure que l’accès à la réalité non-ordinaire devient de moins en moins commun et en vient même à être rejeté totalement. Je proposerais que cela constitue une règle évolutive particulière de l'espèce humaine.
Stan Grof attire sans cesse l’attention sur le rejet surprenant, mais néanmoins largement répandu, de la valeur de guérison, et d’orientation de vie, de l’expérience non-ordinaire. Au fil de l’Histoire, la perception paranormale et les états altérés de conscience sont non seulement rejetés par la science (alors qu’auparavant, ils engendrèrent cette science même) et rejetés par la religion (alors qu’auparavant, ils informèrent la religion même) mais ils sont de plus couverts d’anathèmes par la société dans son ensemble lorsqu’ils ne sont pas relégués au rang des pures folies. Que peut-il résulter de cette situation? Pourquoi est-il, à notre époque, ridicule et inacceptable d’avoir, ou d’avouer avoir eu, des expériences de réalité non-ordinaire? Demandez au clan de Xolotl. Ils diront cela: Contemplez le visage du jumeau sombre de Quetzalcoatl et découvrez-y l'expression de notre horreur pétrifiée alors que nous entrons dans le dernier round de la civilisation. (Et dites-moi, les Aztèques en savaient quelque chose du dernier round de la civilisation!). Voyez la terreur abasourdie de ce qui est à venir, lorsque des millions de personnes découvrent qu'elles ne peuvent pas faire face à la Transmutation Planétaire parce qu'elles ont rejeté ces facultés mêmes qui leur permettraient de palier aux “urgences spirituelles” de la magnitude de celles qui sont actuellement en train de nous submerger.
Mais voyez aussi comment vous pouvez vous éveiller au pouvoir shamanique de survie de l'imagination humaine et avoir accès à nos dons innés pour la magie, la mutation et la transmigration.
Rappelez-vous de Kali dansant, en pleine orgie, sur l'inerte Shiva. Voici une image de l'anesthésie collective, la manière clémente de Gaïa de permettre massivement aux humains de se désensibiliser lorsque le moment de Sa métamorphose cosmétique arrive, afin qu'ils soient “stupéfiés” au point de ne plus souffrir de mort horrible, de blessures corporelles, de traumatismes et de pertes. Gaïa fait preuve de la même loi de clémence dans tout le règne animal lorsque, par exemple, la gazelle abattue par le guépard ne souffre pas de l'horreur d'être mangée vivante mais passe par une transformation de la conscience et des sensations physiques en raison de substances chimiques spécifiques libérées par le coup mortel ou la morsure mortelle, des substances chimiques qui activent un état de transe d'anesthésie extatique. Nous l'avons tous vu avec un chat et des souris lorsque la souris est réellement dans un état altéré. Les êtres humains qui ont survécu à une attaque par des lions, des tigres ou des grizzlys, rapportent comment ils sont plongés dans un état semi-comateux de félicité. Ils ne ressentent pas la douleur d'être mutilés à presque mourir mais sont transportés dans un état d'anesthésie extatique.
L'inertie de Shiva est à l'image du destin que Gaïa a préparé pour la vaste majorité de l'espèce humaine qui s'achemine vers l'extinction en cours - mais pas seulement cela. Shiva est également le dieu autochtone de la nature sauvage qui a été révéré, de longue date, par les tribus de chasseurs et de shamans de la Dravidie, du sud de l'Inde, la terre du cobra sacré. Shiva est la divinité honorée du yoga siddha, la tradition dans laquelle Stan et Christina Grof ont été intimement engagés pendant de nombreuses années. Shiva est le maître des animaux de pouvoir et le saint patron de ceux qui acquièrent des facultés paranormales, les siddhis. Sa forme en sommeil représente “l'anesthésie générale” de l'humanité, il est vrai, mais aussi les pouvoirs occultes ou dormants des quelques-uns qui s'auto-sélectionneront pour faire face à la fin de cycle avec une perception accrue, impulsés par une intention magique de survivre.
Pauvre Carlitos
Le clan de Xolotl est le clan du Nahual. Mais qu’est ce donc vraiment que le clan du Nahual?
Et bien, c’est une sorte de leit-motif dans un long roman, ou plutôt même une série de romans...
Conversation sur la place de Santa Fé vers 1989:
“John, as-tu entendu cette bêtise: certains prétendent que Castaneda a inventé don Juan. Tous ces ouvrages ne seraient que pure invention”.
“Et bien, je ne serais pas surpris que Castaneda ait inventé don Juan. Mais je me demande par contre qui a inventé Castaneda.”
Pauvre Carlitos. Idolâtré par des millions, ses ouvrages traduits en 20 langues, ses aventures l'inspiration d'un vaste mouvement de disciples qui dura plus de trente ans, Castaneda vit ses secrets violés, son histoire personnelle jetée en pâture au grand public, ses faiblesses humaines dévoilées, et ses écrits relégués au rang de shamanisme bidon, l'invention d'un flambeur schizophrène. Et portant, quoi que vous puissiez penser de Castaneda, la magie qu'il sema dans nos esprits est réelle. Pauvre Carlitos était, dans le Clan de Xolotl, un génie créatif et un voyant authentique de cette fin de cycle.
Je me demande souvent pourquoi, au milieu de tout ce qui se dit à son propos, et depuis sa mort, principalement à son encontre, personne n'a remarqué que les dix ouvrages qu'il écrivit - L’Herbe du diable et la Petite Fumée, Voir, Le Voyage à Ixtlan, Histoires de pouvoir, Le Second Anneau de pouvoir, Le Don de l’Aigle, Le Feu du dedans, La Force du silence, L’Art de rêver, Passes magiques, La Roue du temps, Le Voyage définitif - présentent un roman par épisodes, une oeuvre maîtresse unitaire de réalisme magique. Je suis étonné que personne n'ait encore fait cette observation. Le réalisme magique est le genre de fiction, principalement issu de Méso Amérique et d'Amérique du sud, associé à des noms tels que Miguel Angel Asturias, Gabriel Garcia Marquez et Julio Cortazar mais également à des noms Européens tels qu'Hermann Hesse et Italo Calvino. (J'exclue le mysticisme sophomorique du Brésilien Paolo Coehlo, un polichinelle en habit de Suffi à la solde, pour sûr, de l'Eglise Catholique). Castaneda ne serait pas malheureux, je pense, en cette compagnie et il y mérite certainement une place.
Le génie incomparable de Castaneda repose dans la manière dont il a impliqué un grand nombre d'entre nous dans son aventure de réalisme magique, en tant que participants, et non pas en tant que simple lecteurs, et dans la manière par laquelle sa fiction (si tant est que cela en fût une) contenait autant de connaissances shamaniques qui soient durables, vérifiables et véridiques.
Le réalisme magique est un outil de guidance du Clan de Xolotl; certains l'écrivent tandis que d'autres l'interprètent et le distillent. Ce n'est pas simplement un genre littéraire, c'est un médium occulte d'apprentissage narratif. Dans les mains de tricksters habiles, “l'histoire maîtresse” n'est pas un schéma totalitaire d'enfermement mais un instrument d'enracinement et d'accompagnement, un outil herméneutique et heuristique d'une immense souplesse. Les membres du clan sont profondément versés dans la littérature et dans les inclinations littéraires. Adeptes de la syntaxe limpide, ce sont des alchimistes du Mot instruits et dotés d'un esprit critique et éclectique, tel Dale Pendell. Le réalisme magique est leur mode naturel de discours. L'oeuvre inchoative de ce genre fut sans doute Don Quixote de Cervantes. Ou était-ce plutôt Don Quixolotl? Quoi qu'il en soit, ce roman, généralement considéré comme une satire désenchantée de la chevalerie, fut écrit juste après la conquête du Mexique et il existe, ici, un parallèle intéressant. Permettez-moi de m'expliquer.
Nous connaissons tous l'histoire extraordinaire de Montezuma et de Cortez et de la chute des Aztèques. Ce que personne ne sait, c'est comment les Aztèques sanguinaires en arrivèrent là, en premier lieu. Leur installation dans le centre du Mexique aux alentours de 1250 constitue l'un des événements les plus énigmatiques de l'histoire du monde. Quelque chose d'étrange arriva lorsque cette tribu belliqueuse et débraillée pénétra dans la Vallée de la Lune et renversa la civilisation Toltèque, pour être eux-mêmes renversés moins de 300 ans plus tard. A cette époque, ils étaient en pleine auto-destruction en raison de l'ingestion rituelle de quantités toxiques de la drogue royale, chocolotl, le chocolat, provoquant des comportements aberrants et psychotiques.
Le plus curieux est que le clan de Xolotl descende des sorciers Toltèques qui tombèrent dans l'oubli avec l'arrivée des Aztèques aux alentours de 1250. Les lecteurs de Castaneda se rappelleront que don Juan rattachait également sa lignée aux Toltèques mais il insistait sur le fait que les nouveaux sorciers fussent distingués de leurs anciens précurseurs. Le Clan de Xolotl est le rejeton de la dissémination souterraine de la sagesse perdue Toltèque, élevée à une octave supérieure et transplantée dans le présent par une magie rétrograde opérant à partir du futur. C'est ainsi que les adeptes Toltèques, les anciens maîtres de la sagesse du serpent en Méso Amérique, préparèrent leur survie - leur transmigration dans le temps, pour ainsi dire. C'est une technique élaborée, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais les vieux sorciers étaient extrêmement sophistiqués, ainsi que don Juan le fit remarquer avec perspicacité.
Le clan de Xolotl associé avec le nagual Julian et les autres instructeurs de la lignée de Castaneda sortirent de l’oubli aux environs de 1740, si mes souvenirs sont bons. D'autres développements subséquents dans l'émergence du shamanisme planétaire, qui pourrait culminer en 2012, eurent lieu vers 1850, à l’époque où Hermann Melville écrivait Moby Dick. Il est étrange que Melville ne soit pas inclus dans l’école de réalisme magique car là est sa place. On peut le considérer comme le saint patron du clan en termes littéraires. Mardi est un chef d’oeuvre imparfait de réalisme magique dans lequel Melville tenta de canaliser quelques projections érotiques mélangées avec des visions de fin des temps dans un environnement Océanien. La crise spirituelle qu’il vécut en écrivant Moby Dick est caractéristique des “urgences spirituelles” évoquées par Stanislas Grof. Dans le traumatisme psychologique intense de Melville, vécu dans une solitude d’ermite, nous pouvons déceler les contractions de l’accouchement du Clan de Xolotl qui évolue maintenant parmi les Tribus de fin de cycle en Amérique.
Le Visage Bleu Maya
Dans le “Don de l’Aigle”, Castaneda présenta sa vision du clan du nahual, comprenant huit hommes et huit femmes, formant une ligne avec les bras noués à l'image d'un brin d'ADN. Imaginez une ligne de danseurs dans un conga de Kundalini. Don Juan dit que c'était la forme du Serpent Plumé qui permit au clan de transiter, comme une unité, vers l'autre côté. Cette image va suggérer à certains une dématérialisation, rappelant l'affirmation d'Arguelles selon laquelle, dans la fin de cycle de 2012, les êtres humains en phase avec les harmonies adéquates de conscience pourraient être emmenés dans une autre dimension sur un rayon cosmique émanant du coeur de la galaxie. Mais cette image littéraire de Castaneda est-elle compatible avec une notion aussi littérale d'un acheminement extra-terrestre?
On m'a souvent demandé si la théorie du rayon cosmique exposée dans les écrits d'Arguelles, et sous une version différente, dans les astrophysiques cataclysmiques de Paul LaViolette, est corrélée à la chute de l'Eon Sophia du Plérome, le coeur galactique. En tant que motif mythologique, la chute de la Déesse est unique et ne peut pas être associée avec la “chute de l'humanité”, cette dernière notion étant par ailleurs réfutée par le Gnosticisme Sethien. Puisque l'humanité ne chute pas d'un état divin, il n'est nul besoin de retourner vers la source divine. Le Gnosticisme Païen, pré-Chrétien et non-Chrétien affirme la finalité de réaliser la divinité ici et maintenant sur Terre, dans le royaume des sens, grâce à une rencontre directe avec la déesse en demeure, Sophia. Sagesse est son nom, la diversité est son jeu et l'innovation est la clé de l'importance de l'humanité dans Son Rêve, l'Imagination de la Terre. S'échapper de la planète par une dématérialisation, ou par un transfert miraculeux, n'est pas une alternative: la seule alternative consiste en une connaissance directe de la présence du Nahual dans ce monde.
Le Nahual est l'Inconnu, l'Autre Monde, l'autre côté de ce que nous connaissons au travers des voies normales de notre mental et de nos sens. Le nahual, sans majuscule, est le membre du Clan de Xolotl qui, en toute occasion, s'oriente vers l'Inconnu, le perçoit tout d'abord, en devine les effets, ou bien en indique la présence au clan. (Dans les Mystères Païens, à Eleusis et ailleurs, le nahual était appelé un hiérophante). Cette personne est immédiatement reconnue par les autres comme le nahual pour cette occasion. Le nahual est parfois identifié par l'oracle des charbons de bois frottés. Le son de petits fragments de charbons de bois frottés doucement ensemble dans la paume signale l'audition hypersonique qui indique, comme un chien de chasse, la présence imminente du Nahual.
Le Nahual n'est pas exactement la présence de l'Eon Sophia dans son corps de substance primordiale, l'épiphanie de la Lumière Organique. C'est la présence de la réalité cosmique sans limites, la vérité de Shunyata, qui plane derrière la Lumière. Dans cette source douce de luminosité sans ombres, toute chose est connaissable mais l'Inconnu plane au-dessus du connaissable et au sein de l'Inconnu, plane l'Inconnaissable. Castaneda distingua précisément entre l'Inconnu et l'Inconnaissable, expliquant que le premier est inépuisable car il existe toujours une infinité à connaître mais que par contre, nous ne pouvons pas savoir si l'Inconnaissable est fini ou infini! (Le Vedanta et le Shivaïsme Cashmiri établissent une distinction similaire).
Il existe une vaste source de régénération au sein de la Lumière Organique. Un aperçu même rapide de cette lumière confère la jeunesse éternelle et une sagesse ineffable: “Si cette personne contemplait la Pierre pendant deux cent ans, ses cheveux ne passeraient jamais au gris. Cette Pierre infuse dans l’homme une telle vigueur, que ses os et sa chair retrouvent subitement la jeunesse” (Perceval, chapitre 9). C'est ainsi que le Graal est décrit dans le légende Arthurienne. La Lumière Organique est une source vive de pouvoir de guérison. Dans la fin de cycle de 2012, et subséquemment, Gaïa se guérira elle-même par des transformations catastrophiques mais de nombreuses autres guérisons miraculeuses vont se manifester au fil des bouleversements géophysiques.
Dans la tradition de siddha yoga suivi par les Grofs, l'apparition de l'Etre Bleu est de très bonne augure. Certaines personnes contemplent spontanément l'Etre Bleu, ou parfois la Perle Bleue, dans des états altérés de conscience. L'image traditionnelle de Krishna avec une peau bleue est une indication de cette expérience mystique. Il se peut que la fin de cycle de 2012 déclenche des visions de l'Etre Bleu d'une amplitude sans précédents.
Le Nahual associé avec la Lumière Organique est un espace dans lequel on peut regarder et même pénétrer lorsque l'on est assez rusé mais certaines entités, dont certains humains ou humanoïdes tels que l'Etre Bleu, y demeurent en permanence.
Parmi ceux-ci, se trouve le Visage Bleu Maya, un clan resserré de guérisseurs et de devins qui “font constamment la navette” entre la Terre et le coeur galactique. Ce sont les Seigneurs de Palenque, les alliés de Psilocybe azurescens, le plus puissant des champignons Psylocibine. Azura: visage bleu. Ce sont les Asuras de la mythologie Hindoue et Perse, qui sont traditionnellement dépeints comme de farouches sorciers et de monstres gorgoniens afin de voiler leur identité réelle et de protéger leur mission bienveillante des fouineurs et des crotales.
La chair du Visage Bleu Maya est comme de l'argile, douce et poreuse, sa couleur fluctuant du bleu gris au bleu foncé azur. Les visages de ce clan rappellent les profils de la royauté locale dépeintes sur les fresques murales des Mayas Classiques: front incliné, yeux ovales, nez large et arrondi comme une tranche épaisse de melon, longues oreilles. De façon très distinctive, ils portent sur leurs joues la marque en goutte d'eau de la faculté shamanique la plus élevée, la prédation, qui est aussi la source de la guérison la plus profonde dont les humains soient capables. Les shamans au Visage Bleu sont des guerriers dotés de capacités surprenantes et létales, de facultés de tuer et de torturer et du flair pour la chair. Ils ont acquis cette faculté suprême au travers d'un pacte millénaire avec les grands félins prédateurs, le jaguar et le puma, qui ont aussi des marques en goutte d'eau. Linda Tucker a découvert la même relation symbiotique entre la proie et le prédateur parmi les lions blancs de Timbavati. Le shaman léonin Zulu, Credo Mutwa, lui a expliqué ce lien, en reliant le lion aux schémas cosmiques. Cette connexion est pan-terrestre mais les Visages Bleus Mayas sont des agents spéciaux du retour périodique du centre galactique. Ils connaissent les filaments aranéens vers le coeur galactique avec le retour par les bras spiralants.
La contemplation des marques en gouttes en d'eau, sur les Visages Bleus Mayas, est l'une des expériences les plus poignantes du mysticisme planétaire, car les formes tatouées convient un message qui est éternellement vrai, à la fois infiniment triste et infiniment plein d'espoir: seuls ceux qui sont capables de tuer magiquement peuvent ressusciter, de l'extinction, l'espèce humaine. Les shamans Visages Bleus n’exercent pas la prédation mais ils ont recours au flair félin des grandes espèces prédatrices pour guider et guérir tous ceux qu’ils rencontrent durant leur périple. Emanant la présence délicieusement férale des grands félins chasseurs, ils sont sereins et bienveillants, ce sont les anciens vénérés du Clan de Xolotl.
Les Enfants de l'Innovation
La fin de cycle de 2012 est un événement global embrassant toute la planète et ses habitants. Géophysiquement, elle semble s'être déclenchée en Asie, en Iran, en Thaïlande et à Sumatra. Mais le monde Occidental, les Amériques, seront le siège de son expression la plus dramatique. Dans ces régions, les jeunes générations sont déjà profondément engagées dans la prochaine percée évolutive parce que le terrain favorable à un saut évolutif a déjà été préparé dans les Amériques par le Clan de Xolotl depuis le 13 ème siècle lorsque les initiés Toltèques prirent le maquis. De nombreux membres des cinq Tribus de fin de cycle ont des accointances avec le clan. Le travail des adeptes de Xolotl dépend de son accueil par les Tribus. Ce ne sont pas des prophètes auto-proclamés mais des maîtres avisés de la divination. Ce ne sont pas des guides, mais des guardiens de la gnose directrice. Ce ne sont pas des messies, mais des mystiques de non/non-sens, aussi capables de naviguer l'apocalypse qu'une pirogue.
Le retour de Xolotl va sans doute se manifester en Occident avec générosité et outrance. Les Orgiastes sont l'avant-garde Dionysienne de cette révélation.
Le cycle de fin de temps de 2012 est le signal d'une urgence spirituelle pour toute l'espèce humaine. L'extinction quotidienne de centaines d'espèces de plantes et d'animaux est une sorte d'avant-première qui nous prépare, dans un certain sens, à tout cela. La danse apocalyptique de Kali est une représentation de la situation catastrophique à laquelle le Clan de Xolotl va appliquer ses facultés occultes, mais d'une manière hautement sélective. Il n'existe que deux réponses, seulement, vis à vis de l'extinction: le refus anesthésique ou l'éveil soudain aux états non-ordinaires. Le visage de Xolotl nous reflète ces deux alternatives, comme nous l'avons expliqué ci-dessus.
L'ouvrage de Stan Grof, “When the Impossible Happens”, pourrait être considéré comme un manuel de survie pour la fin de cycle. Il ne contient aucune prophétie ni aucune spéculation mais présente un inventaire riche d'expériences non-ordinaires: perception extra-sensorielle, télépathie, projection hors du corps, projection astrale, précognition, clairvoyance, psychométrie, matérialisation et dématérialisation, expérience proche de la mort, survie après la mort et communication avec les défunts, rêve éveillé, channeling, rebirthing, états holotropiques, contact extra-terrestre, synchronicité, mémoire de réincarnation, divinités paisibles et courroucées, perception nue de la Lumière Claire du Vide, éveil spontané de la Kundalini avec les kriyas, vision de loin, anomalies de guérison, accès conscient au code génétique et philogénétique, enseignements visionnaires et épiphanies cosmiques, et des phénomènes psychiques vérifiables tels que la vision d'endroits où on n'est jamais allés dans cette vie et la possibilité de parler des langues inconnues. Grof écrit:
“Il est clair qu'il n'existe aucune explication plausible pour ces phénomènes à l'intérieur du cadre conceptuel de la psychologie et de la psychiatrie conventionnelles... Ils représentent un formidable défi conceptuel pour la science conventionnelle et ils possèdent un potentiel d'éclatement du paradigme” (“When the Impossible Happens” avec accentuation ajoutée).
C'est précisément cela: ce sont de telles expériences, plutôt que des argumentations sociales ou des preuves scientifiques ou des persuasions messianiques, quel qu'en soit le nombre, qui vont faire éclater le paradigme aveugle qui nous enchaîne au comportement auto-destructeur dont l'escalade nous entraîne vers la fin de cycle de 2012.
J'ajouterai, à l'inventaire impressionnant de Grof, la PIS et la bilocalisation (cette dernière est souvent atteinte ou anticipée en rêve éveillé). La PIS, la Perception Infra Sensorielle, (le complément de la PES, la Perception Extra Sensorielle) est la vision en participation de ce qui se déroule avec intensité dans les sens, et non pas simplement ce qu'ils révèlent du monde extérieur, indépendamment apparemment de l'observateur. La bilocalisation est le positionnement du corps physique dans deux endroits à la fois, dans la conscience simultanée et totale des deux espaces et des deux corps - sans doute le suprême frisson cosmique. Les cabrioles hilarantes de don Genaro illustrent certaines des possibilités les plus extravagantes de bilocalisation pour les clowns cosmiques. Le récit de Grof de sa bilocalisation (“Temptations in a Non-Local Universe: Failed Experiment in Astral Projection”) offre des réflexions sobres et des avertissements quant aux aberrations et aux embûches de ce phénomène le plus occulte parmi les phénomènes occultes.
Toutes les expériences anormales que Grof raconte sont en relation avec la fin de cycle mais plus particulièrement les expériences “proches de la mort”. La 6 ème extinction sera une expérience proche de la mort pour toute l'espèce humaine. C'est la voie de Gaïa pour mettre en oeuvre les codes de mutation supérieure et pour influencer la transpéciation, en cohérence avec ses desseins divins. Elle est capable de ressusciter n'importe quelle espèce - pour preuve de cette affirmation, il n'est que de méditer sur l'explosion Cambrienne - et les Visages Bleus Mayas participent, par une complicité unique, à son oeuvre.
Dans les expériences proches de la mort, les êtres humains sont aspirés dans un tunnel de Lumière Organique au travers d'un canal particulier qui conduit au Trésor des Lumières décrit dans les textes Gnostiques des Codex de Nag Hammadi, “le Livre de Jeu” et “Pistis Sophia”. Certains iront jusqu'au bout de la route et expireront tandis que d'autres reviendront dotés de secrets transmigrateurs. De tels secrets ne peuvent pas être appliqués sans une connaissance parallèle intime de la nature, particulièrement en ce qui concerne la reproduction dans le règne végétal et la culture des spores de champignons (ci-contre, Amanita avec son animal favori, le renard).
Ci-dessus une image classique du tunnel de lumière dont témoignent de nombreux survivants qui sont revenus d'une expérience proche de la mort. Des écrits qui ne font pas partie des Codex de Nag Hammadi, tels que le Livre de Jeu (dans le Codex Bruce) suggèrent que le tunnel de lumière puisse être un passage de la Terre vers le Soleil. Selon diverses traditions ésotériques, le soleil physique, l'étoile centrale de notre système solaire, n'est pas une boule de gaz torrides en explosion. C'est bien plutôt un globe igné entourant un réseau cristallin bleu et froid que l'on pourrait comparer à un déploiement massif de terminaux d'ordinateurs. Le Livre de Jeu utilise le terme "Trésors de Lumière" afin de décrire ce déploiement solaire interne. Ce texte décrit - d'une manière fragmentaire et obscure mais qui, cependant, invite à l'investigation - un type particulier d'archontes bienveillants appelés paralemptors. Ce terme est généralement traduit par "receveur". Cette entité archontique est intimement associée avec le soleil (Sabaoth dans le langage du Mythos de Sophia) et pourrait être considérée comme une faction dissidente de la horde des archontes prédateurs. Il semble que le rôle des receveurs soit de rassembler les vestiges psychiques du défunt, les portions non utilisées et non accomplies de sa vie de l'âme, et de stocker ces composantes dans le réseau bleu interne du soleil, peut-être en vue d'être recyclées dans des incarnations humaines subséquentes.
Il m'est arrivé, une fois, de rencontrer un archonte bienveillant de ce type. Une créature souple et élancée, telle une mante religieuse, dont la forme élégante me rappelait une sculpture de Brancusi. Je peux témoigner de la nature empreinte d'amour de cette entité qui exsudait le parfum le plus exquis de cannelle. J'ai vécu également une autre expérience au travers de laquelle je ressentis la présence de cinq entités de ce type sur le point de pénétrer en cette dimension. Ils se révélèrent d'une manière très étrange en projetant une empreinte de sueur, une silhouette de gouttes de sueur comme condensées sur une vitre. Je subodore fortement que certaines des images en petits points - ressemblant à des ET - des ancêtres du Temps de Rêve dans la tradition Aborigène (plus particulièrement le Wandjini, ci-dessous dans une version de graffiti moderne) puissent représenter ces mystérieux receveurs. Le sujet des paralemptors du Gnosticisme est profondément intriguant et justifie une étude minutieuse.
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Dans les enseignements des Brahmanes piratés par Madame de Blavatsky et élevés à un niveau supérieur par Dane Rudhyar, les membres des tribus de fin de cycle qui réussissent la transmigration sont appelés shishta le “peuple des semences”. Ce sont, dans le sens littéral, des personnes qui préservent et disséminent des semences, telles que Dominique Guillet, le fondateur de l'Association Kokopelli et l'auteur de l'ouvrage "les Semences de Kokopelli". En un autre sens, les shishta accompagnent dans le temps les semences de la culture, plus particulièrement les systèmes symboliques, les mathématiques, la musique et les langages, assurant leur continuité au travers du passage délicat de l'extinction.
Les shishta sont les ultimes survivalistes et les enfants de l'innovation. De nouvelles expertises requièrent de nouveaux tricksters*. Ces jeunes guerriers-amants plein de fougue sont les bénéficiaires de la magie et de l'initiation de fin de cycle, la progéniture spirituelle de parents impeccables, les rêveurs et les traqueurs du Clan de Xolotl.
John Lash. Andalousie. Février 2007. Revision Janvier 2011.
Traduction de Dominique Guillet.
* NDT: même si le terme anglais “trickster” est vraisemblablement issu de la même racine qui a donné en Français “tricheur”, on ne peut cependant pas le traduire ainsi. Les “tricksters” dans les mythologies et les traditions indigènes sont des entités rusées, astucieuses, coquines, malignes qui peuvent être des animaux ou même des entités telles que Kokopelli, le symbole de la fertilité au pénis proéminent.
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