Précisions concernant une pétition
"médecines naturelles"
Thierry Thévenin
A nouveau, un appel à pétition circule depuis quelques jours sur la toile, appel qui annonce l’avènement de la victoire de l’industrie pharmaceutique en Europe et la fin de l’accès aux plantes médicinales et des médecines traditionnelles (chinoise, ayurvédique) en Europe.
Il semble émaner de la même organisation et relever du même discours que l’appel de l'automne dernier pour lequel j’avais posté le 18 octobre un commentaire sur le site de Simples.
Dans ce nouveau appel, je suis cité en référence tout comme d’autres, Michèle Rivasi, Kokopelli, Eric Pétiot (et même Stéphane Hessel “en filigrane” par un “Indignez vous” ostensible et certainement assez peu fortuit).
Pour ma part, je ne suis aucunement partie prenante dans cet appel, je l’ai découvert hier soir à la suite une avalanche de courriels me demandant si j’en étais à l’origine ou bien si je soutenais cette action.
Je ne vais pas redonner ici mon analyse qui est restée la même que celle de mon commentaire du 18 octobre dernier et qu’il est possible de relire sur ce site via le lien précité, ainsi que les commentaires intéressants qui ont été postés. Je n’ai pas signé en octobre, je ne signerai pas non plus pour cet appel où j’ai été «invité» à mon insu.
Cet appel présente toutefois le mérite de soulever et de porter au débat public la question du développement inquiétant (voire terrifiant) de l’arsenal des normes, des experts, des homologations qui aboutit au verrouillage et au contrôle du secteur des plantes médicinales, des médecines complémentaires et de l’herboristerie, comme d’ailleurs celui de presque tous les autres secteurs de notre civilisation.
Au passage, je dénonce le titre d’«expert» qui m’a été octroyé dans cette bande son qui est elle-même pourtant sensée dénoncer le pouvoir des experts.
La question des savoirs populaires, de leur diffusion, de leur transmission et de leur pratique est cruciale pour une certaine conservation de notre autonomie et de nos libertés; revendiquons la, cultivons-la.
Ces savoirs populaires sont peut-être le meilleur rempart contre une dérive sécuritaire et totalitaire qui est l’un des risques majeurs qui se profilent derrière l’avancée actuelle du système des «experts» et des homologations.
L’éducation du public et de la formation de professionnels à l’herboristerie me semblent être des enjeux prioritaires pour une pratique profitable, durable, saine et éthique de ce qu’on appelle les «médecines naturelles».
C’est pourquoi je participe activement à un groupe de travail réunissant producteurs-herboristes, pharmaciens, enseignants, médecins, universitaires et élus politiques qui élabore un programme de formation professionnelle. Par ailleurs, je suis attentivement les auditions menées par le groupe de travail au Sénat, présidé par M. Jean-Luc Fichet, sénateur du Finistère, visant à soumettre prochainement une proposition de loi pour la réhabilitation du métier d’herboriste en France.
Nous devons reprendre l’initiative citoyenne sur la question de la santé et des plantes médicinales, nous ne pouvons pas déléguer impunément des questions qui concernent des millions de gens à une seule petite poignée de spécialistes - homologués eux aussi -; sans que ces spécialistes se retrouvent fatalement prisonniers de pressions incessantes de la part de lobbys gigantesques (et sans doute d’une « auto-pression » morale extraordinaire) et qu’ils ne puissent, un jour ou l’autre, être les acteurs - conscients ou non - de dysfonctionnements graves dont les conséquences font et feront les «scandales» des chroniques médicales.
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