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Le Désir dans le Tantra Planétaire
Le Défi et le Standard des Dakinis Gaïennes
John Lash
Traduction de Dominique Guillet
Le 26 janvier 2009, lors d’une visite aux USA, je transmis sur ce site les cinq composants rituels du Tantra Planétaire, sous forme de module: 1. le nom secret de dakini pour Gaïa; 2. le Voeu du Kala Tantra; 3. Le Shri Yantra, le dessin fondateur; 4. le mantra de Sodashi, le support auditif; et 5. l’instruction accompagnant le Voeu dans le système amical Tantrique.
Il se peut que ceux d’entre vous qui suivez loyalement les développements de ce site, ou des nouveaux qui viennent juste de le découvrir, vous vous demandiez: quelles sont les attentes de John Lash quant à ce que le monde devrait faire. Ou peut-être, de façon plus pertinente et réaliste, ce que John Lash va faire maintenant. Comment va-t-il procéder dans la mise en place et la mise en pratique de ces composants?
Chronologie Cosmique
Pour être parfaitement honnête, il se peut que je ne fasse rien du tout. Après avoir réalisé cette transmission et à la suite d’une mûre réflexion, j’en suis venu à prendre conscience que peut-être il n’est rien de plus que je puisse faire avec. Je me suis comparé à un météorologue qui présente son rapport à propos d’un front turbulent tout en y naviguant simultanément. C’est une assez bonne analogie et je puis continuer dans ce rôle de reporter. En d’autres mots, je puis amplifier et clarifier la matière et la méthodologie que j’ai présentées à ce jour... Mais permettez-moi de changer de métaphore pour un moment:
Avec le dû respect pour la théorie et la pratique du Tantra Planétaire, je me comparerais à quelqu’un qui vient de poser la pierre de fondation d’un édifice - un temple, si vous voulez - qui vient de dérouler quelques cordelettes et de marquer à la craie quelques lignes sur le sol, en préparation pour une future construction. J’ai produit les prémisses d’une fondation, c’est tout. Et il se peut que cela soit tout ce que je puisse faire, en raison des limitations temporelles et de mon rôle spécifique de Kalika de première génération (G-1).
Comme je l’ai expliqué quelque part ailleurs sur ce site, la tâche qui incombe à ceux qui comme moi sont nés entre 1945 et 1975 est d’annoncer et d’initier le Tantra Planétaire. J’ai calculé neuf générations de 30 années chacune, ce qui fait donc un total de 270 années, de 1945 à 2215, ce qui correspond à la fin de l’âge du Kali Yuga, et simultanément, à la fin du grand cycle précessionnel de 25 920 années qui commença aux alentours de 23 700 avant EC. Le Kali Yuga, commençant en 3012 avant EC, est le dernier cinquième de ce cycle. Il existe différents modes de calcul et de permutation de ces cycles, dont certains sont très baroques. Je considère que ces configurations, fondées sur mes extrapolations à partir du Zodiaque de Dendéra et d’autres systèmes de calendriers, sont simples et fiables. Dans la chronologie à long terme impliquant des cycles cosmiques, il est conseillé de s’en tenir à des calculs simples, légers et à minima. Il est beaucoup plus instructif d’aborder la chronologie cosmique avec un minimum de calculs.
La limitation temporelle qui m’affecte personnellement est celle de l’âge. Etant né en 1945, la première année de la première génération des Kalikas, je suis dans la soixantaine et je suis en train de contempler un projet qui va s’étaler sur 200 années dans le futur. Nonobstant tout ce que je pourrais accomplir durant le restant de ma vie, cette réalisation ne représenterait que le bord du coin (que l’on insère dans un morceau de bois) - ce qui est une autre métaphore - en ce qui concerne la pleine révélation du Tantra Gaïen. J’ai déclaré que cette pratique va se métamorphoser radicalement au fil des générations. La vision du Nexus des Shakti, avec sa structuration en 10/5/3 va changer, les icônes de la déesse vont muter, mais néanmoins la structure essentielle du grand mandala restera constante. Chaque génération va s’impliquer de plus en plus profondément dans l’interactivité et l’intimité avec cette manifestation à 18 canaux du Divin Féminin. Aujourd’hui, ceux qui sont nés en 1976, ou après, appartiennent à la seconde génération des Kalikas. Ils ont donc au maximum 33 ans. Je considère que le premier transfert de cette pratique planétaire va se manifester principalement entre moi-même et ceux de ce groupe d’âge de 33 ans, ou moins. Le rôle de ceux qui se situent entre 33 ans et 63 ans, comme moi-même, serait de consolider le cadre initial de la pratique plutôt que d’en développer l’expression subséquente. Je voudrais également souligner que le rôle de ceux qui sont nés entre 1965 et 1975, à savoir durant la dernière décennie de la G1, est particulièrement crucial quant à reconnaître et à consolider, pour le futur, les fondements du Tantra Planétaire.
Dans une large mesure, si ce n’est pas totalement, le transfert doit être réalisé de personne à personne, sur un mode individuel. Ainsi, ce que je puis accomplir par mode de transfert - “transmission”, pour utiliser le terme à la mode - au travers du médium de l’écriture est limité. Cependant, je vais certainement continuer à proposer des essais sur ce site en relation avec la théorie et la pratique du Tantra Planétaire, ou Kala Tantra comme on peut également le qualifier. Ces écrits à venir seront des essais d’orientation et des commentaires, plutôt qu’une transmission réelle. Je vais également présenter un cours mensuel permettant d’oeuvrer avec les “Shaktis Lunaires”, une façon d’apprendre l’interactivité avec le Nexus des Shaktis. Le premier des calendriers des Shaktis Lunaires en préparation aura cours entre Septembre 2009 et Septembre 2010. Je mettrai à profit le laps de temps qui nous sépare de cette période pour initier le concept et montrer comment il fonctionne, préparant ainsi ceux qui souhaitent utiliser le calendrier lorsqu’il sera élaboré.
Quant à la transmission du Tantra Planétaire à une première personne, j’invite tout individu attiré par ce projet à me contacter.
Un Terma Planétaire
En tant que terton, ou découvreur de trésor, ayant son style propre, je considère que les cinq composants rituels du Tantra Planétaire composent un terma, ou ter, un trésor de sagesse sacrée. Ces cinq composants sont tels le bourgeon terminal d’une plante destiné à s’épanouir en un trésor pleinement mature de sagesse. Il existe de nombreux termas (des milliers) dans la tradition Nyingma du Bouddhisme Tibétain mais aucun d’entre eux n’est planétaire ou global quant à son amplitude et quant à son application. Les termas reçus dans la tradition attribuée à Padma Shambava et à sa parèdre Yeshe Tsogyal présentent deux types de contenus: des enseignements élaborés quant à la nature du mental ou bien alors des rituels et des enchantements. Ces derniers sont, à ma connaissance, de loin les plus nombreux. En d’autres termes, ces termas soit proposent des enseignements épistémologiques et philosophiques complexes, soit ils proposent des actes magiques, des rituels de divinisation et de protection, etc...
Dans les deux cas, cette matière est strictement limitée à l’environnement culturel et spirituel dans lequel les termas émergent. Ils sont localement dérivés du Tibet et caractéristiques du shamanisme de ce pays et de cette culture. Ils n’ont aucune envergure planétaire et ils ne présentent pas non plus de méthodes d’interactivité avec la déesse planétaire Gaïa-Sophia qui répond à ce nom secret de dakini VV. Du moins, pas à ma connaissance. De plus, la mise en pratique des instructions contenues dans ces termas requiert une connaissance profonde et extensive du vaste corpus du Bouddhisme Tibétain dans ses aspects théoriques, rituels et visionnaires. A cet égard, ils diffèrent du Tantra Planétaire qui est accessible à tout un chacun, quels que soient son environnement spirituel, ses croyances, ses initiations, sa formation, etc.
Les termas traditionnels, cependant, provenant du Bouddhisme Tibétain partagent quand même un attribut important avec le “Terma de l’Eveil de Gaïa”, ainsi que je l’ai qualifié. A savoir que dans le Vajrayana, les termas sont étroitement corrélés aux dakinis. Cette association plonge au coeur et à l’origine de “la tradition de Trésor Tibétain des voix de transmission autoriale” (Germano et Gyatso, “Longchenpa and the Possession of the Dakinis” in Tantra and Practice). La légende Nyingma affirme que son fondateur, Padma Shambava, prépara aux alentours de l’an 800 le terma le plus célèbre de cette tradition, le Longchen Nyinthig, et prédétermina sa découverte par le terton Jigme Lingpa (1730-1798), neuf siècles en avance. Ce faisant, Padma Shambava initia le précédent quant à la dissimulation des termas dont la protection est confiée aux dakinis. Tout d’abord, il conféra les enseignements à ses proches disciples du temps de son vivant, dont sa parèdre, l’adepte Vairochana et le Roi Trisong Detsun:
“Il leur confia les enseignements par le biais des voies de la dakini émergeant naturellement, la sagesse, le principe féminin des trois corps du Bouddha. Il conféra des investitures prophétiques en déclarant que ces enseignements seraient découverts par Jigma Lingpa, une incarnation (tulku) du Roi Trisong Detsun. Yeshe Tsogyal arrangea les enseignements en scripts symboliques de mémoire inoubliable sur les manuscrits jaunes avec cinq couleurs émergeant naturellement. Grâce à des consécrations aspirationnelles, ils dissimulèrent les enseignements dans le coffret du trésor lumineux du coeur (ou trésor mental) des disciples. Ils confièrent les enseignements dissimulés aux dakinis, les sagesses de la sphère ultime, afin qu’elles les protègent jusqu’à ce que vienne le moment opportun de les éveiller au travers de la nature intrinsèquement lumineuse du mental du découvreur” (Tulku Thondup: Masters of Meditation and Miracles. Les phrases sont soulignées en gras par John Lash).
Cette légende implique intimement les dakinis à la fois dans la création et la découverte des termas, et sans oublier leur protection dans l’intervalle de temps. Le rôle des Dakinis du Ciel de Diamant et des Mahavidyas du Terma de l’Eveil de Gaïa est tout aussi intime tout en présentant une inclination différente: les Dakinis Gaïennes sont réellement les instructrices, oeuvrant par le biais de “la sagesse émergeant naturellement, le principe féminin des trois corps du Bouddha”, ou Trikaya Gaïen, comme je l’appelle. Elles ne sont pas seulement les gardiennes de ce terma, elles en sont aussi les initiatrices et les transmetrices. Les 18 d’entre elles, avec VV comme point focal, en sont les canaux instrumentaux ou les voix super-animantes de “la nature intrinsèquement lumineuse du mental” de Gaïa, celle qui est la sagesse vivante de la Terre: Sophia en Grec, Vidya en Sanscrit.
Le nom en Tibétain pour le premier terma planétaire serait Dorje Namkai Khandro Nyingthig “Essence du Coeur des Dakinis du Ciel de Diamant”. Dorje signifie “éclair de tonnerre” mais aussi “diamant, substance adamantine”. Le terme de Dakinis du Ciel de Diamant n’est pas de mon fait. Il provient du Hevajra Tantra, VII, 30 “Le samadhi de la vajrayosana est la voie vers l’extase suprême”. Les érudits traduisent vajrayosana par “la dame adamantine”. Ma traduction: “l’attention parfaite (samadhi) de la Dakini du Ciel de Diamant est le chemin vers l’extase suprême”. O combien parfaitement vrai tout cela est-il.
Standard de Dakini
Dans le Tantra Planétaire, je n’ai aucune autorité si ce n’est l’authenticité de ma propre expérience de mystique naturel et de vétéran psychonaute. Acceptez ce que je dis sur la beauté qui l’informe et expérimentez-le selon vos propres voies. Je ne suis pas un adepte accompli dans la communication avec les Dakinis Gaïennes mais les incursions que j’ai réalisées me permettent de comprendre comment une telle communication est du domaine du possible et j’ai cartographié certaines approches quant à ce que son intention et sa direction pourraient être. C’est une instruction très sérieuse, je peux vous le certifier. Excitante au maximum, exaltante et folle, mais profondément sérieuse. La première chose qui me frappa l’année passée, au tout début de mon expérience, fut le standard élevé que les Dakinis Gaïennes requièrent de ceux qui souhaitent interagir avec elles. Je ne veux pas parler de standard moral, requérant un comportement exemplaire, des règles éthiques, etc. Je ne veux pas parler non plus d’un standard intellectuel, l’exigence d’une intelligence élevée. Aussi fou que cela puisse paraître, le standard des Dakinis dans le Nexus des Shaktis ne dépend ni de l’éthique ni de l’intelligence mais ultimement du désir, de ce que vous désirez suprêmement de votre vie. Telle est mon instruction.
Prenez en considération la composition à 18 canaux du Nexus: 10 Mahavidyas ou déesses Hindoues, une fleur de joyau ou un pentagramme de 5 Dakinis du Ciel de Diamant, 2 Gardiennes Protectrices, au-dessus et en dessous, et la 18e Dakini, VV. L’attribut distinctif de cette structure est l’inclusion des Mahavidyas avec les Dakinis car ces deux classes de divinités féminines sont relativement distinctes quant à leur nature. Les Mahavidyas appartiennent à une tradition religieuse que les érudits qualifient de désidérative: c’est à dire que ce sont des divinités mystiques ou surnaturelles qui confèrent le désir. Les Dakinis, plus particulièrement les cinq du pentagramme, appartiennent à une lignée différente de quête spirituelle, la quête de la libération. C’est pour cela que les érudits les qualifient de libérationnistes.
Ces deux termes laborieux, désidérative et libérationniste, font référence à des finalités, en apparence opposées, afférentes à des quêtes religieuses et spirituelles. Il est dit communément que les dakinis Tibétaines telle que Vajravarahi sont supérieures aux déesses Hindoues telle que Matangi parce que les dakinis confèrent la sagesse de la libération tandis que les Mahavidyas ne réalisent que des désirs personnels, des souhaits, des “aubaines”, des protections vis à vis du malheur, la vengeance sur les ennemis (incluant la mort), etc. Cette vison est clairement entachée d’un jugement de valeur quant au désir, en en faisant une finalité inférieure en comparaison de la quête pour la sagesse et la libération, incluant l’intention de lutter pour la libération d’autrui.
Il pourrait apparaître qu’il existe une contradiction au coeur du Nexus des Shaktis qui inclut simultanément des agences désidératives et libérationnistes, qui pourraient être en conflit. Mais jusqu’à maintenant, selon mon expérience, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas un tel conflit parce que la coexistence de ces deux puissances féminines dans la matrice Gaïenne fusionne les deux finalités. Cette fusion est effectuée parce que l’engagement vers la finalité libérationniste, c’est à dire l’illumination, repose sur le réflexe du désir personnel. Etre libéré, même de sa propre personnalité, est également une matière de désir personnel. Et, ce qui est encore plus surprenant ( du moins ce l’était vraiment pour votre serviteur), c’est la manière dont la dynamique du désir génère la libération: comme nous atteignons la libération au travers du désir, et non pas à partir du désir. La notion de libération au travers du désir constitue la condition initiale de l’implication dans le Nexus des Shaktis.
Mais attendez, il y encore mieux. Pour atteindre la libération au travers du désir, qui constitue l’opportunité unique offerte par l’interactivité avec Gaïa et toute sa console de divinités, les Dakinis du Ciel de Diamant, qui promeuvent la libération et instillent la sagesse, collaborent avec les Mahavidyas, qui confèrent les désirs personnels, de la manière la plus étonnante: elles soutiennent toute expérience amenant à la libération, elles guident et elles instruisent, mais strictement au bénéfice des individus qui reconnaissent et revendiquent leur désir le plus élevé. En d’autres mots,
Les Dakinis du Ciel de Diamant vous hissent à la hauteur de votre désir le plus élevé, votre désir personnel suprême, et ne le dissociez pas de la quête de libération mais faites-en la condition fondamentale de cette quête.
Il est impossible de comprendre l’opportunité spirituelle sans précédent que cela représente tant que nous nous confinons à l’enseignement traditionnel Bouddhiste selon lequel le désir (en Sanscrit trishan, “soif”) est la racine de toute souffrance, tel qu’il est stipulé dans les Quatre Noble Vérités attribuées au Bouddha historique, le Prince Siddhârta ou Shakyamuni. Mais le Bouddha a menti par omission. Il ne donna que la moitié de sa vérité réalisée à l’ensemble du monde. Il enseigna que le désir constitue votre billet pour le samsara, le jeu de la renaissance. Il retint la seconde moitié de l’enseignement: à savoir que le désir est aussi votre billet pour sortir du jeu, et qu’encore mieux, c’est la récompense du jeu, le résultat gagnant. Le Bouddha réserva cette partie, il est vrai scandaleuse, de cet enseignement illuminé à un groupe sélectionné de disciples incluant son cousin Ananda, Subhuti, Mayakashyapa, Shariputra et Vimalakirti - c’est à dire les quelques élus qui reçurent une transmission mentale directe de l’illumination et qui furent investis grâce cette transmission directe par le Bouddha. Ceux qui ne reçurent pas cette expérience confirmée de l’illumination, comparable à celle du Bouddha, ne furent pas dans le secret de la seconde partie de l’enseignement concernant le désir. C’est ce que rapporte la légende orale secrète du Kali Yuga, en ce qui concerne la libération au travers du désir.
Maintenant, ayant délivré ce morceau soigné et spécifique d’information, je vous demande de prendre en compte l’élément suivant. La pratique du Tantra Planétaire est extrêmement rigoureuse parce que, étant propulsé vers votre désir le plus sublime par les Dakinis Gaïennes, vous ne pouvez pas vous engager dans une dynamique d’interactivité avec elles tant que vous n’avez pas pris conscience de la nature de votre désir le plus élevé. Interrogez-vous: “quel est mon désir suprême de vie, ce qui serait mon plaisir le plus élevé à réaliser?”. Ce n’est pas une question aisée à répondre. Je n’ai pas encore rencontré quelqu’un qui puisse y répondre, de façon claire et définitive.
Etre porté vers votre désir le plus élevé est le haut standard requis pour participer au Tantra Planétaire, la condition d’entrée mise en place par les dakinis qui promeuvent la libération, en complicité avec les Mahavidyas qui accordent généreusement toute manière de désirs personnels, n’importe quoi que vous souhaitiez.
Dessein Suprême
Lorsque je contemple l’extraordinaire standard des Dakinis en ce qui concerne le désir, je dois dire, avec une honnêteté brutale, que j’ai des doutes quant à la possibilité réelle de s’engager dans cette pratique du Tantra Planétaire. La condition initiale requise par ce standard va éliminer un très grand nombre de prétendants et de candidats. Je crois que l’âge est un facteur également. Au-delà d’un certain âge, disons la cinquantaine, il est rare qu’un individu sache ce qui constitue son désir suprême dans la vie parce que le courant de désirs tend à refluer vers l’arrière-plan, devenant de moins en moins prioritaire au fil des années qui passent. De plus, à cet âge, de nombreuses personnes auront accompli ce qu’ils considèrent être leurs désirs, que cela soit un statut social, l’aisance, la sécurité, la carrière, l’héritage familial, et ainsi de suite. Pardonnez-moi si cela semble être de l’âgisme. Je suis peut-être coupable de cette offense mais je ne fais que reporter, en toute innocence, ce que je rencontre dans chaque situation individuelle.
C’est un énorme défi que de nommer ce qui constitue le désir le plus élevé dans sa vie. Les jeunes gens n’ont pas réellement tranché mais ils ont au moins le bénéfice d’une passion à l’état brut pour les impulser à relever le défi. Le Tantra Planétaire ne va pas se développer avant la fin du kalpa, en l’an 2216, en étant transmis de façon conventionnelle par les générations anciennes aux nouvelles générations. Il sera généré par la jeunesse, intrinsèquement. La transmission G1 constitue l’exception en ce que les Kalikas de cette génération plus vieille, dont je suis, annoncent simplement la voie. La durée du Terma de l’Eveil de Gaïa est de 208 années. Vous comprendrez sans doute maintenant mieux mes réserves quant à ce que je puis réellement transmettre.
Il n’existe pas beaucoup de principes dans le Kala Tantra. Seulement trois, en fait. Il me reste encore à les expliciter sur ce site. Il ne faut pas confondre ces principes avec les cinq composants rituels de la pratique, transmis le Jour de la Transmission. Et il existe également une série d’Instructions que tout un chacun doit développer et expérimenter qui chemine sur cette voie. Une des instructions est la suivante:
“Tiens-toi à la hauteur de ton désir le plus élevé, car la capacité de libération dépend de ce pourquoi tu le désires”.
C’est un enseignement sublime et rigoureux, si je puis m’exprimer ainsi. Je met au défi quiconque de se présenter avec un principe qui exige une tonalité plus exquise et plus impitoyablement honnête de connaissance de soi. Le standard des Dakinis concernant le désir rend l’interactivité avec le Nexus des Shakti auto-sélective, de par le fait que ceux qui ne peuvent pas être à la hauteur de ce standard sont éliminés de suite. Je suis fort conscient que cette affirmation peut sembler élitiste et inciter à la séparation. Mais tous les phénomènes de la nature n’impliquent-ils pas un phénomène de sélection? Je ne parle pas de “sélection naturelle” qui n’est qu’une fiction stupide, ou de la survie des plus adaptés, qui est une tromperie malveillante. Je parle de la sélection de ce qui peut fonctionner de par ses propres termes: un bateau de piètre conception et de construction mal soignée ne va pas naviguer. Il est “désélectionné” de naviguer selon ses propres termes, sur la base de sa conception et sur l’expression dans le monde réel de sa conception.
Le désir est la mesure du dessein suprême de la nature humaine. Dans l’espèce humaine, exceptionnelle parmi les animaux mais non supérieure, le désir détermine qui est sélectionné pour l’interactivité avec Gaïa et comment.
Corrigez-moi si je suis dans l’illusion mais cela me semble être une notion extrêmement radicale. J’en suis moi-même choqué. Je n’ai pas trouvé cette notion exprimée ou même impliquée dans la science évolutive ou dans la philosophie religieuse. Je suis personnellement bouleversé par cette vérité, si tant est que cela soit réellement une vérité. Le fait qu’il semble que je sois celui qui l’énonce pour la première fois, dans ce langage précis, ne me la rend pas moins étonnante.
J’ai découvert que, lorsqu’on leur demande d’affirmer leur désir le plus élevé, les gens éprouvent de la confusion et de la perplexité. C’est parce que, tout d’abord, le désir est devenu voilé et déviant dans l’atmosphère de notre monde où tout peut être possédé, et parce que, secondement, de nos jours, nous ne faisons pas l’expérience du niveau de plaisir intense qui nous harmoniserait à notre désir le plus sublime - tant bien même que nous semblions, en Occident, vivre dans une société de complaisance et de gratification de tous les désirs.
L’échec à identifier son désir le plus élevé est un problème hédonique, caractéristique de la dégénérescence du plaisir dans le Kali Yuga.
Je dois ajouter, mais sans l’expliciter plus avant, vu les limites de cet essai, que le désir de lutter pour la libération de tous les êtres sensibles (le Voeu du Bodhisattva) est faux et ne vous conduira pas même à un premier rendez-vous avec les Dakinis. Cela ne peut pas être le désir le plus élevé de quiconque parce que c’est un implant, un souhait prescrit. C’est un plaidoyer pour le service, il est vrai, mais la notion de service n’est pas au programme des Dakinis Gaïennes: ni le service ni l’égoïsme participent de la reconnaissance individuelle du désir le plus sublime. De plus, le Voeu du Bodhisattva est irréalisable, c’est une motivation vaine. Le désir d’aider à la libération d’un autre être sensible, un seulement, pourrait correspondre, peut-être, au standard Dakini. Mais voyons, on parle d’amour, n’est-ce pas? Et l’amour est personnel.
Notez également que l’amour n’est pas un terme en usage dans la philosophie Bouddhiste. Compassion, oui: karuna. Amitié, oui: maitri. Mais il n’existe pas de terme propre pour l’amour dans l’idiome Bouddhiste. Le Sanscrit ne fait qu’une distinction pauvre entre amour et désir, en les classifiant tous deux sous le terme générique, kama.
Le plaisir est à la fois la condition initiale et le résultat final de revendiquer votre désir le plus élevé. En d’autres mots, plus vous éprouvez du plaisir, pour le pur plaisir du plaisir, en surabondance hédoniste, plus vous vous rapprochez de l’harmonisation avec votre désir authentique. Et lorsque vous posséderez votre désir authentique, c’est en lui que vous réaliserez également votre plaisir le plus élevé.
Le désir et le plaisir sont complémentaires et intergénérateurs. Co-émergents, pour se référer au jargon Bouddhiste.
Je répète, le standard Dakini détermine un processus d’auto-sélection quant à l’interactivité. Prenez en compte l’élément suivant: si vous vous focalisez sur votre désir le plus élevé et que cela n’est pas, en fait, le vrai et l’authentique mais un désir fallacieux, mal perçu ou mal affirmé, vous pouvez vous retrouver éjecté de suite du parcours. Dans cette pratique, un coup raté de peu est presque toujours fatal. Par exemple, supposons que votre désir le plus élevé soit d’être célébré comme le skieur le meilleur au monde. Décliné précisément de cette manière, parce qu’il doit être défini précisément pour correspondre au standard. Mais supposons que cela soit un désir spécieux ou mal affirmé, le désir authentique étant d’être le meilleur skieur au monde, même sans être reconnu comme tel, sans renommée. Même une imprécision aussi légère quant à votre désir le plus élevé va vous disqualifier totalement de la sphère d’interactivité. La syntaxe est cruciale: par exemple, “Mon désir le plus élevé est d’être le meilleur skieur de descente au monde, que j’en sois ou non célèbre pour cela” est une formulation plus convaincante, correspondant au standard de haute définition. Sans une telle rigueur de formulation, vous n’allez pas même atteindre la première case de la guidance et de l’instruction des Dakinis, sans même mentionner la générosité prodigue des Mahavidyas qui sont prêtes, désireuses et capables de vous conférer quoi que ce soit qui soit compatible avec votre désir le plus élevé.
Le Jeu de Kali
Le jeu est la métaphore d’enseignement fondamentale pour l’Age de Kali. Défini en cet idiome,
Le Tantra Planétaire est le jeu désidératif avec une finalité libérationnelle. C’est dans cette fusion paradoxale que réside la sélection automatique pour la pratique: sachez ce que vous désirez suprêmement afin d’être libéré d’avoir à désirer quoi que ce soit.
De réaliser ce standard de connaissance de soi ne constitue pas le résultat final de l’interactivité Gaïenne dans le Tantra Planétaire: c’est la condition d’entrée pour la pratique. Mais c’est également la finalité de la pratique. Le Tantra n’est pas un processus impulsé par la quête du résultat. C’est une dynamique de rétroaction instantanée, c’est un revirement immédiat et permanent. C’est pourquoi cet essai sur le désir se situe dans la rubrique FINALITE.
Je ne peux pas enseigner à quiconque comment définir son désir le plus élevé. Personne ne le peut. C’est à chacun de le découvrir ou de ne pas le découvrir. Je crois que les Kalikas G2, nés en 1976 ou après, seront plus à même de revendiquer leur désir le plus élevé et que les générations suivantes auront même encore de meilleures chances. Les chances seront meilleures mais le nombre de participants auto-sélectionnés va diminuer proportionnellement en raison de la croissance exponentielle de la population à laquelle nous sommes présentement confrontés. Il pourrait être argumenté que les individus de la seconde génération et des générations suivantes, vont être à ce point bombardés par la transe de consommation et la programmation mentale massive, et impulsée par les médias, de chacun de leurs souhaits et de leurs caprices qu’ils auront beaucoup plus de difficultés à identifier leur désir le plus élevé. C’est possible mais j’ai l’intuition profonde que plus le jeu d’acquisition deviendra désespéré, plus les chances pour certains joueurs vont s’amplifier.
Pour l’exprimer en d’autres termes, la percée vers le désir le plus élevé va être spectaculaire dans les générations futures, avec une plus grande fréquence de coups au hasard, en raison des conditions extrêmes de conformisme social. Je peux visualiser qu’une poignée d’individus seront poussés par des contingences extrêmes à connaître leur désir le plus élevé comme leur seul moyen de survie, moralement et physiquement, dans un monde social qui a perdu tout sens de ce qui vaut la peine d’être désiré.
“Lorsqu’il prévaut une abondance de plaisir et de désir, quelle est la finalité de parler de l’union avec le Divin et lorsqu’il y a une union en dehors de ce monde, où est le plaisir dans l’ici et le maintenant? Mais les Kalikas connaissent les deux.
O Sadashiva, Bienfaiteur de l’Univers! Tu as généreusement parlé de la manière de rendre hommage à la Prakriti Suprême, la Puissance Mère, qui oeuvre au bénéfice de tous les êtres en toute égalité et qui pourvoit la seule voie simultanée pour le plaisir et la libération, le chemin unique de la libération immédiate dans le Kali Yuga”. Mahanirvana Tantra.
John Lash. 21 février 2009. Andalousie.
Traduction de Dominique Guillet.
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