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Une Histoire Alternative du Graal
Pour défier et vaincre le Mensonge Paternel
10. La Lance Sanglante
John Lash
Traduction par Dominique Guillet de l'essai "The Bleeding Lance"
Les Vecteurs Crypto-Fascistes du Mensonge Paternel
“Le Crypto-fascisme est lorsqu’un group(uscule) adhère au fascisme de façon cachée en revendiquant les idées d’un autre groupe politique. Le terme crypto est utilisé de façon similaire dans les expressions Crypto-Judaisme ou Crypto-Christianisme qui se réfèrent à la pratique secrète d’une religion tout en adhérant publiquement à une autre religion” (Wikipédia).
Le Parzival de von Eschenbach est tout à la fois le récit d'une quête spirituelle, une histoire d'amour (ou plusieurs histoires d'amour), une fable enthéogénique et une histoire de magie noire. Cela constitue assurément une belle prouesse. Nous avons déjà présenté les trois premiers aspects de cet impressionnant répertoire. Le présent essai, ainsi que le suivant, seront consacrés au quatrième aspect: la magie noire.
Pas si Innocent
Dans Parzival, Klingsor est le magicien malveillant qui forge l'arme qui blesse le roi du Graal, Amfortas. Nous apprenons dans les épisodes de Gauvain que Klingsor est un patriarche castré qui castre d'autres hommes afin de les rendre tout aussi impotents que lui. Il acquiert du pouvoir, de façon vicieuse, en rendant les autres impuissants. C'est la première leçon que nous apprenons en ce qui concerne les praticiens de la magie noire: ils ne possèdent aucun pouvoir qui leur soit inhérent mais ils acquièrent un genre perverti de pouvoir (c'est à dire le contrôle, l'extorsion et la domination) en ôtant tout pouvoir à autrui. Le patriarcat conserve son pouvoir de contrôle socio-spirituel en réprimant les impulsions sexuelles et hédonistes qui sont innées à notre espèce et en tranchant le cordon extatique de l'humanité avec la nature. C'est pour cela que la baronne Orgeluse, sexuellement séduisante, ainsi que la plante enthéogénique constituent des éléments fondamentaux de la blessure du roi du Graal.
L'Eglise Catholique a été très largement considérée comme une organisation crypto-fasciste depuis le 12 ème siècle mais il fallut attendre le début de la Renaissance pour que cette conception puisse s'exprimer ouvertement sur le plan social. (L'événement décisif qui dévoila, au monde Européen, la nature “Satanique” du Catholicisme Romain fut la Papauté d'Avignon qui dura de 1309 à 1378.) A l'époque de Wolfram, l'Eglise était perçue comme un instrument de forces immorales, anti-humaines et franchement diaboliques. Joseph Campbell souligne qu'il se peut que le poète-chevalier ait pris le Pape Innocent III comme son modèle pour Klingsor:
“Est-il besoin de demander ou de dire qui le poète Wolfram avait en tête lorsque, aux alentours de 1210, il écrivit un tel récit au sujet d'une magie stérilisante apportée à l'Europe du Proche-Orient par un castré qui méprisait la vie...? Le roi de Sicile, à cette époque, était l'enfant Frédérick II (1194-1250) qui fut couronné à Palerme en 1198 et qui, à la mort de sa mère, six mois plus tard, devint le pupille d'Innocent III (1198-1216), le pape le plus puissant de tous les temps. La lecture du thème de la Terre Dévastée par le poète médiéval Wolfram fut en tout cas diamétralement opposée à celle de Richard Wagner: ce ne fut pas la passion de l'amour mais la revanche d'un castré contre l'amour qui fut pour lui la source du linceul de la mort planant sur le palais de la vie (le Château des Merveilles) et le palais de l'effroi (le Château du Graal). Et ce ne pouvait pas être le signe magique de la Croix que le “fou ingénu” de Wagner brandit au point culminant de l'Acte II qui aurait pu briser l'enchantement du nécromancien de Wolfram. Le nécromancien lui-même, Innocent III, employait le-dit signe pour renforcer son envoûtement magique de ses interdits par lesquels les rois étaient déchus, intimidés et mis à genoux”. (Creative Mythology, pages 512-513).
La comparaison entre le Parzival de Wolfram et celui de Wagner est révélatrice et nous allons y revenir ci-dessous. Pour le moment, rappelons un des enseignements fondamentaux de Mythbusting 101: les actes de pouvoir et les “événements décisifs de l'histoire” enregistrés dans les livres et célébrés par les vainqueurs sont toujours à mettre en parallèle avec des développements intimes et intenses dans l'expérience humaine, des événements qui concernent l'épanouissement ou la frustration du potentiel humain. Dans l'histoire parallèle, nous accordons une importance essentielle aux événements subjectifs et non consignés - tel que le phénomène de l'amour romantique.
Il se peut fort bien que les actes non enregistrés déterminent l'évolution de l'humanité de façon beaucoup plus décisive que les faits historiques consignés qui fournissent un script directeur pour le contrôle de la société selon des voies qui souvent dénient et frustrent l'épanouissement du potentiel humain. L'importance de l'expérience non consignée quant à l'orientation de la vie est un des enseignements majeurs de ces leçons. C'est également une des perceptions métahistoriques fondamentales.
Arme Fatale
Comme nous l'avons souligné dans la leçon précédente, Klingsor ne peut pas détruire le pacte éternel entre l'espèce humaine et les plantes psycho-actives qui ont parlé avec l'humanité depuis des centaines de milliers d'années. Ce que le nécromancien peut faire, cependant, c'est attacher un pouvoir blessant et déviant à la magie des plantes: il munit Gramoflanz d'une arme fatale. La lance sanglante de la légende du Graal est presqu'aussi mystérieuse que le Graal lui-même. Le Graal peut être retracé aux chaudrons magiques de la mythologie Celtique; il en est de même pour la lance sanglante malgré que son origine mythologique ne soit pas aussi évidente et clairement définie. La lance a été comparée à l'épieu du dieu Celtique Lug et associée à l'éclair de Zeus mais de tels parallèles ne révèlent pas la signification complexe qu'elle assume dans le récit de Wolfram.
Une allusion archaïque à la lance se trouve dans la légende de Celtchar, un personnage central dans le Cycle Ulster de la mythologie Irlandaise. C'est un guerrier formidable mais au contraire des héros Celtiques qui sont d'une beauté éblouissante - Cuchulain, par exemple - il est grand, à la peau grise et laid. Celtchar porte une arme fatale, une lance qui “possède une vie en propre: sa puissance doit être régulée en la plongeant dans un fluide corporel toxique; sinon, elle blessera même celui qui la porte”. (Emma Jung et von Franz, La légende du Graal, page 86). C'est un prototype évident de la lance sanglante en possession de la communauté du Graal, mais il y a plus, quelque chose d'assez particulier que Wolfram a ajouté...
De nos jours, on attend d'un érudit de mythologie comparée qu'il soit capable de citer le cycle d'Ulster tout autant que d'autres informations parallèles, corrélées à la lance, émanant d'autres cultures mais il convient de nous demander si un poète Allemand du 13 ème siècle bénéficiait d'une telle amplitude de savoirs. Il se peut très bien que Wolfram connaissait la légende Irlandaise grâce au réseau étendu de conteurs, narrateurs de la légende Arthurienne et bardes Bretons et Gallois. Je soutiendrais, cependant, qu'il possédait une connaissance intime du motif Irlandais grâce à ses contacts avec les initiés survivants des Mystères qui se mêlaient aux conteurs et qui leur fournissaient des informations et des intrigues. De plus, Wolfram était assez sûr de lui pour s'inspirer du motif archaïque et le modifier. Dans sa version, la lance sanglante n'a pas besoin d'être plongée dans un “fluide corporel toxique” car l'arme saigne elle-même comme une plaie suppurante. Lorsqu'elle est appliquée à la blessure qu'elle a provoquée, la lance ne la guérit pas mais elle soulage simplement la douleur - j'insisterais sur le fait qu'elle en donne seulement l'impression, c'est l'illusion momentanée d'une guérison. La communauté du Graal est totalement soulagée à ce spectacle: ce qui veut dire, en fait, qu'ils sont accrochés au soulagement temporaire ou par procuration de la douleur du patriarche.
L'arme sanglante est l'unique artifice de Wolfram mais quel artifice. C'est assurément une des inventions imaginatives suprêmes de la littérature Occidentale. Pensez-y juste: l'arme qui blesse est elle-même blessée. Wolfram suivit la tradition Irlandaise lorsqu'il fit de la castration son motif pour le Roi des Pêcheurs et n'en fit qu'un avec la lance. Dans la matière Irlandaise, Celtchar est aussi un tyran castré. Nous traduisons ce symbole comme suit: le tyran patriarcal (le théocrate) est un homme blessé au pouvoir létal. Il est une arme blessée sous une forme humaine. Nous découvrons que le patriarcat est une arme blessée, une force de domination et de destruction déchaînée sur l'humanité par des mâles émasculés. C'est une des leçons essentielles de Mythbusting 101. Les dominateurs paternels sont des impuissants orgasmiques dirait Reich et la légende médiévale ne fait que confirmer son diagnostic. La plupart (mais pas tous) des tyrans fascistes de l'histoire étaient des mauviettes éclopées: Alexandre, Staline, Hitler, George W. Bush. Une mauviette peut être le plus dangereux des hommes.
Cette identification du pouvoir paternel-patriarcal au pouvoir blessé informe le symbole de la lance sanglante et il existe aussi ici un autre élément clé. Il nous faut poser la question suivante: quelle sorte d'arme soulage la douleur de la blessure qu'elle a infligée en y étant insérée, de façon répétée? Lorsque nous prenons en compte cette question, il nous faut garder à l'esprit que le soulagement de la peine peut être, comme il a été suggéré, illusoire ou par procuration. La re-blessure peut offrir un faux sens de soulagement, de confort, de consolation, d'apaisement; mais cela ne guérit pas la blessure originelle et cela ne permet pas non plus à la figure paternelle souffrante d'arriver au terme de son affliction. La réinsertion de l'arme blessée-blessante est un stratagème d'auto-illusion réconfortante de la part de la communauté du Graal. C'est un acte psychologiquement ritualisé, une compulsion sociale qui se répète de façon aveugle, mais point une guérison authentique. Le rite de consolation - à savoir d'excuse, de légitimation et même de conférer des honneurs au perpétrateur (voir le quatrième commandement de Moïse) laisse la communauté du Graal profondément empêtrée dans le problème originel et impliquée encore plus profondément dans l'agonie paternelle.
Revivre les blessures de guerre, commémorer des batailles gagnées à grand prix, si ces batailles et ces guerres sont menées pour la cause de la domination paternelle, est une manière de réinsérer la lance sanglante dans la blessure qu'elle a infligée. Dans toute guerre, il existe un héroïsme authentique lorsque des hommes et des femmes font face à des situations impossibles et triomphent par pur courage. Mais les mensonges politiques et idéologiques qui déclenchent les guerres sont justifiés à mauvais escient lorsqu'ils sont associés avec de tels actes d'héroïsme et revécus lors de rites sociaux de commémoration. L'agression paternelle et patriarcale, légitimée par la religion de la perpétration, blesse l'humanité et continue de la reblesser à chaque fois que ces actes d'agression sont commémorés. Le sentiment faux de soulagement se nourrit d'un besoin profond humain d'avoir du chagrin et de donner un sens à la perte; ces cérémonies sont réellement émouvantes mais la consolation auto-illusoire dessert le besoin de faire le deuil. (Le chagrin authentique est-il une forme d'aboutissement or est-ce l'acceptation d'un non-aboutissement?). Aucune guérison réelle de la psyché collective n'est offerte par ces orgies de commémoration lorsqu'elles déguisent l'auto-légitimation du Mensonge Paternel: “Dieu est à nos côtés”.
Il se peut que j'interprète trop la perception psychologique de Wolfram ou que j'en fasse une interprétation trop profonde, mais peut-être que non. La lance sanglante est son invention littéraire fondée sur un motif mythologique archaïque, alors que le Graal est un symbole numineux de la Lumière Organique et il n'est rien qui soit inventé à son sujet ou quant à ses pouvoirs magiques. Je dirais, cependant, que le génie de Wolfram était enraciné profondément dans son expérience de chevalier et son contact direct avec l'agression et la violence et cela lui permit d'inventer un symbole martial presque aussi puissant que le Graal même. La différence étant que la signification du Graal est mystique tandis que la lance sanglante est un symbole de la pathologie dé génocide et d'écocide infligée au monde entier par les WMD (White Male Demagogues, jeu de mots avec “Weapons of Mass Destruction”), les BDM, Blancs Démagogues Mâles (ou Bombes de Destruction Massive) qui mettent en oeuvre le programme théocratique - ou programme des dominateurs comme il a été appelé.
Opérations de Magie Noire
La théocratie est l'expression politico-idéologique de la magie noire. C'est l'outil primordial de contrôle comportemental des Illuminati, le cercle intérieur des dominateurs théocratiques. Les membres du cercle intérieur se cachent mais ils ne cachent pas ce qu'ils font - pas exactement. La magie noire fonctionne au mieux avec l'humanité non pas où elle se cache, mais totalement en terrain ouvert sous un déguisement crypto-fasciste. Dans le jargon militaire et de la CIA, une opération secrète telle que le renversement d'un gouvernement à l'insu du Sénat, du Congrès et de l'exécutif, sans même mentionner le grand public, est une “black ops”, une opération noire. De telles missions se déroulent toujours dans le plus grand secret, loin du regard du public, sans consignes écrites, etc. Il n'en est pas ainsi du programme crypto-fasciste des théocrates.
L'opération secrète la plus efficace est celle qui se déroule sous votre nez et qui, peut-être, s'appuie sur votre collusion volontaire: une opération de magie noire.
Nous allons nous concentrer, pour le moment, sur la tactique surprenante de non-dissimulation. Dans la légende du Graal, les pouvoirs magiques du Graal sont révélés dans la même scène que la re-blessure d'Amfortas. Les deux événements surnaturels sont en équilibre, peut-être pour mettre en valeur que le pouvoir du Graal est éternel tandis que l'acte de blesser le patriarche est répétitif et permanent. L'exhibition du Graal est un événement mystique réservé à la famille du Graal. L'exhibition de la lance est un événement public qui est ouvert à tous.
L'arme blessée, dans l'histoire de Wolfram, appartient au cercle intime de la communauté du Graal et elle blesse le chef de famille. Je pense que cela veut dire que selon la compréhension que Wolfram a de la Terre Gaste, l'envoûtement maléfique placé sur la terre est de la magie noire qui émane de la communauté du Graal, des riches et des privilégiés qui appartiennent à des lignées de sang sélectionnées. Ce sont des victimes de la magie maléfique et ils la répandent sur autrui. Ils hébergent des pouvoirs maléfiques alors même qu'ils sont servis par le pouvoir de guérison du Graal. Ce n'est pas le dilemme de l'humanité dans son ensemble mais uniquement celui de la classe possédante, privilégiée et dominante socialement. Nous en tirons la leçon que la pathologie du mal se niche chez les riches. La magie noire n'est pas l'apanage de tout un chacun, mais bien celui des régents, des banquiers, des politiciens et des vendeurs d'armes.
Les contrôleurs cachés - les Illuminati, si l'on préfère, mais dans un moment je vais proposer un autre terme - oeuvrent tout aussi bien en ne dissimulant pas leurs opérations maléfiques qu'en les dissimulant. Une de leurs tactiques favorites est de compenser, de neutraliser: de représenter quelque chose qu'ils font d'une manière fausse afin de dissimuler ce qu'ils font réellement. Un exemple patent et aisément vérifiable de compensation, ou de neutralisation, est la démonisation des Mystères et de la sagesse naturelle. A l'aube du Moyen Age, Pan fut considéré comme le Diable, la nature fut diabolisée, et tout ce qui avait été accepté comme sagesse naturelle, guérison naturelle, connaissance du monde des plantes et des “animaux de pouvoir”, les arts de la survie basés sur la relation intime avec les forces de la nature, et ainsi de suite, fut incriminé comme magie noire afin d'occulter la magie noire véritable qui était et qui est une menace pour la survie de l'humanité.
La Résistance
Wolfram fait quelques allusions dans son histoire à des agents contemporains de la magie noire. Joseph Campbell (cité ci-dessus) identifia Klingsor avec le Pape Innocent III ou, peut-être, par implication avec le conseiller Arabe de Frederick II (1272-1337), le Roi de Sicile, qui était sous la tutelle d'Innocent III. Dans le Massacre à Montségur, Zoe Oldenburg écrit qu'Innocent III “établit comme son premier axiome la suprématie absolue de l'Eglise et se vit appelé à guider les rois et les empereurs et à les obliger de servir les intérêts de Dieu” (page 87). Un théocrate absolu, il est communément considéré comme un des papes les plus puissants de tous les temps. A sa suite vint Innocent IV (1243-1254) qui se proclama “le vicaire du Créateur auquel toute créature est sujette”. Innocent IV fit de l'Inquisition, initiée par les Dominicains en 1233, l'institution officielle de l'Eglise Romaine. ( Au cas où certains ne suivraient pas les nouvelles du Vatican, l'Inquisition fut formellement dissoute par le Pape Paul VI en 1965 mais continua de fonctionner sous le nom moins menaçant de Congrégation de la Doctrine de la Foi - le Saint Office, en bref. Le pape actuel, Bénédicte XVI (Josef Ratzinger, né en 1927) était à la tête de cet office au moment de son élection et ce, depuis 1981. Il existe une ligne directe de pouvoir exécutif d'Innocent III à Bénédicte XVI.
De par le lancement officiel de l'Inquisition, la neutralisation se mit en place sur une vaste échelle mais presqu'immédiatement, le peuple Européen réagit instinctivement par un sursaut de santé mentale. De nombreuses personnes vivant à cette époque réagirent aux influences pernicieuses et aux jeux de contrôle de l'Eglise, mais ces histoires ne sont généralement pas consignées parce qu'elles ne confirment pas la suprématie de la puissance paternelle. Les mouvements idéologiques et politiques massifs et flagrants de la part des théocrates, tels que les bulles papales et les conciles oecuméniques, sont toujours indicatifs d'une intensification de la résistance chez le peuple, de rébellion contre le contrôle et la manipulation. La résistance contre l'Eglise initiée par la chevalerie et le culte de l'amour surgit à la fin du 13 ème siècle et provoqua une scission au sein de la Papauté en raison d'une divergence sur la façon de duper et d'assujettir la plèbe. Comme les maléfices de l'élite religieuse dominante devenaient de plus en patents après 1300, les efforts de répression et de neutralisation dépassèrent les bornes pour éventuellement culminer avec la chasse aux sorcières, le scandale des Manifestes Rose Croix en 1620 qui déclenchèrent la Guerre de Trente Ans, et après cela une longue série de guerres religieuses sanguinaires.
Le crypto-fascisme est le déguisement favori, depuis fort longtemps, des dominateurs qui veulent apparaître autres que ce qu'ils sont - des Chrétiens dévots, des bienfaiteurs sociaux et des patriotes, par exemple - aux yeux du monde; cela ne veut pas dire que les patriotes et les bienfaiteurs authentiques n'existent pas. Campbell suggère, en identifiant le Pape Innocent III avec Klingsor, que l'Eglise Romaine a longtemps été l'instrument majeur du crypto-fascisme sur terre. Récemment, le mouvement néocon dans la politique Etats-Unienne est devenu, dans les affaires du monde, un instrument fondamental des objectifs crypto-fascistes. Le déguisement qu'il utilise est précaire et à peine crédible, ce qui témoigne du mépris flagrant des néocons pour l'intelligence des citoyens des USA qui croient qu'ils vivent dans une démocratie. C'est comme si Jack le Violeur paradait, dans un costume d'Halloween, sous les traits Freddy dans le film Les Griffes de la nuit, en prétendant être un anti-terroriste: et tout le monde est bien rassuré par ces singeries.
Parzival est un chef d'oeuvre d'art psychologique. De telles oeuvres ne peuvent pas être positionnées sur une grille Cartésienne qui présenterait des flèches partant des motifs “lance”, “Terre Gaste” et “guirlande” et pointant vers des paragraphes encadrés expliquant dans un langage rigoureux la signification de chaque motif. Aucune corrélation systématique n'est possible car les significations ésotériques et symboliques sont entremêlées avec complexité et interagissent à différents niveaux de référence. Amfortas représente à la fois notre humanité blessée et la domination paternelle (c'est à dire le complexe théologique paternel) qui la blesse. On ne peut dissocier les victimes des perpétrateurs qui leur sont souvent liées. Gyn/Ecology (1978) de Mary Daly contient un exposé cinglant des maléfices paternels en partant de la chasse aux sorcières pour en arriver aux Nazis, et offre des perceptions brillantes et indispensables pour nos leçons de Mythbusting:
“Les Maîtres du Mythe sont capables de pénétrer dans le mental et l'imagination de leurs victimes en faisant en sorte, tout simplement, que leurs mythes trompeurs s'incarnent de façon répétée dans des situations qui impliquent les participants dans une complicité émotionnelle. De telles répétitions obligent à la fois les victimes et les perpétrateurs à jouer leur rôle prédéterminé sans discrimination. Les psychés des acteurs sont ainsi conditionnées de telle sorte qu'ils soient le vecteur du mythe patriarcal. Les participants donnent une réalité au mythe en le manifestant et deviennent les reproducteurs et la “preuve vivante” des mythes fallacieux” (page 109).
Je n'ai pas cité Daly lors de mon explication de la collusion victime-perpétrateur dans mon ouvrage Not in His Image mais le paragraphe ci-dessus résume magnifiquement mon argumentation et nous pouvons presque l'interpréter comme un commentaire sur l'insertion rituelle de la lance sanglante dont est témoin la famille du Graal.
Amfortas représente cette portion de notre humanité qui agit de façon inhumaine en raison de sa blessure. Au cours de l'histoire, la partie blessée de l'humanité s'est séparé de l'espèce humaine et a muté en une sorte de race particulière - c'est pourquoi le crypto-fascisme opère selon des principes raciaux très prononcés. Les programmes raciaux à peine déguisés des religions Abrahamiques témoignent de la manière dont ces religions servent de couverture, pour les perpétrateurs paternels, à des actes violents d'écocides et de génocides. La fin de partie des dominateurs conduit à la purge, le moment apocalyptique durant lequel les Elus sont appelés par le dieu paternel. Les opérations de magie noire les plus massives et les plus destructrices de l'histoire humaine sont réalisées sur le derrière de la scène de la religion de la rédemption.
Le Reich Sacré
En 2003, Cambridge University Press publia un ouvrage intitulé The Holy Reich: Nazi Conceptions of Christianity, 1919-1945. Son auteur est Richard Steigmann-Gall, professeur assistant d'histoire à Kent State University. Le propos de l'auteur n'est pas de présenter son interprétation de la manière dont le Nazisme pourrait être appréhendé comme une idéologie Chrétienne de la rédemption mais bien plutôt de démontrer comment il fut réellement considéré comme tel par les leaders Nazis. L'auteur montre que les hommes, considérés comme les plus monstrueux ayant jamais vécu, partageaient de l'esprit authentique du Christianisme commun à tous les adhérents à cette foi. Il le prouve en citant des correspondances et des procès-verbaux, jusqu'alors inédits, qui présentent la vision Nazi du Christianisme dans les mots mêmes de ceux qui l'embrassèrent. Il laisse le Reich Sacré parler par lui-même.
Le résultat est époustouflant et c'est le moins que l'on puisse dire. Steigmann-Gall montre que tous les chefs Nazis, à l'exception de Ludendorff, virent dans le Christianisme l'expression suprême de l'idéologie Aryenne. Il est difficile de paraphraser ou de résumer cette argumentation ici parce qu'elle est très richement documentée et je ne ferai pas l'effort de citer les mêmes sources. L'auteur, grâce à l'utilisation de documents originels, démontre la sincérité totale des Nazis envers le Christianisme. Les Nazis croyaient sincèrement qu'ils étaient de dévots Chrétiens, fidèles au message essentiel de cette religion qu'ils interprétaient comme un programme pour établir une race maîtresse fondée sur le modèle du Christ Aryen.
L'ouvrage de Steigmann-Gall évacue la notion bien établie selon laquelle l'idéologie religieuse du Nazisme était une forme pernicieuse de revivalime Germanique “du sang et du sol”, appelant à un retour des dieux nordiques tels que Woden. Que c'était, en bref, une forme de paganisme Teuton. En réalité, les faits et les documents historiques prouvent que seul Ludendorff embrassa cette idéologie anti-Chrétienne, en raison principalement de l'influence de sa seconde femme, Mathilde von Kemnitz. La fille d'un théologien, elle se retourna contre son père et “elle en vint à haïr tout ce qui était associé au Christianisme, créant à sa place une philosophie qu'elle appela Deutsche Gotterkenntnis” (une conception Allemande de Dieu) (The Holy Reich, pages 87-88). Matilde Ludendorff écrivit un ouvrage intitulé Redemption from Jesus-Christ dans lequel “elle chercha à remplacer Jésus par une conception panthéiste de la nature... (selon elle) Jésus n'était pas un leader Aryen héroïque mais un Juif alcoolique qui ne mourut même pas sur la croix” (ibidem, page 89).
Durant la montée de Hitler au pouvoir, Ludendorff suivit son propre programme. En 1925, il fonda la Ligue Tannenberg “comme un groupe strictement mystico-religieux” centré sur le culte Teutonique de la nature. Mais dans Mein Kampf, Hitler condamna l'idéal Teutonique guerrier archaïque en des termes qui ne laissent planer aucun doute: “Les gens délirent au sujet de l'antique héroïsme Germanique, au sujet de la préhistoire d'antan, des haches de pierre, des lances et des boucliers mais en réalité ce sont les pires couards que l'on puisse imaginer”. Deux ans après que la Ligue Tannenberg fût fondée, Hitler expulsa Luddendorf du parti Nazi. En raison de l'interprétation biaisée présentée par de nombreux historiens, l'idéologie militante et mystique des Nazis à été identifiée à tort avec le programme anti-Chrétien de Ludendorff alors qu'en fait le Nazisme était un renouveau fondamentaliste Chrétien au coeur de l'Europe.
La Lance de la Destinée
Si Steigmann-Gall a raison, son ouvrage confirme la thèse principale de mon livre Not in His Image: le programme de rédemption Judéo-Chrétien est la couverture pour une idéologie de génocide et de domination mise en place par une “race choisie” - la religion de la perpétration. L'auteur du The Holy Reich explique comment les idéologues Nazis firent leur possible pour purger le Christianisme du Judaïsme et le garantir comme la religion authentique des peuples Européens. Ce faisant, ils s'inspirèrent de l'interprétation de Richard Wagner du Parzival de Wolfram. Voici l'observation très pertinente de Campbell au sujet de cette interpétation:
“Wagner croyait que Wotan, le dieu le plus élevé dans le paganisme, devint “complètement identifié” avec “le Christ lui-même, le Fils de Dieu”. Il soutenait que, dans l'antiquité Germanique, 'la fidélité et l'attachement étaient d'autant plus aisément transférés au Christus que l'on reconnaissait de nouveau en lui la souche divine'. C'est particulièrement évident dans le Parzival de Wagner... Friedrich Nietzsche dénonça cette oeuvre, affirmant que 'Wagner s'est agenouillé devant la croix'. Comme tous les Nazis, à l'exception de Ludendorff, Wagner était convaincu que Jésus était un Aryen”.
Campbell observa également que le Parsifal de Wagner est “diamétralement opposé” à celui de Wolfram. Lorsque Wagner transforma la légende du Graal en une histoire de la rédemption chrétienne, les Nazis l'embrassèrent. La légende, en tant que récit mystique des Mystères et de l'héroïsme Païen, ne suscitaient pour eux aucun intérêt.
L'ouvrage radical de Steigmann-Gall sur le Reich Sacré ne contient pas un mot sur le Saint Graal. Cela ne sera pas une grande surprise pour les lecteurs qui suivent mon argumentation. En adoptant l'histoire du Mystère du Graal, les Nazis sélectionnèrent ce qui importait pour leur programme théocratique de domination du monde: non pas le Graal mais la lance sanglante. En fait, l'intérêt d'Hitler pour la lance fut une obsession durant toute sa vie. Et pas seulement la lance de l'histoire de Wolfram, mais la lance véritable, la lance de Longinus. C'est un artefact Chrétien qui devint un objet de culte au 11 ème siècle lorsque les Croisades provoquèrent une épidémie de chasse aux reliques. Dès que le public devint friand de reliques sacrées, les reliques apparurent pour satisfaire sa gourmandise.
Parmi les batailles des Croisades, le second siège d'Antioche en juin 1098 se classe comme un événement très marquant sur le plan de la violence aveugle et meurtrière. Publié en 1852, l'ouvrage de Mackay Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds contient des descriptions détaillées et saisissantes des horreurs sur la Terre Sainte. A Antioche, “les hommes, les femmes et les enfants furent massacrés de façon aveugle”, une scène réminiscente du génocide de l'Ancien Testament, avec la bénédiction de Jéhovah. Après la bataille, la peste et la famine réduisirent les 300 000 pèlerins et croisés survivants qui occupaient la ville à 60 000. Beaucoup parmi eux souffraient d'hallucinations et de crises de démence. Un prêtre de Provence, Pierre Barthelemy, se présenta devant le Comte Raymond de Toulouse, un des chefs des Croisés Français, et déclara qu'il avait eu une vision: la sainte lance qui perça le flanc du Christ était enfouie dans les ruines d'Antioche. Pierre prétendit que l'apôtre André était apparu à lui et qu'il l'avait conduit à l'endroit exact. “L'apôtre descendit alors dans le sol et en ramena une lance en lui disant que c'était cette lance même qui avait ouvert le flanc dont avait coulé le salut du monde” (Makay, page 394).
La source Biblique de la sainte lance est Jean, 19:34: “Un des soldats perça son flanc, d'une lance, et il s'en écoula immédiatement du sang et de l'eau”. Le nom de ce centurion, Longinus, ne se trouve que dans les Actes de Pilate, un apocryphe. Cette légende était très répandue au Moyen Age, plus particulièrement à la suite de la découverte de la relique à Antioche. Les monarques Chrétiens firent leur possible pour mettre la main dessus. De même pour Adolf Hitler. Dans Mein Kampf, il décrivit le moment où il put la contempler pour la première fois, durant une visite guidée au Musée Hofburg de Vienne. A l'époque, Hitler avait à peine vingt ans et c'était un misérable artiste de rue qui colportait des cartes postales peintes à la main. Un jour, il se trouva au milieu d'un groupe de politiciens étrangers auxquels il était offert une visite gracieuse du musée. Lorsqu'ils entrèrent dans une petite salle d'exposition appelée Weltliche Schatzkammer, Hitler se trouva face à l'objet qui allait devenir son obsession dévorante:
“Ces étrangers s'arrêtèrent immédiatement en face de l'endroit où je me tenais tandis que leur guide montrait une antique pointe de lance. Au début, je ne pris même la peine d'écouter ce que cet expert avait à dire à ce sujet considérant la présence de ce groupe comme une intrusion dans mes pensées désespérées. Et puis, j'entendis les paroles qui allaient bouleverser ma vie entière: 'Il existe une légende associée à cette lance selon laquelle celui qui la revendique et découvre ses secrets tient la destinée du monde dans ses mains, pour le meilleur ou pour le pire.'”
A partir de ce moment, Hitler fut convaincu qu'il était destiné à revendiquer cette relique, la lance de Longinus qui avait percé le flanc du Christ (appelée la lance de Maurice dont seul le fer est conservé en deux morceaux). La première chose qu'Hitler fit après avoir annexé l'Autriche en 1938 fut d'aller au musée Hofburg pour tenir la lance dans ses mains alors que près de trente années s'étaient écoulés depuis qu'il avait posé son regard dessus pour la première fois. Ce ne serait sans doute pas une exagération de dire que la “Lance de la Destinée”, comme elle a été appelée, est la relique magico-religieuse la plus puissante sur cette planète. De nos jours, la lance est présente dans des douzaines de jeu de fiction qui sont joués avec ferveur sur l'internet. Confère Google.
Après la chute de Berlin en 1945, la Lande Maurice fut retournée à la sûreté de la salle du Musée dans laquelle Hitler l'avait vue la première fois. Elle y est encore.
La lance sanglante de Wolfram a beaucoup à nous enseigner, quant à la puissance paternelle, mais son identification avec la lance qui a percé le flanc de Jésus est sans doute l'astuce parfaite. Il est plus que probable que Wolfram avait un oeil sur cette relique des Croisades et l'autre sur le prototype Irlandais lorsqu'il inventa ce support. Il aurait été extrêmement dangereux pour lui de réaliser une identification littérale avec la lance de Longinus car il affirme clairement que la lance est une arme de magie noire, forgée par un nécromancien de l'Orient. Cela aurait impliqué que le pouvoir de guérison du sang attribué uniquement au Christ n'était rien d'autre qu'un stratagème de magie noire.
Et c'est sans doute la réalité.
Contre-Conspiration
Afin de comprendre les machinations occultes du Mensonge Paternel, il est essentiel de reconnaître les déguisements crypto-fascistes en jeu. Je propose le terme vecteur pour décrire comment de tels déguisements dirigent ou entraînent l'attention collective.
Entraînement: Techniquement, une synchronisation d'ondes cérébrales avec une fréquence déterminée par le biais d'une onde électronique, d'un signal acoustique, etc. Psychologiquement, le processus consistant à suivre un message ou un ordre subliminal ou occulte. Dans une transe post-hypnotique, le sujet “entraîné” par le commandement donné sous hypnose y obéit de façon automatique et aveugle.
Le vecteur et le déguisement sont la même chose - dans Gyn/Ecology, Daly les appelle des “incrustations subliminales” - mais le terme vecteur souligne la manière dont le déguisement fonctionne de façon directive sur les sujets ciblés pour un conditionnement idéologique, religieux ou social. La morale Chrétienne est, par exemple, un vecteur crypto-fasciste pour la collusion victime-perpétrateur. L'image du dieu-homme ou du surhomme, Jésus Christ, est un vecteur crypto-fasciste pour un culte extra-terrestre de domination. Ceux qui embrassent l'image comme l'idéal de l'humanité deviennent des complices involontaires dans un programme occulte... ce qui nous fait paraître basculer dans la thèse de la conspiration, bien sûr. Pour nous défendre des accusations selon lesquelles ces leçons de Mythbusting 101 nous rendent solidaires de la sphère familière de la théorie de la conspiration globale, je dois présenter des distinctions rigoureuses (en cinq paragraphes):
1. La meilleure conspiration n'est pas imposée au peuple par des manipulations occultes: elle est volontairement adoptée par ceux qu'elle est supposée tromper et léser. Il n'existe pas de conspiration capable de contrôler le monde entier et de duper tous les peuples de la planète mais il existe un scénario basique de conspiration qui oeuvre de telle sorte qu'un programme de conspiration globale, qui serait extrêmement compliqué à mettre en place, n'est pas nécessaire. Pourquoi? Parce que vous n'avez pas besoin de fomenter une conspiration dans le monde lorsque les individus acceptent d'être de connivence avec vos objectifs, totalement à leur insu, néanmoins.
2. Un bon exemple pour illustrer ce type de connivence est le film de 1974 A cause d'un assassinat dans lequel Warren Beatty jour le rôle d'un reporter qui tente de dévoiler une conspiration et qui finit par en devenir le bouc émissaire. La bande du film annonce ironiquement: “Il n'y a pas de conspiration, juste douze personnes mortes”. L'assassinat planifié que suspecte le personnage joué par Beatty fut mis en oeuvre par une intrigue mais c'est lui-même qui devient la cheville ouvrière de la conspiration. Il participe donc à la conspiration sans avoir été obligé de le faire.
3. Il existe un programme de conspiration à l'oeuvre dans l'histoire mais pas une conspiration systématique et globale en soi. Une des finalités de ces leçons est de décrire ce programme. Cela n'est pas du tout de dévoiler une conspiration secrète ou présumée telle. En fait, l'approche que je développe ici pourrait être appelée une théorie de contre-conspiration. Elle diffère de la théorie de la conspiration dans la mesure où son propos n'est pas de dévoiler une conspiration spécifique en citant des noms ou des événements; elle tente, plutôt, de montrer comment une collusion aveugle émerge automatiquement autour d'un scénario prédéterminé.
4. D'emblée cette distinction n'est sans doute pas claire et il peut être bénéfique de se démarquer des suppositions et des associations habituelles qui sont corrélées aux exposés de la théorie de la conspiration et d'introduire deux nouveaux termes - pour rafraîchir la syntaxe, si l'on veut. Au lieu de conspiration, je vais me référer à la suprême arnaque (dans le sens où Daly évoque le “Maître Mythe”). Les arnaqueurs peuvent être appelés les Illuminatis mais ce terme est chargé d'associations et j'en propose donc un autre: les DC. Dans ce nouveau jargon, nous pouvons parler “de la suprême arnaque menée par les DC” afin de montrer que ce n'est pas une conspiration en soi mais un fantasme collectif qui permet à un noyau d'activités réellement maléfiques d'être perpétrées dans le monde entier. Comme la suprême arnaque est un fantasme de l'imagination collective, elle n'a pas besoin d'être mise en oeuvre par un vaste effort conspirationnel. Elle s'invente et se nourrit d'elle-même tant que l'imagination collective n'est pas rendue attentive au scénario et guidée vers d'autres directions.
5. Et il existe un complot, un scénario, un programme caché mené par des personnes réelles, un groupe restreint d'individus que j'appelle les DC. Ces initiales signifient “divinement choisis”, la croyance directrice des DC. Ces dominateurs, au nombre restreint, partagent tous la croyance selon laquelle ils sont les plus beaux et les plus forts. Des conspirations telles que le Nouvel Ordre Mondial sont des fantasmes collectifs qui voient le jour en raison de la tentative humaine d'imaginer ce que les DC sont en train de concocter et comment ils fonctionnent. Les DC tirent alors profit du processus de fantasme collectif et l'exploitent selon des voies extrêmement pernicieuses. Il est exclus, cependant, d'imaginer que les DC orchestrent un vaste programme de manipulation globale. Ils n'en ont pas besoin. Ils font confiance à l'humanité pour se leurrer elle-même, pour créer ses propres prisons et pour inventer les monstres qui la subjuguent. L'oeuvre des DC est diaboliquement intelligente, une illusion qui s'auto-réalise comme un cauchemar Kafkaïen qui s'incarne grâce au comportement aveugle et compulsif de millions de personnes. Le génie des DC réside dans leur capacité de faire jouer l'imagination collective contre elle-même. Ils comptent sur l'humanité pour se faire entraîner par ses propres illusions, ou par des croyances attachées à ces illusions et “mythes trompeurs” comme Mary Daly les appelle - le mythe de la résurrection du corps physique après la mort, par exemple.
Les DC croient qu'ils sont les quelques élus de la divinité paternelle qui oeuvre contre l'humanité. LUI, Yahvé, les récompensera de l'immortalité physique ou d'un statut clonal d'éternité, un simulacre de vie, préfiguré par le personnage sinistre de Melchizedek qui est “non engendré”. Ils peuvent faire abstraction de l'humanité et mettre en place toutes sortes de mesures pour faire en sorte qu'elle empoisonne son habitat et s'auto-détruise par la violence sectaire, le racisme, l'addiction aux drogues, et autres pathologies induites parce qu'ils se sont alliés avec la puissance plus qu'humaine d'un dieu paternel extra-terrestre. Pour autant que je sache, seuls les Gnostiques des Mystères Païens s'exprimèrent sur la place publique afin de défier ouvertement ce pacte anti-humain en dévoilant le Démiurge, le dieu dément qui oeuvre contre l'humanité. Cela explique aisément pourquoi ils furent si brutalement exterminés.
Le Crucifix et la Lance
Essayons maintenant de conclure notre investigation de ce symbole puissant du mal, la lance sanglante. Dans le Parzival de Wolfram, le magicien noir qui forge la lance est Klingsor. Il vient de la région du Tigre et de l'Euphrate (Irak) mais son avant-poste en Europe se trouve dans les montagnes de la Sicile. Ces précisions ne sont assurément pas de l'invention de Wolfram et ce ne sont pas non plus des embellisssements fictionnels. Tout comme les autres lieux géographiques spécifiques qu'il cite, ils sont hautement signifiants. Il avait certainement le pape Innocent III à l'esprit dans sa référence à la Sicile. Le bastion de Klingsor, Calotte Enbolotte (qui s'épelle de diverses façons) est une retraite cachée de montagne en Sicile où le pape se rendait à des rencontres secrètes. Cela fut découvert par Frederick II qui avait l'habitude d'y convoquer ses généraux, ses conseillers et des Mages, des assassins et des alchimistes du Proche Orient.
L'Irak des anciens temps était la région dans laquelle la théocratie émergea comme un système de contrôle social, aux alentours de 4400 av EC. Comme je l'ai longuement expliqué dans d'autres écrits de ce site, la consécration des rois requérait des agents de consécration. Durant les époques préhistoriques et historiques, les classes sacerdotales secrètes structuraient et dirigeaient les régimes théocratiques au Moyen Orient, en Egypte, en Chine, en Amérique centrale, en Amérique du sud et ailleurs. En Egypte, par exemple, les pharaons, les théocrates désignés ou demi-dieux, étaient mis sur le trône et contrôlés par deux clergés d'élite connus sous les noms d'Oeil d'Horus et d'Oeil de Seth. Les prêtres conseillaient les chefs théocrates; et bien sûr, ils en faisaient beaucoup plus que cela. En Egypte, ils élaboraient génétiquement les lignes pharaoniques par consanguinité systématique - un fait reconnu même par des historiens conventionnels tels que Wallis Budge. Ils firent de même dans beaucoup d'autres régimes théocratiques de par le monde. La sélection génétique est une marotte obsessionnelle des DC.
Considérons un événement actuel: le Projet Génome Humain. Ce n'est pas un projet des DC, ni l'expression d'une conspiration occulte, comme certains chasseurs de conspirations l'ont prétendu. C'est une vaste collaboration de scientifiques qui tentent d'élaborer une définition de l'humanité sur le foi que le code génétique détermine strictement qui nous sommes. Cette croyance est purement humaine et donne lieu à de vastes projections de l'imagination collective. Les DC observent comment l'imagination humaine tend à aller vers les extrêmes les plus insensés et ils vectorisent ou “incrustent”, de façon intelligente, leurs plans dans des fantasmes déjà en développement afin que l'imagination collective avalise et facilite leur programme. Sans des initiés accomplis qui puissent enseigner à l'humanité comment détecter la déviance des processus mythologiques et imaginaires, et comment orienter ces processus selon des voies en harmonie avec le potentiel humain, il n'existe pas de possibilité de corriger les fantasmes qui confèrent du pouvoir à la suprême arnaque. Le succès de l'arnaque est garanti par l'éradication du mysticisme expérimental, c'est à dire, l'exploration guidée d'états de perception altérée dans le but de développer des outils cognitifs pour accompagner l'évolution humaine.
Le vecteur crypto-fasciste utilisé par les DC pour phagocyter le Projet Génome Humain en fonction de leurs propres objectifs est une idéologie relevant du “droit à la vie” (pro-life), du négoce de foetus. La position du président US, par exemple, contre la recherche avec les cellules-souches, implique des montages photos à l'eau de rose et des effusions verbales quant à la nature précieuse des enfants non-nés. Mais l'idéologie pro-life n'est peut-être que le contraire de ce qu'elle prétend être. Nous avons ici un exemple de neutralisation; la politique pro-life n'est qu'une simple façade pour maquiller l'intention des DC d'éliminer l'espèce humaine. Il est clair que de nombreux individus adoptent la plate-forme pro-life et y croient sincèrement. Ils sont donc de connivence, à leur insu, avec des gens qui ne respectent pas du tout la vie car les DC cherchent activement à mener l'humanité vers sa destruction totale afin qu'eux, les élus divins, puissent être finalement écrémés du reste de la populace humaine.
Dans un film moyen avec Arnold Swartzenegger L'Aube du Sixième Jour, les fondamentalistes Chrétiens font le forcing pour s'opposer au clonage humain afin de s'approprier de la technologie en secret. L'insistance pieuse de ne pas se mêler à l'oeuvre de Dieu cache d'intention de jouer à Dieu. C'est de la neutralisation crypto-fasciste en action.
La théocratie Egyptienne est un bon exemple de la manière dont “les masses ignorantes” soutiennent et glorifient même un scénario secret (le programme de consanguinité pharaonique) de la suprême arnaque. Les DC (quels qu'ils fussent à cette époque et dans cette région) mettaient en place des lignes dynastiques de consanguinité génétique comme partie intégrante d'une expérimentation de contrôle social qui fonctionna de façon fantastique pendant de nombreux siècles. Ce faisant, ils exploitèrent le fantasme collectif de “dieux vivants”, faisant confiance aux gens qui croyaient en de telles entités pour considérer les pharaons comme la preuve vivante de leurs croyances. C'est ainsi que les DC orchestrèrent le programme conspirationnel de la théocracie Egyptienne.
Avec ces exemples à l'esprit, posons-nous la question suivante: quelle sorte de vecteur la lance sanglante est-elle? Et bien, en premier lieu, c'est un instrument de souffrance plutôt que de mort et il apparaît même fonctionner comme un instrument qui soulage de la souffrance. Wolfram joue avec brio de ce paradoxe, comme nous l'avons vu. Je suggérerais que la lance sanglante est un symbole du pouvoir mystifié de la souffrance. La croix ou le crucifix est aussi un vecteur de nature et d'intention similaire à lance. A chaque fois que les croyants voient l'homme crucifié sur la croix, ils ressentent que la blessure de souffrance que nous portons tous est soulagée, de même que la blessure d'Amfortas était soulagée par l'insertion de la lance sanglante.
De nombreux individus, de par le monde, sont perplexes quant à la nécessité et à la finalité de la souffrance et sont enclins à croire que plus de souffrance, ou une forme particulière de souffrance - la souffrance d'un dieu d'amour divin, par exemple - peut transformer la condition humaine et nous libérer du besoin de souffrir. Cette croyance purement humaine inspire de vastes projections de l'imagination générique de notre espèce et le pouvoir de ces projections est mis à profit par des vecteurs crypto-fascistes comme le crucifix. Pour de nombreuses personnes, n'importe quoi fera l'affaire pour donner un sens à la souffrance.
Pour la plupart des gens, souffrir pour rien et sans aucune solution pour mettre fin aux causes de la souffrance est intolérable, complètement insupportable. Je me demande, néanmoins, si ce ne serait pas la meilleure façon de souffrir. Par cela, je veux dire la manière d'éprouver la souffrance qui mènerait à la meilleure solution pour l'humanité. La foi en une puissance supérieure capable d'affranchir de la souffrance est sans doute l'élément le plus puissant et le plus présent dans l'imagination collective qui oeuvre contre notre humanité.
Guérison Surnaturelle
Je ne veux pas suggérer que Wolfram eut recours au symbolisme psychologique d'une manière crypto-fasciste. Ne nous méprenons pas, l'image de la lance sanglante ne fonctionne assurément pas comme le crucifix qui révèle la souffrance d'un personnage surhumain dont la détresse est salutaire pour l'humanité. Campbell souligne, à juste titre, que Parzival n'est, à aucun égard, une histoire Chrétienne de rédemption par le sang. Amfortas est totalement humain, et sa souffrance ne tarit pas avec le sacrifice d'un martyr surhumain, mais bien plutôt par le pouvoir surnaturel de guérison du Graal, de la Terre même. L'histoire de Wolfram offre une vision incomparable du Mensonge Paternel au sujet du Christ et de la valeur rédemptrice de la souffrance illustrée par le complexe du sauveur/victime. Parzival indique un chemin qui s'écarte de la croix comme totem de guérison. En même temps, et dans la même imagerie mystique, il ouvre la voie vers le Graal Païen comme source de régénération, de guérison, d'extase et de jeunesse éternelle (et non pas de vie éternelle).
La lance sanglante peut être considérée comme un symbole maléfique parce qu'il est mauvais (à savoir opposé à la vie) de promouvoir et de glorifier la puissance de la souffrance et de faire en sorte qu'elle puisse être le remède divin qui met fin à toute souffrance. L'humanité s'est fait piéger dans ce pétrin psychotique depuis des milliers d'années, depuis que les pouvoirs de guérison authentiques de la Terre furent frappés de tabou. Sans l'accès à la médecine planétaire offerte par Gaïa, nous infectons toute la planète avec de la souffrance. L'infection est largement imaginaire mais elle se propage, cependant, de façon effroyable. Cette situation horrible est totalement humaine, une tragédie pour notre espèce et ce n'est pas le fait des DC. Mais les DC construisent leur suprême arnaque à partir d'une intuition très profonde de nos “mythes fallacieux” (Daly) quant à la souffrance et de notre mystification. Ces mythes fondent et embellissent cette mystification en toute occasion.
Les DC provoquent et excitent la soif de rédemption par le sang de toutes les façons possibles, et particulièrement l'incitation à la guerre, au conflit territorial, à la violence sectaire et à la division raciste entre les peuples. Le dogme de la Présence du Christ dans le vin bu à la messe (Quatrième Concile de Latran en 1215) leur sied à merveille ainsi que toute chose qui va maintenir l'humanité ivre des frissons que suscite le sang répandu. Le crucifix, souvent représenté avec la victime saignant, est le vecteur crypto-fasciste qui fait sombrer l'humanité dans la détresse de la souffrance mystifiée. Il fait exactement l'inverse de ce qu'il prétend faire. Le crucifix ne soulage pas la souffrance mais il l'intensifie, il la légitime et il la glorifie. Ceux qui croient qu'ils sont délivrés par la magie rédemptrice du Sang de l'Agneau sont à l'instar d'Amfortas qui est momentanément calmé par l'insertion de la lance sanglante dans la blessure qu'elle a infligée.
Dans Not in His Image, j'ai écrit: “La victime divine représente pour l'humanité non pas la solution à notre souffrance et une façon de la vaincre mais notre asservissement total et dévorant à la souffrance. La victimisation fonctionne parce qu'elle fait paraître la force de la souffrance plus puissante que la force de vie elle-même” (chapitre 19).
Le Cercle Gnostique
Les amateurs de conspiration tout comme les historiens conventionnels concèdent qu'Adolf Hitler admit à plusieurs occasions qu'il était sous le contrôle de “chefs secrets”. Le Führer était tel le chef d'une dynastie dirigée par une classe secrète de prêtres. Une des méthodes permanentes des DC est de conseiller les leaders désignés du monde. Ce faisant, ils restent à l'arrière-plan et conservent l'avantage incalculable de gouverner ceux qui sont en position d'autorité. Si vous pensez que le président des USA est dangereux, pensez-y à deux fois car ceux qui le conseillent sont de loin beaucoup plus dangereux - et plus puissants - qu'il ne l'est. De nos jours, ce n'est pas un secret pour beaucoup de par le monde.
Quelques personnes bien intentionnées, qui appréhendent la structure de puissance occulte de la suprême arnaque, sont enclines à croire en une contre-partie bienveillante des DC, un antidote, pour ainsi dire. L'exemple historique le plus célèbre de ce fantasme antidoté est le psychologue et guru spirituel C. G. Jung (1875-1961).
En 1916, alors qu'il se remettait d'une dépression sérieuse, suite à a séparation d'avec sa maîtresse Sabina Spielrein, Jung produisit une oeuvre étrange de matériau transmis par la transe qu'il intitula Les Sept Sermons aux Morts. Il est connu que Jung admirait grandement le Gnostique du second siècle, Basilides, auquel il attribue les Sermons, ce qui suggère que Jung était, ou qu'il pensait être, la réincarnation de ce maître Gnostique. En d'autres mots, la source de la transmission était une incarnation de Jung dans une vie antérieure.
Les fantasmes Gnostiques de Jung n'étaient pas exclusivement les siens. Il les partageait avec un cercle d'amis proches incluant Herman Hesse et Miguel Serrano. Dans l'ouvrage Jung et Hesse, Serrano explique la signification de l'anneau à sceau Gnostique que Jung portait en permanence (sur le troisième doigt de la main gauche sur la photographie). Il représentait la croyance de Jung selon laquelle il appartenait, avec d'autres qu'il connaissait, à un cercle Gnostique ou Hermétique d'âmes avancées qui se réincarnaient ensemble à différentes époques. Jung ne s'expliqua jamais publiquement dans ses écrits à ce sujet mais il se peut qu'il ait cru que la connaissance intuitive et que les motifs archétypiques et symboliques transportés à travers le temps dans l'inconscient collectif puissent être transférés par la réincarnation.
Le fantasme du cercle Gnostique apparaît assez bénin. En fait, Jung et ses amis n'étaient pas les seuls personnes qui entretenaient le scénario de la réincarnation récurrente d'un groupe de bons copains. Le thème du retour de groupe fut libérament développé par Rudolf Steiner qui révéla à ses amis proches qu'il avait été Aristote, Schionatalunder (un chevalier occis dans Parzival) et Thomas d'Aquin dans des incarnations antérieures. Dans Le Karma, un cycle de conférences données à partir de son lit de mort, Steiner élabora des cas de réincarnation sérielle en citant des exemples historiques tels que Platon, Raphael, Goethe, Marx et Ralph Waldo Emerson.
Durant la même période, d'autres groupes en Europe, en particulier le cercle Moderniste centré sur D. H. Lawrence, A. R. Orage, Ezra Pound et H. D, se faisaient plaisir avec des scénarios de réincarnation. Orage et ses amis avaient l'habitude de parler et de plaisanter ensemble sur leurs vies passées. H.D. développa la mémoire de réincarnation dans ses poèmes tardifs comme Hermetic Definition. Béatrice Hastings, la petite amie outrancière d'Orage, s'amusa beaucoup de la façon dont ils changeaient de sexe durant leur incarnations successives (Lives and Letters of the Modernist Circle, John Carswell). Un bon exercice pour la réconciliation des genres! (Dans l'ancienne société Celtique, le rappel des vies passées était considéré comme normal également. Les Celtes avaient une telle confiance en cette connexion qu'il était considéré comme acceptable de promettre de repayer une dette courante dans la prochaine vie. Ce fait permet d'expliquer partiellement comment la continuité était comprise dans le liebestod de Tristan, avec l'amour comme puissance de réunification des amants dans la vie suivante, et non pas dans “l'après-vie”).
Le mémoire de Serrano sur le cercle Gnostique de Jung et de Hesse est assez charmant et nous amène à nous demander ce que cela donnerait de mijoter un scénario comparable. Les autres ouvrages de Serrano “traitent de Yoga et de Tantra, d'amour mystique, et de ses voyages personnels en quête de sagesse en Amérique Latine, en Inde et dans l'Antarctique” (Jocelyn Goddwin, Arktos, page 70). Tout cela semble, encore, une aventure relativement gentille. De la spiritualité du Nouvel Age, au mieux, ou au pire. Mais regardons-y d'un peu plus près et nous découvrons le chef d'oeuvre de Serrano, un ouvrage de 600 pages intitulé Adolf Hitler, le dernier Avatar et publié en 1984. Dans ce livre, Serrano révèle son allégeance fanatique à l'idéal du surhomme Aryen, incarné par Hitler. Il avance le “mythe de la survie d'Hitler”, affirmant que le Führer quitta Berlin dans un OVNI et trouva refuge dans un bunker souterrain dans l'Antartique.
Il s'avère que Serrano, qui idolâtrait tant Jung, le Gnostique contemporain, idolâtrait aussi le Surhomme Aryen - tout comme Jung d'ailleurs, à sa propre manière. Dans Le culte de Jung et Le Christ Aryen, Richard Noll, le biographe de Jung décrit comment le célèbre psychologue, doublé d'un mystique, fut captivé par le même mythe Chrétien Aryen qui inspira les Nazis. Selon l'analyse de Noll, la théorie du Soi de Jung est un déguisement crypto-fasciste du complexe du surhomme. Certains personnes vont être choquées et vont trouver totalement inacceptable de penser que Jung était un sympathisant Nazi crypto-fasciste plutôt qu'un humaniste profond et plein de compassion. La famille de Jung livra une dure bataille juridique pour que l'ouvrage de Noll soit interdit. J'avancerais que Jung était un grand humaniste attiré par l'éclat spirituel du complexe du surhomme. Dans La légende du Graal, les co-auteurs Emma Jung et Marie-Louise von Franz exposent une proposition Jungienne classique: “Il est pratiquement impossible de différencier entre une expérience de Dieu et une expérience du Soi” (page 99). Cette équation Dieu-Soi (comme je la nomme) étant acceptée sans équivoque, il n'est pas étonnant que Jung et ses collègues étaient enclins à adhérer au complexe du surhomme. Ce qui arriva à Jung arriva également à bien d'autres personnes authentiquement spirituelles et empreintes de compassion, de par l'intensité de l'attrait de l'équation.
Notes Finales
Pour Jung et son cercle, le Graal est “l'image de Dieu unitaire”, et non pas le corps de la Déesse, et son reflet humain est le Christ, considéré comme le Dieu incarné. Conçu de cette manière, l'imagerie Surhomme-Graal-Dieu s'accorde magnifiquement avec l'élément crypto-fasciste. Cependant, dans le Parzival de Wolfram, il n'y a aucun trace de cette “inflation” déifique (pour utiliser un terme Jungien). Pourquoi non? Remémorons-nous la fable enthéogénique encodée dans les épisodes de Gauvain. Grâce à un exploit génial d'imagination, Wolfram nous donne la lance sanglante mais il nous donne aussi la guirlande magique.
La lance sanglante concerne les tentations du pouvoir, y compris le pouvoir spirituel, tandis que la guirlande magique concerne le chemin héroïque d'abandon du soi et d'abandon de sa soif de pouvoir.
Dans Not in His Image, je soutiens que la mort de l'ego conduisant à une perception, détachée du soi, de la Nature Sacrée, plutôt qu'à un sentiment de devenir un avec Dieu, était la marque de l'initiation dans les Mystères. L'affirmation selon laquelle “Il est pratiquement impossible de différencier entre une expérience de Dieu et une expérience du Soi” n'est qu'une affirmation. On est en droit de se demander sur quels fondements Madame Jung et le Professeur von Franz ont pu établir cette affirmation. A partir de leurs expériences mystiques vécues? A partir de leur interprétation de Sainte Thérèse d'Avila ou de Jacob Boehme? A partir du témoignage personnel de Carl Jung quant à ses propres expériences mystiques? Ou n'était-ce qu'une déduction théorique? Quelque soit le cas, c'est une affirmation gratuite et, à mon avis, totalement erronée. L'expérience mystique offerte par l'ingestion de plantes psycho-actives ne conduit pas à une identification Dieu-Soi mais à de tout autres royaumes d'expériences et d'identité. Le dépassement de l'égotisme humain et de ses prétentions déifiques, y compris l'inflation Jungienne, constitue l'un des bénéfices essentiels de la pratique enthéogénique - un bénéfice qui ne peut pas être acquis sans l'aide des alliés non-humains.
Invitation de l'auteur.
On pourrait objecter que l'on peut embrasser l'équation Dieu-Soi dans l'esprit de la Bhagavad Gita (Tat Tvam Asi “Tu es Cela”), ou selon tout autre formulation bénigne, sans devenir un Nazi. C'est d'accord, mais j'aimerais bien voir comment on peut le vivre de façon imaginative. Vous pouvez écrire au site et me le laisser savoir.
John Lash. Août 2006. Revu en Février 2007.
Traduction de Dominique Guillet
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