Balance: le cycle de Vishvamata
L'énigme de la réciprocité, humaine et cosmique
John Lash
Traduction de Dominique Guillet
L’humeur de post-équinoxe de 2009 confère une opportunité exceptionnelle pour impliquer l’une des plus rares devatas du Nexus des Shaktis, Vishvamata, appelée “la Mère Diversifée”. Elle appartient au pentagramme étoilé entourant VV et acquiert donc, ainsi, le titre de Dakini de Ciel de Diamant dans le Tantra Gaïen. Mais, selon la tradition reçue du Bouddhisme Tibétain, Vishvamata est une “Bouddha Femelle”. Son statut est compliqué, cependant, parce qu’elle figure aussi en tant que Dakini consort dans le rituel astrologique appelé “La Roue du Temps”.
Dans le système du Kalachakra, Vishvamata s’engage dans le yoga des consorts avec son partenaire mâle, ainsi illustré:
Kalachakra, le devata mâle, est bleu et Kalichakra (ainsi que Vishvamata est appelée) est de couleur or. Les thangkas abondent en détails iconographiques spécifiques mais, à mes yeux, la plupart de ces tableaux Tibétains se ressemblent à s’ennuyer: les bras s’agitant et les postures stéréotypées, les auréoles de flammes ou de nuages, les instruments de rituel et ainsi de suite... Il se peut que l’art religieux Tibétain et Hindou soit la source d’imagerie visuelle pour le Nexus des Shaktis mais, quant à moi, je préférerais sincèrement que le phénomène se distance de sa source.
Ma propre impression des puissances en jeu dans le Nexus des Shaktis est non-figurative, ou non-iconique, et beaucoup plus turbulente et chaotique, comme suit:
"Dakini", par Timothy Helgeson.
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Le système du Kalachakra, dans le Bouddhisme Tibétain, est très largement connu en raison des cérémonies publiques animées par le Dalaï Lama. Sans m’appesantir sur les complexités de ce système, je vais essayer d’extraire Vishvamata de la tradition reçue et de la présenter sous un nouveau jour spécifique au rôle d’une dakini Gaïenne adombrant un cycle lunaire.
Problématiques d'Observation
Un mois lunaire adombré par Vishvamata est relativement rare et se manifeste peut-être toutes les cinq ou huit années (je n’ai pas vérifié dans les Ephémérides pour une estimation plus précise). Pour approcher cette devata, il nous faut tout d’abord comprendre les conditions astronomiques spécifiques qui s’appliquent à son cycle.
Les shaktis lunaires se révèlent à partir de l’observation du Zodiaque de ciel réel composé de treize Constellations irrégulières. Les structures stellaires de l’Ecliptique (ECL: chemin de la Terre, du soleil et de la lune) sont irrégulières en forme et en amplitude et ce ne sont pas des unités de 30 degrés chacune. Dans le déploiement zodiacal intégral, quatre constellations couvrent une moyenne de 20 degrés d’amplitude sur l’écliptique. Ces quatre constellations minuscules sont (en utilisant leurs noms livresques afin de les distinguer des signes astrologiques d’amplitude égale) le Bélier, le Crabe, la Balance et le Poisson-Chèvre. Leurs limites ne sont pas strictement déterminées. Le Poisson-Chèvre, par exemple, peut être visualisé avec une extension de 22 à 24 degrés. A comparer avec le Taureau qui s’étend sur 37 degrés ou avec la Vierge qui s’étend sur 45 degrés. Dans la plupart des cas, les limites entre les constellations ne sont pas claires et définies mais, au fil des années, j’ai en élaboré des estimations fiables. J’en conclus que quatre constellations s’étendent sur 24 degrés, ou moins, sur l’écliptique. Il est intéressant de noter que ces quatre constellations minuscules se situent à angle droit les unes par rapport aux autres.
Note: Ces quatre constellations minuscules du Zodiaque stellaire sont représentées dans le modèle sans étoiles de l’astrologie conventionnelle par les quatre Signes Cardinaux: Aries, Cancer, Libra et Capricorne. Nous pouvons négliger cette corrélation apparente parce que le cadre de l’astrologie de signe solaire nous distrait de toute tentative de nous instruire quant aux structures observables du ciel nocturne. L’astrologie populaire, de signe solaire, utilise un format abstrait et non-observable.
Le problème de la détermination du cycle de Vishvamata est du à l’étroitesse de la Constellation de la Balance, l’étroitesse de sa région. La lune se déplace de 13 degrés environ tous les jours; donc, en l’espace de deux jours, 48 heures, elle peut transiter cette constellation dans son entièreté. Mais dans les deux premiers jours d’un cycle lunaire, il peut s’avérer impossible d’observer le croissant lunaire de coucher de soleil. A proprement parler, nous identifions la devata qui adombre le cycle à partir de cet acte d’observation et non pas théoriquement ou shématiquement.
Octobre 2009 illustre une situation ambiguë quant à la détermination de ce nouveau cycle. Le dimanche 18, la nouvelle lune (non-observable) se situa à ECL 205: dans la main droite de la Constellation de la Vierge, en conjonction avec l’étoile Spica: dans le torse inférieur de la Constellation de la Vierge (et non pas de Virgo, le signe de l’astrologie sans étoiles). A ce moment exact, la lune s’approche de la Balance. La frontière entre la Balance et la Vierge se situe à ECL 218. Donc, en une journée, le 19 octobre au coucher de soleil, la lune aurait juste progressé dans la Balance mais à ce moment-là, le croissant serait trop fin (trop proche du soleil) pour être visible. Le jour suivant, le 20 octobre, la lune serait à ECL 223, elle serait alors observable comme un croissant effilé positionné sur le fléau de la Balance. Ce serait donc idéalement le premier jour d’observation. Le jour suivant, le 21 octobre, elle serait juste à trois degrés (à peu près six heures) des limites du Scorpion, la constellation suivante. Sous ces conditions, il n’existe qu’une latitude exceptionnellement étroite pour observer le croissant lorsqu’il se tient de fait dans la Balance.
Il se trouve que le croissant lunaire de coucher de soleil dans la Balance ne sera observable qu’une fois toutes les quelques années et non pas annuellement, sur une base régulière. Le cycle de Vishvamata n’arrive pas tous les ans mais, pour autant que je puisse dire, seulement toutes les cinq ou huit années. Sinon, le roulement passe directement de Sodashi (la Vierge) à Kamala (le Scorpion) ou Parnarshavari (le Serpentaire).
Cette année, je ne pouvais pas observer le croissant lunaire dans la Balance à partir de l’Andalousie en raison de conditions nuageuses. Cependant, je déterminai qu’elle prenait le roulement le 19 octobre. Bien que je n’eusse pas de confirmation visuelle de son tour, le ton et le thème de la transmission, tels que je détectai ces éléments, indiquait que c’était en fait son cycle et non pas celui de Kamala ou de Parnarshavari.
Arrière-Scène
En anticipation de ce nouveau cycle, je ne savais pas quoi attendre de Vishvamata. Les références à cette devata spécifique dans les sources Tibétaines ne sont pas particulièrement utiles. Ainsi que j’ai souligné ci-dessus, elle est la consort de la divinité appelée Kalachakra, “la Roue du Temps”. Elle figure, ainsi, dans le système complexe du Kalachakra, un système d’astrologie, de géomancie et de divination datant du 10 ème siècle. J’ai toujours été rebuté par les complexités rituelles et iconographiques de ce système et je n’en tiens donc pas compte dans mon approche de Vishvamata. Néanmoins, voici un morceau de choix. Dans “Female Buddhas”, Greg Mullin donne quelques informations non disponibles ailleurs. Il dit que Vishvamata est une “Buddha Femelle” , indiquant un statut élevé, au-delà du statut de dakini. Son titre de “Mère Diversifiée” n’a pas d’explication mais elle est dite incarner:
«la sagesse de tong-zuk, ou “la forme vide”, un terme faisant référence à l’opération Tantrique qui permet au praticien de dissoudre la structure atomique de son corps intégral. Grâce à l’application de tong-zuk, le praticien de Kalachakra peut aller au-delà des simples yogas du corps d’arc-en-ciel des Yogas Tantras ordinaires les plus élevés afin de transformer son corps en un vide intégral qui n’apparaît présent qu’en raison d’une forme mentale projetée, quelque peu à l’image d’un hologramme.. Vishvamata, la Mère Diversifiée symbolise cette capacité.»
Tong-zuk? Cela ressemble à quelque chose que l’on commanderait dans un restaurant Chinois pour le petit déjeuner. La dissolution de la structure atomique du corps physique intégral? Cette pratique est à ce point occulte que même John Lash n’en a jamais oui! Cela vous emmène au-delà des simples yogas du corps d’arc-en-ciel des Yogas Tantras ordinaires les plus élevés. Vraiment? Que Buddha bénisse mes bottes en fourrure de yak! J’étais en train de patauger dans un modèle 1945 de sprul-ku, mon humble véhicule de transformation, en pensant que j’étais bien avancé dans les gloires de l’arc-en-ciel, ou du moins que je ne m’en sortais pas trop mal pour un gars du fin fond du Maine sans instruction formelle lamaïste, et voilà que j’apprend que les Yogas Tantras ordinaires les plus élevés sont bien à la traîne des merveilles du tong-zuk. J’en suis fort contrit.
Je me demande si tong-zuk ne serait pas tout simplement un autre segment d’intoxication Tibétaine, une simulation mystique de fantaisies yoguiques pour leurrer les innocents et les nantis. Je suis enclin à écarter cette notion comme quelque chose de naïf et de ridicule bien que je sois certain que la promesse d’un corps de réalité virtuelle tentera énormément certaines personnes. Plus particulièrement celles dont la vie sexuelle se réduit à télécharger de la pornographie sur internet.
Signal Initial
Lorsque je ne suis pas capable de déterminer la devata en cycle par l’observation directe de la lune, je me connecte à la tonalité et au thème de la nouvelle transmission. Dans l’intervalle du 19 Octobre au 16 novembre, je savais que je serais en train de transcevoir soit Vishvamata (Balance) soit Kamala (Scorpion). J’étais familier avec la signature de fréquence de l’ultime devata de l’année passée et je savais, ainsi, que je pouvais m’attendre à ce que le signal clairaudient de Vishvamata fût différent, nouveau et distinct.
Et il le fut assurément. Durant le quatrième jour du cycle, je reçus cette syntaxe:
Pas de pensée, pas de chose: instruction suprême de la Balance. Et c’est ainsi.
J’étais totalement éberlué. Ce message ne participait définitivement pas de la fréquence de Kamala telle que je la connaissais à partir de la transception de l’année auparavant. Ce langage était vif, distinct, forgé dans un nouvel idiome, ayant recours à une tonalité que je n’avais pas captée jusqu’alors. Au moment où ce langage me traversa l’esprit, j’eus l’intuition suivante: c’est la signature de Vishvamata. C’est son signal d’entrée, sa “signature d’appel”. Mais à la différence d’autres transmissions de dakinis qui seraient alors continuelles au cours du mois lunaire entier, le nouveau signal commença et se termina avec cette unique proposition télégraphique et laconique.
Réfléchissant sur cette situation inhabituelle, je me rappelai ce que j’avais lu au sujet du sandhya-bhasa, “le langage arc-en-ciel” ou “le langage intentionnel” des dakinis. Selon le terton Nyingma dont les initiales sont similaires aux miennes, JL, lorsqu’elles souhaitent terminer une transmission, les Dakinis disent «dissolution des symboles»! Dans mon expérience d’écoute des canaux clairaudients, la transmission de dakini est intensément concentrée. Elle présente une distillation, dans une syntaxe précise, des réalisations possibles d’un vaste spectre de compréhension conceptuelle. Cela ne s’éternise pas comme les divagations sans fin du channeling. Leur transmission est laconique et incursive et non pas prolifique et discursive. Et lorsqu’une dakini souhaite terminer une transmission, elle vous le fait savoir. Dans un signal comparable à “dissolution des symboles”, la devata en transmission du Nexus des Shaktis va terminer avec la phrase «et c’est ainsi».
J’étais étonné par la brièveté de la transmission de Vishvamata mais également par son recours distinctif au signal de fin de syntaxe: «et c’est ainsi». Tel que je le comprend, cette phrase véhicule une injonction claire, se rapprochant même de l’avertissement: cessez de penser au sujet de ce que vous avez reçu, portez-le dans le silence de votre mental, il n’est rien en votre mental qui puisse interpréter ou développer ce message et il n’est nul besoin que vous le fassiez.
J’étais stupéfait par l’intonation Zen de la transmission initiale de Vishvamata. Pour autant que je le puisse, je gardai mon mental dans un état de calme, immergé dans une attention non-conceptuelle sans réfléchir à cette proposition persuasive: Pas de pensée, pas de chose: instruction suprême de la Balance. Et c’est ainsi. Je conseille à chacun d’entre vous de faire de même, de la savourer mentalement sans la disséquer ou tenter de l’interpréter.
Instruction Simultanée
A la suite du signal initial, je ne savais toujours pas à quoi m’attendre. Mais je restai connecté au canal sur lequel je le reçus et j’attendis une instruction subséquente.
Elle me parvint de la manière la plus remarquable. Lorsqu’elle reprit, la tonalité et l’idiome de Vishvamata furent étonnamment désinvoltes. Ce style familier de communication est peut-être une caractéristique d’une Bouddha Femelle (quelle qu’en soit la nature!). Sa fréquence était douce et fluide, tel le son d’un ruisseau s’écoulant sur des galets bien polis entre deux rives moussues et bien espacées. Le signal était presque assourdi, mais en y prêtant bien attention, j’eus l’impression que cela indiquait un style d’intimité ne ressemblant à rien de ce que j’avais antérieurement rencontré avec les Mahavydias ou les Dakinis de Ciel de Diamant du Nexus des Shaktis. Dès le début, Vishvamata assura qu’elle était toujours de service et qu’elle pouvait discourir, en détails, sur quoi que ce fût afférent à son domaine. Son ton était réconfortant, relaxé et relaxant. Elle inspirait la confiance.
Ainsi que souligné, ce n’est pas le style d’une instruction de dakini d’être prolifique, d’une exubérance infinie, produisant un débordement massif d’informations qui s’entassent en volumes à l’instar de ce qui es transmis, souvent, au travers du channeling. Néanmoins, Vishvamata m’informa que sa transmission est quelque peu discursive. Elle se déploie au fil du temps d’une manière spécifique parce que son style d’instruction requiert de la réflexion et de l’assimilation. Elle m’expliqua patiemment qu’elle communique comme un guide touristique qui vous accompagne lentement au travers d’un site ou d’un musée, commentant en détails sur ce qui se présente le long du chemin. Sa transmission n’est pas décisive ou brutalement incisive, tel que je m’y étais habitué avec les autres devatas. Vishvamata a besoin de prendre son temps et elle nous montre qu’elle enseigne au fil du déploiement des événements et des relations, alors que ces événements se manifestent et que ces relations se métamorphosent devant nos yeux.
Vishvamata m’enseigna cette simultanéité comme la signature de son style unique d’instruction, au contraire des transmissions ressemblant à des coup d’épée brutaux des autres dakinis.
Je considère qu’un tel style caractérise Vishvamata comme une “Bouddha Femelle” qui fait preuve d’une patience extraordinaire vis à vis de ceux qu’elle instruit et qui, par conséquent, adapte ses enseignements à leurs limitations. Dans la simultanéité - à savoir son talent unique de projeter des intuitions rebondissant sur les schémas mutables des événements et des relations - elle est “diversifiée,” experte es-versatilité. Je serais tenté de l’appeler la Dakini de Mode Fractal. La fractalité est la similarité de formes sur diverses échelles. Les modalités du Bouddha de Sagesse que constitue Vishvamata viennent à l’esprit aisément et de manière accessible parce qu’elle adapte son instruction, en toute fluidité, à l’échelle de notre expérience à tout moment, relativement à toute situation changeante. O combien sophistiqué.
Réciprocité
Pour l’instant, tout va bien. Au bout d’une semaine de ce cycle, j’avais établi une attitude confortable de réception vis à vis de cette divinité tutélaire jusque là inconnue. Et puis, du bleu du ciel, me parvint un autre éclair Zen d’instruction:
La réciprocité se manifeste non pas en retour mais chacun son tour.
Cette proposition n’incluait pas la formule de clôture: “et c’est ainsi” et je pensai qu’il était approprié de réfléchir sur le langage opérationnel, de le développer et de l’interpréter. En réfléchissant sur le contexte de la Balance, je formulai une question à propos de la réciprocité. Je m’interrogeai, depuis un certain temps, sur le manque apparent de réciprocité dans ma vie alors que cela semblait couler de source pour certains qui ne s’en souciaient pas plus que cela. Je fus quelque peu perplexe à ce sujet durant un couple de mois de l’été passé... Mais avec l’arrivée du cycle de Vishvamata, signalé par le croissant lunaire de coucher de soleil dans la Balance (équilibre, réciprocité), je me demandai si je pouvais acquérir quelque nouvelle perception.
Dans la syntaxe de Vishvamata, je perçus la clarification de ce que je savais déjà: dans les relations imprégnées de générosité authentique, on ne cherche pas à ce qu’une action soit compensée ou repayée. Mais, cependant, on est attentif à ce que l’autre personne fera “à son tour”, selon son propre rythme, spontanément, et non pas sous l’obligation de repayer ou d’agir “en retour”. Je décrirais mon attitude à cet égard comme une attitude de curiosité plutôt que d’attente: je suis curieux de voir ce que les gens vont donner d’eux-mêmes et de voir ce qu’ils ont, ou ce qu’ils connaissent ou ce qu’ils ressentent, purement pour le plaisir de donner et non pas sous l’obligation de “retourner”, de “rendre” un acte ou un cadeau. La formulation de Vishvamata constituait une définition convaincante de ce que je recherchais dans les actions d’autrui vis à vis de moi-même.
Dans la réalité, très peu me revient de quiconque “à son tour”. Ma générosité (pour ce qu’elle vaut) peut être modeste ou extravagante mais, dans les deux cas, elle est exercée sans attente de retour ou de compensation. Ces derniers temps, néanmoins, j’avais commencé à émettre quelques doutes quant à mon propre comportement à cet égard. Plus particulièrement dans la problématique avec Emma, c’était quasiment tout donner et rien recevoir. Je ne demandais pas ni ne m’attendais à ce que cette femme fasse quoi que ce soit “en retour” mais je me demandais ce qu’elle pourrait faire “à son tour”, agissant à partir d’une inclination pressante et intérieure de donner, de prêter attention et de partager. Dans le cas d’Emma, il advint que cela ne fut presque rien. Ce déficit d’action “à son tour” m’alerta sur le fait que quelque chose était fondamentalement erroné dans ma vision de la réciprocité.
Il est vrai qu’il pourrait être objecté que de chercher quelque chose “à son tour” est une attente qui fausse les relations humaines et que cela peut être évité. La personne authentiquement et inconditionnellement généreuse - une personne totalement illuminée et aimante, si vous préférez - n’attend pas des autres qu’ils agissent de même et ne dépend, en aucune manière, d’un tel comportement, pourriez-vous penser. Je suis en total désaccord. Pour une personne qui donne spontanément, ce n’est que naturel de rechercher ce même comportement chez autrui. C’est une joie naturelle d’être généreux, aimable, ouvert et partageur. C’est un plaisir authentique et essentiel de la vie. De même, c’est une joie et un plaisir d’être le témoin de ce comportement chez autrui, en réciprocité libre. Il ne s’agit pas de l’attendre ou de l’exiger et certainement pas de se sentir en dû de générosité de la part d’autrui mais d’observer autrui attentivement, et de manière détachée, et de se demander comment quiconque puisse vivre sans être généreux! Et de prendre en considération pourquoi quiconque voudrait agir de telle manière, en retenant ce qui peut être aussi aisément et librement donné!
Et bien, de nombreuses personnes le peuvent et le font et même prospèrent ce faisant. J’ai appris cette leçon brutalement avec Emma, une preneuse froide et experte. C’est une personne apeurée et non généreuse qui prend ce qu’elle veut et n’accorde aucune pensée à la réciprocité si ce n’est de manière triviale, un sou pour un sou. Ce fut pour moi une révélation brillante, sans aucun précédent dans ma vie intime. Je n’ai jamais rencontré une telle pauvreté et une telle méfiance vis à vis de la générosité, franche, intime et personnelle.
Un Raccourci de Tulku
Les racines des énigmes de la réciprocité s’enfoncent profondément. La formule succincte de Vishvamata vérifia mon intuition la plus intime, pour autant qu’elle le pût. Elle me confirma que je soutenais une vision vérifiable et correcte de la réciprocité: je ne recherchais pas quelque chose en retour pour ce que je donne (de moi-même, de ce que je possède, de ce que connais, de ce que je ressens, de ce que j’imagine, etc) mais j’étais ouvert aux autres agissant “à leur tour” vis à vis de moi. Généralement parlant, ils ne le font pas. La réciprocité de cette nature est presque totalement absente de ma vie, plus particulièrement eu égard à ce que j’espère offrir en tant qu’instructeur et en tant que terton, un découvreur de trésors. Toute mon oeuvre spirituelle, pour ainsi dire. Cette oeuvre est offerte au monde largement non reconnue et sans réciprocité.
Je suis encore en train de méditer la formule de réciprocité de Vishvamata dans les relations humaines. Je suis sûr qu’il nous reste beaucoup plus à apprendre dans ce domaine. En réfléchissant sur sa formule concise d’une douzaine de mots, je peux percevoir comment la réciprocité se manifeste dans ma vie, ou ne se manifeste pas - ce qui est en fait plutôt le cas. Mais je suis encore très perplexe eu égard au déséquilibre criant entre ce que je confère au monde et ce qui m’est offert.
Durant le reste de ce cycle, je bénéficiai, plus ou moins, d’un accès continuel aux transmissions de Vishvamata. Je fus enchanté par sa tonalité, un mélange d’intimité familière et encourageante et de détachement illuminé. Vishvamata m’informa qu’elle m’enseignerait quoi que ce soit que j’avais envie d’apprendre, procédant à mon rythme, selon mes limites et mes besoins. Je compris que son instruction concernait des matières spécifiques à son domaine, le domaine de la Balance, c’est à dire l’équilibre, l’ordre cosmique, la réciprocité (en écartant la notion fallacieuse de justice souvent associée avec cette constellation). Faisant de la Balance un de mes sujets de prédilection au fil de nombreuses années, j’ai accumulé une masse de matière à propos de cette constellation et des structures d’étoiles afférentes à l’extérieur de la zone écliptique. Notez bien: la Balance est l’unique artefact humain parmi les treize constellations zodiacales. Je suis convaincu que cette image archétypique est corrélée intimement à la thématique du temps, à la notion de compensation ou de karma, et au processus par lequel les choses éventuellement arrivent à un équilibre au cours du temps. C’est pour cela qu’elle est en phase avec la Roue du Temps associée avec Vishvamata. Sa signification est unique pour d’autres raisons également.
Bien avant, j’avais observé que la Balance est intimement corrélée à la Constellation d’Ara placée dans le ciel septentrional au-dessous du Scorpion. Le terme Tibétain Tulku, donné dans la tradition astronomique Tibétaine à Ara, signifie autel. La relation entre la Balance et l’Autel suggère quelque connexion entre “la balance/loi cosmique” et le processus mystérieux de réincarnation sériale, le phénomène du tulku.
Scorpion illustré avec ses pinces attaquant la Balance. Ara, l'Autel, se trouve en-dessous du dard du Scorpion (Star Atlas de J. van Keule, Amsterdam, 1709). Les figures sont copiées à partir d'un globe; elles apparaissent donc renversées par rapport à l'observation réelle: comme si elles étaient vues à partir d'un point lointain dans l'espace, en regardant vers la Terre.
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Dans le Bouddhisme Tibétain, un tulku est un lama se réincarnant habituellement dans un jeune garçon. L’enfant mâle est “l’autel” pour l’identité récurrente (ou la mémoire récurrente tel que je conçois ce phénomène). J’ai réfléchi depuis très longtemps au phénomène du tulku sans arriver bien loin et les initiés Tibétains ne s’expriment pas beaucoup quant à la manière dont ce transfert s’opère. Je présume que le tulku ne renaît pas littéralement dans un enfant mais prend racine dans la psyché de celui-ci lorsqu’il est encore jeune, probablement durant la phase pré-verbale. Je subodore que c’est pourquoi le coucou est sacré dans le Bouddhisme Tibétain: les coucous sont les seuls oiseaux réputés nicher leurs petits dans le nid d’autres oiseaux.
Dans l’occultisme Occidental, les adeptes et les initiés très évolués sont également réputés pour leur capacité de diriger et de contrôler leur réincarnation, en choisissant quand et où se réincarner. J’ai toujours été troublé par ce scénario incapable que je suis d’élaborer une conception satisfaisante à cet égard.
En réfléchissant sur ce thème exaspérant du tulku, j’avais l’impression que Vishvamata était toujours présente, observant mes pensées sous un angle latéral: comme quelqu’un regardant par-dessus votre épaule et observant avec vous votre reflet dans le miroir. La devata m’informa qu’elle m’expliquerait patiemment, dans son rôle spécial de maîtresse “de la Roue du Temps”, tout ce que je voulais savoir quant aux vies séquentielles et quant au processus de réincarnation sérielle. Entièrement tout.
Quelle proposition! Et croyez-moi, affirmée avec une telle familiarité et élégance. Mais étant le kalika extravagant que je suis, je suis allé encore plus loin. Dans ce style présomptueux et débonnaire qui me caractérise, je lui dis «Ecoute, je ne jouis d’aucune réciprocité étendue ou même adéquate pour le Tantra Planétaire ou le Kala Tantra et il semble que cela ne va pas venir de si tôt et probablement pas avant que je ne sorte de ce film. Je suis un terton qui voit ses trésors négligés et tant bien même sais-je que tout vient en son temps - parce que les trésors d’un terton sont destinés au futur et à ceux qui en bénéficieront plus tard dans le temps - mais, franchement, je ne suis pas satisfait de cette situation classique.»
Il s’ensuivit une pause lourde de sens. Il semblait que Vishvamata prêtait attention à ma protestation comme si elle était vraiment digne de son intérêt. Comme si elle considérait comment me renvoyer cette explosion irascible au travers d’une instruction adaptée à mes limitations. Généralement, je ne plaisante pas avec les dakinis de cette manière mais cette dévata me mettait à l’aise avec moi-même. Je continuai donc: «Ecoute, la meilleure façon de m’assurer que mes trésors de sagesse vont bénéficier à ceux qui viennent après moi, c’est que je revienne après moi-» Avant que je ne pusse terminer avec ce fil de pensées, Vishvamata m’interrompit: «D’accord, je peux t’enseigner comment revenir sans le recours à la réincarnation physique et la nécessité de passer par l’enfance et l’adolescence». «Tu veux dire, comme un walk-in?» demandais-je en utilisant le jargon du New-Age: “walk in”, à savoir une entité qui emprunte la voie expresse de la renaissance, le raccourci du tulku, en pénétrant dans le corps et dans le mental d’une personne plus âgée. Eliminant ainsi le besoin de recommencer à partir de zéro et de passer au travers de la séquence pesante de la naissance, de l’enfance et ainsi de suite. Vishvamata répondit: «oui, c’est exactement cela».
Sur ce coup, elle avait vraiment suscité mon intérêt. «Tout bon, disons que j’aurai 20 ans en 2016 - si je ne vis pas jusque là. De cette manière, je peux récupérer mon propre héritage en l’espace d’un clin d’oeil et continuer ce que j’ai commencé sans me soucier plus de cet apparent déficit de réciprocité ou d’intérêt!». Vishvamata répondit calmement: «Cette possibilité peut être enseignée. Tout ce dont tu as besoin, c’est un temps de concentration avec moi». Je demandais, en fait, à Vishvamata comment je pouvais réussir à transférer mes connaissances et ma mémoire courantes de terton dans un jeune adulte qui aurait 20 ans en 2016 si je n’étais pas encore vivant à cette époque. (DMD m’a informé que je peux vivre “271”: 1945+71=2016. La devata me garantit que je pouvais réaliser cette possibilité au travers de son instruction. Je décrirais son style comme une inspiration ferme mais douce.
Les Deux Pivots
Le bref échange concernant mon retour en walk-in occupa les derniers quatre ou cinq jours du cycle de Vishvamata. C’est une période durant laquelle les humeurs, les indices, les inspirations et les instructions du cycle en viennent à s’incarner, se transférant en connaissances somatiques. J’ai remarqué, de manière consistante, que des événements remarquables peuvent se manifester durant la “complétude”. C’est le moment de l’incarnation des inspirations et de l’intégration des instructions de sorte qu’elles deviennent une seconde nature.
Durant le dernier jour du cycle, je retournais à la maison, de l’aéroport de Malaga, lorsque le souffle chaud de la dakini écrivit ces mots sur le miroir en buée de mon mental:
Dans tout le cosmos, le pivot de la réciprocité est la dignité.
Je suis convaincu que cette syntaxe émergea en réponse à la question sur laquelle je méditais, de manière récurrente, après avoir reçu cette instruction étonnante, d’une douzaine de mots, de Vishvamata: La réciprocité se manifeste non pas en retour mais chacun son tour. Je sentais que cette instruction élégante était incomplète et je disposai mon mental pour ce reflet vide qui la compléterait. Je compris que la première partie de l’instruction faisait référence à la réciprocité dans les relations humaines: elle se manifeste au travers de choses que les gens font, non pas en retour, mais chacun leur tour. C’est une formulation magnifique pour la réciprocité avec les autres personnes. Mais je continuais de me demander s’il existait une sorte de réciprocité qui participait de la relation, non pas entre moi-même et autrui, mais entre moi-même et l’entièreté du cosmos impersonnel. Cela impliquerait, disons, la réciprocité avec la vie elle-même. Pour oser une expression poétique: “la réciprocité avec l’univers”. Je contemplai cette question intensément durant la dernière semaine du cycle de Vishvamata. Et puis, le dernier jour, la seconde partie de l’instruction initiale s’écrivit sur la buée.
Avec cette syntaxe précise à l’esprit, j’étais capable de formuler une image visuelle de la Balance différente de tout ce que j’avais pu concevoir jusqu’alors. Plusieurs fois alors que j’approchai Vishvamata avec une question concernant la “réciprocité avec l’univers”, j’avais été repoussé de manière aimable comme si la devata me conseillait: «non, ce n’est pas la bonne manière d’inviter la syntaxe requise». Le moment avant que l’instruction ci-dessus émerge en mon esprit, j’eus une inspiration: je pris conscience qu’il n’existe pas de pivot pour la réciprocité entre moi-même et l’univers car ce pivot réside en moi-même. Le seul univers que je connaisse est celui qui apparaît en ma vie et, donc, il ne peut exister un pivot à l’extérieur de ma vie grâce auquel je sois en relation avec l’univers en réciprocité. L’instruction émergea au moment même où je pris conscience que le pivot de la réciprocité avec l’univers était localisé au-dedans de moi, plutôt qu’entre moi-même et l’univers.
Comme je réfléchissais encore - une réflexion permise dans ce cas parce que l’instruction de la dakini n’était pas ponctuée de la syntaxe de clôture “et c’est ainsi” - une image saisissante se forma en mon mental. Je perçus une sorte de coupe ou de douille, appelée en mécanique un joint à rotule. Dans la coupe se trouvait la base arrondie d’un bâton érigé. Attaché au bâton sur un pivot se trouvait le fléau de la Balance. De ce fléau pendaient deux cordes au bout desquelles les deux plateaux étaient suspendus. Dans les deux plateaux, se trouvaient les objets ou la matière à peser, tels que du grain, et les standards de mesure, tels que les poids en métal gradués: un gramme, deux grammes, etc.
Au fil des années durant lesquelles j’enseignais l’astronomie à l’oeil nu à Santa-Fé, je conseillais aux étudiants de visualiser la Constellation de la Balance avec une paire de plateaux suspendus à des cordes. Dans le scénario du Zodiaque, cette visualisation est particulièrement précise, étroitement corrélée aux étoiles qui composent la constellation. La Constellation du Scorpion interagit avec la Balance de cette manière: le Scorpion entre en contact avec la Balance et de ses pinces chamboule le fléau de la Balance provoquant une perte de tension momentanée des cordes et, par conséquent, un chavirement du contenu des plateaux qui risquent de se vider. Le plateau nord, le plus proche des pinces du Scorpion, est beaucoup plus sévèrement déséquilibré que le plateau sud, celui qui est proche des genoux de la Vierge (voir l’illustration ci-dessus qui met en valeur le déséquilibre plus prononcé de ce plateau sud). Ce plateau est à ce point déséquilibré, par les pinces du Scorpion, qu’il peut être visualisé comme se vidant de son contenu.
Maintenant devinez ce qui se trouve dans le plateau qui répand son contenu (celui au nord, près des pinces du Scorpion) et dans l’autre qui ne le répand pas (celui au sud, près des genoux de la Vierge). Quel plateau tient ce qui est pesé et quel plateau tient les poids pour la mesure? Qu’est ce qui déséquilibre le cosmos: de perdre les standards de mesure ou de perdre ce qui est mesuré?
Cette image complexe, le Scorpion chamboulant la Balance, correspond graphiquement à la structure observable des deux constellations. En fait, les étoiles qui composent maintenant la Balance faisaient originellement partie des pinces du Scorpion car la Balance est une constellation élaborée tardivement. Antérieurement aux normes Gréco-Latines établies autour de 1200 avant EC, il n’existait pas de Constellation de la Balance et les étoiles des deux constellations voisines étaient mélangées. Il y a très longtemps, le Zodiaque progressait de la Vierge au Scorpion, sans la Balance.
Le Siège de la Dignité
Au fil de mes longues années d’étude des traditions astronomiques, j’avais consacré beaucoup de temps à la contemplation de cette image saisissante, le Scorpion chamboulant le fléau de la Balance. Quelle importance symbolique fantastique cette image impliquait-elle? Quel message était déployé dans ce scénario étoilé? Rien de moins que la notion selon laquelle l’ordre cosmique avait été perturbé, totalement déséquilibré! Contemplez cette notion quelque peu, mes amis! Je suppose que pour un grand nombre d’entre vous, cela fait du sens de suggérer que l’ordre cosmique a été, ou semble avoir été, perturbé, placé dans un état de disharmonie.
Avec l’instruction de Vishvamata à l’esprit, je visualisai quelque chose que j’avais auparavant négligé. Je voyais maintenant non pas la barre transversale, le fléau, mais la partie érigée, la colonne verticale sur laquelle le fléau était monté et sur lequel il pivotait. J’avais toujours assumé que cette colonne verticale se tenait à angle droit d’une base solide ou pendue à partir d’un point supérieur fixe, comme les balances sont souvent dessinées. Mais maintenant, la visualisation habituelle se métamorphosait devant mes yeux. Je vis un second composant dans le mécanisme cosmique de la balance: la colonne verticale qui soutenait le fléau possédait une base arrondie qui était elle-même équilibrée dans un récipient en forme de coupe, à savoir une rotule. C’est la colonne verticale qui contrôlait dynamiquement la structure intégrale. Elle déterminait la rectitude des mesures car, si elle n’était pas stable, aucune mesure ne pouvait être fiable. Assurément, mais je prenais maintenant conscience que le siège de cette colonne verticale dans la coupe pouvait s’adapter à n’importe quel mouvement de la barre transversale, du fléau. Par conséquent, tant bien même ce fléau pouvait être chahuté, perturbant ainsi l’acte de prise de mesure, le mécanisme d’équilibrage se corrigait de lui-même de par la rotation de l’axe vertical dans son siège en forme de coupe, la rotule.
Cette nouvelle visualisation fut pour moi une révélation. Après quarante années de contemplation de cette image sidérale, je la percevais de manière plus holistique grâce à une instruction très précise de Vishvamata. Que pouvons-nous donc déduire de cette image modifiée, de cette balance avec deux pivots? Tout d’abord, je peux offrir ce commentaire: le mécanisme de balance dans l’univers consiste d’une fonction de mesure ET d’une sécurité intégrée protégeant cette fonction de toute perturbation. Même lorsque le fléau est bousculé, la mesure sera correcte parce que la colonne centrale va se déplacer dans sa base, en se penchant d’un côté ou de l’autre pour compenser le déséquilibre du fléau.
Quant à moi, l’inspiration immédiate que je tire de l’instruction de Vishvamata, lors de la phase terminale de son cycle, c’est que mon équilibre avec la vie et avec l’univers repose en moi et possède sa propre fonction d’auto-correction quelle que soit la manière dont je vis la réciprocité au travers d’autrui. Mais je dois être capable de localiser ce mode de sécurité intégrée, de connaître et de ressentir comment il fonctionne réellement. Vishvamata enseigne que, de manière impersonnelle, eu égard à la totalité du cosmos, la dignité est le siège de la réciprocité cosmique. Le pivot du fléau au sommet de la colonne verticale est un point d’appui mais il en est de même pour la rotule dans la coupe à la base de cette colonne. Je comprend que la première formulation de réciprocité s’applique au pivot supérieur: ce qui arrive entre les gens, la mesure de générosité donnée et reçue, les actions réalisées chacun à son tour et non pas en retour. Je comprend que la seconde formulation de réciprocité s’applique au pivot inférieur, le siège de la dignité, qui est situé entre moi-même et l’univers.
Le pivot supérieur repose entre les gens, dans un nexus interactif mais le pivot inférieur repose en chaque individu. Mon soi intérieur est équilibré avec mon soi extérieur à partir du siège à la base de la colonne verticale. La réciprocité dont je jouis avec l’univers n’est pas intrinsèque à mes interactions avec d’autres personnes. Bien plutôt, elle doit être réalisée dans l’équilibre entre mon soi extérieur, vivant dans la totalité du cosmos parmi d’autres gens, et mon soi intérieur, la fiction virtuelle de mon identité, la manière dont je vis seul et imaginativement, en indépendance totale d’autrui. Le pivot inférieur repose entre deux sois, intérieur et extérieur, et non pas entre moi-même et le cosmos. Et le siège ressenti et incarné de ce pivot est mon sens de la dignité.
Douce Persuasion
En conduisant à la maison le lundi 16 novembre, le dernier jour du cycle, je m’émerveillai à l’expertise de Vishvamata d’enseigner patiemment, avec quasiment une aisance de conversation, en utilisant l’idiome de ma compréhension limitée, en s’inspirant de matières qui me sont familières depuis longtemps tout en y projetant une lumière nouvelle, un nouveau mode de réflexion. Et grande est son expertise d’amener au travers de son enseignement un don d’intuition transcendante à la mesure de la compassion de chaque individu. N’est-ce pas magnifique? Je ne peux pas exprimer l’ampleur de la gratitude que j’éprouve vis à vis de cette devata.
Combien de fois, au fil de ma vie, je me suis posé la problématique suivante: «si tu sais où la dignité d’une personne est localisée, alors tu peux connaître cette personne profondément et authentiquement, de la même manière qu’elle se connaît elle-même - ou tout comme elle pourrait se connaître si elle le savait». La connaissance de ce type commence, bien sûr, avec la connaissance de soi-même. Où est donc localisée ma dignité? Posez-vous cette question. Le conseil aimable de Vishvamata convie et informe cette requête subtile. La Dakini de Mode Fractal enseigne «connais-toi toi-même» en ta dignité propre. Telle est mon instruction.
John Lash.
18 novembre 2009. Andalousie.
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