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Dernière tentative de discrédit des thérapies

à base de vitamines: un geste criminel?

Docteur Matthias Rath

Source: Dr. Rath Health Foundation

En août 1947, deux ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, vingt-quatre dirigeants du cartel chimio-pharmaceutique I.G. Farben ont été jugés par un tribunal international à Nuremberg, Allemagne. Ils étaient accusés de crimes de guerre, de massacres collectifs et de crimes contre l'humanité. Onze mois plus tard, ce tribunal condamnait treize d'entre eux à des peines d'emprisonnement allant de dix-huit mois à huit ans.

Soixante ans plus tard, en avril 2008, dans le monde entier, les médias produisent des articles affirmant que la consommation de suppléments vitaminiques pourrait provoquer une mort prématurée. D'après une revue analytique réalisée au nom de Cochrane Collaboration par des chercheurs de l'Université de Copenhague au Danemark, des recherches sur le bêta-carotène, les vitamines A et E indiquent une «mortalité notablement accrue», alors que les essais avec de la vitamine C n'ont identifié «aucun effet notable».

Cet article vous apprend ce que ces médias n'ont pas dit sur la revue analytique Cochrane, ainsi que son parallèle historique potentiel avec les crimes commis par les dirigeants du cartel I.G. Farben.

Conclusions prédéterminées et résultats présentant un potentiel de génocide

La première chose qu'il est nécessaire de préciser est que la récente revue analytique réalisée par Cochrane Collaboration n'est pas une étude clinique, mais une méta-analyse. Cette distinction est essentielle puisqu'une étude clinique est une procédure scientifique qui permet de déterminer l'efficacité d'un traitement sur l´être humain, alors qu'une méta-analyse est une simple évaluation statistique de données extraites de différentes études présélectionnées, compilées et présentées comme un travail autonome.

Cette méta-analyse a examiné 67 essais aléatoires de suppléments anti-oxydants (vitamines A, C, E, bêta-carotène et sélénium) et conclut que les vitamines A, E et le bêta-carotène pouvaient augmenter jusqu'à 16% le risque de mortalité. Quoiqu´il en soit, en dépit de la couverture médiatique que cette étude purement statistique a reçue, on a rarement signalé le fait que cette analyse n'avait même rien de nouveau. La même question et les mêmes études ont été publiées par les mêmes auteurs (Serbie, Danemark, Italie) un an auparavant dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Il n'est donc pas surprenant que ce travail a attiré une fois de plus des critiques virulentes de la part des scientifiques, des nutritionnistes et de l'industrie des suppléments alimentaires. Les auteurs avaient d'ailleurs admis que leur article contenait des erreurs et le même journal médical a plus tard publié leurs corrections.

Cette même étude réapparaît maintenant, après un "remixage", pour être publiée sous l'étiquette de "nouveauté".

En outre, comme nous l'expliquerons plus loin, cette méta-analyse est tout simplement la dernière d'une série produite par les mêmes auteurs visant à discréditer les suppléments alimentaires. Dans toutes leurs publications, il apparaît clairement que les conclusions présentées ont, dans leurs principes, été prédéfinies avant même qu'ait débuté leur rédaction. Par conséquent, nous sommes convaincus que les preuves présentées ici démontrent sans aucun doute possible que les auteurs concernés souhaitent convaincre le législateur et les responsables médicaux qu'une action politique urgente est nécessaire pour réglementer les vitamines aussi dangereuses, selon eux, que des médicaments synthétiques.

De toute façon, la recherche en médecine cellulaire a incontestablement fixé le dosage quotidien des vitamines nécessaires pour bénéficier d'une solution préventive et thérapeutique de base contre les maladies cardiovasculaires, le cancer et de nombreux autres troubles de la santé. D'autre part, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) attribue annuellement 15,3 millions de décès aux maladies cardiovasculaires et 6 millions au cancer. Il est évident que les conseils de ces chercheurs équivaudraient à un génocide potentiel s'ils devaient être transformés en politique de santé nationale visant à restreindre la vente des suppléments vitaminiques. Cela représenterait en finalité un nombre de morts supérieurs à ceux causés par les dirigeants d'I.G. Farben dans les années quarante.

Des conclusions non corroborées par les études exploitées

Parmi quelque 815 études de traitement à base de vitamines, les auteurs n´en ont retenu que 68 pour réaliser la méta-analyse publiée par le JAMA en 2007 et 67 pour la méta-analyse Cochrane de cette année. Alors que leur objectif est d'étudier les effets d'anti-oxydants spécifiques sur la mortalité, il est intéressant de constater qu'ils ont exclu toutes les études qui n'ont enregistré aucun décès pendant les périodes d'essai ou de suivi. En outre, les études choisies se différencient largement par plusieurs aspects fondamentaux et qui ont un impact direct sur les résultats:

• Cette méta-analyse couvre 20 essais sur des sujets sains et 47 études de traitements vitaminiques sur des personnes souffrant de maladies variées, telles que Alzheimer, troubles cardiaques, dégénération maculaire, diverses formes de cancer, et autres maladies. Elle ne tient aucun compte des causes des décès qui incluent non seulement des maladies cardiaques, des cancers et des fractures de la hanche, mais aussi des accidents, des suicides et autres causes. Il est probable que des décès sont dus à des maladies déjà diagnostiquées et non pas à la consommation d'anti-oxydants. Si un risque véritable de mortalité lié aux anti-oxydants avait existé pendant un essai, il aurait été arrêté. Mais aucune de ces études n'a été arrêtée et les auteurs omettent de donner cette information.

• Dans de nombreuses études, les participants ont pris non seulement des nutriments testés, mais aussi une longue liste d'autres suppléments et de produits pharmaceutiques. Il est donc évident que les problèmes de santé existants, les interventions médicales, les traitements médicamenteux et les suppléments ont tous pu interférer ou masquer des effets que les auteurs ont attribués à une ou plusieurs combinaisons d'anti-oxydants sélectionnés.

• Les essais couverts par la méta-analyse se caractérisent par des dosages de suppléments très différents. Par exemple, la vitamine E a été utilisée en doses quotidiennes de 10 IU (dose journalière recommandée 22 IU) et 5,000 IU. La vitamine A a été prescrite en doses quotidiennes de 1333 IU (DJR: 2333 IU pour les femmes et 3000 IU pour les hommes) mais aussi en doses de 200,000 IU (largement au-dessus de la limite de tolérance de 10,000 IU). De fortes doses de vitamine A à long terme sont reconnues pour leurs effets secondaires. Mais pire encore, les durées des prises de suppléments sont extrêmement variables, certains essais portant sur 28 jours et d'autres sur 12 ans.

Dans la communauté scientifique, un principe de base veut que plus des études sont similaires, plus leur méta-analyse sera fiable. C'est un peu comme comparer des pommes à des pommes au lieu de comparer des pommes à des oranges. Dans cette meta-analyse, les études sont extrêmement divergentes et les conclusions des auteurs de la méta-analyse ne sont pas corroborées par les résultats des études actuelles.

C'est seulement après avoir organisé, d'après leurs propres critères, les 67 études en groupes à «haut risque» et à «faible risque» que les auteurs ont pu obtenir un impact en termes de mortalité purement statistique. Sinon, il n'y a aucun effet à constater. Ils ont même reconnu que leurs conclusions sont en contradiction avec des études d'observation qui ont démontré les avantages des anti-oxydants et avec des essais préventifs réalisés par des études de prévention du cancer, publiées dans des magazines tels que Nutrition & Cancer, Journal of the National Cancer Institute et Diseases of the Colon & Rectum. Cette méta-analyse est un excellent exemple d'un travail basé sur une conclusion prédéterminée (augmentation de la mortalité par les anti-oxydants) et les auteurs se sont contentés de mettre au point une méthode permettant d´atteindre leur but.

Des conclusions incohérentes avec les preuves du monde réel

Les statistiques montrent que les conclusions de cette méta-analyse ne reflètent en rien les données du monde réel.

Par exemple, le rapport annuel 2003 du système de surveillance de l'American Association of Poison Control Centers (American Journal of Emergency Medicine, septembre 2004) indique qu'aux États-Unis en 2003 seulement quatre décès étaient dus à une ingestion de suppléments vitaminiques.

Pour placer cette statistique dans son contexte, précisons qu'une revue analytique publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition en 2005 a estimé qu'environ 70% de la population américaine consommaient des suppléments alimentaires au moins occasionnellement et qu'environ 40% en prenaient régulièrement. Comme la population américaine représente environ 300 millions de personnes, cela signifie que 210 millions d'habitants consommant des suppléments alimentaires occasionnellement et que 120 millions le faisant régulièrement vivent en sécurité.

Laissant de côté la question de savoir si les vitamines étaient ou non responsables de ces quatre décès – ce qui est pour nous sujet à caution dans au moins deux des cas – nous avons constaté qu'aucun des cas mentionnés n'est en réalité lié à une ingestion de bêta-carotène, ou de vitamine A ou E, qui sont les nutriments présentés comme responsable d'une augmentation de la mortalité par la méta-analyse Cochrane lorsqu'ils sont ingérés sous forme de suppléments.

Les données statistiques provenant de Nouvelle-Zélande et du Canada confirment aussi que le risque de mort posé par des suppléments alimentaires est étonnamment faible comparé à d'autres facteurs. Dans ces deux pays, les statistiques réelles confirment qu'il y a plus de probabilité que des consommateurs de suppléments vitaminiques meurent frappés par la foudre, piqués par une abeille ou une guêpe, que terrassés par une ingestion de vitamines.

Par conséquent, pour répondre à leur conclusion que les vitamines anti-oxydantes augmentent la mortalité, il nous faut poser une question simple: où ces décès ont-ils été enregistré… où sont les corps?

Il est évident que nos hôpitaux ne regorgent pas de patients souffrant ou mourrant des effets des vitamines et autres thérapies naturelles. Par contre, on sait que les effets secondaires des médicaments de synthèse coûtent réellement deux milliards de Livres aux services de santé britanniques (4 milliards USD / 2,5 milliards d'euros) chaque année. Des recherches indiquent que ces effets secondaires se classent actuellement entre la quatrième et la sixième cause de mort chez les patients hospitalisés aux États-Unis et la septième en Suède. Nous constatons que les ventes de produits synthétiques toxiques brevetés par l'industrie pharmaceutique mondiale sont déjà responsables de massacres à une échelle sans précédent dans l'histoire de l'humanité.

Cependant, si les chercheurs responsables de cette méta-analyse Cochrane ont gain de cause, ce sont les suppléments vitaminiques scientifiquement contrôlés, et non pas les médicaments scientifiquement toxiques de l'industrie pharmaceutique, qui seront visés par des mesures politiques visant à réduire de façon draconienne leur libre disponibilité. Sans aucun doute, les décès provoqués par de telles restrictions seraient un nouveau crime contre l'humanité dans des proportions réellement inimaginables.

Devant un tel potentiel, et de grands dirigeants de l'industrie chimio-pharmaceutique ayant déjà été reconnus coupables de massacres dans le passé, nous sommes amenés à nous demander si les travaux des chercheurs Cochrane, pour aider l'industrie pharmaceutique multimilliardaire actuelle à faire interdire les thérapies vitaminiques non brevetables, pourraient un jour les amener eux aussi à être accusés et déclarés coupables d'un crime similaire?

Une revue réalisée au Danemark... Pourquoi?

Ce n'est pas un hasard si Cochrane Collaboration a choisi le Knowledge & Research Centre for Alternative Medicine (ViFAB) au Danemark, et le Copenhagen Trial Unit's Centre for Clinical Intervention Research (Rigshospitalet, Hôpital Universitaire de Copenhague), comme sources de soutien pour cette méta-analyse.

La législation danoise des suppléments alimentaires est réputée pour être dure et restrictive. À tel point qu'au cours des récentes années, les défenseurs danois de la médecine naturelle ont plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme. Ils craignent en effet que les attaques totalitaires de leur gouvernement contre la liberté du choix sous prétexte de «sécurité des consommateurs» n'aboutissent à l'élimination totale du concept de suppléments alimentaires dans leur pays.

Il est donc important de savoir que ces deux organisations danoises sont parties prenantes dans divers conflits d'intérêt, aussi bien financiers qu'institutionnels, et que cette situation soulève de graves questions concernant les résultats de cette méta-analyse.

Par exemple, les dépenses opérationnelles du Knowledge & Research Centre for Alternative Medicine sont financées par un crédit déterminé par la législation danoise des finances nationales. Les membres de son conseil incluent des représentants de l'Association médicale danoise, du Conseil national de la santé publique et du Ministère de la prévention et de la santé.

En ce qui concerne l'Hôpital Universitaire de Copenhague, il est notable que ses unités spécialisées incluent le Laboratoire Finsen, spécialiste de la recherche dans le cancer, le service de biologie et de radiation, dont les recherches dépendent de financements publics, de sociétés de recherche pour le cancer et de fondations privées, l'Institut Bartholin qui héberge des groupes de recherche sur le cancer, l'immunologie et le diabète, le service d'hématologie qui traite diverses maladies incluant la maladie de Hodgkin, le myélome multiple, la leucémie aiguë, ainsi que des maladies chroniques comme les syndromes lympho et myéloprolifératifs ainsi que le Laboratoire de recherche pour la thérapie génétique, entre autres.

Par conséquent, loin d'être indépendants et sans orientation spécifique, les soutiens financiers de cette étude sont clairement favorables à la médecine pharmaceutique et ont une relation étroite avec le gouvernement danois qui applique une politique anti-supplément évidente.

Drummond Rennie, un directeur du Cochrane Center à San Francisco et rédacteur-adjoint du Journal of the American Medical Association, a depuis longtemps reconnu les dangers que peuvent poser de tels conflits d'intérêt. Par exemple, il a déclaré dans le British Medical Journal (2004): «il serait naïf de croire qu'une partie prenante dans un conflit d'intérêt pourrait réaliser une analyse ou une revue sans subir d'influence » et que « des quantités étonnantes d'études démontrent que les recherches et les revues analytiques sont influencées par des conflits d'intérêt de nature financière et toujours dans un sens favorable aux opinions du bailleur de fonds».

Comment nous le constaterons plus loin, dans le cas d'au moins un des auteurs de la méta-analyse Cochrane, Christian Gluud (MD), il apparaît que les observations de D. Rennie sont particulièrement pertinentes.

Les conflits d'intérêt d'un analyste de Cochrane

Les médias se sont surtout intéressés à Goran Bjelakovic (MD), leader de l'équipe de la méta-analyse anti-supplément. Il est regrettable que son principal co-auteur n'ait pas bénéficié du même éclairage médiatique. En effet, Christian Gluud (MD) présente un profil plus intéressant puisqu'il est partie prenante dans de nombreux conflits d'intérêt et a beaucoup de connexions avec diverses organisations dont la puissante orientation institutionnelle est favorable à la médecine orthodoxe (et pharmaceutique).

Outre ses travaux à l'Hôpital Universitaire de Copenhague, Dr Gluud est Ambassadeur et membre du conseil de consultation scientifique de BioLogue, où son domaine scientifique de prédilection est la recherche et le développement pharmaceutiques. Étroitement intégré au Consortium pharmaceutique danois, le réseau BioLogue réunit plusieurs partenaires académiques, gouvernementaux et régulateurs et divers membres incluant des entreprises pharmaceutiques, telles que AstraZeneca Denmark, et la grande majorité des chercheurs en biomédecine danoise. Les membres du Comité organisateur de BioLogue incluent des représentants de l'Association de l'industrie pharmaceutique danoise et l'Agence des médecines danoises, entre autres. Il est donc important de préciser dans la méta-analyse publiée par JAMA en 2007, que l'obtention du financement est attribuée à Christian Gluud. De plus, comme nous le verrons plus tard, certaines sources laissent même à penser que Dr Gluud, et non pas Dr Bjelakovic, est le principal auteur de cette revue analytique Cochrane.

Conflit d'intérêt de Cochrane Collaboration

Cochrane Collaboration se présente comme une "organisation indépendante", qui a été créée pour «garantir que des informations précises et actualisées sur les effets des soins médicaux sont disponibles dans le monde entier». Elle indique également que ses fonctions principales sont financées par les royalties de ses éditeurs, John Wiley & Sons Limited, par l'intermédiaire des ventes d'abonnements à la Bibliothèque Cochrane. Les entités individuelles de Cochrane Collaboration sont présentées comme financées par une grande variété de sources gouvernementales, institutionnelles et privées, liées par une politique générale qui limite l'utilisation des fonds apportés par les sponsors d'entreprises.

Comme nous allons le voir, ces déclarations cachent plusieurs faits importants et inconfortables que les médias -, apparemment trop soucieuses de nous informer que la consommation de suppléments vitaminiques présente des risques mortels- ont curieusement négligé de mentionner

L'affirmation d'indépendance, que Cochrane proclame si haut, est depuis longtemps sujette à caution. En octobre 2003, le British Medical Journal (BMJ) a signalé que le site internet Cochrane propose deux revues analytiques de médicaments contre la migraine, l'Eletriptan et le Rizatriptan, qui ont été en grande partie financées par Pfizer, le fabricant de l'Eletriptan.

Si le chercheur principal de ces deux revues analytiques, Andrew Moore, a déclaré «revendiquer avec conviction» le parrainage de Pfizer, le fait est qu'il a travaillé, ainsi qu´un autre responsable des études sur l'Eletriptan, comme consultant pour des entreprises pharmaceutiques et d'autres organismes, et qu'ils ont reçu des fonds de l´industrie, du gouvernement et d'organisations caritatives. Dans de telles circonstances, il devient évident que les travaux de Moore sur ces deux médicaments sont tout sauf indépendants.

En outre, fait pire encore, Cochrane a publié la revue analytique de l'Eletriptan à la même époque où le président directeur général de Pfizer, Henry McKinnell, était simultanément membre de la direction de John Wiley & Sons, la maison d'édition de la Bibliothèque Cochrane. Ce qui est loin d'améliorer la crédibilité de leur indépendance.

En dépit de ces graves conflits d'intérêt, à la date de la rédaction de notre article (mai 2008) les revues analytiques de l'Eletriptan et du Rizatriptan sont encore disponibles sur le site Cochrane.

En novembre 2003, le BMJ ayant d'une part ouvertement posé la question de l'indépendance de Cochrane et de son soutien financier par un fabricant de médicaments, et que d'autre part des membres de Cochrane Collaboration ont révélé que des entreprises pharmaceutiques leur ont proposé des sommes en espèces en échange de revues analytiques favorables, la direction de Cochrane n'eut d'autre recours que d'annoncer qu'elle allait prendre des mesures pour dissiper toutes craintes concernant l'influence de l'industrie.

En réalité, et bien que la question du parrainage des entreprises pharmaceutiques ait dominé la conférence annuelle 2003 de Cochrane à Barcelone – dont les principaux sponsors incluaient Merck Sharpe & Dohme, Novartis et AstraZeneca, avec leurs logos en évidence sur la première page du programme de la conférence – la direction de Cochrane n'a pas pu prendre une décision immédiate et au-delà de cela a lancé une consultation complexe de ses membres.

En février 2004, des limites sur le financement commercial ont été proposées, et ont permis d'élaborer une nouvelle politique en avril 2004. Cependant, un examen approfondi de la politique actuelle de Cochrane en matière de parrainage commercial révèle que plusieurs anomalies particulièrement importantes subsistent.

Par exemple, cette politique n'interdit pas aux salariés des entreprises pharmaceutiques de contribuer à des revues analytiques de leur propre entreprise. Rien n'empêche non plus, et ceci est un fait crucial, d'autres personnes employées par des fabricants de médicaments, par exemple des consultants ou des chercheurs bénéficiaires de fonds de recherche, de participer à des revues analytiques de produits ou de systèmes concurrents, telles que des thérapies vitaminiques.

De plus, la politique actuelle de Cochrane stipule spécifiquement que les services gouvernementaux, les compagnies d'assurance médicale à but non lucratif et les organisations de gestion de la santé ne font pas partie des sources commerciales. En tant que telles, et bien que dans leur vaste majorité ces entités aient des relations étroites avec l'industrie pharmaceutique et qu'elles la soutiennent, elles ont encore le droit de parrainer les travaux d'évaluation de Cochrane Collaboration. Ainsi, par exemple, bien que les relations étroites de la US Food & Drug Administration avec l'industrie pharmaceutique soient largement connues, la politique de Cochrane n´interdit pas que cette administration publique puisse parrainer des revues analytiques, ou d'autres entités équivalentes dans d´autres pays. Il est donc très instructif de lire dans le rapport annuel de Cochrane (exercice financier clos au 31 mars 2006) que 79% de ses financements pour la préparation des revues analytiques proviennent de sources «gouvernementales nationales et transnationales (dont l'UE), et normalement de ministères et autres organismes de santé».

La déclaration de Cochrane selon laquelle cette organisation a été créée pour «garantir que des informations exactes et actualisées sur les effets des soins médicaux soient disponibles dans le monde entier» doit être nuancée par le fait que la majorité de ses financements provient d'entités fortement favorables à l'industrie pharmaceutique et qui entretiennent avec elle des relations étroites. Si l´on tient compte de cela, on est ainsi moins surpris de constater que la majorité de ses revues analytiques concernent des thérapies à base de médicaments de synthèse. De fait, il est notoire que les membres du comité organisateur de Cochrane Collaboration, qui gère ses activités, sont eux-mêmes presque tous employés par des départements médicaux universitaires ou des hôpitaux ou des services ministériels du secteur de la santé, qui ont tous, de par leur nature même, des relations très étroites avec le monde de la médecine orthodoxe (pharmaceutique).

Par conséquent, étant donné que les thérapies naturelles telles que les suppléments vitaminiques sont de plus en plus attaquées par les gouvernements et les organismes de la santé publique, on comprendra facilement que Cochrane Collaboration ne souhaite pas mordre la main qui la nourrit financièrement – surtout après avoir lu dans son rapport annuel qu'un «nombre important» de groupes et de centres d'évaluation Cochrane Collaboration «sont confrontés à de graves pressions financières» et que «d'autres rencontrent des difficultés importantes pour préserver la totalité ou une bonne partie de leur financement».

Intérêts chimio-pharmaceutiques de John Wiley & Sons Ltd.,

éditeurs de la Bibliothèque Cochrane


Cochrane Collaboration indique que ses fonctions principales sont financées par les royalties de ses éditeurs, John Wiley & Sons Limited, par l'intermédiaire des ventes d'abonnements à la Bibliothèque Cochrane. Mais même ici, il semble que tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.

Par exemple, les activités scientifiques, techniques, médicales et académiques de Wiley sont gérées par Wiley-Blackwell qui publie plus de 300 journaux médicaux, tels que : Cancer, le journal phare de l'American Cancer Society; Cancer Science, la revue officielle de la Japanese Cancer Association; European Journal of Cancer Care; Diabetic Medicine, le journal de Diabetes UK; HIV Medicine, la revue officielle de la British HIV Association (BHIVA) et de l'European AIDS Clinical Society (EACS); International Journal of Gynaecological Cancer, la revue officielle de l'International Gynaecologic Cancer Society et de l'European Society of Gynaecological Oncology; et Journal of Interventional Cardiology.

De plus, en 1996, il est connu que Wiley a acquis VCH Publishing Group, la maison d'édition des sociétés chimiques et pharmaceutiques allemandes, lui permettant ainsi de devenir l'une des plus importantes maisons d'édition dans le domaine de la chimie.

Par conséquent, il est possible d'affirmer qu'en tant que maison d'édition de la Bibliothèque Cochrane, Wiley a un intérêt évident dans la promotion de la médecine chimique et pharmaceutique. Vu sous cet angle, toute promotion d'une alternative naturelle non brevetable, telles que les thérapies vitaminiques, peut être considérée comme une menace commerciale pour ses projets futurs.

Objectif ultime des analystes de Cochrane: «Action politique urgente» pour instaurer une réglementation plus stricte des suppléments anti-oxydants


Il est surprenant que dans l'hyperactivité médiatique prévisible suscitée par la publication de cette revue analytique Cochrane, la presse n´ait prêté qu´une infime attention à l'objectif réel des auteurs.

Dans un article du Medical News Today, ces analystes ont lancé un «appel pour une action politique urgente» afin de mettre en place une réglementation plus rigoureuse des suppléments anti-oxydants. Fait plus intéressant, laissant d'ailleurs penser que Christian Gluud – et non pas Goran Bjelakovic – est le principal auteur de cette revue, l'article du Medical News Today cite Dr Gluud qui a déclaré sans aucune ambiguïté: «Nous devrions exiger que les autorités osent réglementer l'industrie sans dépendre financièrement de cette même industrie».

Bien sûr, si les critiques du Dr Gluud avaient visé les entreprises pharmaceutiques   puisque les organismes de régulation sont dans le monde entier largement dépendants des licences et autres sources de revenus de l'industrie pharmaceutique – elles auraient été évidemment justifiées. Mais comparativement et dans la plupart des pays, les contributions des producteurs de vitamines ne représentent presque rien, en termes financiers, pour les organismes gouvernementaux chargés des réglementationsgulation. Le Dr Gluud, bien sûr, évite de mentionner ce fait important.

Par ailleurs, les journalistes entreprenants – c'est à dire ceux qui font leurs propres recherches, par opposition à ceux qui se contentent de prendre comme sources de leurs articles les communiqués de presse de Cochrane Collaboration et de les réécrire – peuvent noter que cette demande de réglementation plus stricte n'est pas nouvelle puisque des déclarations de ce genre se répètent depuis près de quatre ans.

Par exemple, dans une revue Cochrane publiée en octobre 2004, les mêmes analystes avaient déjà tenté de démontrer que le bêta-carotène, les vitamines A, C, et/ou E augmentaient la mortalité, et qu'il n'existait pas de preuves convaincantes que les anti-oxydants pouvaient prévenir l'apparition des cancers gastro-intestinaux ou lutter contre la mortalité en général. Cette analyse leur permettait donc d'affirmer que «les suppléments anti-oxydants devraient être réglementés comme les médicaments». De manière similaire, le même mois, Bjelakovic, Gluud et deux autres membres de leur équipe ont publié une étude dans le Lancet dans laquelle ils déclarent qu'ils «n'ont pas pu prouver que des suppléments anti-oxydants pourraient prévenir les cancers gastro-intestinaux» et que «au contraire, ils semblaient augmenter la mortalité générale».

La simultanéité de ces deux parutions est très significative puisque ces deux articles ont été portés à l'attention des médias du monde entier seulement quelques semaines avant une réunion cruciale du comité du Codex sur les utilisations diététiques spéciales de la nutrition et des aliments (CCNFSDU). Son ordre du jour incluait l'examen d'une proposition de directive globale restrictive sur les suppléments à base de vitamines et de minéraux. Parrainés par l'OMS et la FAO des Nations Unies, les comités du Codex ont pour rôle principal de formuler des normes et des directives pour les industries mondiales de l'alimentation et des suppléments alimentaires. Les textes du Codex portent l'autorité exécutoire de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui les utilise comme référence pour arbitrer des conflits commerciaux impliquant des produits alimentaires à l'échelon international. De ce fait, la législation alimentaire des pays membres de l'OMC est presque systématiquement basée sur les normes et directives du Codex, non seulement pour promouvoir le commerce international mais aussi pour éviter que des différends commerciaux très coûteux soient présentés contre eux devant l'OMC.

Il est significatif à cet égard que depuis de nombreuses années, les directives proposées par le Codex pour réglementer les suppléments à base de vitamines et de minéraux ont fait l'objet de protestations véhémentes dans le monde entier, et en conséquence leur adoption est largement bloquée depuis le milieu des années 1990. Mais, et peut-être grâce aux efforts de Bjelakovic, Gluud et de leur équipe, la réunion du CCNFSDU en 2004 a permis de passer à l'étape 8 du processus d'adoption finale de ces directives.

Enfin, concernant les objectifs des revues Cochrane, Bjelakovic et Gluud ont rédigé un éditorial particulièrement révélateur dans le Journal of the National Cancer Institute (16 mai 2007). Concernant une étude selon laquelle la consommation de multi-vitamines peut être associés à des risques accrus pour des cancers de la prostate à un stade avancé ou en phase terminale, ils déclarent que «les auteurs de cette étude contribuent à justifier la remise en cause de la valeur bénéfique des vitamines anti-oxydantes pour une population généralement bien nourrie et confirment la possibilité que des suppléments anti-oxydants pourraient avoir des conséquences imprévues pour notre santé». Dans la conclusion de leur éditorial, Bjelakovic et Gluud suggèrent que les avantages et les inconvénients des vitamines et des minéraux soient testés avant toute commercialisation et, en conséquence de les traiter exactement comme des médicaments de synthèse. Ils oublient évidemment d'indiquer que de tels tests représentent des coûts prohibitifs pour des produits non brevetables, tels que les vitamines, et que seuls des médicaments synthétiques brevetables permettent d'amortir les frais de ces tests.

L'absurde inférence de Gluud, selon laquelle les organismes de régulation seraient financièrement dépendants des fabricants de suppléments vitaminiques, contrairement à l'industrie des médicaments synthétiques brevetés multimilliardaire, laisse penser que lui et Bjelakovic ont pris l'habitude d'ignorer non seulement des études pertinentes, mais aussi des données tangibles.

L'influence des grands medias

Après la tempête de protestations déclenchées par la publication de la revue analytique de Cochrane Collaboration, il ne fallut pas attendre longtemps pour apprendre que certains rédacteurs en chef avaient exercé des pressions sur leurs journalistes pour qu'ils la soutiennent.

Par exemple, Rachel Johnson, journaliste et auteur britannique, dans un article intitulé "Not so vital vitamins" publié dans le Sunday Times, citait cette revue de Cochrane et affirmait que les vitamines ne sont qu'un gaspillage d'argent et qu'elles pourraient même réduire l'espérance de vie.

Mais quelque temps plus tard, lorsqu'on lui a présenté un article citant des recherches publiées dans l'International Journal of Cancer, où un chercheur admet s'être trompé en affirmant que les vitamines pouvaient accélérer le développement du cancer, R. Johnson a avoué qu'elle «savait qu'il y avait quelque chose de louche» derrière la revue de Cochrane mais qu'on «avait fait pression pour qu'elle la défende», même si elle pensait qu'il est impossible de démontrer avec certitude les effets de la prise de vitamines».

On peut donc se demander pourquoi on a jugé utile de faire pression sur R. Johnson? Cela pourrait-il être lié au fait que parmi les annonceurs du magazine Sunday Times nous trouvons une importante société comme Garnier, une division de L'Oréal – la première firme mondiale de l'industrie des cosmétiques, propriétaire de 8,7% de Sanofi-Aventis, une des plus grandes entreprises pharmaceutiques du monde; ou Boots, un leader du marché britannique de la distribution et de la vente de produits pharmaceutiques; et BUPA, la principale compagnie d'assurance maladie privée du Royaume-Uni?

Conclusion

Comme la revue publiée par Cochrane en 2004 et l'étude dans le Lancet, la publication de cette méta-analyse Cochrane intervient à une date cruciale dans la lutte mondiale pour le maintien de l'accès libre aux thérapies vitaminiques non brevetables.

La Commission européenne, avec le soutien actif de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), est maintenant entrée dans les dernières étapes d'une procédure qui vise à définir les niveaux maximums autorisés des vitamines et des minéraux dans les suppléments alimentaires. Aujourd'hui, il est prévu que ces niveaux devraient être annoncés avant janvier 2009 et que dans de nombreux cas les dosages autorisés seront largement inférieurs aux niveaux nécessaires pour prévenir des maladies chroniques et promouvoir une santé optimale.

Entre temps, au Canada, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, des initiatives de réglementation similaires sont en cours pour restreindre la disponibilité des thérapies naturelles. Par conséquent, si de telles actions réussissent et si les patients de demain n'ont pas d'autre alternative que de faire appel à la médecine pharmaceutique toxique, des millions de personnes mourront alors que leurs maladies auraient pu être évitées grâce aux recherches de la médecine cellulaire.

Nous sommes donc amenés à nous demander si les décisions sciemment prises par les chercheurs de Cochrane, pour aider et renforcer la position de ceux qui veulent imposer des réglementations draconiennes visant à réduire la disponibilité des suppléments vitaminiques, sont potentiellement criminelles.

Pour y répondre, résumons les preuves.

Premièrement, nous savons que les recherches de la médecine cellulaire offrent la possibilité de sauver des millions de vies humaines. Nous savons aussi que la plupart des médicaments prescrits ne donnent pas les résultats souhaités par la plupart des patients et que les effets secondaires néfastes sont statistiquement classés entre la quatrième et la cinquième cause de décès des patients hospitalisés aux États-Unis. Si le libre accès aux thérapies naturelles sûres n'existe plus, les médicaments synthétiques seront la seule option disponible.

Concernant la récente méta-analyse de Cochrane, nous savons que les deux organisations qui la soutiennent – Knowledge & Research Centre for Alternative Medicine (ViFAB, Danemark), Copenhagen Trial Unit's Centre for Clinical Intervention Research (Rigshospitalet, Danemark) – sont fortement favorables à la médecine pharmaceutique et sont étroitement affiliées au gouvernement danois qui applique avec détermination une politique anti-supplément.

De plus, nous savons que la majorité des financements de Cochrane Collaboration provient d'organismes ayant des relations étroites avec l'industrie pharmaceutique qu'ils soutiennent, et que Wiley, maison d'édition de la Bibliothèque Cochrane, est directement impliquée par la promotion de la médecine chimio-pharmaceutique.

Finalement, fait plus grave encore, nous savons que la recherche et le développement pharmaceutique est le domaine de spécialisation scientifique de Christian Gluud, un des principaux auteurs de la méta-analyse Cochrane, et qu'il est partie prenante dans plusieurs conflits d'intérêt, ayant de puissantes connexions avec des organisations institutionnellement favorables à la médecine orthodoxe.

Compte tenu de ces divers éléments, que pouvons-nous conclure lorsque Gluud et ses confrères exigent que des mesures politiques urgentes soient prises pour instaurer une réglementation plus stricte des suppléments? Sommes-nous supposés croire que les conflits d'intérêt mentionnés ici ne sont que des coïncidences et que tous ces efforts répétés pour discréditer les thérapies vitaminiques non brevetables ne visent pas à protéger les intérêts financiers d'une industrie pharmaceutique multimilliardaire ainsi que ses investissements dans le «commerce de la maladie»?

Honnêtement, nous pensons que les preuves énoncées ici sont suffisamment évidentes pour qu´aucune personne raisonnable ne puisse les écarter sans hésitation. À tel point que nous sommes convaincus que les organisateurs de la campagne sur les «suppléments vitaminiques comme cause de mort prématurée» devront éventuellement rendre compte de leurs actes.
La justice prévaudra: la santé et la vie de millions de personnes en dépendent.