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Question à la Commission Européenne:
les carottes et les noix du Brésil sont-elles
plus dangereuses que les compléments alimentaires?
Docteur Matthias Rath
La Commission Européenne est en train de définir les méthodes définitives devant permettre de fixer les quantités maximales autorisées de vitamines et de minéraux dans les complémentaires alimentaires. Bien que cette dernière affirme que ces procédures s'appuieront sur des travaux scientifiques, fait est que la quantité maximale autorisée de bêtacarotène pourrait, en réalité, être inférieure à celle contenue dans deux carottes et que deux noix du Brésil contiendrait plus de sélénium que la quantité maximale autorisée. Prenant pour exemple quelques-unes de ces absurdités, l'Alliance for Natural Health (ANH Royaume-Uni) a récemment publié une prise de position intéressante. Elle invite la Commission à repenser ses méthodes et propose, en plus, de nouveaux critères qui seraient indispensables au développement d'une autre approche scientifiquement défendable.
Mais on peut se demander si la Commission entendra ce message ou si elle exigera bientôt que des étiquettes de mise en garde soient apposées sur les paquets de carottes et de noix du Brésil.
La prise de position de l'ANH est incontestablement sensée et bien argumentée. Consciente du fait que, lors de la détermination des quantités maximales, des pressions seront exercées par des "groupes d'intérêt" (l'industrie pharmaceutique milliardaire) et par des "processus politiques" (le vieux soutien de l'Union Européenne au "commerce avec la maladie", pratiqué par l'industrie pharmaceutique), l'Alliance conclut que le meilleur moyen de trouver une solution serait de confier ce travail à une université qui pourrait travailler dans un environnement indépendant et scientifique.
De notre point de vue, cette proposition est excellente. En fin de compte, tout observateur sensé qui a suivi ces dernières années l'évolution des travaux en matière de réglementation relative aux compléments alimentaires, a l'impression d'assister à une "pièce de théâtre des absurdités". Chacun aura remarqué que les citoyens européens ne tombent pas comme des mouches, terrassés par des overdoses de complémentaires alimentaires. Bien au contraire, il existe des preuves qui montrent, en effet, que des carences en vitamines et micronutriments sont très fréquentes dans toute l'Union Européenne. Par conséquent, si les débats sur la détermination des quantités maximales sont toujours sous l'influence de la propagande extrémiste et alarmiste de la Commission, et visant les compléments alimentaires, les décisions relatives à ces mêmes quantités, loin de protéger les intérêts des consommateurs, iront sûrement à l'encontre de la santé de ces derniers.
Alors qu'en 2002 la Commission avait affirmé que son objectif n'était pas d'interdire les complémentaires alimentaires, et que les intérêts des consommateurs étaient une de ses plus grandes priorités, son récent document d'orientation a révélé que les quantités maximales dans les compléments alimentaires "ne peuvent pas s'appuyer uniquement sur des bases scientifiques, mais qu'elles doivent aussi tenir compte des pratiques commerciales actuelles". Pire encore, ce document indique que l'identification de ces pratiques exige apparemment une "discussion avec les représentants des groupes industriels".
Cela signifie que le processus choisi par la Commission pour déterminer les quantités maximales ne résistera pas à un examen scientifique et que l'industrie pharmaceutique participera presque à coup sûr à ces débats.
Il n'est donc pas surprenant que la stratégie de la Commission concernant la réglementation relative aux complémentaires alimentaires soit maintenant de plus en plus critiquée. Aussi longtemps que nous accepterons qu'il y ait des personnes, telles que Gert Krabichler, ex-directeur d'entreprise pharmaceutique, qui pensent que la Commission Européenne progresse avec rigueur et transparence dans la préparation de cette réglementation, nous craignons fortement que les quantités maximales soient finalement remises en cause devant les
tribunaux, si les tendances extrémistes l'emportent.
Et il ne s'agit pas uniquement des seules quantités de bêtacarotène et de sélénium!
Pour prendre un autre exemple, la position officielle de la Commission est que la quantité maximale tolérable d'acide nicotinique (vitamine B3) doit être de 10 mg seulement. Mais étant donné que la toute petite quantité recommandée quotidiennement par l'Union Européenne est de 18 mg de vitamine B3, on peut aisément s'imaginer que la défense d'une telle absurdité devant un tribunal exigera des arguments bizarrement concoctés.
En résumé, nous sommes en accord total avec l'ANH sur le fait que l'approche choisie par la Commission Européenne pour définir les quantités maximales ne bénéficie pas d'une base scientifique suffisante et qu'elle doit être radicalement modifiée.
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