La Promesse d’une Planète Solitaire
3. Shishta. Appel à la Coémergence
John Lamb Lash
Plus cela devient étrange et plus cela fait du sens. Et plus cela fait du sens, plus cela demande de l'imagination de persévérer avec l'expérience Gnostique. C'est le grand défi de la science visionnaire appliquée, les noétiques de l'hyperception. (Un peu de patience, chers lecteurs: hyperception est le terme que je propose pour les facultés accrues de conscience telles qu'elles sont manifestées dans les siddhis des lamas et des yogis d'Asie et dans les processus visionnaires des shamans du monde entier. Pour ne pas mentionner, les facultés naturelles des enfants et des animaux. La communion empathique avec Gaïa induit spontanément l'hyperception, le perception dirigée lors “d'états altérés”).
Le Gnosticisme était une grave hérésie et il l'est encore. Le fait que le terme hérésie dérive du Grec hairesis, “choix”, semble avoir été occulté. Etre un hérétique signifie avoir le choix, opter pour un autre système de croyances, un autre type de connaissance, une autre voie de perception, un autre chemin de vécu. Etre hérétique, c'est avoir des options et ces options peuvent s'avérer assez choquantes. L'épisode de la conversion de Sabaoth nous conduit à une remise en question qui est peut-être la conception la plus choquante de l'enseignement Gnostique et occulte: la pré-existence de l'espèce humaine dans l'ordre cosmique.
Dans le mythe de Gaïa, la forme pré-existante et pré-terrestre de l'humanité est appelée “Atu Kadmon”. C'est un jeu de mots avec Adam Kadmon, “créature terrestre, composée de lettres ou de code”, un terme que l'on retrouve dans la Kabbale. Atu caractérise le produit de l'émanation divine, du dessein Eonique (en sanscrit, Ati signifie “suprême”, comme dans Atiyoga ou dans Dzogchen, la neuvième voie, la plus élevée dans le Bouddhisme). Le mot composé Kadmon signifie “unité encodée”, comparable à notre conception moderne du génome. Atu Kadmon est la monade encodée de l'espèce humaine.
Le mythe Gnostique de la création de l'humanité (anthropogenèse) décrit comment cette monade émana du Plérome lors d'un rituel réalisé par les Aeons, les Dieux. (Techniquement, ce n'est pas un “mythe de la création” comparable à la Genèse dans la Bible, mais plutôt une description imaginative d'émanation cosmique). Au travers d'un processus complexe de collaboration, une singularité émerge de l'Originateur, la Source Non Créée, et est ensuite méticuleusement canalisée dans une onde stationnaire qui est projetée au travers d'un réseau circulaire afin de produire une condensation fractale dans les bras galactiques. (The Gaïa Mythos. Episodes 4 à 7).
“L'émanation mortelle” est déposée sous forme de maille d'acides nucléiques dans le nuage moléculaire de la Nébuleuse d'Orion. Et là, elle scintille comme des gouttes de rosée sur une toile d'araignée - mais en fait, à quoi ressemble-t-elle?
“Dans la tradition de la Kabbale, les dix Sephiroths qui structurent l'univers sont les membres de l'homme originel, Adam Kadmon. Il est tellement vaste que chacun de ses cheveux peut être imaginé comme un rayon de lumière relié à des millions de mondes”. (Alexander Roob, dans Alchemy and Mysticism. Page 550).
L’Enfant de Lumière
“Aucune forme, aucun monde, n'a existé avant que la forme de l'homme n'émerge. Car elle inclut toute chose et tout ce qui existe n'existe que par elle”. William Blake. The Sun at the Eastern Gate.
Nous avons vu avec l'épisode de la conversion de Sabaoth comment l'Eon Sophia couvre Yaldabaoth de honte et lui prédit sa fin. Ce faisant, Elle invoque une vision, Elle convie les témoins cosmiques à voir ce qu'Elle voit. C'est un des moments les plus saisissants et sublimes de la cosmologie Gnostique. L'Eon Sophia a été abasourdie par Sa descente dans les régions périphériques de la galaxie mais Elle s'en remet progressivement. En un moment décisif, elle réussit à rassembler Ses pouvoirs et à recouvrer la vision de ce qu'Elle avait originellement projeté à partir du coeur Pléromique en union avec Son partenaire, L'Eon Christos. Comme nous l'avons décrit dans l'épisode 9 du Gaïa Mythos:
“La puissance retournant à Son regard fut détournée de la peau chatoyante de lustre qui La recouvrait, détournée vers ce brouillard rougeoyant. Durant un instant, sans savoir ce qu'Elle voyait, Elle contempla le gouffre terriblement profond du flux élémentaire, l'impressionnant dema en fusion dans la Brume d'Orion. La matière noire élémentaire déployée, la pâte bouillonnant en cataractes denses dans les bras galactiques et, telle une écharpe à la traîne d'un manège tourbillonnant, l'image d'Atu Kadmon flottait dans une douce lueur moléculaire”.
L'Eon Sophia contemple l'image d'Atu Kadmon, une image éthérée qui flotte comme une écharpe dans le brouillard métallique tourbillonnant du dema. (Certes, cela ne ressemble pas du tout au corps d'un “homme cosmique” projeté dans le ciel. Cela peut, cependant, ressembler à l'Arbre de Vie des dix Sephirot configuré comme un champ fractal de nodes chimiques, une membrane composée d'acides nucléiques). Ce que Sophia voit Lui donne la force de défier Yaldabaoth, le Souverain des Archontes, en invoquant la vision d'une humanité future. Cet épisode clé du scénario de la Chute de la Déesse est répété une demi-douzaine de fois dans les divers codex, mais la narration la plus saisissante se trouve dans l'Apocryphe de Jean.
“Et lorsque son pouvoir s'éleva, bien qu'il ne l'emmenât pas dans le Plérome, son propre royaume, il éleva Sophia au-dessus du royaume des Archontes, afin qu'elle puisse demeurer dans le Neuvième [le royaume de la Terre] jusqu'à ce qu'elle corrige sa déficience. Et une voix retentit des cieux exaltés, sa propre voix, avec une amplitude Pléromique: 'L'Enfant de Lumière existe, et la descendance de l'Enfant'.
Et l'Autorité des Archons (protarchon) entendit cela et réalisa que la voix émanait de Sophia, sa matrice. Il ne savait pas, cependant, d'où elle venait car c'était une révélation du Couple parfait et divin (metropator “Mère-Père”), la Conscience suprême qui est à l'origine du Tout, à travers laquelle tout vient à l'existence, telle l'Humanité Primordiale, car dans cette forme humaine, cette Conscience est révélée et vit.
Et tout le cosmos du chef des Archontes trembla et les fondations de l'abîme tremblèrent. Et dans l'espace d'eau au-dessus de la matière chaotique du dema, le dessous fut illuminé par cette image (eikon)”. (II. 14:20-30 avec quelques paraphrases).
Sans entrer dans un commentaire élaboré, il est nécessaire de clarifier deux éléments de cette narration qui présentent des difficultés prononcées de traduction. Les érudits révisionnistes, tel que Marvin Meyer, insistent pour traduire le Copte rhome par “humain” plutôt que par “homme”. Ainsi, la déclaration de Sophia “L'Homme existe et le Fils de l'Homme” devient “L'humain existe et la descendance de l'Humain”. Karen King dans sa traduction de l'Evangile de Marie (qui fait partie du Codex de Berlin tout comme une version de l'Apocryphe de Jean) penche pour le langage générique dépouillé sans préjugé de genre. “Dans l'Evangile de Marie, le 'Fils de l'Homme' est l'enfant de l'Humanité véritable, l'Image du Royaume Divin qui existe en toute personne” (L'Evangile de Marie de Magdala. Page 59). King, bien sûr, n'extrapole pas les écrits Gnostiques en termes astronomiques, comme je le fais. Aucun(e) érudit(e) digne de ce nom n'aurait l'audace de proposer, ou même de suggérer, que “l'Image du Royaume Divin” est un champ biologique à la périphérie du cosmos tout aussi bien qu'un élément de la psyché humaine.
Nous avons donc un certain nombre d'options pour la traduction: Humain, Humain Originel, Humain Véritable, Humanité Divine, Enfant, Enfant Divin, Enfant de Lumière. Il y a des années, j'avais proposé le Devanthropos, “l'humanité rayonnante” pour l'archétype pré-existant. Le Copte est extrêmement pauvre en expressions poétiques et métaphysiques et il se prête très mal à des concepts et des images qui requièrent une syntaxe élaborée. De plus, dans les Codex, un mot sur cinq en Copte sont des emprunt au Grec. Traduire des textes Coptes, c'est un peu comme faire appel à un éventail de nuances poétiques pour boucher les trous du canevas rudimentaire Grec original. Les problèmes surgissent parce que les “originaux” Grecs, qui ne sont rien de mieux que des notes incohérentes et embrouillées en premier lieu, ont été traduites par des scribes qui ne les comprenaient pas très bien, ou pas du tout.
Le Dieu Créateur Mâle
Ce que Sophia voit, ce n’est pas “l’Homme” ou une forme anatomique mâle, mais l’Anthropos, la matrice pré-existante de l’espèce humaine. Malheureusement, le copiste Copte de l’Apocryphe de Jean a transmis le terme andreos, “mâle”, donnant une coloration masculine à la matrice cosmique de l'humanité. Ailleurs, dans l'Apocryphe de Jean et dans les autres traités cosmologiques, anthropos est utilisé pour indiquer l'humanité générique, sans détermination sexuelle. L'équivalent Copte est rhome, “humain”. Dans “Sur l'Origine du Monde”, l'archétype Anthropos est appelé “Adam de Lumière” et “Adam Sacré” (108:20-25). Ce concept fut assimilé par la Kabbale qui le transmet par Adam Kadmon, “l'Homme Originel” (voir l'illustration ci-dessus).
Le problème délicat que nous ayons avec la description de l'Humanité Primordiale, ce n'est pas qu'elle soit anthropomorphe mais qu'elle soit masculinisée. Et ce problème n'est pas spécifique aux écrits Gnostiques dont nous ayons hérité. Il est omniprésent dans la Kabbale et dans les autres systèmes ésotériques qui préservent (ou qui prétendent préserver) les enseignements issus des Mystères, dont fait partie la conception hérétique de la pré-existence de l'humanité. L'illustration ci-dessus présente une version typique de l'Humanité Originelle dépeinte comme une figure mâle embellie d’iconographie cosmique et de symboles occultes. Dans mon ouvrage “The Hero”, j’ai souligné que “dans les cosmologies fondées sur des valeurs somatiques, le corps de la femme était typiquement identifié à la nature, à la terre elle-même, tandis que le corps de l’homme était identifié à tout le cosmos” (page 12). Une tradition de longue date est, bien sûr, ici sous-jacente - pour ne pas mentionner les inclinations structurantes archétypiques profondes de la psyché humaine. Néanmoins, le temps est peut-être venu d'un changement psychologique drastique...
L’imagerie qui représente l’archétype de l’Anthropos sous une figure mâle, ou même comme la conception mystique de l’Adam Kadmon, est totalement inacceptable dans le contexte du Mythe de Gaïa.
Deux autres points du passage ci-dessus requièrent une clarification. Dans le langage des Ecoles des Mystères, l'Eon Sophia est dite demeurer dans le Neuvième, un terme codé pour indiquer le royaume terrestre. Le Huitième indique la région étoilée visible entourant la Terre et le Septième, l'Heptade, est le royaume planétaire à l'exclusion de la Terre, comme nous l'avons déjà expliqué. Yaldabaoth, le Souverain des Archontes ou Protarchon, est le maître supposé de l'Heptade. Il est indubitablement un dieu créateur mâle, le prototype de Jéhovah, du Père Divin du Christianisme et également d'Allah. Le monothéisme est la fixation de Yaldabaoth sur son ego illusionnel et cette illusion infecte tous ceux qui l'adoptent comme l'être suprême. La théologie du dieu unique véhicule et met en oeuvre un programme patriarcal intense. L'image Gnostique du Metropator, les Parents Cosmiques, réussit à éviter de qualifier le Divin d'une manière masculine ou féminine. Ce langage saisissant rappelle le Yab-Yum du Bouddhisme Tibétain et le couple Shiva-Shakti du Tantra Hindou.
La répétition étrange de “l'Homme et le Fils de l'Homme” a déconcerté les érudits. Je propose que la redondance de cette terminologie est la transcription d'une perception occulte du fait que la matrice de l'Anthropos (“Homme”) contient de nombreuses souches (“Fils de l'Homme”). Plus d'une version de l'humanité a procédé du code monadique. Ainsi, un rendu adéquat pourrait être “l'Humanité et ses souches, la progéniture de l'Homme Originel”). La souche de l'humanité à laquelle nous appartenons est une des excroissances de la matrice “maîtresse” - quel langage! - déposée dans la Nébuleuse d'Orion. Le Devanthropos est un espace massif de singularité qui génère des souches humaines dans des environnements “terrestres” dans l'entièreté de la galaxie du bulbe central de laquelle cette singularité a émergé. Cette émanation à large bande de vie organique est spécifique à “notre” galaxie mais la version que nous en sommes n'est pas unique au sein de cette galaxie.
Quelles sont alors les options? Comment devons-nous imaginer ce que Sophia perçoit dans le Nuage d'Orion? Cela pourrait-il être une forme bisexuelle ou androgyne?
Lien narratif
Rappelons-nous que la cosmologie Gnostique, dont fait partie l’anthropogenèse, prend en compte les formes de vie extra-terrestres qui émergent antérieurement à l’apparition de l’humanité sur Terre et opèrent subséquemment des intrusions dans la biosphère. Le Mythe de Gaïa est insurpassable parce qu’il contient la seule description d’une vie extra-terrestre inhérente à la condition humaine et cosmologiquement positionnée. Comme l’a dit M. C. Hammer, parlant des profondeurs de ses pantalons: “Tu ne peux pas trouver mieux!” Le credo Gnostique affirme clairement “Les Archontes ne sont pas totalement extra-terrestres car ils émanent de la Déesse Déchue, la divinité féminine qui les a engendrés lorsqu’elle a amené la race humaine de la Source, le royaume de l’Un Pré-Existant”.
Lorsque nous découvrons qui sont les Archontes, nous pouvons enfin comprendre qui nous sommes. Le secret du potentiel humain, notre héritage Sophianique, devient manifeste lorsque nous prenons conscience de ce qui le menace et comment. Cela est complètement étrange mais fait parfaitement du sens. Nous découvrons notre humanité au moment même où nous risquons le plus de la perdre et c’est maintenant le moment. Tant que nous n’arriverons pas à cette prise de conscience, à savoir la révélation de notre identité en tant qu’espèce pré-existante, nous ne percerons jamais l’illusion de notre isolement sur cette planète solitaire, la Terre. C’est le grand bon imaginatif de l’humanité d’aujourd’hui.
En réalité, nous ne sommes pas isolés, car nous sommes en contact continuel, interactivement, avec une myriade d’êtres d’autres dimensions, les “Peuples des Etoiles” et des alliés spirituels, comprenant d’autres souches de l’humanité dérivées de la Souche lumineuse d’Orion. Pourquoi, alors, souffrons-nous de l’illusion de la quarantaine cosmique?
Tant que nous ne percevrons pas comment nous sommes reliés à cette espèce extra-terrestre, notre cousin cosmique proche, nous ne pourrons pas découvrir notre relation à une quelconque autre espèce. Paradoxalement, les Archontes constituent la clé pour dissiper notre illusion de séparation, illusion dans laquelle ils préfèrent nous tenir emprisonnés, parce que cela sied leur démence. Appelée anomia “aberration”, dans l’Apocryphe de Jean et dans d’autres textes, la démence des Archontes est évidente dans notre propre mental, particulièrement dans les idées religieuses telle que la croyance que nous, l’espèce humaine, sommes suprêmes et uniques, créés “à l’image de Dieu”.
L’histoire de Sophia est un tableau imaginatif des origines humaines fondé sur le vécu des initiés Gnostiques. Le mythe enseigne que l’humanité est une singularité projetée de la Divinité mais pas pour reproduire ou imiter ses concepteurs car ce serait un acte suprême de narcissisme de la part des Divinités. L’humanité est, plutôt, l’évolution ouverte d’une monade encodée avec un potentiel infini de se développer en de nouvelles voies. Pour ce faire, l’espèce requiert un environnement spécial qui reflète son potentiel le plus profond tout autant que sa dépendance sur l’échange avec les autres espèces. C’est exactement ce que fait pour nous la biosphère miraculeuse, la matrice de vie Gaïenne.
Nous sommes la promesse exceptionnelle de ce monde magnifique et symbiotique, non pas parce que nous sommes la progéniture privilégiée du dieu créateur mâle mais parce que nous possédons la capacité unique de perturber les harmonies à l’oeuvre dans la Terre par notre ignorance. La détection et la correction de cette ignorance nous remettent sur un chemin d’harmonie avec les desseins de Gaïa. Nous ne pouvons pas continuer dans les voies de Gaïa sans participer à Son Histoire et sans vivre dans la narration qu’elle pourvoit. Notre rédemption, en termes Gnostiques, est un lien narratif à la planète vivante, et non pas une intervention surnaturelle venant de l’extérieur - ce qui est le stratagème Archontique.
Nous ne sommes pas créés à l’image de Dieu, mais selon l’imagination des Dieux. Néanmoins, les Archontes préféreraient que nous croyions le contraire. Depuis environ 3800 années, ils se sont déchaînés pour nous faire croire le contraire.
L’Envoûtement Archontique, ou Envoûtement Ahrimanien comme je l’appelais auparavant lorsque je naviguais avec les Anthropops, (NDT: les anthroposophes) cherche à nous leurrer avec des simulacres que nous prenons stupidement pour la réalité. Le plastique pour la perle. L'intelligence artificielle pour la connaissance vivante authentique. L'espace cybernétique pour le jardin. Les parkings pour les glaciers. Grâce à une stratégie secondaire insidieuse, sur laquelle ils misent énormément, ils font un double usage de la simulation en tant que feinte et en tant que substitut. Par exemple, le concept monothéiste de Dieu est une erreur, une feinte mentale. Il est exploité par les Archontes et exagéré au-delà de toute correction. Ce faisant, le paradigme monothéiste acquiert une connotation totalitaire. Lorsque nous en venons à rejeter le monothéisme, nous sommes enclins, par la même occasion, à rejeter le totalitarisme. Nous devenons naturellement extrêmement méfiants vis à vis des modèles totalitaires, des “histoires originelles”, etc. Cette méfiance, bien que parfaitement naturelle et un signe de bonne santé, est mise à profit pour nous aveugler sur la nature de “l'histoire maîtresse” que nous pouvons développer avec Gaïa-Sophia.
Nous arrivons au coeur de la problématique. On pourrait imaginer que chacun “comprenne” le Mythe de Sophia “à sa façon”. Penser autrement serait frôler l'attitude totalitaire et répéter l'erreur du monothéisme. Et bien, oui et non. Le Mythe n'est pas totalitaire mais percevoir comment il ne l'est pas demande un niveau exceptionnel de perspicacité. En réalité, le Mythe est générique à notre espèce et donc uniforme en termes de narration. Le défi magnifique avec cette histoire spécifique à l'espèce, cela n'est pas de le prendre chacun à sa manière mais c'est de sortir de ses manières propres et de s'impliquer dans quelque chose qui nous transcende. C'est pourquoi le Mythe de Gaïa doit être transmis et façonné de façon narrative, de façon mythopoétique, au travers d'un rappel shamanique qui requiert la mort de l'ego. Nous arrivons tous à Son Histoire à notre façon, mais nous ne la développons pas à notre façon. Nous la développons en allant au-delà de nous-mêmes. En entrant sur Son Chemin.
Le Mythe possède donc un caractère quasi-totalitaire parce qu'il est uniforme en termes de la révélation qui le fonde. Ce n'est pas une carte blanche pour l'expression personnelle, c'est un appel intérieur à une expression transpersonnelle.
L'Angoisse de l’Anthropos
L’archétype de l’Anthropos est au coeur de la cosmologie Gnostique et corrélé étroitement au fonctionnement énigmatique des Archontes. Les enseignements Gnostiques sont uniques en ce qu’ils pourvoient un paradigme élaboré sur la naissance du Soleil, sur la formation de la Terre et sa captivité dans le système planétaire. Cette histoire replace les Archontes dans un cadre cosmique, tout comme l’humanité - ou plus exactement, la matrice pré-terrestre et pré-existante de l’humanité. Atu Kadmon est notre origine cosmique en tant qu’espèce. Tout comme les Archontes, nous sommes des extra-terrestres - mais à notre propre façon.
La différence réside dans le fait que nous procédons du Plérome et que nous avons été semés dans le tissu vivant de la planète, au contraire des Archontes.
L’assertion selon laquelle nous ne sommes pas créés à l’image de Dieu est une atteinte à la dignité de nombreuses personnes mais avec la matrice de l’Anthropos, Atu Kadmon, une autre option est offerte. Plutôt que d'être créé pour refléter une image de dieu pré-existante (à savoir mâle, à sept plans, Archontique), l'espèce humaine peut être conçue comme un projet divin en évolution, une expérimentation divine. L'identification avec Dieu est un subterfuge Archontique. Le processus de “déification” fut attribué à tort aux Mystères par de prétendus Gnostiques tel Clément d'Alexandrie. Les Gnostiques authentiques ne prétendent pas être des Dieux sur terre, des divinités sous forme humaine. Ils aspirent à connaître de la façon dont les Dieux connaissent et ce que les Dieux connaissent; ils n'aspirent pas à devenir des Dieux ni littéralement ni même symboliquement. L'extase de la connaissance génère des moments d'identité mystique avec la Divinité, c'est certain, mais elle induit, aussi, et accentue une discrimination suprême entre l'humanité et le divin.
Les Psychonautes sages se laissent guider par les plantes sacrées; il peut être néfaste ou dangereux de tenter de contrôler les pouvoirs de la plante.
Intrusion Extra-Terrestre
Le scénario de la Chute de la Déesse, Son histoire, possède une valeur unique pour l’espèce humaine et peut-être même une valeur unique pour sa survie. Il n’affirme pas seulement que nous ne sommes pas seuls: il explique POURQUOI nous ne sommes pas seuls. Pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre de croire que nous sommes seuls ou que nous sommes suprêmes et uniques. Les Gnostiques mettaient constamment en garde contre le fait que les Archontes nous envient notre humanité. Pour venir à bout de l’angoisse insupportable de leur envie, nos cousins extra-terrestres tentent de nous infecter avec leur mentalité afin que nous puissions leur ressembler et afin d’apaiser par là-même leur angoisse. En inculquant dans notre mental la croyance que nous sommes faits à l’image de Dieu, ils nous attirent dans un jeu mental que nous ne pouvons pas gagner parce que ses règles sont fausses, arbitraires, étrangères à l’expérience humaine.
Nul besoin de le dire, je paraphrase. Le texte précis transcrit dans l’idiome mythologique est le suivant:
“Et lorsque les autorités et le chef des Archontes regardèrent, ils virent toute la région du dessous illuminée. Et au travers de la lumière, ils virent dans les eaux en-dessous la forme de cette image [L’archétype lumineux de l’Anthropos, Adamas, l’Enfant de Lumière]. Et le Souverain des Archontes dit aux autorités qui l’accompagnaient:’Venez, créons un homme à l’image de Dieu et à notre image afin que cette image puisse devenir une lumière pour nous'” (L’Apocryphe de Jean. II.14,30 - 15,5).
La cosmologie Gnostique est étonnante si ce n’est même que pour la subtilité imaginative de tels passages. C’est de la noétique appliquée, un enseignement psychologique profond exprimé en termes mythologiques. Les Archontes croient qu’ils peuvent créer l’humanité à leur image et ils aimeraient bien que l’humanité y croie de même. Dépourvus d’ennoia, les Archontes ne peuvent créer, ils peuvent seulement imiter. Contemplant la matrice de l’Anthropos, ils imaginent à tort qu’ils peuvent créer l’humanité à leur ressemblance et cela reste leur souhait le plus ardent: de nous rendre à leur image. La seule façon d’atteindre ce but est de nous pousser, par la tromperie, à trahir notre humanité fondamentale. Les Gnostiques enseignaient qu’en raison de notre marge d’erreur exceptionnellement large, nous sommes une espèce qui peut dévier de sa course normale d’évolution et trahir ainsi son potentiel authentique. Si cette inclination déviante n’est pas jugulée et amendée, nous risquons assurément de satisfaire le souhait des Archontes.
La triste vérité est que nous faisons la plus grosse part de leur travail, dans leur intérêt.
Cela est ainsi non pas parce que les Archontes exercent un pouvoir sur nous mais parce que nous abandonnons notre pouvoir inné à une mentalité extra-terrestre. La mentalité Archontique est notre propre tendance à trahir notre héritage divin: c’est l'élément inhumain dans un potentiel humain. “Les Archontes sont en nous” peut être le message le plus libérateur sur la planète. Seul le Gnosticisme, la connaissance divine de nos origines, peut nous sauver de l’auto-abandon que nous risquons en livrant notre mental aux “Autorités”.
“Judas dit, ‘Regardez, les Autorités (Archontes) demeurent au-dessus de nous et c’est donc eux qui nous domineront’. Le Sauveur répondit, ‘C’est toi qui les gouvernera.’” Le Dialogue du Sauveur. 49-50.
Mais comment peut-on gouverner quoi que ce soit lorsque nous ne sommes pas capables de choisir les croyances qui induisent nos comportements, les pensées qui gouvernent notre mental?
“Vous êtes le mental pur et la sérénité du solitaire. Entendez cela et comprenez que les Elus s’auto-sélectionnent. Au travers de la consécration... là où n’existe ni règle, ni tyrannie, le pouvoir raisonnant... vérité intérieure... vit... afin que vous prévaliez.
Mais le croisement fait peur... Vous ne pouvez passer qu’avec un mental focalisé... La lampe du corps est le mental. Tant que ce qui est dans votre mental est harmonieux, vos corps sont lumineux. Tant que vos coeurs sont sombres, la luminosité que vous recherchez vous échappera...
Celui qui ne se tient pas dans les ténèbres ne sera pas capable de percevoir la lumière.” (Dialogue du Sauveur. Texte fragmentaire. 2-34).
Durant les trois premiers siècles de notre ère, les instructeurs Gnostiques qui émergèrent des Ecoles de Mystères enseignèrent que le vecteur fondamental de l’intrusion extra-terrestre était le programme rédempteur de la religion, centré sur l’image de la divinité humaine. C’est le coeur du message de l'opposition Gnostique aux doctrines Judéo-Chrétiennes. Ceux qui étaient prévenus de ce danger se retournèrent contre les Gnostiques et les exterminèrent. Si la protestation Gnostique avait été prise en considération, le Christianisme tel que nous le connaissons ne se serait jamais implanté. Les enseignements Gnostiques devaient être éliminés afin que le programme rédempteur puisse se répandre.
Divinité Humaine
Il y a des criminels et des archi-criminels. Il y a des ennemis et des archi-ennemis. Il y a des types et des arché-types. Il y a des cons et des arch-contes, l’abus de confiance suprême. Ce subterfuge remplace la foi en l’espèce, la confiance en notre potentiel de sagesse innée, par la croyance que nous devons être rendus humains au travers d'un reflet surhumain, le Verbe fait Chair. L'arch-conte est la divinité humaine. Si cette notion n'avait pas infecté l'imagination de notre espèce, le monde ne serait pas du tout ce qu'il est aujourd'hui. Le concept de divinité humaine est l'abus de confiance qui nous permet de perpétuer une multitude de péchés qui ne sont rien d'autre que des erreurs non corrigées, des structures de comportements étrangères à nos capacités innées. Toutes les ignominies dont l'humanité est l'héritière procèdent de la croyance en la divinité humaine. Comme le Christ, elles commencent toutes par C: conversion, colonialisme, conquête, consommation.
Et tout dernièrement, cyber espace.
Là où les Archontes ont émigré. Ils sont enfin dans une niche bien douillette sur la planète. Alors que j'écris ces mots, je me tiens devant leur Autel comme sans doute vous-mêmes en les lisant. Mais ce n'est pas mon lieu de culte.
Historiquement, les Archontes ont émergé en trois phases: tout d'abord, sous leur forme séminale dans l'Apocalyptisme Juif, formulé par l'idéologie de haine des Zaddikim; ensuite, dans le Christianisme rédempteur, un programme fasciste enrobé par les contes de fées des Evangiles pour faire passer la pilule; et troisièmement, dans l'horrible mutation virale de l'Islam, la peste de la soumission. Nous sommes présentement en train de clore une quatrième phase qui commença lorsque la science remplaça la religion, vers 1650. La cinquième phase sera de courte durée et peut-être pas très plaisante. Nous sommes, en effet, confrontés à des conditions terminales, dont l'effondrement climatique et la désincarnation cybernétique de l'espèce.
Dans le monde classique, les Gnostiques ne survirent pas pour faire face à l'Islam, à l'exception, peut-être, de quelques mouvements underground (Sufi=Suphia?). Le Gnosticisme Païen Radical était opposé au Judaïsme et au Christianisme et refusait les idéologies rédemptrices communes à ces deux systèmes de croyance. Si les Gnostiques avaient survécu aujourd'hui, ils s'opposeraient, pour les mêmes raisons, à l'Islam, une autre mutation virale de la même idéologie. Les Gnostiques n'étaient pas contre l'amour, la tolérance, le pardon, l'amabilité, la compassion ou d'autres vertus authentiques attribuées à la moralité Judaïque ou Chrétienne et plus tard à l'Islam (une horrible arnaque !!). Ils étaient opposés au cadre idéologique de la rédemption avec ses trois composantes: la domination de l'humanité sur la Terre, l'incarnation de la divinité sous forme humaine et les rétributions finales par le Dieu Paternel.
Pistis Sophia, “confiance en la sagesse innée”, est une foi positive qui s'élabore créativement dans Son Histoire et qui s'épanouit en une société harmonieuse de membres inspirés. Mais la volonté de créer un tel monde doit être forgée dans la prise de conscience de ce à quoi nous sommes opposés.
Façonnage de l’Humanité
Il est clair que l’étayage de la théorie des Archontes/ET n’est pas une tâche aisée et facile. Ce n’est pas un exercice de mots doux. La compréhension de l’intrusion Archontique requiert un arrière-plan complexe et élaboré et une éducation cosmologique approfondie. Cependant, cet arrière plan - l’histoire complète de la singularité dans le coeur galactique, la création couplée de l’Anthropos par Christos et Sophia, le désir unilatéral de la Sophia Déchue, l’impact non prévu sur le dema, l’origine de la Terre indépendamment du système solaire, l’alliance entre le Soleil et la Terre, la persistance du Rêve originel de Sophia dans un système à trois corps, l’Anthropos semé sur Terre - constituent la partie de notre propre histoire qu’il est vital que nous apprenions avant de comprendre le rôle des Archontes dans la globalité de l’histoire. C’est un gros travail, je le concède, mais c’est peut-être la compréhension décisive dont nous ayons besoin aujourd’hui, le traitement crucial de “médecine planétaire” qui puisse restaurer le potentiel divin de l’imagination humaine.
Dans tous les cas, nous ne pouvons pas décoder le phénomène ET/OVNI sans savoir d'abord qui nous sommes, cosmiquement parlant, et ensuite sans percevoir notre relation avec nos cousins cosmiques, les Archontes, engendrés par Sophia, avant que l'humanité n'émergeât sur la Terre mais pas avant que l'Anthropos fût semé dans la Nébuleuse d'Orion. Quant aux systèmes ésotériques et occultes qui prétendent enseigner “l'Humanité Divine”, je ne suis pas franchement convaincu qu'on puisse leur faire confiance pour accoucher de l'Enfant. Vous pouvez apprendre beaucoup de ces systèmes et de ces modèles, mais nous n'apprenez quasiment rien au sujet de Gaïa. J'ai passé ma vie, depuis l'âge de quatre ans, en quête de connaissances ésotériques. Je peux en parler de ces histoires sans queue ni tête. (NDT: jeu de mot intraduisible en Français entre shaggy “dog” stories et “god”).
En conclusion de mes quêtes, la question qui m'apparaît fondamentale est la suivante: comment décrire la pré-existence de l'humanité afin que nous puissions évoluer dans cette description et contrer la stupidité du concept d'humanité divine. Je n'ai pas la réponse sous la main, mais au moins l'énoncé de la question est assez précis pour le moment. Pourquoi l'histoire Gnostique de la pré-existence est-elle si cruciale pour le changement à venir? Parce que l'histoire montre comment Sophia Elle-même invoque le Devanthropos pour remettre le souverain des Archontes à sa place. Et il nous faut faire de même.
Dans cette perspective cosmique globale, il s'avère évident que les Archontes/ET sont vraiment extra-terrestres mais confinés au système planétaire qui maintient la Terre en captivité. (Jacques Vallée, que je considère comme l'analyste le plus sophistiqué de l'énigme ET/OVNI, affirme que les extra-terrestres importuns viennent de l'intérieur de notre système local). Ils constituent une espèce prédatrice spécifique, avec des visées spéciales sur l'humanité, qu'il ne faut pas confondre avec d'autres entités non-humaines, tels que les “Peuples de Etoiles” et alliés d'autres dimensions, les gardiens surnaturels, les Défunts, et autres souches de l'Anthropos qui vivent dans des environnement planétaires relativement proches du nôtre - qui sont tous amicaux ou neutres.
Associés à l'humanité au travers du destin particulier de l'Eon Sophia, les Archontes sont également impliqués dans la “correction” de Sophia, son réalignement avec le centre cosmique, le Plérome, un sujet sur lequel j'ai abondamment écrit dans tout ce site. Il nous faut tout d'abord définir notre rôle dans la correction de l'Eon Sophia: cela n'est rien de moins que de définir la finalité de l'humanité dans l'évolution de Gaïa. Lorsque nous sommes engagés dans un projet, et que quelqu'un nous aide ou nous fait obstacle, nous ne pouvons pas savoir comment cette personne nous influence à moins de comprendre ce que nous-mêmes nous faisons. Cela tombe sous le sens.
Enseignement du Mythe
Après mûres réflexions, j’en suis venu à accepter que la perspective cosmologique sur les Archontes ne puisse être enseignée qu’à ceux qui souhaitent sincèrement la connaître, ou qui plus est, qui éprouvent un besoin impérieux de la connaître. J’ai la ferme conviction que l’aspiration pour ce type de connaissance doit être enracinée dans une participation consciente à la co-évolution avec Gaïa. (Il existe, bien sûr, une forte connotation de science-fiction dans le scénario Gnostique des Archontes. Cela pourrait se faire que cette histoire se répande simplement comme une histoire et cela ne poserait pas de problème). Une de mes préoccupations permanentes est de déterminer comment partager cette cosmologie Gnostique recouvrée et avec qui; il peut donc être justifié de clore cet essai par quelques réflexions personnelles à ce sujet.
C’est un énorme privilège et également une énorme responsabilité de diffuser, sur ce site, le Mythe de Gaïa et les enseignements Gnostiques qui lui sont corrélés. Je suis immensément reconnaissant au Marion Institute de soutenir ce projet mais le soutien n’est pas la réception. Ce travail n’est pas destiné seulement à ceux qui le sponsorisent (et je suis sûr qu’ils en conviennent). Il est destiné aux générations à venir mais il doit être transmis par la génération d'aujourd'hui, par une portion choisie et auto-sélectionnée de cette génération.
Dans la mythologie Hindoue corrélée aux Ages du Monde, ceux qui préparent le futur dans le présent sont appelés Shishta, “le groupe semence, le groupe des semeurs”. Ce mot dérive du mot sanscrit commun shisha “disciple, étudiant”. Shishta signifie quelque chose comme “le corps étudiant”. Ou “groupe d'apprentissage” pour employer un terme adéquat. La caractéristique principale du Shishta est l'égalité dans la connaissance. Tout le monde participe et ceux qui apprennent enseignent également. Je dirais que cela constitue la nécessité fondamentale pour la transmission du Mythe de Gaïa et du scénario des Archontes: ceux qui l'apprennent l'enseignent. C'est du moins ce que je proposerai comme la caractéristique fondamentale du Shishta. L'aspiration directrice, si vous préférez.
Pour ceux qui sont consacrés à Gaïa, le Mythe n'est pas n'importe quelle histoire, ni une épopée osée de science-fiction embellie d'un filigrane théologique. C'est Son Histoire (NDT: John Lash, tout au long de cet essai, utilise un néologisme anglais qu'il a créé “Herstory” pour souligner la contrepartie féminine du mot History, His/story). Il n'est pas aisé de pénétrer au coeur de cette histoire et cela peut demander une vie entière de discipline imaginative. Si vous en avez l'opportunité. La mort de l'ego et pas à petite dose. Si vous en avez le courage. Les techniques d'extase cognitive, dont la divination, la danse et la transe sont les meilleurs outils pour répandre le Mythe dans sa forme narrative en constante expansion. Il est en même temps nécessaire d'observer un équilibre moral. Tout ce que nous apprenons au sujet de l'Anthropos et des Archontes doit être équilibré entre le partage de la connaissance de nous-mêmes en tant qu'espèce et les moments individuels solitaires de communion avec Gaïa.
Moments d'intimité sublime et sacrée. De ravissement coémergent.
L'observation de Gaïa nous permet de voir une myriade de créatures magnifiques qui accomplissent tout leur potentiel en étant ce qu'ils sont et en faisant ce qu'ils font. Les tournesols et les vers plats, les baleines et le charançons... Ils ont atteint une telle perfection qu'il ne leur reste rien à accomplir. Ils n'ont pas de promesse à remplir parce qu'ils sont à ce point réalisés, juste par ce qu'ils sont. Nous savons cela intuitivement et le ressentons profondément dans un langage plus vieux que les mots (Merci, Derrick). Et lorsque les saumons s'égarent, lorsque les baleines s'échouent sur le rivage, lorsque les oies dans leur migration vers le sud atterrissent au Pays de Galles, nous chancelons, nous sommes profondément angoissés de voir nos amis les animaux si désorientés, si spoliés de leur magnifique accomplissement.
Et cela nous touche de façon très poignante parce que lorsqu'ils perdent leur cap, cela nous rappelle nous-mêmes, une espèce perplexe échouée sur une planète solitaire...
Nous, de l'espèce humaine, semblons être positionnés dans l'habitat Gaïen d'une manière différente de celle de nos frères les animaux. Nous sommes plus potentiels que réels. Nous sommes porteurs d'une promesse à accomplir. Nous sommes cette promesse. Si nous faillissons à cette promesse, nous ne constituons pas une menace ultime pour Gaïa, je pense, mais nous diminuons l'amplitude de notre participation dans Ses Desseins. Et nous risquons donc de rabaisser les Mystères. La promesse que nous portons est exceptionnelle, non en raison de notre statut privilégié présumé et non plus parce que nous sommes la divinité sous une forme humaine - aucun humain ne l'a jamais été et ne le sera jamais - mais bien à cause de nos tendance rabaissantes. C'est la leçon à apprendre de notre complicité involontaire avec nos cousins extra-terrestres.
Cependant, nous connaissons l'extase. Et dans l'extase, nous nous connaissons nous-mêmes et nous savons comment aller au-delà de nous-mêmes. C'est notre promesse, perpétuellement accomplie.
John Lash. Décembre 2004. Andalousie.
Traduction de Dominique Guillet.
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