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Le Terton à la Rose Coupée. 04
Legs d'un Terton free-lance
2007 à 2009: Aube du Tantra Planétaire
John Lash
Traduction de Dominique Guillet
Je devais avoir environ 15 ans lorsque je lus, pour la première fois, “La Tour” de W. B. Yeats dont j'adorais, et consommais avec voracité, la poésie tout au long de ces années dures et précaires. Yeats, ainsi que Dylan Thomas, furent les influences poétiques primordiales de ma vie durant cette période. Une strophe de ce poème est toujours restée pour moi une révélation:
Strange, but the man who made the song was blind;
Yet, now I have considered it, I find
That nothing strange; the tragedy began
With Homer that was a blind man,
And Helen has all living hearts betrayed.
O may the moon and sunlight seem
One inextricable beam,
For if I triumph I must make men mad.
(The Tower (1926) W. B. Yeats)
"Car si je triomphe, je dois rendre les hommes fous". Ce vers m'a hanté, ô combien, durant le cours entiers de ma vie de mystique! Mais il m'a également guidé et conforté. Lorsque je le découvris, je ressentis dans mes tripes que ma destinée était de le vivre à la lettre.
"Serrée, c'est ainsi que la cordelette doit être enroulée
le sutra du répéter, le schéma trouvé
mais étrange est-elle, la futile tournure d'esprit
qui se perd dans ses propres méandres, aveugle
à la fabulation solilunaire: Pénélope
ou Hélène, fais ton choix, le répertoire
ne sied pas au scénario qu'il révélerait
à moins de passer par la folie pour devenir réel."
Séquence II des Conversions de Yeats: Le Dolmen.
45 ans plus tard, sur le chemin, et voici les Conversions de Yeats avec “La Tour” convertie en “Dolmen” au début de la seconde séquence. Le poème original est long de 200 vers en trois sections dotées de structures métriques et thématiques diverses. La rédaction des “Conversions” fut une entreprise insensée de transcription spontanée. Je plaçai le poème sur mon bureau, près de mon ordinateur, je le parcourus ligne après ligne et la conversion de chaque vers se rédigea virtuellement par elle-même. Je ne cogitai pas sur la signification ni ne révisai le langage. Je n'hésitai pas sur le choix du vocabulaire poétique ni ne retravaillai les vers. D'elles-mêmes, les rimes jaillirent de la non-attention du vide mental. Dans la série I, j'ai converti 42 poèmes courts et dans la série II, j'en ai convertis 18 longs. L'intégralité du processus fut quasiment exempte d'efforts. Cette poésie exsuda de mon esprit comme le miel coule au travers d'une tulle.
Jigme Lingpa, le plus célèbre des tertons Nyingma, rédigea deux biographies poétiques, “La Lune dansante dans l'eau” et “le grand secret des Dakinis” (analysées minutieusement par Janet Gyatso dans “Apparitions of the Self”. Un sujet fascinant si cela vous intéresse de vous plonger dans l'intimité de la vie intérieure d'un chercheur de trésors. L'autre JL ne souhaite pas faire passer ses “Conversions de Yeats” pour des trésors de sagesse. A dire vrai, je suis extrêmement réticent d'infliger la poésie que j'écris à quiconque. Je ne l'écris pas dans le but de la communiquer à un public mais bien plutôt pour élucider les challenges extravagants placés sur mon chemin. Les Conversions, rédigées par spasmes sporadiques entre août 2009 et septembre 2009, consignent les diverses épreuves et triomphes dans la vie d'un terton free-lance. Les commentaires, qui les accompagnent, m'offrent un prétexte de développer le Kala Tantra et la libération au travers du désir: des sujets à ce point ardus et subversifs que je n'en peux débattre avec personne sur la terre des vivants. En bref, les commentaires contiennent des éléments d'instruction sacrée que je ne peux conférer en personne malgré que j'adorerais en avoir la possibilité.
Au contraire du Nyingma JL, je ne bénéficie d'aucun entourage.
Manie Divine
Je vais continuer d'indiquer les “trésors” en gras. Le signe * dénote un événement, un fait ou une situation influant de manière significative sur ma vie mystique durant la période indiquée tout en sachant que parfois, je n'en ai pris conscience qu'ultérieurement. Un rapide coup d'oeil le long de la liste chronologique, ci-dessous, met en valeur une incidence élevée de caractères en gras. Je me suis déjà exprimé libéralement au sujet de la plupart de ces expériences et je vais donc être, bien heureusement, bref afin de ne pas réitérer ce que j'ai déjà présenté sur ce site.
Janvier 2007 et au-delà: rédaction du cycle d'essais “2012” sur la Transmutation Planétaire, le Zodiaque de Dendera et la structure du Kali Yuga.
* 12 mars: le Baiser du Dolmen
* mai (week-end de Pâques): contemplation de la Lumière Organique avec la Prostituée; une visite massive de vautours au-dessus de la maison.
* octobre: pèlerinage au Pays Cathare, Collioure, nuits de Carcassonne, Monsegut, Puilaurens, retour à Arques.
En janvier 2007, je commençai la rédaction des essais sur le cycle de fin de temps, la Transmutation Planétaire et la structure du Kali Yuga. Simultanément, je finis le 9 ème essai de l'Histoire Alternative du Graal, “La Lance sanglante”. “Not in His Image” avait été publié depuis quelques mois. Je m'orientai vers une nouvelle phase de ma vie sans une once d'idée quant à la manière dont cela allait s'annoncer. Je pense qu'il serait correct de dire qu'avec “le Baiser du Dolmen”, je mis en oeuvre le premier principe du Tantra Gaïen avant que je ne pusse le définir en tant que tel: la chimie sexuelle des tantrikas est stimulée par la puissance de la Terre. En termes planétaires, la fusion sexuelle est toujours un ménage à trois: femme, homme et la Terre. Le Tantra, dans le futur, sera un triangle d'amour tellurique. Mais bon, je ne suis pas prophète et je vais donc reformuler cette assertion en futur antérieur: Le Tantra, dans le futur, aura été un triangle d'amour tellurique et vous pouvez compter sur le fait qu'il l'aura été d'ici que j'en finisse avec ce cours.
En rétrospective, je peux affirmer en toute confiance qu'aucune connexion sexuelle tantrique ne peut être viable sans enracinement dans le champ électromagnétique de la Terre. "Les catégories les plus sophistiquées de leur sorcellerie avaient à voir avec la Terre" dit don Juan à Castaneda lorsqu'il parlait des anciens initiés (Le feu de dedans). En mars 2007, il fallait que j'attende encore un an et demi avant de découvrir mon ultime trésor, le Nexus des Shakti. Mais on pourrait dire que le delirium compulsif et érotique du Baiser du Dolmen se configura tout seul en cette révélation à venir. "La prise de conscience suprême de la Terre est ce qui nous permet de nous métamorphoser en d'autres grandes bandes d'émanation" (ibidem). Et je m'en fus donc, tout d'abord en couple et puis tout seul, à la rencontre d'une harmonisation sans précédent avec les émanations de la déesse.
Le sceau du Baiser du Dolmen fut brisé, dans un moment de stupidité frivole, mais sa puissance rebondit vers une autre fusion, une autre découverte et une autre dimension de l'amour.
Le Nexus des Shakti est ce que Castaneda appelle “la force roulante” qu'il ne faut pas confondre avec “le Culbuteur” qui procède du soleil. A bien des égards, Castaneda constitue l'exercice d'échauffement du Tantra Planétaire. La sorcellerie Néo-Toltèque et l'écosorcellerie Gaïenne sont des homologues du Nagual, des inventions mythophréniques isomorphiques. La sienne est déguisée, la mienne est annoncée. La puissance de l'invention déclarée est supérieure - c'est une règle traditionnelle de sorcellerie. (Cela doit être vrai puisque je viens juste de l'inventer). La magie et la sagesse prévalentes dans ces systèmes sont tellement immenses qu'elles ne peuvent être révélées qu'au travers de pures innovations, en formes libres. La question n'est pas de savoir si c'est une invention ou non. La question cruciale est la suivante: "inventé ou pas, comment peut-on en faire l'expérience?"
Mars 2008: Second Forum Psychédélique à Bale, en compagnie de Joanna Harcourt-Smith et de Dominique Guillet de Kokopelli. Rencontre de Daniel Pinchbeck.
* 6 avril: Orphée descend, le premier jour de 8 mois de pures obsessions, un mélange de souffrances atroces et de plaisirs outranciers, en une décoction tourmentée.
Mai 2008: Le Voeu de Lydia - à propos de la révélation des propriétés et des comportements de la Lumière Organique.
10 Juin 2008: révision d'Orphée et d'Eurydice
Juillet 2008: moments initiaux de l'instruction de Dakini, le Rêve Lucide de Gaïa.
24 juin: Infinity Ridge, Langue sur le Couteau, rituel Kalika d'addiction.
Lundi 21 Juillet à 14h42 au Café Parador sur la Promenade d'Ernest Hemingway: Le Moment de la Ronda (108 jours à partir du 6 avril).
Ainsi que je l'ai promis ci-dessus, je ne vais pas ressasser ce que j'ai écrit au sujet de ces développements obscurs. Je mourus presque, en mai, dans une cabine téléphonique d'Amsterdam, mais quel rebond se manifesta à partir de ce moment ou je l'avais “échappé belle”! Je ne sais pas dans quelle mesure il est possible de communiquer les moments forts d'une vie mystique. J'ai la chance d'être doué de facultés de description afin d'interpréter ces événements prodigieux mais j'ai peur que mes récits puissent donner à certains lecteurs l'impression d'être laissés pour compte et perplexes, comme si rien d'aussi magnifique ne pouvait leur arriver. Cependant, l'extase mystique est tout aussi proche de vous que votre prochaine respiration. Et même encore plus proche. Votre faculté d'accéder au Surnaturel est à la mesure de votre aspiration à l'atteindre. Je m'y rend souvent et c'est extrêmement régénérateur. Mais je jouis de ce privilège en raison d'une certaine distanciation que j'établis vis à vis de la vie mondaine et cela, je présume, n'est pas l'apanage de tout un chacun. Merci beaucoup, rose coupée. Et ce n'est pas une fleur de jardin domestiquée.
Faim de Divinité
Durant l'événement de la Ronda, je perçus ce que l'on pourrait appeler la coloration émotive de la Lumière Organique manifestée sur le flanc oriental de la Sierra de Libar. Le même panorama que je contemplais si souvent d'Infinity Ridge, mais vu sous un angle différent au-dessus du Tajo, cette gorge déchiquetée à Ronda. On se souviendra que lorsque je vis Gaïa en danse extatique, déversant une vague houleuse de luminosité opale sur la crête de la Sierra de Libar - hurlant littéralement comme une femme en orgasme - je reconnus pour la première fois que la Lumière Organique était son émanation tellurique. C'est la montagne qui me conféra cette vision. Je la reçus de l'endroit de “libation”, allaitant, déversant du lait.
Durant l'événement de la Ronda, la montagne me donna une autre vision, celle-là orchestrée en un triple jaillissement d'extase-sagesse-vacuité. J'ai toujours refusé la proposition selon laquelle le plaisir et la douleur seraient, par quelque noble artifice, des équivalences métaphysiques. Et ce, principalement, parce que cela semblerait excuser ou légitimer le mal infligé par des actions humaines, le mal que l'on inflige à autrui. Et je refuse encore que le mal, délibérément infligé par une personne à une autre, soit minimisé par une telle argumentation. Rien ne peut rendre acceptables de telles actions. Mais depuis l'événement de la Ronda, je vis perpétuellement dans un référentiel élargi de sensibilité vis à vis de la souffrance et du plaisir. Je réalisai, alors, que la conscience primordiale non-duelle, qui est une extase pure et totale, conjure les intensités de souffrance et de plaisir de son appétence absolue pour sa propre beauté. Insatiablement vorace, le Divin s'éclate, tressaillit et se fond au travers de toute nuance concevable de ce que l'on appelle l'émotion et se parfait en consumant sa propre beauté et en s'en laissant, en retour, consumé.
"La grande béatitude n'est pas juste un plaisir exacerbé mais une expérience transcendante de sensibilité qui peut être suscitée par le biais de n'importe quelle sensation, non seulement au travers du plaisir mais aussi de ce que nous considérons communément comme de la douleur".
La citation ci-dessus (italiques ajoutées) est extraite de l'ouvrage “Luminous Emptiness” de Francesca Fremantle. C'est pour moi l'un des cinq ouvrages Bouddhistes fondamentaux. Fremantle était une étudiante et une alliée proche de Chogyam Trungpa, un maître Tibétain renégat qui anticipa dans le style, mais pas dans le fond, certains aspects du Kala Tantra. Je ne m'appuie pas sur le Bouddhisme Tibétain pour valider ou corroborer des intuitions mystiques telles que celle qui émergea lors de l'événement de la Ronda. Cependant, je retrouve dans cette phrase une évocation claire et nette d'une telle intuition.
Le fait d'infliger de la douleur ne possède pas de valeur égale ou compensatoire en comparaison du fait de prodiguer le plaisir. Il n'existe pas de relativisme moral dans cette proposition, telle que Fremantle la formule, ou telle que je pourrais la formuler. Néanmoins, le plaisir et la douleur constituent des intensités qui procèdent d'une source unique, co-émergente avec la puissance qui fonde cette source: la Shakti Divine, la source vive de la grande béatitude (Mahasuhka). Mettre en oeuvre cette puissance, être un instrument conscient et un vecteur de son expression, dépend de l'expérience transcendante de la sensibilité telle qu'elle est illustrée par l'événement de la Ronda.
Un épitomé de l'enseignement métaphysique Asiatique se retrouve dans le Dzogchen, “la Grande Perfection”. C'est un message relativement sophistiqué et, tout étrange que cela puisse paraître, aisément accessible à la réalisation. Mais il y a un petit souci: les maîtres Tibétains ne précisent pas comment la grande perfection de l'état primordial se perfectionne d'elle-même. Durant l'événement de la Ronda, je perçus comment. C'est mon suprême plaisir d'expliciter comment.
La réalisation d'un tel moment sublime ne se dissipe ou ne s'estompe pas. Elle continue de prendre de l'ampleur, encore et encore, autant que vous puissiez l'intégrer, un moment à la fois. L'événement de la Ronda pourvut la contrepartie idéale de mon expérience un mois auparavant lorsque je vécus l'initiation Kalika du Couteau sur la Langue, sur Infinity Ridge. L'illumination cognitive, qui initia ce rituel spontané, parvint tel un jaillissement brutal de puissance libératrice procédant de ma dakini tutélaire. Par sa grâce, je pris conscience que la racine de toute addiction est l'addiction à la douleur de ne pas être vu. Même le Divin ressent la douleur de ne pas être perçu. Et imaginez l'intensité de cette émotion lorsque l'on imagine ce qui en est à percevoir!
Test du Goût
8 Août 2008: rencontre de ma shakti OTM Jeanne à la gare ferroviaire de Ronda.
* jeux de fils avec Jeanne sur la Colline des Nymphes, à Ava Gardner Oaks, sur Infinity Ridge.
* dans la Lumière Organique avec Jeanne, le coup de Long Chen Pa, l'immersion extraordinaire dans la Lumière de Diamant.
* rédaction de la première séquence de Conversions.
Août 2008 - 10 Octobre: Terma de l'Eveil de Gaïa, Tantra Planétaire, le Nexus des Shaktis, le Ciel de Mahamudra, le Zodiaque Tantrique, les Shaktis Lunaires, le Kala Tantra.
* Nirmanakaya de vautours de DMD, l'horloge de la mort du terton et le rituel de guérison, la divination de la plume de hibou de la lune balsamique sous Auriga.
* 10 octobre: instruction sur le nom secret de Dakini de Gaïa, le Voeu Tantrique Gaïen.
Octobre 2008 et au-delà: rédaction de la Conversion Tantrique
* 20/26 Octobre: interview d'Amsterdam (Sophia Returning: the dawn of Planetary Tantra) avec Jay et Sharon Weidner.
* jusqu'au 3 décembre 2008 (61 ans d'âge): achèvement de la première séquence des Conversions de Yeats, “Refuge for the Unborn” dédié à Jeanne
Solstice d'hiver 2008: Infinity Ridge, contemplation de la Lumière Organique avec mon fidèle pote Jonas, le Sancho Panza du nagual.
Vers la fin 2008, je n'avais co-perçu la Lumière Organique qu'avec deux autres êtres humains en ce monde, deux femmes, séparément. Au solstice d'hiver de cette année-là, Jonas ne contempla pas réellement la Lumière de manière stable, mais il vécut sur la crête une rencontre extrêmement rapprochée. En sa compagnie, je fus capable de confirmer un comportement remarquable de la Lumière dont j'avais été le témoin, à plusieurs reprises, mais que je n'avais pas vu se manifester pour quelqu'un d'autre d'une manière telle que je pouvais les alerter quant à sa signification.
Des phases prédictibles de contact intime avec la Lumière Organique se répètent durant chaque rencontre. Le shamanisme Télestique possède des caractéristiques spécifiques, consistantes et vérifiables. Un jaillissement euphorique constitue le signe initial que vous avez l'attention de Gaïa: son regard se tourne vers vous. En approfondissant la pratique, vous pouvez vous approcher de la Lumière Organique comme vous vous faufileriez à proximité d'une énorme animal sauvage. Le contact, de corps intégral, est accompagné par un événement remarquable.
Afin de mettre en exergue que la présence Sophianique se comporte à l'image d'un animal, j'appelle parfois la déesse de la Terre la “mère planétaire animale”. S'approcher de la “mère planétaire animale”, c'est comme de s'approcher d'un grand félin prédateur, un jaguar ou un tigre du Bengale. La Lumière Organique exhibe cette marque intrinsèque du comportement animal: la furtivité. Lorsque vous détectez la Lumière et que vous la soutenez fermement de votre regard, vous établissez un contact oculaire avec une présence animale grandiose. Comment sait-on que ce contact est quelque chose d'objectif et non point d'imaginaire? Et bien, de même qu'un animal curieux fixe son regard sur le vôtre, la Lumière va s'approcher de vous avec précaution.
Si vous pouvez maintenir votre regard inflexible, sans paniquer, sans halluciner ou briser votre concentration, il se rapprochera assez près de vous pour vous lécher le visage. Lorsque les volutes massives de la Lumière Organique planent au-dessus de vous, sur le point de vous aplatir comme une vague déferlante, on pourrait dire qu'elle se comporte comme les pattes d'un lion de 12 mètres, barbotant lentement vers vous, wump, wump, wump.
Les signes prédictibles que l'on peut observer, d'une rencontre rapprochée avec la Lumière Organique, sont les suivants: une transpiration fine et froide, une sérénité extatique, le silence du dialogue intérieur, un jaillissement distinct d'un sentiment de liberté, un sens d'immortalité, de l'hilarité, le toucher de melon sur votre peau - ce dernier effet est la preuve palpable que vous êtes en contact. Melon, tout bon. On pourrait tout aussi bien le comparer au toucher humide d'une langue énorme qui vous lèche le visage.
En proximité rapprochée, la Lumière Organique va vous goûter. Pourquoi? Elle veut simplement savoir si vous êtes assez délicieux à consommer. Lorsque la mère planétaire animale vous lèche, vous prenez conscience que vous pénétrez dans la luminosité que vous contemplez: vous ressentez une légère pression sur la peau, la texture de quelque chose de délicieux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est une sensation des plus exquises et des plus ravissantes. De près, la Lumière Organique se ressent comme du melon. La sensation est à ce point prodigieuse que l'on tend à s'y pâmer et il se peut que vous perdiez conscience de ce qui vous arrive, comme cela se passe au paroxysme de l'orgasme sexuel. Bien que vous restiez sobre et alerte, vous êtes le témoin d'un événement que vous vivez de la manière la plus intime que l'on puisse imaginer. Pour changer de métaphores, considérez comment vous pouvez vous couper avec un rasoir sans saisir le moment précis auquel cela arrive. Et puis, une seconde ou deux plus tard, vous en percevez l'effet: une fine coupure comme un cheveu et le sang qui s'en écoule. De même, vous vous faites lécher par la mère planétaire animale au moment où vous ne pouvez pas soutenir une attention totale sur la sensation, à moins que vous ne soyez en pratique avancée. Vous ne vous apercevez que Gaïa vous a léché, et qu'elle apprécie votre goût, que par le signe qu'elle vous donne: une seule et unique goutte de mucosité parfaitement claire coule de votre narine gauche. Juste une goutte, pas plus. Normalement de la narine gauche bien que cela puisse s'écouler de la droite. Cette goutte de mucosité claire est la façon dont votre corps reconnaît que la mère planétaire animale aime votre goût.
Cette goutte nasale est un élixir précieux appréciée de tous les écosorciers Gaïens, au-delà de tous les joyaux de ce monde. C'est assurément un signe d'accomplissement, de vocation, de sélection, d'élection, de délectation, de complicité sublime. C'est la garantie de la liberté de s'affranchir des contingences de la condition humaine. Une goutte est exsudée à chaque fois qu'elle vous goûte et qu'elle vous apprécie. J'ai expérimenté cette goutte unique à de nombreuses occasions. Durant la session au solstice d'hiver, j'ai vu Jonas avoir la goutte. Et puis alors, il fit ce que tout le monde ferait normalement, il leva la main automatiquement pour l'essuyer. Je sautai vers lui pour lui dire de ne pas le faire. Et je lui expliquai alors ce que cela signifiait d'être un enfant morveux dans les Mystères Sophianiques.
Je confère cette information, réservée antérieurement à la transmission orale, parmi les amis de confiance dans le sanctuaire des cellules de Mystères, afin d'honorer le courage et l'intelligence de tous ceux et de toutes celles qui cherchent à connaître le Divin Féminin sous sa forme tellurique et afin d'encourager leur intention sacrée de s'engager dans la splendeur mystico-érotique du corps planétaire. Le test du goût constitue l'un des secrets les plus sublimes connus de ceux et celles qui sont tombés dans le lait. Je souhaite, avec toute la fierté infernale de mon coeur, à tous ceux et à toutes celles qui lisent ces lignes, de vivre une telle expérience.
Le don du nagual est la liberté.
La Sirène
Janvier 2009: lancement du Tantra Planétaire (108 jours à partir du 10 Octobre). White Plains dans l'état de New-York avec ma shakti OMT, “Deux Cygnes dans la Lumière de Diamant”.
* New York City, rencontre avec le conseil d'administration de l'Institut Marion.
Mars 2009: KaliRising.org en ligne, conseils d'un mystique hédoniste, Kala Tantra, Farewell Eurydice.
Avril 2009: pleine lune, avec la Sirène sur Infinity Ridge, appelant la Lumière Organique avec le son des Poissons.
Mai 2009: contemplation de la Lumière Organique avec “Mon Eurydice”.
* fin d'une collaboration de 12 années avec l'Institut Marion.
Automne 2009: contre-violence, prédation intraspécifique, télestiques, seconde séquence des Conversions de Yeats, “Tantra Outbound” dédié à Ria.
Décembre 2009: film Avatar à Bruxelles. Rédaction de l'essai “Reprenons la Terre”.
La Sirène est le surnom que je donne à une jeune fugueuse Roumaine qui arriva dans ma vie en avril 2009. Elle avait lu la plus grande partie des essais sur Metahistory.org et avait absorbé profondément le Mythos de Sophia. Elle m'assaillit nonchalamment de questions se rapportant à ses aspects les plus complexes. Personne n'en avait fait autant auparavant! Sabina aspirait à trouver une communauté dédiée au mythe Gaïen, inspirée par des personnes tribales possédant les facultés de vivre hors du circuit et de défricher un chemin nouveau en dehors de la société. Ce qu'elle trouva en Andalousie, c'est un sorcier solitaire et un vénérable vieux chat, Bébert. Cette jeune femme étonnante s'avéra être la personne la plus intelligente que j'ai jamais rencontrée, à l'exception de Jan Kerouac. Authentiquement une génie, une prodige douée de talents visuels et artistiques pouvant peindre comme une Fauviste sans jamais avoir pris la moindre leçon. En sus de tout cela, Sabina est une psychonaute hors pair, la compagne idéale dans mes explorations shamaniques dans les collines de la Serrenia de Ronda. Nous nous entendîmes à merveilles, tels des pirates en vacances sur l'île de Malte. Après tant d'années, ce fut une joie de rencontrer une personne dont le mental était autant compatible avec le mien.
Un jour, j'emmenai Sabina sur la plage de Tarifa, sur la côte Atlantique, en face de l'Hotel Hurricane. Bien qu'elle eût passé plusieurs étés de son enfance sur la Mer Noire, c'était la première fois qu'elle voyait un océan. En la voyant sauter joyeusement dans les vagues, je la surnommai la Sirène. Mais elle méritait également ce sobriquet pour une raison autre et une raison profondément mystérieuse.
Instruction Divine
A la pleine lune d'avril cette année-là, alors que nous ne nous connaissions que depuis 6 jours, Sabina et moi, nous gravîmes Infinity Ridge au coucher de soleil, accompagnés par une espèce géniale. Vers 11 heures, la pleine lune se leva au-dessus de l'Autel des Vautours et l'entièreté du paysage se para d'un sentiment océanique. Il s'agit d'une sensation spécifique qui peut précéder la révélation imminente de la Lumière Organique, accompagnée parfois du son étrange d'une énorme conche, l'annonce neptunienne que la déesse est sur le point d'accorder une audience. (Je vécus ce sentiment océanique à Arques, pour la première fois, avec également le son de la conche et je relatai cette expérience dans le Gaïa-Sapiens Exchange). L'annonce se manifeste avec la sensation spécifique de flotter sur un bateau, comme un énorme paquebot transocéanique: cela est dû à la sensation directe du mouvement global de la Terre au travers de l'espace. Le mouvement lent et somptueux de glisse confère une apparence mystérieuse au ciel: vous percevez tangiblement la réalité de la trajectoire de la planète de sorte que la Terre et le Ciel semblent se déplacer l'un contre l'autre. Il se manifeste alors une humeur étrange de suspense, avec la tonalité d'octave profonde de la conche annonçant qu'une divinité majestueuse est sur le point d'apparaître. Gaïa, dans son rayonnement Sophianique, navigue sur les nuages, sur son trône, sur le point de faire escale à proximité très proche de la personne en contemplation. C'est un moment sublime.
Succombant au ravissement de ces effets océaniques spéciaux, nous plongeâmes, Sabina et moi-même, pendant quatre heures de suite dans la contemplation extatique de la Lumière Organique. Les émanations perleuses de l'orbite lunaire agissaient comme une sorte de modulation, harmonisant nos sens visuels afin d'optimiser une contemplation profonde et stable. Très rapidement, nous nous retrouvâmes à une proximité étonnante des volutes de luminosité jaillissant du paysage. Après m'être mis dans une position érigée et avoir déambulé avec des mudras (des passes magiques) durant un certain moment, je me retrouvai accroupi comme si je cherchais à nicher étroitement mon corps dans les replis des volutes massives et opales. Sabina était accroupie à côté de moi, sur la saillie rocheuse près de l'Arbre Devi. Deux psychonautes enveloppés dans des écharpes en alpaga et des châles Mexicains. Deux enfants bénis tombés dans le lait.
Dans cette proximité prodigieuse de la Lumière, je me retrouvai à répéter une pratique des Mystères: j'appelai la Lumière comme on le ferait avec un animal, en faisant un petit bruit particulier, “le son des Poissons”. Ainsi nommé non pas parce qu'il imite le bruit d'un poisson mais de par la forme que l'on donne à la bouche pour l'émettre. La pratique consistant à appeler la Lumière Sophianique avec ce son est un secret souverain des Mystères qui n'a jamais été couché sur papier et qui n'a jamais été divulgué en dehors des cellules établies. De par la très grande proximité de la Lumière, juste sous mon visage, je me retrouvai à émettre ce son dans la même finalité que cela était fait il y a des milliers d'années: afin d'obtenir de la Lumière Organique une réponse, à une question posée, par le biais d'une transmission systématique d'information visuelle et auditive.
En d'autres mots, vous avez recours au son des Poissons pour inviter la Lumière à vous enseigner tout ce que vous souhaitez apprendre.
Le comportement de la Lumière Organique en interactivité intime est prodigieusement fascinant et infiniment mystérieux. Lorsqu'elle répond au son des Poissons, vous la sentez faire pression, produisant une sueur légère et froide, ce sentiment qu'une tranche de melon est posée contre votre peau, l'euphorie présente, et la sérénité qui émane de votre prise de conscience d'être immergé dans un élixir de vie éternelle. Vous devenez immortel dans votre émerveillement. En même temps que ces conditions habituelles d'interactivité, la Lumière à votre portée de main exhibe d'énormes sillons de volutes qui rappellent les encastrements du nautilus chambré lorsque vous y pénétrez. Au son des Poissons, sa dynamique de fusion interne fantastiquement fluide cesse momentanément ou semble cesser. La Lumière paraît répondre tout juste comme une personne qui arrête tout, momentanément, afin de vous accorder sa pleine attention.
Durant moins d'une seconde, la Lumière est parfaitement tranquille et ensuite les sillons de volutes s'intercalent en une structure que je puis seulement décrire comme des vortex échelonnés, comme si vous regardiez l'intérieur non pas juste d'un coquillage spiralé de chambres mais d'une douzaine de tels coquillages, massivement et méticuleusement enclenchés les uns dans les autres. En réponse au son des Poissons, les vortex fluides de la Lumière Organique se gèlent en une vague verticale de multiples spirales tri-dimensionnelles de profondeur dégradée. Ce faisant, la Lumière se verrouille à votre attention avec une intensité particulière parce que cela contraste abruptement avec la manière dont la Lumière est constamment en train de se déplacer intérieurement, de se fondre, de se baratter telle de la perle liquéfiée. C'est ainsi que vous observez intensément comment elle répond au son que vous avez émis. Lorsque la Lumière “se cale” momentanément sur ces immenses formations en spirales, elle vous entraîne presque physiquement dans les tréfonds de ce que vous contemplez.
La couleur opalescente de la coquille du nautilus évoque la luminosité de la Lumière Organique mais la Lumière rayonne intérieurement et intensément et déploie la texture substantielle du nougat, ou d'une lave de haute porosité, en raison de l'absence totale de masse. A proximité rapprochée, elle exhibe des formations massives en cônes spiralés en decrescendos qui agissent telles les lentilles d'un objectif d'un appareil à photographier. Les lentilles se déclenchent en même temps en une cascade instantanée, produisant un effet qui fige l'attention de l'observateur sur ce qui déverse au travers de l'ouverture de l'objectif: l'instruction par la Lumière.
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Ce qui se passe ensuite est difficile à décrire: les chambres massives de la Lumière Organique produisent soudainement un claquement, un son répondant directement au son d'appel, et de par ce claquement, c'est comme si la masse intégrale des volutes de luminosité en suspension, que vous contemplez, se convertissait, devant vos yeux, en un jeu de lentilles complexes, tout comme l'ouverture d'un objectif. Ou plutôt comme un jeu niché d'ouvertures. La vision soudaine de ce déploiement interactif d'ouvertures se manifeste avec une secousse surprenante qui induit une poussée physique de profonde stimulation. Simultanément, la Lumière Organique déverse en votre mental un flux parfaitement lucide d'information concernant ce que vous êtes alors en train de contempler. Les ouvertures agissent tels des yeux vivants chargés de contenu visuel et aurique qui se déversent sans efforts en votre mental au travers du vecteur de votre regard stabilisé et aux yeux grand ouverts.
Chaque fois que vous appelez la Lumière, le déploiement en oeil de poisson des chambres en decrescendos de cônes émet un clic en réponse, se reconfigure et transmet un jeu différent de signaux. La réponse naturelle à ce changement d'ouvertures est de soupirer profondément et d'émettre un halètement audible d'étonnement, tel un spectateur surpris par le saut remarquable d'un artiste trapéziste.
Alors que je m'engageais dans cette pratique, oscillant entre plusieurs scénarios visionnaires, je jetai un coup de côté et je m'aperçus que Sabina faisait exactement de même. Nous n'avions pas échangé une seule parole et je suis certain qu'elle ne m'avait pas imité après m'avoir vu émettre le son des Poissons. Elle le fit spontanément, totalement d'elle-même. Elle capta mon regard et nous hochèrent la tête, incapables de cacher notre étonnement joyeux. Nous rapprochâmes, ensuite, nos têtes ensemble et procédèrent, comme avec un seul regard, à enclencher au travers de diverses transferts fabuleux d'instruction émanant de la Lumière Organique. Cela dura pendant des heures dans un silence complet alors que la lune s'élevait au-dessus de la crête.
Cette soirée sublime sur Infinity Ridge, sous la pleine lune, offrit la complicité la plus intime que j'aie pu partager, en présence de la Lumière Organique, avec un autre être humain. Dans la Sirène, 40 ans plus jeune que moi-même, je trouvai la créature mythique que chaque sorcier aspire à rencontrer: une compagne, sans égale, dans le Nagual. Je chéris sa liberté aussi vivement que la mienne. Gaïa abrite notre connexion, à jamais, dans le mystère tendre et immuable de ses desseins impérieux.
Sans Hallucinations
Avec cela, le passage final de cette remémoration par laquelle je décris l'interactivité avec la Lumière Organique dans le shamanisme Télestique, je me sens obligé de clarifier un point-clé en ce qui concerne les hallucinations. Ce que la Sirène et moi-même avons contemplé sur Infinity Ridge, ensemble dans ce rapprochement exceptionnellement intime, ne fut pas une séquence d'hallucinations. Il s'agissait d'expressions intentionnelles et interactives, et en temps réel, d'une luminosité divine qui communique à l'image d'un animal. Dans mon essai “Courtiser la Putain de Sagesse”, j'ai souligné que les Telestai dans les Mystères, qui se tenaient en position érigée et qui contemplaient la Lumière Organique avec les yeux grand ouverts, ne cédaient pas à l'inclination d'halluciner. Cette capacité de refréner les hallucinations était essentielle à leur pratique comme cela l'est, de nos jours, dans le shamanisme Télestique d'orientation Gaïenne.
Cette variation fractale, générée par ordinateur, de spirales nautiliennes est caractéristique de ce qui peut être perçu lorsque l'on hallucine sous l'influence de plantes psychoactives ou de LSD. Ce mandala visionnaire est absolument ce que vous ne voyez pas lorsque vous contemplez, profondément et stablement la Lumière Organique. L'illustration ci-dessus se rapproche des effets visuels de nature archontique, par lesquels la perception visionnaire est imprégnée de structures inorganiques et statiques - quelque chose similaire à des artefacts perceptuels éteints, des fossiles visionnaires. De telles structures hallucinatoires sont la source d'une distraction énorme eu égard aux propriétés et à la dynamique de la luminosité vivante de la Terre, quand bien même elles émergent en marge de cette luminosité, comme des formes fossilisées dans la lumière. Elles se déplacent avec une vitalité électrique plutôt qu'avec une vivacité authentiquement organique.
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Les initiés accomplis s'abstiennent de céder à ces hallucinations afin de maintenir leur attention fermement sur les propriétés vivantes et superanimantes de la Lumière Organique. Lorsqu'il existe assez de Lumière Organique stockée dans les yeux du psychonaute accompli en contemplation, il peut repartir vers ces déploiements statiques pour y naviguer avec l'intention d'en extraire des informations spécifiques. Dans le shamanisme Télestique, de tels déploiements visionnaires ne sont jamais considérés simplement pour leur valeur de récréation mais en tant qu'archives d'instructions.
Avec cette distinction essentielle, je clos la quatrième section de cette récapitulation inspirée par le rêve de la rose coupée. Jusqu'à maintenant, j'ai communiqué tout ce que je peux et souhaite faire par l'entremise de la description des rencontres avec la Lumière Organique. Dans la préface de “La Passion de la Terre”, j'ai écrit que je présenterais un récit d'expérience mystiques vécues. Je l'ai fait mais je n'ai pas narré ces expériences à la première personne comme je le fais maintenant. Et à la suite de la parution de cet ouvrage, certaines personnes m'ont demandé si et quand j'allais relater mon expérience de la Lumière Organique à la première personne. Voilà qui est fait.
La cinquième section sera fort heureusement brève en comparaison des précédentes. Il me reste à proposer une interprétation de ce rêve lucide qui déclencha cette explosion sauvage en premier lieu.
John Lash. 27 octobre 2010
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