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En Chasse d'Orion

E. C. Krupp

Traduction par Dominique Guillet

Ce passage est extrait du chapitre 13 de l'ouvrage de E. C. Krupp, Beyond the Blue Horizon aux Editions Harper Collins, 1991.

Nous avons déjà rencontré un exemple de métaphore céleste vivante dans le récit de l'affrontement entre Orion et le scorpion. Lorsqu'Orion déclencha une offensive pour transformer tous les animaux de la Terre en espèces en voie d'extinction, Gaïa recruta Scorpius pour arrêter Orion dans sa foulée. Tué par le venin du scorpion, Orion et son adversaire furent consignés dans des coins célestes neutres, de chaque côté du ring.

Dans une autre histoire concernant Orion, relatée dans le Katasterismoi, nous trouvons le Chasseur châtié d'aveuglement et errant sans but après avoir violé l'hospitalité et la fille du roi de Chios, une île au large de la côte Ionienne. Hephaestus, le roi du feu et de la forge, prenant pitié du géant aveugle et déchu, lui confia un jeune homme, Cedalion, pour l'assister et le guider. En juchant Cedalion sur ses épaules, Orion suivit les directions indiquées par le garçon et se dirigea vers l'est. Et là, en communion avec Hélios le Soleil, il recouvrit la vision.

Orion le Chasseur. Bayer. Uranometria. 1661

Les références à Orion, à la direction de l'est et au Soleil, nous rendent attentifs à la possibilité d'un code astronomique dans le mythe. Orion fait face à l'est lorsqu'il se couche à l'ouest et ce n'est qu'en se dirigeant vers l'ouest qu'Orion peut atteindre l'est. La dernière apparition nocturne de la constellation à l'ouest marque le début de sa période de conjonction avec le soleil. A la suite de cette “communion” avec le soleil, Orion se lève à l'aube et cette levée héliaque à l'est était, peut-être, ce que signifiait le “recouvrement de sa vision”.

La levée héliaque d'Orion peut également être symbolisée dans l'Odyssée, lorsqu'Homère fait allusion au fait que la déesse Eos (l'aube) se marrie avec Orion. Le mythographe Grec Apollodore, lorsqu'il écrivit sa Bibliothèque au premier siècle avant EC, confirma que la déesse Eos, amoureuse d'Orion, l'emmena dans l'île de Délos, le lieu de naissance du dieu Apollon. Maintenant, bien qu'Apollon ne soit pas le soleil lui-même, il était étroitement associé avec la signification symbolique du soleil en tant qu'emblème de lumière, de vie, de croissance, d'ordre, de raison et de qualités artistiques. C'est de Délos, le territoire privé d'Apollon, que le soleil était supposé se lever tous les jours. Selon Appolodore, c'est après son arrivée à Délos qu'Orion mourut.

Orion, donc, se trouve avec l'aube à l'endroit où le soleil se lève mais sa mort sur Délos ne fait vraiment aucun sens à moins qu'il ne se trame quelque chose d'autre. La métamorphose d'Orion en étoiles et son positionnement dans le ciel constituait une sorte de mort mais il s'agit peut-être, dans ce cas, d'une autre mort. L'aube prend assurément plaisir à la compagnie d'Orion durant la période allant de sa levée héliaque en été jusqu'à la première fois où il se couche à l'aube en hiver. Après cela, Orion se couche avant que l'aube ne puisse le rejoindre. Ces voyages en-dessous de l'horizon, qui ont lieu lorsqu'Orion n'est jamais vu avec Eos, peuvent signifier sa mort car, en même temps qu'il descend, le Scorpion se lève. Orion, donc, reste “mort” jusqu'à ce qu'il puisse rejoindre l'aube à l'est. Les Grecs ne nous dirent pas si c'est ce qu'ils avaient à l'esprit mais Orion, plus que toute autre chose, est une constellation dans les cieux. Les références à Délos, à Hélios, à Eos, à Scorpius et aux Pléiades, suggèrent fortement qu'elles véhiculaient des messages astronomiques.

Orion le Chasseur est l'une de ces constellations mises en exergue par presque tous les peuples. Avec la Grande Ourse, c'est également un des groupes d'étoiles que la majorité des observateurs modernes peuvent reconnaître. Sur les cartes célestes modernes, il contient deux étoiles particulièrement brillantes. Bételgeuse est rouge et marque l'épaule droite du Chasseur. Son genou gauche est Rigel, qui se colore d'une nuance de bleu. Deux autres étoiles, Bellatrix et Saiph, forment un rectangle avec les deux premières mais l'attribut réellement distinctif d'Orion est la rangée de trois étoiles serrées au centre du rectangle. Elles constituent la “Ceinture d'Orion” et elles lui confèrent une structure de sablier. Elles portent les noms de Mintaka, Alnilam et Alnitak. Les trois étoiles de faible luminosité qui apparaissent suspendues à un angle de la Ceinture sont considérées comme son épée.


Orion le Chasseur. Atlas Coelestis, John Flamsteed, London, 1753 AD.


Toutes les dénominations des étoiles d'Orion sont dérivées de noms Arabes, pour les étoiles dont la plupart trouvent leur origine dans d'antiques traditions Arabes indigènes. Comme les Arabes préservèrent la connaissance astronomique Grecque et en transmirent ensuite une grande partie à l'Europe, la plupart des noms d'étoiles sont enracinés soit dans l'astronomie Arabe traditionnelle datant d'avant le huitième siècle soit dans l'astronomie Arabe Islamiste qui se développa après cette date. Orion lui-même était appelé Al-jauza, un nom Arabe qui implique qu'ils visualisaient ce personnage comme féminin. Ultérieurement, les Arabes appelèrent Orion, Al-jabbar, le “Géant”. Le nom Sumérien pour la constellation Orion était Siba-Zi-An-Na, le “berger authentique des cieux” et il semble, en Mésopotamie, avoir été l'esprit immortel du défunt Tammuz.

Rien dans les noms Arabes ou Sumériens n'évoquent le nom Orion et l'Assyriologue Robert Brown, auteur de Primitive Constellations of the Greeks, Phoenicians and Babylonians (1899) croyait que notre nom familier, pour ces étoiles, avait pour origine ce qu'il pensait être la dénomination Acadienne de cette constellation, Uru-anna ou “lumière des cieux”. La suggestion, cependant, que le nom dérive du terme Grec pour “guerrier” semble plus vraisemblable.

Tout le monde n'a pas appelé, ainsi, Orion un chasseur mais les Chinois voyaient en lui la figure d'un général ou d'un guerrier suprême et le connaissait sous le nom Shen. Ils perçurent également un conflit entre Orion et Scorpius, mais pour eux, ce n'était qu'une querelle entre frères. Les étoiles du Scorpion représentaient le plus jeune frère du Général Shen.

Orion était également un guerrier en Inde. Les Hindous l'appelaient parfois Skanda. En tant que général d'une grande armée céleste, il chevauchait un paon. Selon le Mahabharata, il lança ses flèches contre la Montagne Blanche, qui est la Voie Lactée. Connu aussi sous le nom de Karttikeya, il devint le souverain suprême de la guerre dans les textes Hindous ultérieurs. C'est principalement grâce à son commandement et à sa puissance que l'ordre antérieur des dieux, les Asuras, fut déposé.



Les étoiles d'Orion

Les Aborigènes d'Arnhem Land en Australie du nord avaient une approche complètement différente des étoiles d'Orion. Ils imaginaient la ceinture comme trois pêcheurs dans un canoë céleste. Ces pêcheurs brisèrent les lois tribales de la pêche et de la chasse et saisirent une proie interdite. Trois hommes dans un canoë étaient également perçus dans Orion par les Indiens Wasco qui vivaient le long de la rivière Columbia près de The Dallas en Oregon. Leur histoire implique également les saisons et la pêche.

Pour les Indiens Tewa du Nouveau Mexique, la Ceinture et l'Epée d'Orion ressemblent à une gaine qui pend d'une ceinture et ils appelaient ces étoiles la “Longue Gaine”. C'était un ancien guerrier Tewa qui guida les ancêtres dans leur retour vers le sud, le long du Chemin Eternel, la Voie Lactée.

La confusion relative à l'identification des constellations chez les Aztèques ne permet pas de savoir ce qu'ils percevaient en Orion mais une légende d'une version antérieure de l'Histoire Générale des Choses de la Nouvelle Espagne, par Fray Bernardino, identifie une illustration de l'intersection de deux lignes d'étoiles comme la Mèche de Feu. Cela ressemble quelque peu à la Ceinture et Epée d'Orion et son nom fait référence aux deux bâtons de bois qui sont utilisés pour allumer un feu par friction. D'autres contradictions dans le texte, néanmoins, nous empêchent de confirmer qu'Orion se trouve là où les Aztèques positionnèrent leur Mèche de Feu.

Ailleurs au Mexique, il se peut que les Mayas aient cru que les trois étoiles de la Ceinture représentaient une tortue. Un mural découvert dans les ruines Maya de Bonampak, au Chiapas oriental, et peint à la fin du huitième siècle EC, inclut une peinture d'une tortue avec trois étoiles sur le dos de sa carapace dans la zone supérieure - et céleste - du mur. Elle représente probablement la Ceinture d'Orion. Bien que d'autres preuves semblent confirmer cette hypothèse, les données contradictoires existantes nous laissent finalement dans l'incertitude.

De divers noms Mayas (des haut plateaux) sont reportés pour Orion: les trois rois, les trois étoiles, les trois en ligne, et les trois Maries. Les noms Espagnols révèlent clairement une influence Européenne et, durant la Moyen Age, les étoiles de la Ceinture étaient appelées “los Tres Reyes” et los “Tres Marias”.

Les noms en Ancien Allemand pour Orion incluent le Rateau, les Trois Moissonneuses et la Charrue: toutes ces dénominations indiquent que la constellation était utilisée comme signal pour les moissons ou pour le labour. Les Trois Moissonneuses sont les étoiles de la Ceinture et la Charrue est probablement formée par la Ceinture et l'Epée. Dans le lointain nord, ces étoiles étaient spécifiquement connectées avec la récolte du lin à partir duquel l'étoffe de lin était tissée. Les Suédois, faisant probablement référence à la Ceinture et à l'Epée, appelaient parfois Orion “le fuseau et la quenouille”. Un autre ancien nom Scandinave pour la Ceinture d'Orion est tout simplement la “quenouille de Frig”. Mariée avec le dieu suprême Odin, Frig était en fait la Terre Mère déguisée. Le filage était le travail des femmes dans la société des Nordiques et la Terre Mère pouvait filer avec les meilleures d'entre elles. Chaque jour et chaque nuit, son fuseau, l'axe céleste, faisait tourner le ciel pour filer le fil du temps. Elle devait tirer la fibre grossière d'une quenouille, et sa quenouille, la Ceinture d'Orion, était située à proximité de l'équateur céleste, un signal nocturne et saisonnier de sa progression avec le fil.

Dans certaines régions de Hongrie, Orion était Kaszas le Moissonneur. Il moissonnait l'herbe des étoiles dans la ferme céleste du dieu supérieur et créateur Ur Isten. Cela rappelle la tradition Nordique d'Orion le Moissonneur évoquée ci-dessus.

Certains peuples voyaient le Chassé en compagnie du Chasseur dans les étoiles d'Orion. Les Mongoles, les Kirghiz et les Buryats Sibériens sont convaincus que les trois étoiles de la Ceinture sont trois cerfs. Poursuivis par un archer réputé être un tireur d'élite, les cerfs perçurent le ciel comme un sanctuaire et s'y élevèrent juste au moment où le chasseur allait les rejoindre. Les Teleuts, un peuple pastoral de langue Turque de l'Altai Sibérien, racontèrent essentiellement la même histoire. Dans la plupart de ces histoires, les autres étoiles d'Orion représentent les chasseurs, leurs chevaux, leurs chiens de chasse ou leurs flèches.

Dans les désert du sud-est de la Californie, les Indiens Chemehuevi virent la Ceinture comme une ligne de trois mouflons. Cela fait beaucoup de sens. Dans le sud de la Californie, lorsque ces trois étoiles se lèvent à l'est, elles semblent presque grimper dans le ciel, à la queue leu-leu et avec un pied sûr qui rappelle les mouflons qu'elles sont supposées représenter. L'Epée d'Orion était une flèche lancée vers ce gibier céleste par une paire de chasseurs en-dessous. Les Indiens Kumeyaay de la région la plus méridionale de la Californie et du nord de Baja California visualisaient les étoiles de la Ceinture comme une antilope, un daim et un mouflon. D'autres tribus d'Indiens Yuman au sud de la rivière Gila en Arizona partageaient les mêmes conceptions quant aux étoiles de la Ceinture.

A partir des exemples que nous avons examinés jusqu'ici, nous pouvons être certains que les étoiles d'Orion faisaient partie intégrante du territoire que la majorité des peuples de la Terre cartographiait dans les cieux. Leurs histoires nous relatent souvent pourquoi. Orion est un marqueur de saison idéal. Certaines de ses étoiles sont brillantes et leur arrangement, particulièrement dans la Ceinture, est très distinct.


Orion et Diane. Giorgio Ghisi 1903


La Ceinture d'Orion pourrait être trois de n'importe quoi mais parfois, les structures formées par les étoiles ressemblent réellement à quelque chose. Dans une histoire provenant de l'Inde, qui est plus antique que le récit Hindou de Skanda, la Ceinture d'Orion est une flèche. Elle fut lancée vers le dieu Prajapati qui est représenté par les autres étoiles d'Orion. Selon le Rig Veda, Brahma Prajapati, le dieu et créateur suprême, conçut une passion pour sa propre fille, l'Aube. Pour la capturer, il se transforma en daim. Elle se transforma en Rohit, la biche céleste et, dans ce déguisement, elle sembla consentante - et capable - d'accepter les avances du daim. Comme il l'approchait, cependant, les autres divinités observèrent ce comportement incestueux et elles ne pouvaient pas le tolérer. Ils enrôlèrent un chasseur pour les assister qui lança une flèche vers Prajapati et le stoppa dans son élan. Rohit, la biche céleste est en fait l'étoile Rohini, ou Aldebaran, dans le Taureau et le chasseur à l'affût est l'étoile Sirius.

Cela fait du sens céleste car, dans une direction, la Ceinture d'Orion pointe vers Aldebaran, et dans l'autre direction, elle pointe vers Sirius. Les Paiute méridionaux, qui vivaient dans le Grand Bassin de l'ouest de l'Amérique du nord, décrivaient aussi la Ceinture d'Orion comme une flèche et l'évoquaient dans une histoire qui semble prendre l'étoile Aldebaran pour cible.

L'ancienne Babylone, l'ancienne Chine et l'ancienne Egypte visualisaient toutes, également, un arc et une flèche dans cette région du ciel. Le célèbre Ziaque de Dendera, qui est maintenant au Louvre, représente le ciel comme les Egyptiens le voyaient durant la période Gréco-Romaine. Orion s'avance, commu tir vif”.


Constellation d'Orion


Orion portant Cédalion . Nicolas Poussin.