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Le Terton à la Rose Coupée. 02
Legs d'un Terton free-lance
1976 à 1986: Alchimie et Amour
John Lash
Traduction de Dominique Guillet
Lorsque je repasse en vue les années qui ont suivi mes premières rencontres avec la Lumière Organique, je m'aperçois que je poursuivais, alors, une investigation que je n'avais pas réussi à définir en termes clairs et concluants. Le Mystère me mit au défi de m'y engager avec une question. Mais, tel Perceval, je ne réussissais pas à formuler la question adéquate afin de la poser à la Lumière Organique. Je ne savais pas même quelles questions j'aurais pu poser au sujet de la Lumière. Mais le Mystère perdura car il s'était implanté dans ma vie. Tant bien même la question à poser restait, en grande partie, embryonnaire et non formulée, j'incarnais cette question dans le cours de mes expériences. J'appelle cette méthode “l'ingénuité du simple d'esprit”. Selon les contingences de la Quête du Graal, celui qui accède à ce trésor doit poser une question sans y être incité et sans être instruit au préalable quant à la nature de la question ou quant à la manière de la formuler. Au contraire de la devise des scouts “toujours prêt”, la devise de la Quête du Graal pourrait être “jamais prêt”. Et je ne l'étais certainement pas.
Au fil du temps, la question qu'il m'était nécessaire de poser se formula, en quelque sorte, d'elle-même. De façon récurrente, au cours de ma vie, je m'orientai vers la connexion de l'alchimie. Ce qui me conduisit à la Lumière - et bien, c'est à vous de le dire. Ou ce qui conduisit la Lumière vers moi - même énigme. Mais ces rencontres initiales furent innocentes et ingénues. Ces révélations en 1965, 1966 et 1972 furent des événements inexplicables au travers desquels le Surnaturel influença ma vie. Je ne pris pas conscience de ce que je voyais réellement mais, progressivement, des indices se firent jour qui me guidèrent vers une connaissance claire et vérifiable de la nature et de l'origine de la Lumière Organique, indépendamment de mes rencontres spontanées avec elle. Le sujet ésotérique de l'alchimie constitua l'attracteur étrange fédérant tous ces indices.
La "Pierre Atmosphérique". Michael Maier, Atalanta Fugiens
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Révision de l'Alchimie: de 1976 à 1986
Au tout début de mes études astrologiques, je plongeai dans l'oeuvre de Carl Jung en laquelle je puisai une vaste quantité d'informations concernant l'alchimie. Ses ouvrages “Psychologie et alchimie”, “Mysterium Conjunctionis”, “Études Alchimiques”, étaient parmi mes possessions les plus chéries. Jung lui-même eut recours à l'astrologie dans sa pratique et c'est son épouse Emma qui établissait les thèmes de naissance. Cependant, la psychologie archétypique Jungienne ne m'aida pas véritablement dans le type d'astrologie que j'étais en train de développer. Je m'inspirais bien plutôt de Maslow, de Reich et de l'école humaniste. Ce qui me fascinait réellement dans l'oeuvre de Carl Jung, c'était la matière même de l'alchimie, l'imagerie, l'utilisation étrange du Latin, les termes obscurs tels que Iliaster et Azoth, les images fantastiques, les allusions captivantes aux processus magiques de la Nature, et ainsi de suite. Comme tout un chacun plongeant dans ce champ de recherches, j'étais fasciné par la nature mystérieuse de la Pierre Philosophale, la Pierre des Sages. C'est très assurément l'objet le plus séduisant et le plus insaisissable de tout l'ésotérisme Occidental, à la même enseigne que le Graal, avec lequel elle est souvent identifiée.
On retrouve, dans toute la tradition alchimique, la même affirmation récurrente selon laquelle la Pierre Philosophale est juste là, sous vos yeux, sans que vous puissiez, cependant, la percevoir. En est-il de même de la Lumière Organique? Dans un sens, oui: si vous perceviez la Lumière Organique, vous la verriez juste sous vos yeux, avec votre vision physique, les yeux grands ouverts. Mais la Lumière Organique ne peut pas être appréhendée dans une situation normale de perception sensorielle filtrée par l'identité de soi unique, la perspective propre à l'ego. Elle ne peut être perçue qu'au travers de la dissolution temporaire du sens d'une identité indépendante permettant ainsi la dissolution des limites de la perception normale. Les alchimistes, qui avaient perçu la Lumière Organique, témoignèrent de sa présence dans le monde des sens au moyen d'une imagerie rudimentaire. L'illustration, ci-dessus, extraite de “Atalanta Fugiens”, indique la présence de la “Pierre” (dépeinte comme un cube) au sein des éléments de la Nature, dans l'air, dans la terre, dans l'eau. Elle est présente partout, imprégnant le monde naturel mais on ne la trouve nulle part. Pourquoi donc? Parce qu'elle est contingente aux formes matérielles mais elle ne peut être perçue que lorsque la masse matérielle est transfigurée, juste devant vos yeux. C'est alors que vous réalisez que la Lumière Organique ne flotte pas, de quelque mystérieuse façon, dans la matière ainsi que l'illustration alchimique le suggère: c'est la matière qui y flotte.
Tout ce que vous voyez autour de vous maintenant, toutes les choses petites et grandes perçues sensoriellement, incluant votre propre corps, y flottent. Toutes les formes matérielles sont maintenues à flot par la Lumière Organique de telle sorte qu'elle induise un sentiment de légèreté chez celui ou celle qui la contemple, une impulsion exaltante d'expansion et d'élévation. C'est un phénomène irréfutable de la Nature qui peut être confirmé par l'expérience directe. Lorsque cette expérience fait défaut, il est extrêmement difficile de formuler la co-existence de la matérialité sensuelle et de la luminosité, exempte de masse, de la Terre.
1980-1986: alchimie revue comme une science atmosphérique - le Cours en 40 leçons, incluant un cours complet en terrastrologie.
1981-1991: Santa Fé, Institut de Mythologie Créative.
* Aux environs de cette époque, j'eus un entretien avec un haut lama Tibétain.
En revenant de Los Angeles à Santa Fé en décembre 1980, j'étais profondément versé dans l'anthroposophie, l'astronomie et les études alchimiques. Je luttai pour réaliser, par expérience directe, la nature du Grand Oeuvre tel qu'il fut appréhendé par les alchimistes authentiques qui avaient “réalisé la Pierre” tels que Jean-Baptiste van Helmont (1579-1644). Réaliser le “Grand Oeuvre”, dans ma vie et l'enseigner à autrui devint ma finalité impérieuse, une passion dévorante.
Alors que je poursuivais cette aventure de découverte, quelque chose d'étrange continuait d'attirer mon attention. Les historiens conventionnels de la science rabaissent l'alchimie comme un système illusoire qui précéda la chimie moderne. Néanmoins, il semble que certains alchimistes avaient confié “une connaissance secrète” aux pionniers de la chimie qui transformèrent alors cette tradition occulte en science mondaine. Isaac Newton, lui-même, était fasciné par l'alchimie et il rédigea des volumes entiers sur le sujet. Il existe des indications selon lesquelles d'autres fondateurs de la chimie moderne furent influencés ou instruits par des alchimistes ou des Rosicruciens versés dans l'alchimie, des personnages anonymes se tenant dans les coulisses. Cependant, les historiens ne pouvaient pas réconcilier la science pure et dure avec la fantaisie apparente de la matière de l'alchimie. Et je ne le pouvais pas non plus.
Von Helmont fut pour moi la révélation décisive. Les historiens admettent que von Helmont découvrit le dioxyde de carbone qu'il appela le “gaz sylvestre”, indiquant par là qu'il était absorbé par les arbres. Il identifia également l'oxyde de carbone, le méthane et l'oxyde nitrique. Mais une seconde. Si l'alchimie n'était que le jeu fantasmagorique d'illuminés superstitieux, qui ne comprenaient pas réellement les fonctionnements de la Nature, comment se fait-il donc que l'un de ses praticiens pût avoir découvert ces éléments de l'atmosphère avant que les chimistes développent les instruments pour les identifier? Et von Helmont n'était pas le seul. Je pourrais citer d'autres exemples... Les alchimistes connaissaient également l'existence de l'azote, le gaz qui compose 80 % de l'atmosphère que nous respirons. Ils l'appelaient Azoth. On prétend que c'est un gaz inerte que nous respirons mais qui ne possèderait aucune influence physiquement parlant. Cependant, les alchimistes parlaient de l'Azoth, et de ses effets, en termes certes voilés mais évocateurs. Comment le savaient-ils?
J'étais profondément intrigué par la notion selon laquelle certains alchimistes d'accomplissement authentique pussent avoir une connaissance intime de la composition de l'atmosphère de la Terre bien avant l'époque de la chimie moderne. Je réalisai que cela aurait pu être possible s'ils étaient interactifs avec l'atmosphère, sensuellement et cognitivement. Je commençai à percevoir que l'alchimie pouvait avoir été une sorte de yoga interactif du mental et des sens, une pratique ayant pour vocation une intégration pleinement consciente de l'instrument humain au sein de la biosphère et de l'atmosphère. Ce concept constitua le germe du Cours que je donnai à Santa Fé dans les années 80. Certains étudiants participaient aux classes du jeudi soir tandis que d'autres, en Californie et à New York, prenaient les leçons par correspondance. En tout, j'avais une “cellule” d'environ 80 étudiants impliqués dans cet exercice en 40 leçons.
Je réussis à offrir le Cours parce que j'avais le privilège d'une suprême intuition concernant l'alchimie: ce que les alchimistes appelaient le “Grand Oeuvre” était en fait la co-évolution avec la Nature. Donc, un yoga Gaïen du mental et des sens. Ce fut mon premier indice de l'interactivité avec Gaïa confirmée ultérieurement dans le mythe de l'Eon Sophia et manifestée concrètement dans le Tantra Planétaire. Cette intuition recelait une autre prise de conscience, encore plus puissante: le Grand Oeuvre n'était possible que si l'évolution naturelle était incomplète, requérant quelque participation humaine pour atteindre son plein potentiel. Je frisai là la découverte de la notion de “correction de Gaïa” bien avant que je pusse la définir en tant que telle en me fondant sur des sources textuelles historiques du Gnosticisme. A cette époque, je ne parlais pas de “correction” mais j'avais plutôt recours au terme “incomplétude”. Le Cours constituait une invitation à investiguer comment notre expérience de la Nature reste incomplète tant que nous ne pénétrons pas intimement dans les processus atmosphériques et biosphériques, en utilisant le corps humain comme l'instrument (en jargon alchimique, l'artifex) de la transmutation. Et les alchimistes enseignaient que par l'entremise de cette participation, le grand dessein de la Nature réalise sa complétude.
Matière Arthurienne
En 1986, je révisai les 40 leçons originelles du Cours afin de les restructurer en une présentation plus systématique, en divisant la matière astrologique en plusieurs leçons. Cette année-là, j'eus l'occasion rare de passer cinq mois en Europe. Je consacrai mon voyage à une “Quête Celtique”, visitant des lieux tels que Glastonbury qui est associé à la légende du Sacré Graal et des Chevaliers de la Table Ronde. Je parcourus complètement la Cornouaille et le Pays de Galles, visitant tous les cercles de pierre et les sites mégalithiques de la région. Je constituai une vaste bibliothèque d'ouvrages relatifs au Sacré Graal et aux Chevaliers de la Table Ronde.
Au Pays de Galles, je marchai le long de la rivière Dee à proximité du site de Dinas Bran, le terroir ancestral de Perceval. J'étais encore très impliqué dans l'occultisme Christocentrique et influencé par des adaptations Médiévales Chrétiennes du Graal. Des auteurs, tels que Chrétien de Troyes et Rober Boron, identifièrent le Graal avec le calice de la Dernière Cène, utilisé par Joseph d'Arimathie pour recueillir le sang du Sauveur crucifié. C'était des histoires fascinantes qui conféraient une dimension profondément mystique à la foi Chrétienne mais j'étais un hérétique de coeur. Une autre version de la Quête du Graal commençait à se former en mon esprit: la vision Païenne et pré-Chrétienne du Graal. Au début, je ne m'en doutais guère mais j'étais maintenant sur le chemin de preuves historiques et légendaires du Graal des Mystères, la Lumière Organique Gaïenne.
L'exploration de la “Matière Arthurienne” ne fut jamais pour moi une dynamique sèche et livresque, l'entreprise morne consistant à consulter des vieilles reliques et des parchemins fragiles. Au risque de faire preuve d'indélicatesse, je dois souligner qu'il existe d'amples témoignages écrits de petites culottes mouillées dans la tradition Arthurienne. Dans Parzival et d'autres épopées, les dames excitées par les joutes phalliques récompensaient leur chevalier favori avec des sous-vêtements, à l'instar des femmes frénétiques qui jettent leurs sous-vêtements humides sur les rock-stars en scène. En fait, l'intégralité de la tradition Arthurienne est saturée de désir sexuel. L'ambiance de la Quête du Graal est érotiquement chargée. Dans la cooptation Chrétienne de la Quête, celui qui est en quête du Graal doit être chaste, abstinent, exempt de contamination sexuelle. Mais selon la vision Païenne, le chercheur qui s'approche de la Lumière Divine sera un authentique voluptueux, un allumé des sens corporels, un illuminé sexuellement et mystiquement par cet impact surnaturel.
Le "chaste" Galahad recevant la communion des jeunes filles du Graal.
Détail d'une peinture de D. G. Rossetti
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Il vous faut amener de l'innocence sexuelle à la Lumière Organique - innocence et non point abstinence, candeur et non point chasteté - et merveille des merveilles, la Lumière, une fois rencontrée, confère et amplifie encore plus cette innocence. Devant le Graal, vous êtes éternellement jeune.
Ma Quête Celtique de cinq mois, en 1986, fut une aventure totalement solitaire sans aucune chance de courtiser ou de sauver des damoiselles en détresse. La percée, qui me permit de me connecter sexuellement au Graal, parvint par un autre chemin: non pas au travers d'une femme, en chair et en os, mais par le biais d'une question posée par une femme qui vivait dans les jours heureux de la Matière Arthurienne, au 13 ème siècle. Cette question émana d'un poème.
La Romance de la Pierre
Au milieu des années 80, alors que le Cours avait pris son plein élan, j'eus l'occasion rare d'entrer en contact avec une personne de mon passé. Le Professeur Terrel, de l'Université du Maine à Orono, m'avait pris sous son aile durant mon bref passage dans cette université en 1963/64 avant que je ne m'en fusse explorer des terres inconnues. Terry était un érudit de Pound, à savoir un expert sur Ezra Pound ainsi que sur tout le mouvement Moderniste, Yeats, Joyce, Eliot, H.D. et tous les autres. Nous nous rencontrâmes tout d'abord à Boulder au Colorado où il donnait une causerie à l'Institut Naropa et ensuite, il vint me rendre visite à Santa Fé. Ce fut une visite fantastique, une conversation de 16 heures sur l'art et la littérature. Terry m'initia aux secrets de l'art poétique (la forme de la ligne) et m'alerta à l'arrière-plan ésotérique du Romantisme et de la littérature du 20 ème siècle. J'étais dévoré par la passion d'apprendre tout ce que je pouvais concernant le Modernisme, le concept original du Mouvement Romantique.
Je commençai par lire “The Spirit of Romance” d'Ezra Pound en même temps que “The Pound Era” de Hugh Kenner. Ces deux ouvrages, à eux seuls, révélaient la continuité de la Romance Médiévale, incluant la Matière Arthurienne, jusqu'au Modernisme. J'appris comment les troubadours étaient intimement connectés aux Chevaliers Arthuriens et à la Quête du Graal. Le “Culte de l'Amour” émergea durant ce moment mythogénique qui produisit “Parzival” et “Tristan”. Dans “The Spirit of Romance”, Pound dit explicitement que les poètes mystiques de cette époque identifièrent le Graal avec la Dame de leurs chants érotiques. Dans “L'Amour et l'Occident” (1939, édition définitive 1972) , Denis de Rougement affirme la même chose: le troubadour considère le corps de la femme avec le même émerveillement que celui qui contemple le Graal. Je déclinai ces parallèles lors d'une causerie que je donnai à l'Institut de Mythologie Créative, “Le secret des troubadours”, et ce fut l'une des conférences les mieux reçues et les plus passionnément débattues que j'ai proposées dans mon studio au 707 Palace Avenue.
L'un des éléments essentiels de l'étude fascinante, par Pound, des troubadours était un poème écrit autour de 1290 par Guido Calvacanti, le mentor et le professeur de Dante: “Donna Mi Priegha”, “une Dame me demande”. Ce poème est une canzone, composée en rimes et en mesures, destinée à être chantée accompagnée d'un luth, dans le style des troubadours. C'est également un exposé complexe et subtil de la puissance de l'amour, un exploit inégalé de poésie érotique. “Donna Mi Priegha” est communément considéré comme le plus formidable poème que l'on ait jamais écrit sur l'amour. Il existe plus de cinquante traductions du poème original qui est rédigé dans un dialecte Toscan obscur, proche du Latin à de nombreux égards. Inspiré par ma rencontre avec Terry, je tentai ma chance au jeu de “Donna Mi Priegha”. Terry publia ma traduction, accompagnée d'un commentaire que j'avais rédigé, dans l'édition 1986 de “Paideuma”, une revue internationale consacrée aux études sur Ezra Pound. Ce fut le premier texte que je publiais dans ma carrière.
Avec “Donna Mi Priegha”, la connexion entre l'alchimie et l'amour fut sécurisée de manière permanente dans ma vie. En cohérence avec l'insistance Romantique, je mis encore beaucoup plus en valeur Marie-Madeleine alors que je tentais de contrebalancer le conflit, entre les genres masculin et féminin, promu par le mythe du sauveur. A cette époque, mon cri de bataille était “Pas de Christ sans Madeleine”, à peu près durant la période où “Holy Blood, Holy Grail” apparut dans les librairies. En 1987, l'année de la Convergence Harmonique, je donnai un séminaire intitulé “La Romance Gnostique” à un groupe d'Anthroposophie à Hudson, New-York. Étonnamment, je n'étais pas encore très versé dans les références à Marie Madeleine procédant des écrits Gnostiques Coptes. A cette époque de ma vie, je n'avais pas encore commencé les études Gnostiques qui allaient me conduire au recouvrement et à la restauration du Mythos de Sophia! J'avais juste Marie-Madeleine dans la peau et je me sentais constamment obligé de mettre en exergue son importance pour la spiritualité moderne.
Héros et Déesse
A la fin des années 80, j'avais amassé de nombreux indices en relation avec le Graal/Pierre/Lumière Organique mais il me manquait la clé ultime: la source planétaire de cette luminosité divine. De plus, j'avais une expérience directe de contemplation de la Lumière mais non pas d'interaction avec elle. De même, je ne pouvais pas y accéder intentionnellement, de manière délibérée et récurrente. Tout cela restait en attente dans le futur.
1988 et les années suivantes: conférences, ateliers et astrologie à Santa Fé, Los Angeles et Dallas. Rédaction de l'ouvrage “The Seeker's Handbook”, publié en mars 1991.
* rédaction de “Translations from the Andromedan”, des juvénales tertoniques qui offrent au translateur une opportunité d'évoquer la préhistoire de l'humanité, la romance Chthonienne des femmes-arbres Gaïennes et des hommes d'Orion.
Octobre 1991: départ des USA pour aller vivre en Europe, un changement géographique permanent.
* vie en Belgique, causeries données à la Noblesse sur la Légende du Graal, tuteurage en astrologie et en ésotérisme Occidental d'une princesse Belge.
1993: publication de “Twins and the Double”.
* causeries et ateliers pour un groupe anthroposophique d'Hudson, New-York.
1995: publication de “The Hero - Manhood and Power”, cassure définitive d'avec le mythe du sauveur et du mysticisme de dilettante de Steiner et al.
Pour autant que je m'approchais de la prise de conscience de l'origine et de la nature de la Lumière Organique, il me restait encore du chemin à faire. Mon parti-pris Christocentrique m'empêchait de progresser tant bien même j'essayais intensément de le corriger en le modulant avec une contrepartie numineuse divine, Marie Madeleine. L'archétype du messie est toxique et, quelque soit le sens dans lequel vous le tourniez, c'est une monstruosité. Mais cette constellation psychique est tellement incrustée qu'il est extrêmement difficile de l'anéantir. Il vous faut l'éradiquer, c'est à dire la couper à la racine. Un mystique accompli doit faire preuve de facultés critiques extrêmement rigoureuses. La présence d'un personnage numineux masculin, dans la Lumière Organique, ne peut pas être déniée - un grand nombre de personnes témoignent de ce phénomène, incluant Carl Jung, lui-même, dans sa vision du Christ Vert - mais l'identification de cette présence doit être réalisée avec la plus grande prudence. Je crois que Rudolf Steiner contempla le spectre lumineux, tout comme je le contemplai, mais il recouvrit ce phénomène de fantasmes catholiques morbides dérivés de son conditionnement religieux. Dans son autobiographie, “Histoire de ma Vie”, Rudolf Steiner rapporta une vision mystique du “Mystère du Golgotha”, décrivant comment il fut présent, de manière clairvoyante, au moment de la Crucifixion. Cette vision constitua, sans ambages, le moment suprême de son expérience mystique. Elle détermina le message quasi-religieux de l'Anthroposophie qui, selon ces termes, n'est rien de plus qu'un rédemptionnisme extra-terrestre sous la forme d'une indulgence cultique dilettante destinée à des snobs spirituels.
Tout comme Steiner, j'étais obsédé par la dimension magique de l'événement du Golgotha: à savoir que le sang versé par Jésus/Christ conféra des puissances transformatrices occultes à l'atmosphère. En 1987, j'écrivis un article dans la revue Anthroposophique “The Golden Blade”, afin d'exposer cette conception - c'était mon second article publié après Donna Mi Priegha. Cependant, cette notion ésotérique n'était pas spécifique à Steiner. Elle est explicitement exposée par Gerhard Dorn (1530-1584), un alchimiste Belge au fait de la rumeur selon laquelle le Graal, considéré comme le calice qui recueillit le sang du Christ, était conservé dans une petite chapelle de Bruges en Belgique. (A partir de 1994, je vécus en Belgique et je visitais fréquemment Bruges afin d'investiguer diverses légendes alchimiques associées avec cette ville). Dorn représente le corps d'élite des alchimistes Rosicruciens qui revendiquaient une compréhension mystique de la Passion du Christ, resituée dans une sorte d'alchimie atmosphérique. Mais dans cette vision glorieuse de magie terrestre, il n'est nulle trace du Divin Féminin, de Gaïa, de Sophia ou de la Terre sensuelle.
Carl Jung ne me fut d'aucune aide pour faire le tri de tels fantasmes occultes. Dans le Cours, j'adoptai son interprétation du “Parallèle Lapis/Christ”. Mais le Lapis, c'est à dire la Lumière Organique, n'est pas identique au personnage lumineux mâle, ressemblant au Christ, qui apparaît parfois dans cette Lumière. Le Mesotes, (tel que je nomme ce personnage en cohérence avec les textes Gnostiques Coptes), n'est tout simplement qu'une réflexion de l'auto-perception humaine se reflétant dans la Lumière Organique mais non pas consubstantielle avec elle. Seuls les alchimistes Christianisés identifièrent le Christ avec le Lapis, la pierre rayonnante des Sages, mais la tradition Païenne et pré-Chrétienne n'établit aucune corrélation entre le Graal et un personnage messianique ou un sauveur supramondain. Aucune strictement. Pour Wolfram von Eschenbach, le Graal est une pierre, non pas une coupe ou un calice et la pierre n'est pas identifiable avec un humain ou une entité suprahumaine. Le parallèle Jungien Lapis/Christ est une gigantesque méconception. Cela m'a coûté des années de fausses routes et de yeux bouffis.
A ce point de l'essai, il se peut que lecteur s'enfuie, en hurlant, de ces pages, repoussé par la pure lassitude du récit de ce que je dus travailler afin de pouvoir communiquer le mystère de la Lumière Organique, en termes clairs, précis et adéquats, tel que je puis le faire aujourd'hui. Pardonnez-moi donc de vous entraîner au fin fond de la récapitulation de mes “réalisations” tertoniques. En fait, quelle est la finalité de tout cela? Peut-être juste cela: en percevant tout ce que je dus épurer afin de reconnaître l'origine et l'activité de la Lumière Organique, et de la présenter d'une manière vérifiable, vous pourriez appréhender la rareté spécifique de ce phénomène surnaturel. En d'autres mots, la difficulté à en discerner exactement la nature est une mesure de son statut incomparable d'événement surnaturel.
Pour en venir au coeur du sujet, je me débarrassai finalement des dernières traces de ma partialité Christocentrique lorsque j'écrivis “le Héros” en 1996. Quasiment simultanément, je m'engageai dans les études Gnostiques qui me conduisirent à la vision Sophianique des Mystères. De mon point de vue de mythologiste, la relation du héros à la déesse est le thème suprême de la spiritualité humaine de notre temps. C'est le passage obligé de la guérison et de la régénération et en particulier la régénération de la sexualité et la guérison du conflit entre les genres. La connexion entre le héros et la déesse est le domaine des animaux de pouvoir et plus spécifiquement du lion, membre et emblème des espèces félines. Les félins prédateurs, avec des marques en goutte d'eau, sont maintenant les émissaires décisifs que Gaïa-Sophia envoie vers l'espèce humaine. Ils guident et nourrissent l'héroïsme de l'humanité dans son ensemble.
En contraste, la relation de l'humanité avec le messie/sauveur et, par extension, avec le dieu paternel extraterrestre, constitue l'illusion pathologique qui pourrait sonner la fin de l'espèce. Le messie est l'archétype dominant de l'Age des Poissons non pas parce qu'il présente la solution aux problèmes de cet âge mais parce qu'il constitue le problème même à solutionner, une personne à la fois, afin de prendre conscience de la nature véritable de la guidance spirituelle. Le mythe du sauveur, sous tous ses déguisements, est toxique et dément.
Chaque Age Zodiacal présente des leçons diverses à apprendre et parmi ces leçons, il en est une qui sera suprême. Pour l'Age des Poissons, la leçon suprême est de découvrir comment nous sommes guidés, à la fois individuellement et en tant qu'espèce. C'est cette leçon que le cours de mon expérience mystique avec la Lumière Organique m'a enseignée et ce, de façon récurrente.
John Lash. 27 septembre 2010.
Triple Déesse avec Lion. Susan Seddon Boulet
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