Kali Yuga et Fin de Cycle Maya: essai 04
Sophia Dévoilée
John Lash
Traduction par Dominique Guillet de l'essai "Sophia Unveiled"
La Résurgence des Mystères Durant la Fin de Cycle
Le précédent essai de cette série a présenté une vue d'ensemble de la structure complète des Ages Zodiacaux calculée par précession - et c'est un bel exercice! Le calcul des Ages est simple mais le matériau que cela génère n'a rien de simple. Les lecteurs qui eurent la patience de se frayer un passage dans cet article peuvent se demander ce que ce chemin leur réserve plus avant.
Si cela peut vous soulager, je ne vais pas mettre au jour plus de matériau mythographique dense remontant à des événements présumés en 16 000 avant EC! Comme je l'ai suggéré, cette rétrospective est un exercice d'invention narrative destiné à impliquer la participation à l'évolution de notre espèce sur le long terme - un exercice qu'il est préférable de réserver aux passionnés du clan de Xolotl. Bien heureusement, il existe d'autres voies plus faciles pour susciter la participation. Cet essai va prendre une direction différente, orientée vers la résurgence de la vision Sophianique aux alentours de 2012, comme je l'ai traité dans mon ouvrage “Pas en Son Image”, mais je vais, néanmoins, continuer d'avoir recours à une imagerie Zodiacale pour illustrer notre période unique dans le temps précessionnel. Par exemple:
Voici une proposition de tête pour le Verseau, dépeint comme un mage ou un sorcier, c'est à dire le Manitou ou le Mésotes. L'étoile sur l'épaule gauche est alpha Aquarii; sur le front se trouve theta Pegasi. L'image combine des étoiles de deux constellations, Aquarius et Pegasus. La constellation du Verseau (Aquarius) est vague et ne révèle aucune étoile définie qui puisse définir la tête ou le visage du personnage. Le sorcier Aquarien est unique dans le Zodiaque: un personnage non-humain au visage humain avec des attributs surnaturels. Je voudrais instamment mettre en garde contre le fait que le personnage Aquarien ne doit pas être littéralement identifié avec un messie ou un avatar mâle, tel que Jésus Christ ou Quetzalcóatl. Le Manitou est un émissaire et un intermédiaire, non pas un agent surhumain de la rédemption, non pas un sauveur.
Les autres personnages humains dans le Zodiaque sont les Gémeaux, le Dompteur de Serpents et la Vierge. Les Gémeaux sont Castor et Pollux, des héros mâles de la mythologie Grecque mais cette constellation peut être également visualisée comme un homme et une femme en union tantrique ou Maithuna - le nom Sanscrit des Gémeaux dans l'astrologie Hindoue. Le Dompteur de Serpents est un personnage humain, mâle, un shaman. La Vierge représente l'être Divin Sophia sous une forme féminine.
La Croix Axiale
Répétons le: l'image du synchronisme Zodiacal pour 2012 ne reflète pas une transformation radicale dans l'évolution humaine ou une “transformation de la conscience” à une échelle globale. La structure des Ages ne révèle tout simplement pas un tel scénario. Ce qu'elle suggère, c'est une longue descente trouble pendant la phase de clôture de l'Age des Poissons et, durant cette transition prolongée, l'éveil sélectif de certains êtres humains à une orientation tournée vers le futur, la réponse subliminale aux ondes Aquariennes. Il faut s'attendre à ce que les fixations messianiques des Poissons perdurent, comme une pathologie chronique; mais une nouvelle constellation psychique va émerger en même temps dans la vie d'un groupe d'individus, qui se reconnaîtront, en communion vitale et harmonieuse avec la nature - la symbiotaxis d'Aquarius, le Manitou.
Nous pouvons découvrir une continuité dans la transition des Ages: lorsque le sens de la guidance intérieure (le motif des Poissons) est totalement perdu, nous nous tournons de nouveau vers la nature pour recouvrer notre sens d'orientation (le motif du Verseau) et nous redécouvrons nos instincts directeurs dans leur contexte originel, c'est à dire au-delà de la culture, au-delà des civilisations et des mèmes et même au-delà de tout le monde fabriqué par l'homme. Un exemple frappant de l'orientation Aquarienne de symbiotaxis est le bio-mimétisme de Janine Benyus.
Pour l'instant, tout se tient mais nous n'avons pas encore contemplé tout le tableau en termes précessionnels. Traditionnellement, l'équinoxe de printemps (ou point vernal) a été considérée comme la grande aiguille de l'horloge cosmique. La constellation qu'elle occupe détermine l'Age dans lequel nous vivons. Mais le solstice d'hiver, à 90° en avant du point vernal, est également un indicateur important du synchronisme cosmique. Son alignement avec le centre galactique, qui est localisé à l'extérieur du Zodiaque, détermine l'heure de minuit du Kalpa. Le point vernal et le solstice d'hiver sont deux points d'une structure à quatre bras, la “croix axiale” des solstices et des équinoxes. Pour une vision intégrale du cycle précessionnel, il nous faut examiner les quatre bras de la croix.
Ci-jointe se trouve une carte astronomique montrant la moitié du cercle des constellations écliptiques, les constellations d'été - ainsi nommées parce qu'elles sont proéminentes durant l'été lorsque le soleil transite la région opposée du Zodiaque. Les constellations vues dans le sens lévogyre sont: le Verseau (Manitou), le Poisson-Chèvre, le Sagittaire, le Scorpion, le Dompteur de Serpents, la Balance et la Vierge. Trois bras de la croix axiale sont montrés: le point vernal, le point automnal et le solstice d'hiver. Lorsque le point vernal traverse les constellations, déterminant les Ages Zodiacaux, le point automnal transite dans les constellations opposées.
Sur la gauche, nous avons la vue familière du point vernal sous le Poisson occidental des Poissons. Les Poissons nagent vers l'urne du Manitou, Aquarius, entraînés par des courants subtils procédant du futur. Le Manitou étend un bras vers le Poisson-Chèvre (le Capricorne), la chèvre avec la queue de poisson qui regarde en bas vers l'Archer (le Sagittaire). Le Sagittaire, à son tour, vise vers le Scorpion, mais sans décocher sa flèche. La direction de sa visée pointe vers le centre galactique. En ce moment, le solstice d'hiver est à 3 degrés, ou 210 années, de l'alignement avec ce centre galactique.
Le ciel d'été est très actif et vivant. A côté du Scorpion, se tient le Dompteur de Serpent, Ophiuchus, la treizième constellation. Ce personnage en transe, semblable à un yogi, lutte avec un énorme serpent sinueux, Serpens. L'ensemble constitué par le Sagittaire, le Scorpion, le Dompteur de Serpents et la Balance forment un groupe interactif, chaque figure étant reliée, de façon gestuelle à l'autre. Le Scorpion semble faire un mouvement pour bousculer la Balance, qui est représentée par un T avec deux plateaux suspendus à des fils. Le Dompteur de Serpents semble contenir le Scorpion par la masse même de son corps. Son pied gauche est sur Antarès, l'étoile de coeur. Sa jambe droite, raide et rectiligne, s'étend vers le pied qu'il presse sur le dard du Scorpion.
En raison de l'extension extrême de la constellation du Scorpion en dessous de l'écliptique (ligne en tirets), le soleil transite seulement dans cette constellation durant une quinzaine de jours chaque année: du 21 novembre au 5 décembre. Du 6 décembre au 23 décembre, il transite le Dompteur de Serpents, le shaman dans le ciel qui se tient à cheval sur la zone Zodiacale avec l'étoile de tête, Rasalhague, qu'il partage avec un autre shaman, Héraclès.
La croix axiale du solstice et des équinoxes est en rotation dextrogyre dans ce schéma. L'histoire intégrale de l'écriture céleste de la précession est révélée par la rotation des quatre bras de la croix. Alors que le point vernal se déplace vers le Manitou et que le solstice d'hiver se déplace vers le centre galactique, quelque chose se passe au point automnal, sur la droite du schéma. La constellation de la Vierge, montrée la tête en bas, est massive: c'est la plus étendue de l'écliptique. Elle s'étend de la Balance au Lion et couvre ainsi 45 degrés, un huitième de tout le Zodiaque - et encore faut-il préciser que le personnage est présenté à genoux! On ne peut pas douter que le Divin Féminin soit représenté dans le panorama imagé du Zodiaque! Bien que le Zodiaque ne déploie aucune représentation littérale d'un personnage humain féminin, Isis-Sophia est astronomiquement l'image prépondérante de tout l'ensemble.
Si la Vierge se tenait debout, elle occuperait une étendue identique à celle du personnage imposant et majestueux du Dompteur de Serpents. En termes d'esthétique Zodiacale, la Vierge et le Dompteur de Serpents sont des personnages complémentaires. La forme masculine du Dompteur de Serpents, qui surplombe verticalement au-delà de l'écliptique, contraste avec la forme allongée et féminine de la Vierge qui se tient en son flanc et, de plus, il la complémente. Il existe, après tout, un jeu gylanique, un équilibre masculin-féminin, dans la composition des constellations Zodiacales.
Lorsque nous observons le Zodiaque du ciel nocturne, nous voyons les étoiles des constellations mais nous ne voyons pas la forme visuelle ou graphique de ces constellations. Cette forme doit être visualisée par un acte d'imagination. La plupart des configurations des constellations ne ressemblent pas aux personnages mythologiques, qui leur sont associés, et elles ne les suggèrent même pas. La constellation du Scorpion constitue une exception car elle possède réellement la forme caractéristique de cette créature. Les étoiles qui composent distinctement l'abdomen et la queue du Scorpion s'étendent bien vers le sud, en-dessous de l'écliptique - la constellation se situe hors limites, c'est à dire qu'elle s'étend au-delà de la zone immédiate de l'écliptique. On ne peut pas se méprendre quant à la forme de la queue avec son dard plein de poison situé juste en-dessous du centre galactique.
Il est difficile de croire que nos ancêtres imaginèrent naïvement les critères mythologiques qui ont été traditionnellement corrélés aux constellations. Mais il n'est rien de naïf au sujet du Zodiaque: les créatures qui y sont dépeintes sont le résultat d'actes délibérés d'invention artistique. Elles témoignent du génie imaginatif de notre espèce. Le Zodiaque n'est pas “un cercle d'animaux” comme le rend la traduction commune de zodiakos kyklos. L'inventaire comprend trois personnages humains (les Gémeaux et le Dompteur de Serpents), une entité mâle non humaine (le Manitou ou le Verseau), une divinité sous la forme d'une femme (la Vierge), trois animaux (le Bélier, le Taureau, le Lion), un crabe (le Cancer), un arachnide (le Scorpion), deux créatures marines (les Poissons), deux créatures hybrides (le Sagittaire et le Chèvre-Poison) et un objet de fabrication humaine (la Balance). C'est une panoplie assez hétéroclite qui n'a rien d'un simple cercle d'animaux. Nos ancêtres savaient certainement ce qu'étaient des animaux et n'auraient pas nommé le Zodiaque à mauvais escient. Dans mon ouvrage Quest for the Zodiac, je propose que zodiakos kyklos signifie non pas “cercle d'animaux” mais “cercle d'animations”.
Les images des constellations sont d'immenses animations synchronisées et non pas de mignons petits biscuits en forme d'animaux qui flottent dans le ciel. Les constellations, ou graphiques, dépeintes dans l'illustration ci-jointe présentent une lecture d'un héritage enraciné dans les archives phylogénétiques de notre espèce, un registre étincelant de la projection atemporelle de l'imagination humaine. Le Zodiaque étoilé visible est l'artefact multiculturel le plus gigantesque et le plus ancien du monde. C'est littéralement une transcription graphique de la banque mémorielle de l'humanité.
Les constellations du Zodiaque étoilé n'étaient pas toujours dépeintes de façon consistante dans les temps anciens. La Vierge fusionnait souvent avec la Balance. Un antique médaillon Romain montre la Vierge qui tient la Balance (en position de 2 heures), une image que l'on retrouve encore dans les tribunaux tout autour de la planète. A gauche (à une heure) se trouve une rare représentation iconique du Dompteur de Serpents, enveloppé dans les circonvolutions du Serpent. Bien que ce médaillon ne possède que douze sections, il inclut clairement la treizième constellation exclue. Le Zodiaque Etoilé ou Zodiaque Céleste comprend treize figures irrégulières associées avec les constellations visibles. Le Zodiaque des Signes de l'astrologie populaire, codifié par l'astronome Grec Ptolémée, aux environs de 150 EC, est constitué par douze secteurs uniformes et il ne contient pas d'images graphiques fondées sur les étoiles; les icones astrologiques pour les Signes sont empruntés aux constellations du ciel réel. (Voir mon ouvrage Quest for the Zodiac pour une explication de cette situation totalement confuse et démente).
Les graphiques que j'ai dessinés à la main, ci-dessus, sont le résultat de centaines de brouillons et de croquis provisoires réalisés sur plus de 35 années. Tous les détails sont conformes à l'observation à l'oeil nu: le Manitou étend réellement son bras au-dessus du Chèvre-Poisson qui, à son tour, paraît flotter vers un espace vide au-dessus de la partie équine de l'hybride homme-cheval, le Sagittaire. L'interactivité du Sagittaire, du Scorpion, du Dompteur de Serpents et de la Balance est explicite, avec des détails authentiques correspondant aux caractéristiques observables des constellations, et elle devient de plus en plus vivante grâce à des observations soutenues du ciel nocturne. La treizième constellation étonnante, Ophiuchus, le Dompteur de Serpents est une des plus antiques du groupe. Elle apparaît sur les cartes célestes Babyloniennes du second millénaire avant EC et elle y est nommée Nitsurda. A l'observation à l'oeil nu, c'est une vision grandiose et captivante, que l'on ne peut pas manquer.
La fusion du Dompteur de Serpents (le Serpentaire) et du Scorpion n'est pas due à un de mes caprices. Les règles de l'IAU (Union Astronomique Internationale) placent certaines des étoiles composant le Dompteur de Serpents dans la région en-dessous de l'écliptique, vers le dard du Scorpion. Ces deux constellations fusionnent visuellement lorsqu'elles sont observées dans le ciel nocturne. (Graphiques Rimsite du Zodiaque Etoilé ou Zodiaque Céleste. John Lash 1998. Droits réservés. Prière de demander la permission avant de reproduire ces images).
Isis Sophia
Rappelons que nous souhaitons maintenant retracer le mouvement du bras automnal de la croix axiale, à l'opposé du point vernal. L'équinoxe de l'automne entra dans la Vierge en provenance de la Balance aux environs de 665 avant EC. Il lui reste environ six degrés avant de passer dans le Lion: 432 années. L'amplitude intégrale de l'Age de la Vierge mesurée par le point automnal est environ de 3250 années. En termes graphiques, le point automnal transite par la partie de la Vierge où son visage se voit au-dessus du voile qui enveloppe son corps. Aujourd'hui, nous vivons non seulement dans la longe traînée de temps de l'Age des Poissons mais également au moment précieux du temps historique durant lequel l'écriture céleste de la précession signale la résurgence des Mystères, Sophia Dévoilée.
Pour voir cet événement graphiquement, nous extrayons la représentation de la Vierge du schéma circulaire du Zodiaque et nous la retournons à l'envers. La pleine amplitude de cette représentation sur l'écliptique est d'environ 45 degrés, comme nous l'avons déjà souligné. Le Soleil se trouve dans la Vierge pendant 45 jours, c'est à dire un huitième d'une année: du 16 septembre au 31 octobre. (Cette constellation s'étend de 24 degrés de Virgo à 7 degrés de Scorpio, en termes de Signes Astrologiques). Dans les visualisations traditionnelles, la Vierge est entièrement voilée si ce n'est pour la partie supérieure de son visage et parfois son genou gauche. En ce moment, le point automnal se situe là où le voile repose sur l'arête de son nez. Au fur et à masure que le point automnal transite vers le Lion, il traverse le visage de la Vierge, la seule partie de son visage qui ne soit pas cachée par le “triple voile d'Isis”, pour évoquer une ancienne expression de vénération.
Le code précessionnel nous informe que nous vivons au moment historique unique durant lequel l'identité réelle de la Vierge Cosmique, Isis-Sophia, l'Eon Gnostique et la Magna Mater des Mystères, va se faire connaître et se révéler.
Mon interprétation graphique de la Vierge contient des détails spécifiques et correspondant au ciel réel. Dans sa main droite, elle tient un calice, ou une coupe de graal, marquée par l'étoile Vindemiatrix, la “racine du vin sacré”. C'est un symbole d'extase Dionysienne, de béatitude érotique et de communion transpersonnelle avec la nature. Dans sa main gauche, elle déploie la gerbe de blé coupé, le symbole de l'illumination enthéogénique, marquée par l'étoile Spica, un des quatre luminaires proéminents du Zodiaque. Le pain et le vin appartenaient originellement tous deux aux rites Païens, une célébration de la Grande Mère. Ils furent piratés, baucoup plus tard, par le Christianisme pour les besoins de son simulacre de sacrement du messie crucifié, Jésus-Christ, le syndrome le plus catastrophique d'illusion messianique de l'Age des Poissons - du moins jusqu'à ce jour.
Autour de l'épaule droite de la Vierge se trouve une constellation récente, et relativement forcée, appelée la Chevelure de Bérénice. Je pense qu'il est plus approprié de fusionner cette constellation avec la Vierge, ce qui lui donne une crinière riche de chevelure flottante, sombre et brillante. Grâce à l'utilisation de télescopes puissants en orbite, les astronomes ont été capables de déterminer les aspects de la structure cosmique qui, selon mon opinion, ont été indiqués ou préfigurés dans les antiques constellations. La région aux alentours de l'épaule droite de la Vierge est le pôle nord supergalactique, perçu lorsque nous regardons à la verticale du plan galactique. Les astronomes qui dirigeaient leur télescope vers cette région du ciel furent étonnés de découvrir une concentration inhabituellement élevée de galaxies externes flottant dans l'espace infini.
Graphiquement, la chevelure de la Vierge est parsemée des semences d'un infinitude de galaxie qui sont tout aussi vastes et mystérieuses que la nôtre. En termes Gnostiques, l'Eon Sophia est une divinité de stature galactique dont la conscience englobe des événements à l'échelle supergalactique quand bien même elle assume une forme physique en tant que planète Terre.
A l'observation à l'oeil nu, la composition étoilée de la Vierge est immense, incertaine et difficile à contempler. La constellation suggère visuellement un mausolée monumental vu du dessus. Nous percevons à peine le contour des murs extérieurs du mausolée. La constellation est constituée d'étoiles de faible magnitude qui émettent une lueur chatoyante étrange. L'impression d'ensemble suggère une vaste enceinte éclairée par des points de lumière faible et clignotante, comme si les murs de cette enceinte étaient ornés, de ci de là, de lumière votives.
Il existe une couronne triangulaire bien définie à la tête de la Vierge, près de l'étoile proéminente Denebola dans la queue du Lion. Le torse voilé de la Vierge est sombre et massif comme s'il était moulé de tendre obsidienne. Sa forme agenouillée se courbe gracieusement et légèrement vers la gauche. A deux-tiers vers le bas de la constellation, Spica brille comme un point d'ambre en fusion, un noyau de lumière granuleuse distincte. Une étoile de première magnitude huit fois plus grande que le Soleil, Spica en est 2800 fois plus lumineuse. Elle est considérée se trouver à 275 années lumières de la Terre dans l'espace-temps.
La constellation de la Vierge est difficile à appréhender d'un seul regard en raison de son amplitude. Il vous faut examiner son corps à la façon dont on dévisage une personne de pied an cap lorsque vous avez envie ou pour voir si vous avez envie). Tout comme la constellation opposée, les Poissons, cette constellation émet une luminosité qui est faible mais extrêmement attirante. Au cours de nombreuses nuits d'observation minutieuse, on a l'impression de contempler, non pas une femme nue qui est “noire et jolie” (selon l'allusion littéraire dans le Chant de Salomon) mais le voile vivant qui nimbe une telle femme nue.
La parure céleste de la Vierge est un fourreau de luminosité atténuée, suggérant une dentelle fine et noire sur une peau d'un blanc laiteux, d'où l'effet saisissant: on perçoit une masse sombre percée de lueurs d'opale pointue. Un aperçu de son teint, si vous pouvez le saisir, vous éclabousse doucement le mental comme la pluie sur du velours. Dans des conditions optimales d'observation, lorsque les étoiles peu lumineuses qui la composent sont exceptionnellement distinctes, la vision du Corps de la Demoiselle Bénie évoque une déliquescence subtile: des gouttes minuscules de crème qui se dissolvent dans du cognac sombre.
Etoile Précessionnelle
Comme nous l'avons expliqué dans les articles précédents sur 2012, l'axe E du Zodiaque de Dendera présente la ligne de base d'un angle droit qui pointe vers le centre galactique. L'axe n'est pas inclus dans les études de Schwaller ni dans aucune autre recherche relative à ce Zodiaque (pour autant que je sache). Je l'ai découvert en inscrivant une ligne au travers de l'étoile Spica dans la gerbe de blé coupé tenue par Isis, au travers du bâton du chacal et jusque dans les Poissons. La ligne traverse la queue du Poisson occidental, celui qui nage le long de l'écliptique en direction de la transition précessionnelle. Etendu vers le périmètre du bas-relief, l'axe E pointe vers un icone parmi les décans lunaires: un autel monté avec quatre têtes de béliers. L'axe traverse l'autel qui s'avère être la seule image parmi les décans qui est élaborée de façon symétrique. A mon avis, l'axe E était conçu à la fois pour indiquer le cycle intégral de la précession et pour entrelacer l'ensemble central des images Zodiacales avec le cercle enveloppant des décans.
Spica est l'une des six étoiles les plus brillantes de l'écliptique. Représentée de façon consistante dans les traditions les plus antiques qui aient survécu dans le Croissant Fertile, cette étoile fut identifiée avec une gerbe de blé ou quelque autre espèce de céréales. Le catalogue Hipparcho-Ptoléméen (Robert Brown, Primitive Constellations, London 1895) répertorie 26 étoiles pour la constellation de la Vierge en plus de six qui ne sont pas définies. Spica est “celle à l'extrémité de la main gauche appelée l'épi de blé”. La main spécifiée est assurément la main gauche de la déesse Isis qui brandit la gerbe de blé dans le Zodiaque de Dendera. Dans les Mystères d'Eleusis, les rites secrets culminèrent au moment où le hiérophante tenait une gerbe de blé coupé. Les Mystères d'Eleusis étaient consacrés à la déesse Déméter et à sa fille Perséphone, appelée, Kore, la Vierge. Ces déesses sont des équivalents interculturels de l'Egyptienne Hathor dans son rôle de déesse des grains, le pouvoir féminin mystérieux qui préside à la résurrection cyclique de l'homme-grain totémique Osiris. D'une certaine manière, l'articulation mystérieuse de “semences-grains” (lisez duplication ADN-ARN, si vous osez) est incarnée de façon unique dans Spica, appelée Mena en Egyptien. C'est l'une des quelques étoiles dont le nom Egyptien survit.
Malgré les témoignages évidents que constituent le Zodiaque de Dendera et les mégalithes construits en fonction des étoiles comme Stonehenge, les historiens conventionnels dénient encore que la précession ait été connue des anciens avant Hipparque, l'astronome Grec qui est réputé l'avoir découverte aux environs de 130 avant EC. J'avancerais qu'Hipparque dévoila simplement au public l'existence de la précession dans un rapport scientifique mais il ne la découvrit pas. Il est connu qu'Hipparque, comme de nombreux intellectuels Grecs de cette époque, étudia avec des astronomes-prêtres d'Egypte. Considéré comme un bon étudiant, il aurait appris d'eux le secret du cycle Zodiacal et de la structure globale des Ages. Selon les historiens conventionnels, Hipparque déduit le mouvement du point vernal dans le ciel étoilé d'un catalogue préparé par un de ses prédécesseurs, Timocharis, qui lui aussi fut formé à l'astronomie par les maîtres Egyptiens. Le scénario prend de la substance.
Hipparque observa minutieusement le ciel étoilé entre 160 et 130 avant EC. Il travailla à partir de l'île de Rhodes, un centre maritime et commercial, la rivale d'Alexandrie sur le plan de la vie littéraire et intellectuelle. En 140 avant EC, il écrivit un ouvrage sur les mythes des étoiles, un commentaire sur les Phainomena d'Aratus qui décrit les gestes des constellations tout comme je les ai décrits ci-dessus. En addition à son intérêt prononcé pour la tradition mythologique, Hipparque enregistrait avec rigueur le lever et le coucher d'étoiles spécifiques. Même si le mouvement du point vernal dans la précession demande 72 années pour un degré, il reste qu'un demi-degré de déplacement (l'équivalent du diamètre de la pleine lune) peut être détecté par un observateur avisé. Ainsi donc, un simple déplacement précessionnel de 36 années pouvait être détecté grâce à l'observation à l'oeil nu conjointement à des enregistrements précis.
Hipparque travaillait à partir de grands livres compilés par Timocharis qui vécut 150 ans avant lui. Les tables de Timocharis consignèrent une étoile proéminente à 8 degrés du point automnal vers 294 ou 283 avant EC. En 129 avant EC, Hipparque nota que cette même étoile ne se tenait plus qu'à 6 degrés de ce point. En 165 années, la position observable de l'étoile relativement à l'équinoxe d'automne avaient décru de deux degrés en raison de la précession. La vitesse assumée était d'un degré pour 82 années, au lieu d'une degré pour 72 années qui est la vitesse moyenne courante, mais la vitesse de déplacement n'est pas absolument constante. C'était un calcul relativement exact. Hipparque écrivit une monographie intitulée “Sur le déplacement des signes des solstices et des équinoxes” qui introduisit au monde entier le phénomène de la précession.
L'étoile observée par Timocharis, et ensuite par Hipparque, était Spica, marquant la gerbe de blé tenue par la Vierge, Isis-Sophia. Dans le Zodiaque de Dendera, les maîtres anonymes Egyptiens qui enseignèrent les deux astronomes Grecs inscrivirent l'axe E à partir de Spica, l'étoile précessionnelle, et la relièrent au centre galactique pour bien mettre en exergue qu'ils connaissaient non seulement la vitesse de précession mais aussi toute la structure du cycle Zodiacal de 26 000 années. La seule façon de le vérifier est d'orienter le Zodiaque vers la région extra-Zodiacale de la galaxie - ce qu'ils firent précisément en utilisant le geste de la Vierge, établi mythologiquement de longue date, pour consigner l'information codée.
Spica est l'étoile précessionnelle, placée délibérément sur l'axe E de Dendera. Bien qu'il soit réellement indéniable que la découverte de la précession par Hipparque eût pu arriver de la manière couramment expliquée - à savoir par déduction logique, en comparant les observations et les enregistrements - il est tout aussi indéniable que le Zodiaque de Dendera révèle que les instructeurs d'Hipparque possédaient une connaissance sophistiquée de la structure cosmique. Selon mon opinion, il semble raisonnable de présumer que, fidèle aux fondements de la science Grecque, Hipparque aurait validé par les calculs et par la logique ce qu'il avait appris des Egyptiens, sans doute par une voie plus ésotérique d'évaluation.
En d'autres mots, le calcul de la précession par Hipparque n'était pas un exploit originel, mais les retombées d'une tradition antique et évoluée de connaissance astronomique dont il était l'heureux héritier.
La Sixième Extinction
Avec le transit de l'équinoxe automnale dans la Vierge intégré au contexte, notre époque historique unique conduisant à la fin du Kalpa commence à acquérir une perspective différente. Alors que les illusions messianiques, le fléau émotionnel dominant, et le narcissisme envahissant de l'Age des Poissons continuent de se dissiper à un rythme lent et léthargique, une révélation d'importance cruciale pour le monde, commence à émerger, simultanément, sur un autre front. La démence du fanatisme religieux, caractéristique de la mentalité Piscéenne depuis le début, ne peut pas s'évanouir en une journée. En fait, elle continue d'infecter, de suppurer et parfois même d'exploser. Mais, en même temps, certains membres de l'espèce humaine s'éveillent à une connexion spirituelle avec la planète qui se situe en dehors du programme rédemptionniste du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam et qui le dénonce.
“Sophia Dévoilée” est un mème émergent d'une immense puissance transcendante et pratique, un vecteur visionnaire par excellence. (Tel que le définit le biologiste Richard Dawkins, un “mème” est une “unité d'information culturelle” qui peut se propager d'un esprit à l'autre à l'image de la propagation et du partage d'information génétique dans les processus biologiques). L'image vivante Sophianique de l'équinoxe de l'automne dans la Vierge est un motif phylogénétique pour l'Age courant, en contrepoint du motif de la guidance intérieure caractérisé par la constellation opposée, les Poissons. (On pourrait évoquer le concept de Jung de “coïncidence des opposés”, une manière de décrire les dynamiques polaires de la psyché humaine). Au fil de temps, il peut s'avérer qu'un motif résolve l'autre: Sophia Dévoilée pourrait être considérée comme amenant à la résolution du problème de la guidance intérieure, le thème Piscéen. Quant à moi, je suis prêt à parier que l'espèce humaine ne va pas se libérer des complexes messianiques de l'Age des Poissons, dominés par l'idéologie anti-nature du péché et de la rédemption, sauf au travers de ce contrepoint à savoir le retour vers la vision Sophianique des Mystères.
Nous pouvons finalement commencer à comprendre comment les pointeurs précessionnels travaillent ensemble - ou du moins trois d'entre eux. Le point vernal glissant sous le Poisson occidental, le solstice d'hiver se déplaçant vers le centre galactique situé au-dessus de la queue du Scorpion et l'équinoxe d'automne en transit au travers de la face voilée de la Vierge: c'est une gelstat en trois points, une image constellée dont les composants véhiculent des signaux différents, mais interconnectés, au sujet de l'époque dans laquelle nous vivons.
Le déplacement du solstice d'hiver dans le Scorpion est certainement l'élément le plus alarmant du complexe. Je suggérerais que le dard indique l'extinction, le baiser de la mort de la Mère Nature.
A la fin de ce Kalpa, en 2216, le solstice d'hiver va se situer directement au-dessus du dard du Scorpion - mais il en est assez proche maintenant pour nous filer la trouille! J'interprète ici l'écriture céleste comme une confirmation que nous fonçons, dans un virage très serré, vers un phénomène d'extinction, considéré comme étant la 6 ème extinction depuis que la planète s'est formée il y a 4 milliards d'années de cela. En termes mythologiques, l'extinction est le baiser de la mort de la Mère Scorpion, une image primordiale de la “mère dévorante”. Dans Hamlet's Mill, Santillana et von Dechend prêtèrent une très grande attention à cet archétype, citant la tradition indigène:
“Parmi les Sumos au Honduras et au Nicaragua, 'la Mère Scorpion est considérée comme demeurant à l'extrémité de la Voie Lactée, là où elle reçoit les âmes des défunts, et d'elle, représentée comme une mère aux nombreux seins, auxquels tètent les enfants, proviennent les âmes des nouveaux nés'. Tandis que les Pawnee et les Cherokee disent: 'Les âmes des défunts sont accueillies par une étoile à l'extrémité nord de la Voie Lactée et elle dirige les guerriers sur le bras sombre et difficile et les femmes et ceux qui meurent de vieil âge, sur le chemin le plus facile et lumineux. Les âmes voyagent ensuite vers le sud. A l'extrémité de la voie céleste, elles sont reçues par l'Etoile Esprit, et c'est là qu'elle établissent leur demeure'” (page 243).
Ils suggèrent que l'Etoile Esprit est Antarès, la géante rouge dans le coeur du Scorpion. Les peuples indigènes, tout comme les initiés Gnostiques du Levant et de l'Europe pré-Chrétienne pourraient avoir développé une vision très ample des directions cosmiques, directions que viennent juste de découvrir les astronomes modernes. Pourquoi les indigènes de l'Amérique centrale diraient-ils que la Mère Scorpion demeure à l'extrémité de la Voie Lactée? Comme nous la percevons, la Voie Lactée est un cercle entourant la Terre. Elle ne possède pas de fin définie. Mais si la ligne de vision vers le centre galactique se situe juste au-dessus de la queue du Scorpion, ainsi que la science moderne le confirme maintenant, cela signifie que lorsque nous regardons le Scorpion, nous regardons vers la région où la Voie Lactée se termine. Pourquoi? Parce que la Voie Lactée est le bord visible de la région locale du bras galactique en lequel nous demeurons, et ce bras, si vous le suiviez jusqu'à sa source, émerge de l'agglomération massive de matériau stellaire du coeur galactique. La “mère aux nombreux seins” est une image des Mystères pour la Lumière Organique, la substance vivante du coeur.
Alors que j'écris cet essai, dans la 69 ème lune de la fin de cycle, sous une immense pleine Lune rougeâtre en conjonction avec Antarès dans le Scorpion, Jupiter repart en rétrograde vers cette étoile. Jupiter était en conjonction avec Antarès à la mi-janvier cette année et puis ensuite, il est reparti en rétrograde le 7 avril. Il sera de nouveau en conjonction avec Antarès en début juillet, il repassera direct le 8 août et effectuera son dernier transit sur Antarès en début septembre. Cette sorte de mouvement, le “triple passage” est une caractéristique spécifique de l'écriture céleste qui peut être utilisée pour réguler une méditation sur le long terme. Durant 9 mois, les cieux nous offrent le moment opportun pour méditer sur la signification de l'extinction en termes Scorpioniques, et même de méditer sur les opportunités que la menace de l'extinction peut offrir à notre espèce - vraiment une drôle d'idée et il se peut que vous vous demandiez si je n'ai pas dérapé! Réflexion et évaluation - introspection - et ensuite re-évaluation: voici le rythme du triple passage. Comme à l'extérieur, de même à l'intérieur. Ce que l'on peut lire dans l'écriture céleste est écrit par les forces démoniques au sein de la psyché humaine. Le script céleste écrit notre histoire selon le programme phylogénétique dont il est le reflet mais le script, de lui-même, n'est pas la cause de quoi que ce soit qui se manifeste. Nous vivons l'histoire dont il est le reflet parce que nous la portons dans notre code génétique. L'évolution humaine suit son cours via les modalités d'un continuum stellaire-génétique.
Le retraçage de ce continuum, au coeur de l'extinction et pour sortir de cette extinction, est un des sujets du sixième essai ce cette série sur la fin de cycle 2012.
John Lash 3 juin 2007. Andalousie
Traduction de Dominique Guillet.
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