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La Connexion Madeleine

02. Le Prélude

John Lash

Télécharger l'essai avec les illustrations.

Traduction par Dominique Guillet

Dans les pratiques conventionnelles d'écriture de script de films, le prélude est la partie du script qui présente le contexte pour les personnages principaux. Dans The Silence of the Lambs, nous voyons une femme détective, jouée par Jodie Foster, qui chasse un tueur en série. Le prélude concerne la perte, par la détective, de son père, un policier. A sa mort, elle est placée dans une famille d'accueil dont l'activité est d'élever des moutons pour la boucherie. Dans un jeu très adroit de narration, le tueur en série Hanibal Lactor, joué par Anthony Hopkins, extrait le prélude du personnage de Foster, Clarisse Starling, en échange d'information relative au tueur qu'elle poursuit. Le titre du film possède un caractère poignant parce qu'il fait référence au prélude plutôt qu'à l'histoire principale.

Parfois, le prélude contient les éléments cachés au coeur de l'histoire principale. Dans Star Wars, le prélude au sujet de Darth Vadar émerge pour déterminer le profil de l'histoire principale lorsque Luke Skywalker découvre que le magicien noir est son père. Le prélude de Star Wars est à ce point important qu'il en devient le germe de toute la séquence narrative des autres films de la trilogie. (A Hollywood, le “prequel” est une tactique pour faire de nouveaux films à partir du prélude d'un film réalisé antérieurement). Dans la trilogie de Star Wars, la trame de l'histoire principale conduit à un dévoilement total du prélude.

Les initiés et les instructeurs spirituels de l'antiquité Païenne pouvaient accéder aux niveaux les plus élevés de l'évolution consciente et rester totalement effacés. Nous n'avons quasiment aucune trace de leurs noms, aucune image de leurs visages, aucun détail personel de leurs vies. Par conséquent, les figures Païennes ont été dépeintes sous des traits fantastiques, ce qui les rend très peu crédibles pour les mentalités modernes. En illustration, Hermes Trimegistos. Giovani di Stefano. Cathédrale de Sienne. An 14

Spiritualité Païenne

Au premier niveau d'impact, le Da Vinci Code suggère une histoire alternative au sujet de Jésus mais la manière dont Madeleine est intégrée à cette histoire est encore amplement sujet à débat. Comme nous l'avons vu, elle peut aisément être co-optée et réabsorbée par l'histoire conventionnelle du Nouveau Testament. Dépeindre Madeleine comme une femme fidèle, et une disciple de Jésus, est une option, sur le premier niveau d'impact, mais l'élargissement du débat laisse entrevoir une autre option plus radicale qui exclut totalement la possibilité d'une Madeleine réconciliée avec l'Eglise. La version alternative atteint un point où l'histoire de Jésus se métamorphose au-delà du cadre narratif des Evangiles. C'est à ce point qu'elle diverge vers le prélude, la période de la vie de Jésus qui précède la version connue et qui en constitue le contexte. Dans le prélude, les éléments Païens et Gnostiques se tiennent au premier rang de l'histoire.

La Madeleine Gnostique est, par définition, une hérétique. Et Jésus l'est donc, aussi, par association. Mais qu'est ce qu'un hérétique, exactement? Et comment Jésus, le fondateur attitré du Christianisme, pourrait-il être un hérétique professant des idées opposées aux doctrines Chrétiennes reconnues et acceptées? Le message Chrétien attribué à Jésus est-il contredit par un autre message, un enseignement Gnostique à demi-caché dans l'histoire de sa vie? Ces questions sont déconcertantes, mais dans la mesure où nous trouvons des éléments Gnostiques dans les textes Gnostiques, en opposition totale à la pratique des érudits de trouver des éléments Chrétiens ou Proto-Chrétiens dans les textes Gnostiques, nous pouvons certainement découvrir une Madeleine non Chrétienne, et qui plus est un Jésus non-Chrétien, qui se cachent à l'arrière-scène de l'histoire conventionnelle sur Jésus. Dans le prélude, Madeleine émerge à la fois comme une représentante et une porte-parole de la spiritualité Païenne, pré-Chrétienne et explicitement non-Chrétienne.

Les pratiques et les enseignements des Gnostiques furent dénoncées comme hérétiques par les premiers doctrinaires Chrétiens, les Pères de l'Eglise. Apparemment, des Gnostiques des premiers siècles protestèrent contre certaines doctrines Chrétiennes. Ils objectèrent, à la fois, à la divinité du Christ et à l'éthique de Jésus mais il est extrêmement difficile de déterminer pourquoi et comment ils le firent et en quels termes ils énoncèrent leur protestation. Pourquoi? Parce que non seulement les Pères de l'Eglise cherchèrent-ils à réfuter la protestation Gnostique mais encore tentèrent-ils d'en éliminer toutes les traces, tous les témoignages directs quant à l'objet de leur protestation. Dans ce but, les autorités de l'Eglise se lancèrent dans des campagnes, qui durèrent des siècles, pour localiser et détruire tous les enseignements écrits des Gnostiques.

Ce fut un succès total et c'est une vérité triste et choquante. A ce jour, aucun texte Gnostique originel n'a survécu. (La plupart des érudits considèrent que les Codex de Nag Hammadi sont des écrits Gnostiques originels mais je ne suis pas d'accord sur ce points). Et pourtant, les historiens affirment que les Gnostiques étaient des écrivains prolifiques qui produisirent un flux continu d'ouvrages, de discours et de commentaires. Les Pères de l'Eglise condamnent ouvertement les Gnostiques en raison de leur production ininterrompue d'écrits nouveaux concernant les dieux, le cosmos et l'âme humaine. Par un effort concerté, qui perdura durant des siècles, les défenseurs de l'orthodoxie réussirent à détruire une quantité incroyable de documents originels. Le Da Vinci Code brode sur des traditions occultes qui préserveraient des enseignements hérétiques perdus mais ce n'est sans doute qu'une construction purement fictionnelle. Ce qui n'est pas de la fiction, mais les faits incontournables de l'histoire, c'est le programme gigantesque de persécution qui résulta en l'élimination de toutes les preuves écrites originelles de la Gnose, la couronne de joyaux de la spiritualité Païenne.

De par le manque de preuves écrites originelles et authentiques des conceptions Gnostiques, le profil Gnostique de Madeleine doit être reconstruit à partir d'autres sources qui fournissent une vision du monde pré-Chrétien qui constitua le contexte de l'histoire de Jésus.

L'Aube d'un Nouel Age

S'il était totalement narré, le prélude de l'histoire de Jésus décrirait la riche panoplie spirituelle pré-Chrétienne incluant les cultes orgiastiques de la nature, les rites de folie divine (folie inspirée), Eros et Agape, des cosmologies élaborées de divinités s'accouplant, les cultes de la Magna Mater (la Déesse de la Terre, Gaïa) et la vaste mosaïque des Ecoles de Mystères, le système universitaire de l'Antiquité. La tolérance et les échanges inter-culturels constituaient la norme de l'ancien monde. “Les dieux païens, même les dieux des Mystères, ne sont pas jaloux les uns des autres; ils forment, pour ainsi dire, une société ouverte”. (Walter Burkert, Ancient Mystery Cults, page 48). Les mouvements religieux tolérants, et très nombreux, de la culture Méditerranéenne constituent le contexte dans lequel voit le jour le Christianisme. Les érudits qui étudient le Gnosticisme doivent avoir connaissance de tout cela, bien sûr, mais ils ont tendance à en minimiser l'importance si ce n'est pas à le passer carrément sous silence. Ce qu'une personne non-érudite mais bien éduquée connaît de la religion pré-Chrétienne et non-Chrétienne de l'Europe se résume, de nos jours, à quasiment rien du tout parce que la culture et la religion Païennes ne sont jamais considérées en soi, mais seulement en relation avec le Christianisme, le mouvement qui les a conquises, qui les a co-optées et qui les a purement et simplement éradiquées. De même que les textes Gnostiques ne sont pas considérés à leur juste valeur pour ce qu'ils nous enseignent au sujet du Gnosticisme, le prélude de la vie de Jésus n'est pas pris en considération pour ce qu'il peut nous apprendre de la vie religieuse vaste et variée de l'antiquité Païenne.

Au fil du développement des répercussions, au second niveau d'impact, il se peut que le matériau MM change cette situation totalement et pour de bon. Il se peut qu'il arrive finalement à susciter un très grand intérêt vis à vis du prélude, de l'histoire épique de l'héritage Païen perdu de l'Europe. La version alternative de la vie de Jésus pourrait se développer en un scénario complet dans lequel les deux personnages, Jésus et Madeleine, pourraient être imaginés comme des instructeurs spirituels dans le contexte pré-Chrétien. Puisque le Christianisme émergea dans un contexte pré-Chrétien, il est parfaitement légitime de s'imaginer Jésus sans le filtre de ses attributs conventionnels. Il y a au moins un érudit, Morton Smith, le spécialiste du Gnosticisme, qui a largement ouvert la voie dans cette direction. Dans son ouvrage Jesus the Magician, Morton Smith montre que les gens, à l'époque où Jésus vivait, ne l'auraient pas perçu comme les Chrétiens le perçoivent, de nos jours, mais d'une manière très différente, comme un faiseur de miracles et un guérisseur spirituel Païen.


L'amour romantique et l'amour spirituel étaient souvent identiques dans la moralité Païenne. De par l'exclusivité mâle de l'histoire de Jésus, les options d'harmonie des genres du prélude sont invalidées. Il n'est cependant pas difficile d'imaginer Jésus et Madeleine dans leurs rôles non-Chrétiens. Ils ressemblent à de nombreuses personnes nobles et magnanimes de leur époque telles que ce couple d'Etrusques dépeints sur un couvercle de sarcophage. (Ponte Rotto Necropolis, Vulci.)

La période durant laquelle Jésus vivait était imprégnée par un Zeitgeist particulier, un esprit du temps. A beaucoup d'égards, l'esprit de cette époque historique ressemble à la contre-culture Nouvel-Age de notre époque. Dans tout l'ancien monde, un changement de paradigme était à l'oeuvre, en raison de la convergence d'un certain nombre de paramètres. Cette évolution générale est trop complexe à analyser dans le cadre de cet essai; il suffit de préciser qu'elle fut déclenchée par une transformation du concept de destinée. Le catalyseur principal de cette métamorphose fut la révélation publique de la précession des équinoxes par Hipparchus aux environs de 150 avant EC. Pour obscur que ce thème puisse nous apparaître aujourd'hui, la révélation de la précession véhicula un message puissant chez le peuple: à savoir que le royaume des étoiles fixes, identifié comme la source de la destinée, était sujet à changement et que donc la destinée pouvait, également, évoluer. Cette conception eut l'effet d'un raz de marée dans l'ancien monde.

La notion selon laquelle la destinée personnelle pouvait être modifiée transforma la face de l'ancien monde. De nombreux individus étaient convaincus qu'ils étaient à l'aube d'un Nouvel Age. Et de fait, ils l'étaient: l'Age des Poissons, calculé selon des méthodes astronomiques, commença autour de 120 avant EC, en phase précisément avec l'essor des mouvements Messianiques qui préparèrent le terrain pour Jésus de Palestine. Dans l'excitation de l'attente, des milliers d'instructeurs et de prêcheurs du Nouvel Age, incluant de nombreux charlatans, apparurent pour expliquer la transformation, tirer profit du chaos social afférent et guider le peuple vers la transition. Le thème-clé de l'Age des Poissons était la libération du soi personnel dans l'accomplissement de sa destinée propre. Mais il y avait, cependant, un piège. Les gens qui vivaient sous la loi de la destinée acceptaient leurs rôles échus dans la vie comme fixés, prédéterminés; lorsque cette loi de la destinée fut suspendue, ils perdirent totalement les repères du cadre de référence qui les définissait, socialement et spirituellement, et qui déterminait le cours de leur vie. A l'aube du Nouvel Age, de nombreux systèmes de contrôle sociaux et spirituels commencèrent à se désintégrer. La libération du soi personnel engendra un chaos social et, accompagnant ce chaos, un appel universel à la guidance.

Des Initiés Itinérants

Cette transition Piscéenne menaça le statut de ces institutions Païennes révérées de développement spirituel qu'étaient les Mystères. Durant des siècles, l'humanité avait été guidée par les initiés des Mystères mais cet acompagnement était orienté vers des finalités transpersonnelles plutôt que vers des fins personnelles. Le telos, la finalité sacrée, des Mystères était de nature double: le service à la Grande Déesse, Gaïa-Sophia, et l'éducation de la race humaine. Au coeur de cette transition Piscéenne, les masses étaient désespérément en besoin, non pas d'instruction spirituelle dans le mysticisme expérimental, mais de guidance dans leur vie séculaire personnelle. En réponse à cette crise, les instructeurs des Ecoles de Mystères considérèrent comment “séculariser” leur travail, quand bien même l'accentuation sur l'intérêt personnel (à savoir l'intérêt vis à vis de sa destinée personnelle) était contraire à leur programme, de tous temps, de service transpersonnel.

Dans le prélude, Jésus et Madeleine peuvent être imaginés comme des instructeurs-guérisseurs, de type guru, parmi les nombreux qui émergèrent du sanctuaire intérieur des Ecoles des Mystères pour se répandre dans le public. Bien que leur travail fût normalement réalisé dans l'anonymat et confiné au sanctuaire intérieur des Ecoles, ils furent contraints d'aller à l'encontre de la tradition afin de satisfaire aux nécessités de leur époque - leur propos étant, après tout, d'être au service de l'humanité, et non de flatter les tendances égoïstes humaines.

L'exemple de Simon le Magicien, et de sa compagne Hélène, se situe à l'opposé. Simon est considéré être le “premier Gnostique” simplement parce qu'il fut le premier initié des Mystères à être identifié par son nom. En réalité, il fut tout simplement l'un des premiers adeptes à oeuvrer au grand jour. Simon fut un équivalent Gnostique authentique de Jésus, un mystique provocateur qui s'opposa aux doctrines des Juifs et des Chrétiens, un instructeur aimable mais implacable, un sorcier qui manifesta des pouvoirs occultes. Il considérait sa compagne Hélène, qu'il rencontra dans une maison close selon la légende, comme l'incarnation de la Divine Sophia. Hélène est la contrepartie exacte du modèle Païen de Madeleine, la prostituée sacrée, également identifiée avec Sophia.

Le prélude de Jésus est de vaste envergure, englobant le spectre intégral des événements et des mouvements qui marquèrent le début de l'Age des Poissons. Des ouvrages tels que Jesus the Magician de Morton Smith et The Woman's Encyclopedia of Myths and Secrets de Barbara Walker présentent des fragments de l'histoire mais, à ce jour, il n'y a eu aucune étude adéquate de ce tableau historique complexe. Pour discerner ce qui arriva au monde Païen au début de l'Age des Poissons, il nous faut des personnages identifiables qui aient vécu durant ces moments décisifs dont les répercussions se font encore ressentir de nos jours. (Techniquement, l'Age des Poissons ne finit pas avant l'an 2800, environ, bien qu'une conclusion partielle puisse se manifester aux alentours de 2200).

Dans leurs profils non-Chrétiens, Jésus et Madeleine pourraient être les acteurs principaux d'une histoire épique de l'Age des Poissons. Considérée comme un icône sexuel, il se peut que Madeleine soit “l'attracteur étrange” qui attire l'attention vers le prélude. Les textes Gnostiques la dépeignent comme une initiée femelle des Mystères, une maîtresse Gnostique “qui connaissait le Tout”, pratiquait des initiations sexuelles, enseignait aux côtés de sa contre-partie mâle dans le système égalitaire des Ecoles de Mystères et peut-être émergea dans la vie publique comme une guide et une guérisseuse.

L'ouvrage de Dan Brown a aiguisé l'appétit du monde pour apprendre du contexte hérétique et non-Chrétien du Christianisme. Le tabou sur le passé Païen a été levé. Peut-être le prélude de la vie de Jésus sera t-il éventuellement rédigé un jour, même si ce n'est que sous forme fictionnelle. Du Da Vinci Code, nous tirons aussi l'enseignement selon lequel la fiction peut s'avérer être un véhicule de vérité tout aussi puissant que les faits ou peut-être même encore plus puissant.


Alors que la foi Chrétienne faisait des émules, les Gnostiques furent diabolisés. Les pouvoirs magiques étaient interdits à la plupart des gens mais on laissait croire que les saints Chrétiens pussent les utiliser pour vaincre les Païens maléfiques. Dans cette gravure en bois, Saint Pierre engage un combat magique avec l'hérétique Simon le Magicien qui est ici transformé en un monstre grotesque (c'est à dire, déshumanisé). La scène rappelle celle de Neo et de l'agent Smith piégés dans un duel de kung fu défiant la pesanteur dans la Trilogie Matrix).

John Lash

Traduction de Dominique Guillet