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Eloge de la Beauté Inaccessible
John Lash
Traduction de Dominique Guillet
Parmi les diverses choses dont je souffre dans ma vie de terton, la plus notoire est certainement un embarras de ressources. Il est clair que mon allégation étrange de recevoir des “instructions de dakini” porte ses fruits et je vous prie de le prendre comme vous le souhaitez. Le channeling des puissances infernales de Gaïa constitue une expérience extrêmement riche tout autant qu'extrêmement enrichissante. Après tout, le royaume des enfers était traditionnellement le domaine de Hadès (Pluton), un espace ténébreux et inexploré de richesses indicibles.
En dépit de la première impression qui pourrait s'en dégager, je ne suis pas en train de replonger dans le passé afin de retriturer l'histoire d'Emma et de réchauffer la tambouille émotionnelle et extravagante qui sécréta la découverte du Tantra Planétaire. L'essai suivant est une postface et non pas un exercice en nostalgie tourmentée. Je l'offre pour l'instruction qu'il recèle quant au sujet suprême du Tantra Gaïen: le désir. Et un aperçu des événements à venir...
Instruction de Dakini
J'ai dit channeling mais il ne s'agit pas de channeling. Pas vraiment. Je pourrais consacrer un essai entier à expliquer la différence entre le channeling et l'instruction de dakini (à savoir “une transmission mentale autorisée” en jargon Tibétain) et, en conscience (comme si j'en avais une), j'aurais déjà dû le faire. Hélas, la douceur des tentations de la vie exclut, parfois, la douce satisfaction de certains accomplissements. Je vais donc proposer deux points essentiels de différence. Encore mieux, j'irai même jusqu'à trois.
Premièrement. La source de l'instruction de dakini ne se révèle jamais nominativement. La dakini tutélaire ne s'annonce pas en déclinant son identité. Au contraire de Seth vis à vis de Jane Roberts, de Ramtha vis à vis de JZ Knight et d'innombrables autres exemples en remontant aux Maîtres Himalayens de Blavatsky. La divulgation de la source révèle, on ne peut plus clairement, qu'il ne s'agit pas d'instruction de dakini. Comment sait-on alors qui transmet sur les ondes? On le déduit du contexte céleste (lune de coucher solaire, etc.) et d'une évaluation sérieuse du thème et du motif. Il nous faut nommer la fréquence car elle ne se nomme pas d'elle-même. C'est une règle inéluctable. Il est certain que l'on ne peut pas recevoir d'instruction de dakini et en connaître la source lorsque l'on ne possède pas le cadre référentiel pour en inférer le nom.
Avec l'accoutumance et la succession des auditions, on en vient à reconnaître la signature aurique de ces fréquences telluriques. On se familiarise alors réellement avec les styles de discours de dakini. Visvamata parle presque en chuchotant. Kurukulla déboule comme Janis Joplin en enfer et elle prend son pied. Avec ses propositions raffinées sur l'amour et la passion, Kamala est d'une séduction à vous couper le souffle. VV assume le ton et l'élocution qui exaltent et apaisent l'âme, simultanément, selon des voies que l'intéressé seul puisse apprécier dans toute leur splendeur. Dans la sérénité et la satisfaction absolues. VV est suprêmement et subtilement séductrice. “L'éclair de tonnerre charmeur” dessert bien son nom.
Secondement. L'instruction de dakini diffère du channeling de par le fait que le propos des fréquences subliminales Gaïennes n'est jamais discursif. Dans le sens du dictionnaire: 1. Qui ressortit à la digression / 2. Qui ne s'astreint pas à une continuité rigoureuse de pensée, qui s'abandonne au gré de l'inspiration.
Ces damoiselles ne radotent pas. Elles ne se répandent pas en fioritures et ne produisent pas des profusions de dégorgements laborieux ou de concaténations de principes verbeux. Elles transmettent dans la syntaxe mercurielle des noyaux abstraits, pour employer l'expression de Castaneda. Intense. Laconique. L'instruction de dakini est concise et adamantine, à l'extrême. Un adage des Kagyupa, que je cite quelque part sur mon site, affirme que le langage des dakinis est “lapidaire”. La syntaxe de dakini est hautement compressée tout comme la poésie authentique devrait l'être selon la mascotte Romantique du Terma, Novalis. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'aucune dakini ne puisse élaborer en termes anecdotiques car ce n'est pas exactement le cas. A ce titre, la Devata du Cygne (Naimratya) constitue l'exception dans ce groupe: elle peut raconter des histoires relativement élaborées. Kurukulla peut également se révéler dans la peau d'une conteuse avec ses histoires hilarantes dignes de l'arrière-boutique d'une maison close. Lorsqu'elle a une leçon à donner en charmes sexuels, elle peut étayer la matière technique avec des histoires de puissance et de perversion, rappelant des épisodes de réalisme magique dans le style de Castaneda, de Gabriel Garcia Marques ou de Miguel Angel Asturius. Visvamata peut également utiliser des “études de cas” pour illustrer la vérité existentielle de certaines propositions “karmiques” telles que “la Réciprocité ne se manifeste pas en retour mais chacun son tour”. Et c'est à peu près tout.
En conclusion, le parler crépusculaire des dakinis est concis, vif et frappant. On ne reçoit pas des profusions d'informations, imparties à la petite cuillère, de la part de ces fées infernales. Pas de belles histoires de vie sur Atlantis ou sur la Lémurie, non plus. Elles ne se laissent pas aller à de tels discours. Le Terma de l'Eveil de Gaïa ne consiste qu'en trois lignes seulement. Mais, en sus de tout cela, j'ai reçu une transception de douzaines de lignes durant le processus d'écoute des shaktis lunaires. Et cela représente déjà beaucoup de chance de recevoir une seule ligne durant toute une vie. D'où mon embarras.
Troisièmement. Le channeling peut se manifester alors que le médium n'est pas conscient du message émanant de la source (tel que dans le cas de Seth / Jane Roberts) ou qu'il est co-oeuvrant (tel que dans le cas de Ramtha / JZ Knight). L'instruction de dakini ne se rapporte ni à la première situation, ni à l'autre. Et qu'est ce donc?
“Tonnerre, intellect parfait” est le titre évocateur de l'un des textes des Codex de Nag Hammadi qui suggère la signature de tonnerre (dorje) de la transmission de dakini. Dorje (en Sanskrit, Vajra) signifie “cristal, adamantin, tonnerre, éclair, diamant”. Elles ne sont pas appelées “les Dakinis de Ciel de Diamant” pour rien. Techniquement, cette appellation fait référence aux cinq fréquences entourant VV mais même les Mahavidyas du Nexus des Shaktis participent (amplement) de cette transmission de la nature du coup de foudre. Le silence du mental parfait est tel un coup de foudre intérieur. La vitesse de la transmission est instantanée: aucune pensée qui ne soit requise. On accueille l'instruction, avec le mental silencieux, dans la “pluie de sagesse”.
Erreur Fertile
Ces damoiselles infernales du Nexus des Shaktis sont indiciblement généreuses vis à vis de moi. Mais je présume qu'il en est de même pour tout un chacun, en fonction de ses capacités. Elle sont tout aussi prodigues que l'on puisse l'imaginer. Elles ne tarissent pas en vérités transpersonnelles applicables dans la destinée personnelle. Elles sont des canaux d'authenticité sublime. Elles confèrent la vérité qui guide et elles le font avec la précision d'un laser. De nature transpersonnelle, ces vérités sont également transférables. Elles peuvent tout autant s'appliquer à autrui qu'à la personne qui les a initialement reçues.
Je voudrais offrir deux éléments d'instruction de dakini qui me parvinrent durant l'expérience longue et laborieuse d'en terminer avec Emma, la diablesse légendaire du Tantra Planétaire. Nous vécûmes 13 mois ensemble et il m'en fallut 18 pour arriver à me dépêtrer totalement de cet enchevêtrement délirant; 18 mois pour m'en sortir vivant sur l'autre versant de cette addiction, tout en gardant mon addiction intacte! La seule chose que j'ai perdue durant le processus, c'est l'objet même de mon addiction, l'incarnation de mon désir le plus élevé. C'est la vie. Il est préférable d'avoir aimé et d'avoir perdu plutôt que de ne jamais avoir perdu. Une reformulation Bouddhiste d'une antique affectation poétique.
Initialement, j'écrivis au sujet de mon passage au travers de cette expérience sous le cycle 2009 de Vajrayogini, à savoir la dernière fois que je vis cette créature bien-aimée en chair et en os: la compassion de la libération. A cette époque, l'instruction de dakini pertinente était: pas de libération sans compassion. Incluant, bien sûr, la compassion envers soi-même. Cette précision est fondamentale.
Ce fut en janvier 2010 que, finalement, je fus entièrement libéré et c'est alors que le psychodrame que je vécus avec Emma arriva à son terme. En fait, dans la période de son anniversaire. En janvier 2008, nous voyagions ensemble dans le train de nuit vers Marrakech. Durant ce même mois de janvier, en 2009, j'étais encore trop sonné, par l'impact destructeur du syndrome d'abandon, pour accueillir quoi que ce soit que ma gardienne pourrait avoir eu à m'enseigner. Mais en 2010, vers la mi-janvier, une intuition libératrice me parvint tel un éclair dans le ciel bleu. Et de nouveau, cette année, vers le milieu du mois de janvier 2011, Kali m'a gratifié d'un autre éclair prodigieux d'instruction. Il semblerait que ma gardienne me prodigue ses faveurs à cette époque de l'année en commémoration de la trajectoire intégrale de l'Épopée d'Emma qui engendra, non seulement, le Terma de l'Eveil de Gaïa mais également le rituel Kalika de l'addiction, la Langue sur le Couteau. Aux environs de cette date d'anniversaire, tous les ans, c'est donc moi qui reçois le présent.
Je viens de dire que j'allais proposer deux éléments de vérité émanant de l'instruction de dakini mais c'était quelque peu coquin de ma part parce qu'en fait, je ne vais pas le faire. Je ne vais pas relater les instructions de coup de foudre de 2010 et de 2011, du moins pas ici et pas maintenant. Pour quelle raison? Ils sont relativement techniques et cela ne voudrait pas signifier grand chose pour vous, de toutes manières. Il me faudra conférer ces vérités dans le contexte d'un exposé sur la magie rituelle Kalika, sur la nature de l'élixir d'addiction et sur l'adaptation Gaïenne d'une technique particulière, “génération et complétude”, comme on l'appelle dans le Tantra Tibétain. Tout cela est quelque peu complexe et requiert assurément une préparation adéquate.
Kali, cette diablesse, sait comment ébranler sauvagement mon point d'assemblage. Sa guidance infernale est implacable, sans pitié et d'une extrême précision. Et il émerge quand même, de tout ce fatras, un sens infernal de l'humour.
Les érudits de l'art religieux interprètent la langue tombante de Kali de diverses manières: une soif insatiable de sang, l'affamement ou l'épuisement des illusions, l'imitation d'un cadavre dont la force vitale s'expire avec le dernier souffle au travers de la bouche. Selon mon expérience, la langue possède à la fois une signification symbolique et rituelle: symboliquement, elle dénote la puissance de l'addiction, insatiable, désirant toujours plus; rituellement, elle montre le geste actuel qu'il faut effectuer afin de déposer le couteau sur la langue (verticalement, le long de la plissure de la langue).
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En 2010, Kali me fit voir que j'avais commis une erreur monumentale après avoir réalisé le rituel d'addiction sur Infinity Ridge. Pardonnez-moi du peu mais je venais juste de découvrir ce rituel tout en le mettant en oeuvre spontanément. Alors que je le réalisai pour la première fois - qui plus est, la première fois que quelqu'un l'ait réalisé sur la planète, pour autant que je sache - je n'avais aucune idée qu'un suivi devait être rigoureusement observé. Je ne pouvais découvrir comment ce rituel fonctionnait qu'en le mettant en place dans la méconnaissance totale de sa nature jusqu'à ce que je réalise que je n'en observais pas le suivi. Lorsque Kali me permit d'appréhender l'erreur, elle me laissa savoir aussi quelque chose d'autre: si je n'avais pas commis cette erreur, je n'aurais pas pu générer l'intensité requise pour produire le Tantra Planétaire en retournant mon angoisse sur Emma. Ma gardienne me guida, intentionnellement, vers cette erreur énorme, et au travers d'elle. C'est, selon moi, de la guidance supérieure. Et une putain d'élégance, en plus.
Bon d'accord, j'ai un bon fond et je vais vous confier ce qu'il en était: l'erreur d'orchestrer l'inaccessible plutôt que d'en rester strictement à l'accessible. Une fois que le rituel d'addiction a été mis en oeuvre, on peut instantanément profiter du plein bénéfice des élixirs de sagesse de dakini générés par le rituel SI, à partir de ce moment-là, on se réfrène entièrement d'orchestrer l'inaccessible. Ce que j'appelle ici “orchestration” est un processus en deux phases: la visualisation d'une scène et son vécu subséquent. Par exemple, vous souhaitez aller à un interview pour un emploi. Vous visualisez et vous rejouez mentalement comment vous allez le conduire; vous allez ensuite à l'interview et vous le menez comme vous l'avez visualisé. Cette prédisposition que vous avez mentalement répétée, vous la passez alors à l'acte. Dans le Bouddhisme Tibétain, ce processus est communément réalisé en contemplant un yidam, ou une image de la divinité, (génération) et en dissolvant ensuite cette visualisation (complétude) avec pour résultats des bénéfices occultes spécifiques telle que l'activation des courants intérieurs (rlun), des lumières d'arc-en-ciel, de la chaleur intense, du ravissement, “la pénétration du canal central”, etc.
Dans le Tantra Gaïen, le même exercice peut se pratiquer avec n'importe quel événement, avec n'importe quelle situation. Cela se passe dans la vie réelle, dans un contexte réel et non pas dans l'échafaudage artificiel ou archontique de la méditation focalisée sur une divinité.
On peut pratiquer la dynamique de “génération et complétude” sur ce qui est accessible, ou sur ce qui est inaccessible. Un exemple du dernier cas serait de visualiser et de rejouer une conversation avec une personne décédée. Dans ce cas, la génération ne vient pas à complétude dans l'acte concret de converser avec le défunt, qui n'est pas accessible dans la réalité physique. Je ne savais pas que le tantrika, une fois que le rituel de la Langue sur le Couteau a été pratiqué, doit strictement renoncer à l'orchestration de l'inaccessible. Je suis donc devenu complètement forcené à tenter d'orchestrer l'inaccessible (femme) au point de la démence et j'y persistai inlassablement sans reculer d'un pouce pendant environ seize mois. Cet exercice extravagant engendra l'intensité obsessionnelle qui me permit de découvrir deux filons: le Tantra Planétaire et le Kala Tantra.
Maintenant, je me contente d'orchestrer l'accessible: je ne visualise et n'imagine que ce que je peux recevoir (chose ou personne) et je fusionne ensuite dans l'acte de réception. C'est la dynamique de génération et de complétude, “accord et fusion” dans le jargon Kalika: vous accordez votre imagination à un acte ou à une situation et vous fusionnez ensuite dans ce que vous avez imaginé dans le contexte en temps réel de cette action ou de cette situation. Si vous n'avez pas réalisé le rituel de Langue sur le Couteau, vous pouvez pratiquer ces deux options: l'orchestration de l'accessible et de l'inaccessible. Mais après avoir réalisé ce rituel unique, l'orchestration de l'inaccessible est rigoureusement exclue par le Tantrika.
Voilà pour le don de Kali de janvier 2010. Cette vérité fut ce qui me permit finalement de passer au-delà de cette expérience et de conclure l'épisode d'Emma. Vous pouvez imaginer le soulagement qui accompagna cette libération pour ne pas mentionner la vague de gratitude empreinte de chagrin que je ressentis.
Quant à la transmission de janvier 2011, je vais la garder pour moi pour le moment. Elle est juste trop puissante à révéler sans mettre en place le cadre intégral de la magie sexuelle Kalika. Mais éventuellement, je devrais le faire.
Les Conversions
Rainer Maria Rilke (1875-1926) décrivit comment il reçut les Elégies de Duino via une vague d'audition extatique de voix angéliques, de type éclair de foudre, alors qu'il se tenait sur le parapet d'un château en Italie. Le premier vers de la Première Élégie: "qui, si je crie, pourrait m'entendre parmi les hiérarchies angéliques?" lui fut transmis spontanément au château de Duino sur l'Adriatique, et ensuite tout le reste coula de source. Dix poème élaborés. Parmi les compositions lyriques les plus complexes qui aient jamais été écrites dans un quelconque langage. Mais ces poèmes ne furent pas composés, ils furent simplement entendus. Rilke affirma que parce qu'il avait passé des années simplement à attendre, il possédait la force d'accueillir le jaillissement massif de langage articulé lorsqu'il se manifesta.
Le château de Duino sur la Mer Adriatique, domaine de la Princesse Marie von Thurn et Taxis-Hohenloe, là où Rilke reçut originellement les Elégies. Incapable de subvenir à ses besoins avec son art, Rilke résidait souvent comme invité dans les riches domaines de ses amis de la Noblesse Européenne. C'est ce que je fis parfois durant les premières années de ma vie en Europe.
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Et quel épanchement que ces Elégies de Duino! Mais l'audition sublime ne s'arrêta pas là. Rilke décrit comment, après avoir complété les Elégies, il réalisa qu'il lui restait encore du vent dans les voiles. Et il déversa les Sonnets à Orphée. Deux séquences, rédigées quasiment sans effort. Parmi une pléthore de vers saisissants:
"Seul celui qui a joué de la lyre
dans le royaume des ombres
peut ressentir et conférer
la louange infinie"
Les Elégies, tout comme les Sonnets, sont bien sûr le fruit d'une clairaudience accomplie. Ils constituent également le fruit de l'orchestration de l'inaccessible. Les Sonnets sont dédiés: “rédigés comme un monument à la mémoire de Vera Ouckama Knoop”. C'était une jeune danseuse qui mourut à l'âge de 18 ans, une jeune femme pleine de talents que Rilke ne connaissait qu'à peine.
"Mais toi, maintenant, chère jeune fille, que j'aimais comme une fleur
dont je ne connaissais pas le nom, toi qui fut ravie si jeune:
je vais une fois encore évoquer ton image afin de leur montrer,
belle compagne...
Danseuse dont le corps empli de ta destinée hésitante,
en suspens, comme si ta jeune chair avait été coulée dans le bronze;
pleurant et écoutant - Alors, des domaines célestes, une musique
n'émanant pas de la Terre plongea dans ton coeur altéré."
Les Sonnets à Orphée comprennent un hymne sérial à la beauté inaccessible. Par contraste, “Adieu Eurydice” célèbre cette beauté accessible de la passion érotique, de l'amour pornographique, aussi profondément que faire se puisse. Le premier chapitre “Le baiser du dolmen” se termine par quelques vers des Sonnets de Rilke: "et elle dormit en moi. Et le sommeil était tout: les arbres magnifiques, les distances que j'avais ressenties, si profondément que je pouvais les toucher, les prairies du printemps: toutes les merveilles qui m'aient jamais ravi le coeur".
Là plus cela chante...
Les Sonnets constituent la complétude de la génération que Rilke pratiqua sur l'image d'une femme inaccessible. Une préfiguration poétique du Kala Tantra, pour ainsi dire. Voici quelques exemples antérieurs du même phénomène: Ramon Lull (1235-1315) dont toute la vie mystique fut inspirée par une femme de Gènes inaccessible nommée Blanca; Pétrarque (1304-1374) qui écrivit ses sonnets en hommage à une femme inconnue nommée Laura qu'il n'avait aperçue qu'une seule fois dans sa vie; le parallèle de Dante avec sa sublime Béatrice; Novalis avec sa Sophie bien-aimée morte à l'âge de 14 ans; Holderlin et Suzette Gontard; Gérard de Nerval et Jenny Colon; Nietzsche avec Lou Salomé; Yeats, tout d'abord avec Maus Gone, le célèbre icône du Romantisme Irlandais qui avait son âge, et ensuite Margaret Ruddock, de 42 ans sa benjamine; H.D. (née Hilda Doolittle), la poétesse des USA qui, dans ses soixante-dix ans, tomba amoureuse d'un homme 30 ans plus jeune qu'elle et qui lui inspira l'écriture de son ouvrage “Hermetic Definition”. La liste pourrait être grandement étendue. Ce sont tous des Romantiques purs et durs, bien sûr, tout autant les hommes que les femmes. Holderlin et Nerval finirent cliniquement fous et Nerval mit fin à ses jours. Le fruit marquant de l'Amour Romantique, le Tantra Gaïen, n'est pas un chemin pour les coeurs mous. Il ne s'agit pas de la voie médiane bien équilibrée. Tout ce qui concerne le Tantra Gaïen est extrême et extravagant.
Comment cela se fait-il que certains de ces individus, des exemplaires de la culture Occidentale, aient pratiqué l'équivalent d'un rituel de méditation Asiatique occulte dans un contexte séculaire et sexuel, un rituel de désir insatiable focalisé sur une personne inaccessible? Il existe de nombreux précédents du processus de génération et de complétude que j'entrepris avec l'inaccessible Emma comme icône. Les “maîtres de la méditation et de la magie” du Vajrayana réalisent leurs rituels dans un environnement monastique stérile, liés par un voeu de secret, révérés sur des trônes, pieux comme des canards constipés - et enclins à tripoter et à sauter leurs acolytes dans l'arrière chambre, naturellement. Selon ce que j'en pense, ces types révérés ne viennent pas à la cheville des héritiers des troubadours Européens, à cette époque-là ou maintenant. Je possède des instructions qui pourraient faire péter les portes du Potala. Dans le Tantra Gaïen et dans le Kala Tantra, tout est au grand jour. Transparent, flagrant. Selon le Mahanirvana Tantra, 70-80:
"La Vérité est la manifestation du Brahman Suprême. La vérité est le plus excellent de tous les efforts. Tout acte authentique est enraciné dans la Vérité. Il n'existe rien de plus excellent que la Vérité.
Ainsi donc, il a été dit par le Seigneur Shiva que lorsque l'âge dégénérescent de Kali est dominant, les voies des Kalikas devraient être pratiquées dans la vérité et sans dissimulation. La vérité est antinomique avec la dissimulation. Il n'existe pas de dissimulation sans non-vérité. Ainsi donc, le tantrika dédié à Kali devrait appréhender les rites sexuels dans l'ouverture. Ce qui a été dit, dans les autres Tantras, quant au fait que la dissimulation des enseignements sexuels est exempte de blâme, ne peut pas s'appliquer durant la dernière phase du Kali Yuga."
Parfois, à certains moments au milieu de la nuit, comme celui-ci avec Kali chevauchant comme une jument en chaleur au travers des nuages, et mes chats assoupis sur mon bureau, je me demande qui sera le premier être humain à se manifester et à prendre conscience de ce parallélisme capital et de la continuité de la Romance Vajrayana: de Guillaume de Poitiers pour arriver à votre serviteur. Je me demande quel sera le suivant capable d'intégrer, et d'intégrer réellement et authentiquement, l'essence de tout cela. D'intégrer le frisson de plaisir, jusque dans la moelle. Ce serait pour moi, le terton, un jour faste. Mais je n'en suis pas à retenir mon souffle.
Le Mouvement Romantique abrita les filaments lumineux du Kala Tantra tel un ver de soie qui enveloppe douillettement les fils d'une tapisserie qui seront tissés dans les destinées humaines au travers de l'espace et du temps. La lentille du désir transcendant est la femme, inaccessible ou non. La femme capricieuse et charnelle. Guillaume, qui est communément considéré comme le premier troubadour déclara: "dirai vos de con, cals es sa leis; aussi vous dirai-je de con quelle est la loi".
En cette lune de janvier 2011, le Kala Tantra est sur le point d'accoucher. J'ai mes instructions finales. Ce tantrika se jette dans la fournaise.
Au-delà de la Prétention
C'est un fait que Rilke et moi-même partageons le même jour de naissance, avec l'alignement terre-soleil sur l'axe Antares-Aldebaran. Le mythe opérationnel de cette focalisation (Scorpion-Serpentaire) est Orphée et Eurydice. A la suite du jaillissement obsessionnel du Tantra Planétaire, je vécus quelque chose d'identique à la seconde vague résiduelle d'inspiration qui, dans le cas de Rilke, produisit les Sonnets à Orphée. Et je déversai les “Conversions de Yeats” en deux séquences, intitulées “Refuge for the Unborn” et “Tantra Outbound”. Je ne m'attend pas à ce quiconque aime ou même lise cette poésie. C'est cependant un témoignage authentique de réalisations procédant de la transmission du Terma de l'Eveil de Gaïa, du Tantra Planétaire, du Kala Tantra, du Nexus des Shaktis et de tout ce jazz.
Guillaume, Dante, Yeats, Rilke, H.D. - je me positionne en compagnie de ces puissants artistes, non pas par auto-gratification ou même par comparaison. Je ne me mesure à personne, pour le meilleur ou pour le pire, mais je perçois nonobstant le processus qui me positionne dans le même tableau qu'eux et je vous demanderais de le percevoir ainsi - si vous en êtres capables. Ce qui importe, c'est le processus. Le processus est permanent et le recrutement est ouvert. La Romance du Vajrayana est la danse la plus sauvage sur la planète. Le Tantra Gaïen est la voie rapide vers la libération. Puisse le témoignage de mon expérience poétique, nonobstant sa valeur ou son attrait, générer la reconnaissance de cette potentialité marquante et grandiose.
Afin de convier la prise de conscience qui me permit finalement d'en finir avec l'Histoire d'Emma - et de la surmonter - je présente l'une des conversions de la seconde séquence, avec un commentaire. L'original se trouve sur Youtube énoncé par la propre voix de Yeats. Ma conversion accompagnée des commentaires illustre l'une des réalisations les plus fondamentales de ma vie en tant qu'exalté de la romance et du sexe: "le désir dément toutes ces prétentions". L'énoncé de ce vers se rapproche d'un discours Bouddhiste sur le comportement illusoire qui rejoue la réalité plutôt que de la vivre authentiquement. J'ai partagé cette compréhension avec quelques personnes qui la considèrent en phase avec leur expérience propre. Si l'évocation vous sied, portez-là donc.
Ambre et Jade.
Je n'ai jamais ouï cette femme insouciante
Affirmer qu'elle était lasse de moi et de mes sagacités
Car les friponnes cruelles sont si souvent joyeuses
Ou se la jouent ainsi: duperie miellée de sourire.
Mais l'heure est au drastique -
Puisque j'en ai finalement terminé avec elle -
Afin de désamorcer, somme toute, la guerre des genres
Qui fut telle que cette mégère me blessa jusqu'au coeur.
Nous réalisons tous des mimes érotiques
Il y a Brando, il y a Kim
(C'est la minette qui joue Nadine)
Tous des acteurs qui apprennent leurs lignes
Répètent ce qu'ils joueront à l'écran
Et fantasment parfois que l'acte est authentique.
Cependant, lorsqu'ils entendent le hurlement "COUPEZ"
Ils ne fabulent plus quant à la réalité.
Le désir dément toutes ces prétentions.
Ce que vous avez voulu, mais jamais obtenu
Ce que vous avez obtenu, mais un jour perdu
Conférant un tel pathos à votre personnage courant -
Tout cela ne pourrait être qu'un jeu de rôles
Et vous ne le sauriez jamais
A moins que votre désir vrai, vous ne vous le confessiez,
Un défi des plus éprouvants.
Voilà l'animal sournois qui se dévoie
d'une scène de film à la suivante
où la promiscuité de tango déploie
les vicissitudes de la convoitise aux sexes multiples.
Mais il n'est nulle amplitude de singeries
Qui puisse rendre réelle une simple répétition
Un mode d'agir comme si
jusqu'à ce que le réel émerge,
mais de son essence, personne n'en peut rien dire
à moins que le désir ne montre la voie
et lorsqu'il la montre,
il se pourrait fort bien qu'il inverse le scénario
transformant l'amour en haine, le vice en vertu,
convertissant sauvagement, à la volée.
Ce caméo qu'un satyre exhibe
Est flanqué de deux nymphes.
L'ironie enchâsse l'apparence formelle,
Jade parsemée d'Ambre comme le chapelet
qu'il rompit et répandit sur Terre,
un gage de sa valeur ultime.
Toute révélation d'un coeur trahi
pénétrera la façade craquelée
de la pauvre prétention et remettra en jeu
la douleur dans la mascarade à venir.
Le vin kyklidéen ne peut pas être adultéré
(un authentique élixir d'amour et prégnant de plaisir)
mais toute posture procédant de la gent humaine
l'est et le sera jusqu'à ce que la mesure
de la compassion soit trouvée,
lorsque la prévarication sera intégrale et suprême.
Le caméo possède deux nymphes, en taille réelle;
le regard de jade est annelé d'azur et presque rusé.
Sous le front qu'une déesse prisa
Les yeux pétillants et sans âge sont affectés, timides.
Commentaires
Cette femme insouciante. Emma, l'héroïne légendaire du Kala Tantra. Cela commence à devenir fatiguant de toujours parler d'elle, bien sûr, mais cette femme s'avéra être un support essentiel, un yidam. La dernière fois que je la vis, elle proféra, en toute légèreté, un mensonge transparent et futile à propos de son comportement sexuel avec moi à la suite de notre rencontre mythiquement orchestrée. Son excuse contrefaite était à ce point pathétique que je fus au désespoir de tout commentaire. Son attitude poltronne, conviée dans ce style Britannique désinvolte de petitesse, imposa le silence, une fois de plus, à mon coeur douloureux. Parler avec Emma de l'expression de sentiments tels que le respect, la gratitude, la reconnaissance, la tendresse? Je pourrais tout autant tenter de parler de postures avec un mannequin dans une vitrine de magasin.
Néanmoins, je réussis à contacter réellement Emma. Ce qui est un exploit certain eu égard à l'intensité de son narcissisme. Et lorsqu'elle se déroba à toute rencontre, j'en fis un yidam, un objectif de méditation Tantrique, génération et complétude. Son absence, ses dérobades, attisèrent une flamme sacrée: le désir transcendant qui ne libère pas son objet. Amour de loin amplifié à la neuvième puissance.
Le désir dément toutes ces prétentions. Les notes suivantes complètent le commentaire Kalika à propos de la nature du désir ciblé sous Parmi les bâtards.
Démentir: 1. présenter une apparence qui n'est pas conforme avec / 2. démontrer que quelque chose est faux.
Le Kala Tantra implique un enseignement rigoureux quant aux démentis. Le verbe démentir est magnifiquement ambivalent: il signifie à la fois donner une fausse impression et dévoiler quelque chose qui est faussement présenté. Les enseignements Kalika se déclinent en deux parties. La première partie met en valeur que le désir dément la prétention: lorsque vous connaissez et incarnez votre désir authentique, toutes les prétentions qui se sont cristallisées autour du fait que vous ne le connaissiez pas, et que vous ne l'incarniez pas, se dissolvent. L'instruction immaculée de Vajrayogini a pour propos d'aider l'individu à se libérer des prétentions en admettant sincèrement la nature de son désir. La Dakini de Ciel de Diamant, qui traditionnellement adombre les Tantras Supérieurs du Yoga, enseigne maintenant le yoga du désir, le Kala Tantra. La pratique de ce yoga concerne chaque moment de la vie, chaque dilemme personnel, chaque situation ordinaire. Elle requiert d'avoir constamment à l'esprit cette dynamique: si vous ne savez pas ce que vous désirez - que ce soit pour commander un repas dans un restaurant ou pour connaître ce que vous attendez d'un partenaire dans la vie - votre ignorance vous renvoie immédiatement à un statut de prétention, par défaut. Cet enseignement implacable affirme que tout ce que nous pensons, ressentons et faisons qui ne procède pas d'un désir authentique, et reconnu, tombe sous le jeu de la prétention, de la répétition, de l'action comme si.
Telle fut ma prise de conscience à la conclusion de l'Histoire d'Emma. Durant seize mois, à savoir plus que tout le temps que nous vécûmes ensemble, je me suis tourmenté moi-même à tenter de comprendre comment elle avait pu évacuer notre intimité avec la désinvolture et l'insensibilité qu'elle afficha alors. Mais son comportement cruellement nonchalant - typique d'une mégère qui exerce son pouvoir en se débarrassant des hommes comme d'un kleenex et en prenant fierté et plaisir à le faire - me conféra un enseignement capital. Le dernier jour où je la vis, le dernier jour du cycle Vajrayogini de juillet 2009, je me sentais telle une serpillière humaine, essoré d'épuisement. Je n'avais jamais compris cette attitude blasée de rejet vis à vis de moi jusqu'au moment, ce même jour, où je sentis la lame fustigeante de Vajrayogini s'enfoncer dans mes constructions mentales. Et je compris alors: Emma ne m'avait jamais vraiment aimé et ce n'était donc pas, pour elle, un problème de m'abandonner avec cet air moqueur, heureuse d'elle-même tel un polichinelle. Elle était telle une actrice jouant une scène d'amour qui, au fil de l'action, en vient à ressentir un soupçon de l'émotion authentique qu'une telle expérience vécue dans le réel susciterait - mais lorsque le directeur dans son mental cria COUPEZ, elle stoppa de simuler immédiatement.
L'enseignement implacable de Vajrayogini, quant à se libérer des prétentions, suggère que l'analogie ci-dessus n'est pas juste qu'une analogie: Emma n'agissait pas comme si elle était une actrice, elle est en fait une actrice dans sa propre vie, une simulatrice véritable, tout comme tant de gens le sont, jouant un rôle avec ce qui pourrait être un objet de désir afin de voir comment cela se joue, si cela fonctionne ou pas. Tout ce qu'elle fit avec moi, en nous faisant plonger dans une intimité profonde, du moins de mon point de vue, elle le fit par manque de reconnaissance de son désir authentique, à savoir la conviction de l'intention sincère et intérieure en son coeur solitaire. Étonnamment, c'est ce qu'elle avoua la dernière fois qu'elle vint chez moi: "je ne sais tout simplement pas ce que je veux".
Toute prétention participe de la même dynamique: de la répétition, de la simulation pour voir comment une situation se déroule, pour découvrir ce que l'on pourrait désirer. Mais à aucun moment de la vie, je ne me suis vu dans une situation de répétition avec Emma. Je savais pertinemment ce que je voulais avec elle: elle incarnait mon désir le plus élevé d'une manière telle que nulle autre femme ne l'avait incarné. Lorsque l'objet désiré fut enlevé, je me suis accroché à mon désir le plus élevé. Et il émergea, du processus accablant subséquent, le cadre de travail du Tantra Gaïen et de la pratique de la libération au travers du désir.
Qu'en est-il donc de la seconde partie de l'instruction immaculée de Vajrayogini sur la libération de toute prétention? Elle se révèle par le biais de cette question: si le désir dément la prétention, qu'est ce qui dément le désir? La réponse surgit par l'entremise d'un autre riff brutal d'instruction de dakini.
Saraha (8 ème siècle), un mahasiddha Hindou qui est grandement admiré par le revivaliste Tantrique Daniel Ogier, était un fabricant de flèches connu pour ses enseignements très pointus sur la non-réalisation. Le message essentiel de tels enseignements est que l'illumination ne peut pas être atteinte parce que nous sommes déjà et toujours dans cet état d'attention lucide et bienheureuse. Mais il semble que nous nous en aliénons en raison du mental qui se méprend lui-même, un automatisme inconscient et obscur. La tendance du mental à se perdre et s'aliéner constitue une énigme cosmique qui se cache d'elle-même au sein des constructions mentales mêmes qu'elle génère. Néanmoins, nous pouvons détecter cet automatisme par l'observation d'un processus mental spécifique qui génère aveuglément des attitudes, des postures et des comportements.
Qu'est ce qui fait que nous nous aliénons, ou semblons nous aliéner, de l'état permanent et non-créé d'éveil total et spontané? Dans le Dohakosha, un texte fondamental de l'Ecole Mahamudra, Saraha enseigna que:
"Pour demeurer dans l'état d'illumination
arrêtez juste de prévariquer."
La prévarication dément le désir. Cela constitue la seconde partie de l'instruction immaculée de Vajrayogini. Selon la vision Kakila, le désir n'est pas un bandeau ou un obstacle vis à vis de l'état d'illumination mais les prévarications induisent l'impression fausse de s'aliéner à la fois de l'illumination et du désir. Le mécanisme de la prévarication est semé d'embûches parce qu'il induit à la fois l'impression de s'aliéner du désir et parce qu'il déguise la manière dont il le fait. Le mental humain possède une inclination tendancieuse à promouvoir l'illusion que tout va bien et qu'il est heureux, satisfait de lui-même. Les prévarications sont des mensonges intéressés et vous savez-quoi? Cela fonctionne. Cela fonctionne réellement.
Pour les Kalikas, c'est le même challenge que de vivre leurs désirs les plus élevés et d'être illuminés. Vairotsana (8/9 èmes siècles), un traducteur Tibétain qui devint l'un des trois personnages éminents dans le développement du Dzogchen, à partir des sources Hindoues et Chinoises, introduisit l'enseignement selon lequel la conscience immaculée émerge spontanément du coeur du désir. Cela constitue une méditation rigoureuse d'examiner et de dévoiler les prévarications qui démentent le désir: à savoir des fabrications intéressées, incluant des attitudes et des comportements, des jeux de rôles qui à la fois révèlent et occultent la nature du désir dénié. Cette pratique consistant à se démasquer soi-même est à la fois effrayante et hilarante et elle peut offrir une très grande édification lorsqu'elle est partagée.
Se libérer des prétentions constitue la suprême instruction de Vajrayogini pour autant que ce tantrika puisse le dire. L'illumination se développe à partir de la découverte continuelle du désir le plus authentique, d'où:
Tout cela ne pourrait être qu'un jeu de rôles
Et vous ne le sauriez jamais
A moins que votre désir vrai, vous ne vous le confessiez,
Un défi des plus éprouvants.
Jusqu'à ce que la mesure de la compassion soit trouvée. Un des trois principes du Kala Tantra (à ne pas confondre avec les trois instructions du Terma de l'Eveil de Gaïa) est: le désir est la mesure de toute compassion.
De toute compassion. C'est l'accentuation opérationnelle. Puisque la capacité pour la compassion est sans limites et infinie, elle ne peut pas être mesurée mais, dans le fait même de ne pas pouvoir être mesurée, elle en vient à être perpétuellement découverte selon des voies finies et progressives et qui sont relatives à des situations spécifiques. Personne ne peut témoigner de la compassion infinie vis à vis d'un autre individu: c'est une finalité trompeuse et illusoire. Mais nous pouvons témoigner de compassion de façon mesurée, fondée sur la reconnaissance de ce que nous désirons authentiquement. Débarrassez-vous de vos prévarications, démasquez vos propres comportements, exprimez par des actions mesurées l'amplitude infinie et non mesurable de la compassion.
Le Kala Tantra est la voie de la libération au travers du désir qui est adaptée de façon privilégiée au Kali Yuga ainsi qu'il l'est prédit dans le Mahanirvana Tantra. En cet âge de dégénérescence, la manière dont vous revendiquez et incarnez votre désir constitue la mesure de votre capacité à la compassion. L'unique mesure. Toute action empreinte de compassion qui ne jaillisse en co-émergence avec un désir authentique est une action simulée, au pire une imposture, au mieux une répétition, une façon d'agir comme si en attendant que le vrai du vrai se manifeste.
"Le point de perception, Don Juan continua, force le point d'assemblage à assembler un monde de fausse compassion mais de cruauté et de narcissisme très réels. Dans ce monde, les seuls sentiments authentiques sont ceux qui sont appropriés pour celui qui les ressent.
Pour le sorcier, l'implacabilité n'est pas de la cruauté. L'implacabilité est l'opposé de l'apitoiement sur soi-même et de l'auto-gratification. L'implacabilité est de la sobriété". (Carlos Castaneda. La puissance du silence. Chapitre 6.)
L'implacabilité dissout la prévarication. La société dans le Kali Yuga est infectée de compassion forcée et simulée inspirée par des notions à la Disneyland de spiritualité, d'illumination, d'amour, de compassion, de tolérance et de bienveillance. Les relations humaines sont déchirées par la cruauté et le narcissisme très réels de la sorte qu'Emma fit preuve à mon égard. Elle me conseilla, sur un ton acide, de devenir réel, mais en termes émotionnels de monde réel, elle était tout autant réelle qu'une crème glacée Mickey Mouse au coeur de l'Amazonie. De même que pour tant d'autres simulateurs, dans son monde "les seuls sentiments authentiques sont ceux qui sont appropriés pour celui qui les ressent."
La reconnaissance sincère et ouverte de notre désir véritable confère de l'authenticité à la compassion et la modèle à la mesure des événements - ce que rien d'autre ne peut réaliser. Telle est mon instruction.
John Lash. Andalousie. 14/22 janvier 2011.
Traduction de Dominique Guillet
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